Photographe à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie, puis de Normandie, depuis 2005.
- opération ponctuelle, Abbaye aux Dames de Caen
- (c) Région Normandie - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
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Aires d'étudesCaen
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Adresse
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Commune : Caen
Adresse : place Reine Mathilde
Cadastre : 2024 LY 1, 2, 3, 4, 6, 7, 9, 10, 127, 128, 129, 130, 131, 134, 135, 136, 139, 140
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Commune : Caen
Vue sud-ouest depuis un étage de la bibliothèque Alexis de Tocqueville : le canal et le quartier de Calix en contrebas de l'abbaye aux Dames.L’étude d'inventaire ponctuelle de l'abbaye aux Dames de Caen porte sur l'un des fleurons du patrimoine de la Normandie. Réalisée de 2013 à 2014 par Hélène Billat, chercheur, et Manuel de Rugy, photographe, elle a donné lieu à l’ouverture de 8 dossiers Architecture et de 153 dossiers Objets illustrés par 1865 photographies. Les recherches menées dans les fonds des institutions locales et nationales ont permis d'en documenter les bâtiments existants (11e-20e siècles) comme ceux détruits liés à sa fonction hospitalière (1821-1984). Elle a suscité plusieurs opérations de valorisation : Abbaye aux Dames à Caen, Calvados (Parcours du patrimoine, n°394, 2015) ; exposition organisée à l'abbaye aux Dames à l'occasion du 950e anniversaire de la consécration de l'église abbatiale (4 mai-21 juin 2016), L’abbaye aux Dames de Caen, une fondation de Mathilde de Flandre. Du monastère au siège de la Région Normandie, 1059-2016, 2016 (exposition virtualisée sur le site internet de la Région Normandie, https://expositions-virtuelles.normandie.fr/abbayeauxdames/, et du ministère de la culture).
Vue sud depuis l'immeuble Le Norway (presqu'île) : le canal de l'Orne et le quatier de Calix en contrebas de l'abbaye aux Dames.Implantée au nord-est de la ville, sur un promontoire dominant la rive gauche de l'Odon canalisé, l'abbaye aux Dames comprend d'une part, une église, qui dépend de la paroisse Saint-Gilles, située à l'ouest, et d'autre part, un ensemble de bâtiments et de jardins liés à ses fonctions monastique et hospitalière passées, établi au sein d'un parc de 12 hectares 29 ares et 17 centiares délimité par la place Reine Mathilde à l'ouest, l'avenue Georges Clemenceau au nord, la rue de la Masse à l'est et les rues Vaubenard et Calix au sud. Ces espaces bâtis et non bâtis sont les suivants : bâtiment conventuel (actuellement hôtel de région), parloirs (actuellement maison Saint-Gilles et aumônerie des étudiants), basse-cour et cour du cloître (actuellement jardins d'agrément de l'hôtel de région), jardins (actuellement parc Michel-d'Ornano), glacière. En marge de l'avenue Clemenceau, sont préservés les vestiges de deux portails du clos des Coutures, propriété de l'abbaye avant la Révolution. S'il conserve aujourd'hui sa position excentrée du centre urbain, le site se trouve désormais environné de quartiers très urbanisés (Saint-Gilles, Saint-Jean-Eudes et Calix) et à proximité du Centre hospitalier régional, en voie de reconversion.
Présentation des sources
Site monastique majeurVue générale de l'abbaye depuis le parc. de la ville de Caen avec l'abbaye aux Hommes, l'abbaye bénédictine de la Trinité a fait l'objet de nombreuses publications qui permettent d'en connaître l'histoire depuis sa fondation (ca. 1059) ainsi que l'évolution de son architecture. Sur ce dernier point, les auteurs ont privilégié la période médiévale, dont l'église abbatiale constitue l'unique vestige, les derniers bâtiments médiévaux de l'entrée ayant été détruits en 1823. L'apport des antiquaires britanniques - tels Andrew Coltee Ducarel (Anglo-norman antiquities, Londres, 1767) et au siècle suivant, Dawson Turner (Architectural antiquities of Normandy, Londres, 1822) et John Britton (Specimens of architectural antiquities of Normandy, 1827-1847) -, comme celui des érudits et architectes français - Arcisse de Caumont (dès le 2e quart du 19e siècle) et Victor Ruprich-Robert (2e moitié 19e siècle) -, a été capital pour la connaissance de cet ensemble religieux.
Dès le début du 20e siècle, le monastère bénédictin a retenu l'attention des historiens franco-britanniques dans le cadre de leurs recherches sur la naissance de la ville de Caen et son développement urbain (Henri Prentout, Michel de Boüard, Lucien Musset, Jean-Claude Perrot), qui renouvelèrent la vision des historiographes des deux siècles précédents (Pierre-Daniel Huet, abbé Gervais de la Rue, Georges Mancel, Amédée-Louis Léchaudé d'Anisy, François-Guillaume-Stanislas Trébutien, Eugène de Beaurepaire). Certains aspects de l'histoire du monastère ont été abordés d'une manière plus spécifique au travers de l'étude de ses privilèges (Jean-François Lemarignier, 1937), de la formation et la gestion de son temporel (Dom David Knowles 1940, Lucien Musset 1966, Marjorie Chibnall 1982, John Walmsley 1994, Catherine Letouzay-Réty 2005 et 2012), et de sa communauté religieuse (Joëlle Allais (1999), Joan Davies (2002), Pierre Pelcerf (2006).
Peu d'études ont été consacrées au devenir du monastère après la période médiévale et à l'impact des occupations militaires et hospitalières successives sur les bâtiments eux-mêmes à partir de la Révolution (Louis Huet 1926, Jules Bonnel 1948, Lucien Musset 1966, Joan Evans 1981, Jean-Marie Pérouse de Montclos 1982, Paul Dartiguenave 2009, Michel Nicolle 2011). L'environnement proche de l'abbaye a été injustement ignoré (Pierre Gouhier, 1990)Le Mont-Liban., alors même que les jardins ont été intégrés au vaste projet de reconstruction des bâtiments conventuels au 18e siècle et que prairies, prés et clos ont constitué une source de revenus non négligeable au plan économique.
Il revient à Maylis Baylé (1942-2017) d'avoir étudié l'histoire et l'architecture de l'abbaye aux Dames de Caen depuis sa fondation jusqu'à la période contemporaine. En 1979, celle qui n'est pas encore directrice de recherche au CNRS fait connaître le résultat de ses recherches sur l'église abbatiale de la Trinité et son décor porté (La Trinité de Caen : sa place dans l'histoire de l'architecture et du décor romans), avant même de soutenir sa thèse sur les Origines et les premiers développements de la sculpture romane en Normandie du dixième siècle au début du douzième siècle (Paris 1, 1988), sous la direction de Léon Pressouyre. Par la suite, elle publie un ouvrage de vulgarisation, paru en 1986 (Art de Basse-Normandie, n°93) et réédité sous la forme d'un guide de visite en 1994, qui aborde le site dans sa globalité. A cet égard, il est longtemps resté la seule référence.
L'exploitation partielle des sources textuelles et iconographiques post-médiévales a motivé une nouvelle étude sur le monastère bénédictin dont il n'existait aucun ouvrage dédié aux éditions du patrimoine ni de dossier d'inventaire. Dans cette perspective, l'analyse du site dans sa dimension architecturale et paysagère a été réalisée à la lumière de la documentation - exploitée plus spécifiquement pour les périodes moderne et contemporaine - qui a révélé des aspects inédits de son histoire. Le patrimoine mobilier, dont il ne reste quasiment rien in situ, a été reconsidéré à l'aune de données nouvelles, tout en intégrant les objets acquis depuis 1986 par la Région Basse-Normandie et ceux déposés par le musée de Normandie, afin de fournir à la collectivité un outil de connaissance et de gestion.
Enfin, la réorganisation territoriale engagée en 2014 par l’État s'est révélée propice aux interrogations suscitées par le destin de ce monastère fondé au 11e siècle en marge d'une cité en pleine émergence et devenu, en 1983, le siège de la Région Basse-Normandie, à la croisée de nouveaux enjeux administratifs, politiques et économiques.
Le corpus des sources
L'iconographie
La documentation iconographique figurée, quantitativement importante, s'avère plus riche sur l'église abbatiale que sur les bâtiments conventuels, mais aussi plus redondante. Elle a permis de restituer la chronologie des transformations du site monastique et de pallier parfois le manque ou l'absence de sources écrites. A noter que l'ARCIS (Agence Régionale de Conservation de l'image et du Son, aujourd'hui intégrée à l'EPCC La Fabrique de patrimoines en Normandie) a numérisé nombre de documents graphiques, de photographies et de cartes postales mentionnés ci-dessous.
Les relevés d'architecture
De la reconstruction des bâtiments conventuels, décidée au tournant du 18e siècle, naquit un certain nombre de plans conservés en diverses institutions. Aucun relevé n'a été retrouvé de la première phase des travaux (1698- ca. 1730) entrepris sur le dessein longtemps présumé de l'architecte mauriste Dom Guillaume de la Tremblaie (1644-1715) auquel l'historiographie a attribué la réédification de l'abbaye Saint-Etienne de Caen (1699). Un plan de la ville et des faubourgs de Caen de 1736 (inséré dans la Carte topographique du diocèse de Bayeux, Bernard Jaillot, Bibliothèque de Caen, FNI C 820) matérialise dans les jardins de l'abbaye, à l'emplacement du Mont-Liban, une carrière abondamment exploitée au cours de cette première campagne achevée vers 1730. Lors de la reprise du chantier en 1767, Guillaume Viallet (ca. 1728-1772), ingénieur de la généralité de Caen, dressa les plans des bâtiments, qui sont les seuls retrouvés à ce jour de cette période (Archives nationales de France, G/9/125, article 20, 4 plans). Bien qu'ils ne furent pas retenus par l'abbesse de la Trinité - qui leur préféra le projet d'un architecte local, Jean-François-Etienne Gilet (1736-1803) -, ils indiquent l'état d'avancement du chantier par un code couleur (Plan au rez-de-chaussée du bâtiment neuf [...] et de l'aile à construire pour achever ce bâtiment ainsi que des nouvelles basses-cours...) et la dévolution des pièces des ailes projetées pour chaque niveau, des caves aux combles. Plus d'une décennie après, Armand-Bernardin Lefebvre, successeur de Viallet, supervise la réalisation d'un plan de la ville de Caen et de ses abordsPlan de la ville de Caen et de ses abords, Armand-Bernardin Lefebvre.- Dessin à l'encre aquarellé, 1778. (Service historique de la Défense, Vincennes. GR 1h 490). (1778, encre et aquarelle, Vincennes, Service historique de la Défense, GR 1 Vh 490 ; il s'agit peut-être du plan préparatoire destiné à la gravure, exemplaire conservé à la Bibliothèque de Caen, FNE 820, frères Varin graveurs, 1789) en vue de mieux canaliser les eaux domestiques et de développer la voirie, notamment au cœur des prairies de Saint-Gilles. Le relevé effectué par les frères Mangin, géographes, dresse un état idéal des bâtiments et des jardins monastiques montrant des différences notoires en regard du plan dressé par Gilet en 1790 (Archives départementales du Calvados, 1 Q 512 et CPL_513 ; plan très proche de celui de 1790 conservé dans la sous-série 1 Q, daté de 1793, Bibliothèque de Caen, ms 340 In-f°114). La confrontation des plans précités révèle la non réalisation de certaines parties (aile est du cloître, bâtiments nord-est de la basse-cour tels que figurés, parterres de broderies précédant le grand parterre engazonné, labyrinthe et parterre en quinconce se succédant à l'ouest du site avant le potager), liée au manque de fonds puis aux événements politiques intérieurs. L'état des lieux commandé à Gilet par le District du département donne une idée assez précise de ce qui existait alors intra-muros. Une élévation du flanc ouest de l'abbatiale (1788, Bibliothèque de Caen, FNI D 2), dessinée par l'architecte à l'occasion de bâtiments projetés et jamais réalisés, constitue l'unique document montrant le portail architecturé érigé sur le bras du transept au 17e siècle et détruit en 1857.
Plan du rez-de-chaussée de l'abbaye, Louis-Ambroise Dubut.- Dessin à l'encre, 1810. (Archives nationales de France, Pierrefitte. F/21/1878).A compter du Premier Empire, l'abbaye connaît plusieurs réaffectations successives engendrant des constructions nouvelles et des travaux intérieurs dont il reste les plans de Louis-Ambroise Dubut (1768-1846), missionné pour établir le dépôt de mendicité ouvert le 1er février 1812, qui indiquent les changements programmés dans la dévolution des pièces et la distribution intérieure, y compris des bâtiments médiévaux de l'entrée et l'église abbatiale (Archives nationales, Pierrefitte, F/21/1878, 3 plans et 2 coupes ; projet du 15 janvier 1813, non réalisé, du quartier des Insensés à établir dans l'enceinte de l'abbaye, Archives départementales du Calvados, 1 Y 1226-1227). Le cadastre daté de 1810 (Archives départementales du Calvados, K2) fournit un état du site avant ces transformations.
Des jardins à l'époque impériale, il n'existe qu'un seul plan sommaire renseignant la partie occupée par la caserne - sur une superficie de trois hectares correspondant au potager borné au sud par la rue de la Masse, anciennement Duguay-Trouin, et à l'ouest par un terrain alors inculte appelé la Garenne où se trouve aujourd'hui le cèdre - et que les Domaines souhaitent alors récupérer (Archives départementales du Calvados, 1 Q 512, 25 ventôse an XIII).
Au début de la Restauration, l'ancienne abbaye est intégrée au projet d'urbanisme et d'embellissement de Caen comme le montre l'Atlas établi en 1817 (Carte topographique de la ville et des faubourgs de Caen, encre et aquarelle, Archives municipales de Caen) qui est annexé à l'ordonnance royale du 17 mai 1826 arrêtant les alignements des rues et places de la ville. Les plans (plan général et partie de l'abbaye Sainte Trinité, 1ère division) localisent les bâtiments monastiques, restés inchangés depuis la Révolution. Ils matérialisent le dessin des jardins progressivement remis en état, consécutivement aux saccages des armées, en prévision de l'ouverture de l'Hôtel-Dieu en 1821. Les allées secondaires plantées de tilleuls, les parterres engazonnés et les bosquets paraissent bien avoir été projetés à la fin du régime impérial, préalablement à l'implantation de l'établissement hospitalier. Cette dernière a de fortes incidences sur les bâtiments : partage de l'église entre la paroisse Saint-Gilles, le personnel de l'Hôtel-Dieu et la communauté religieuse (ca. 1860, Archives diocésaines de Bayeux-Lisieux), création d'une nouvelle entrée et cour à l'ouest sur les plans d’Émile Guy (1795-1866), chargé d'adapter le bâtiment à ses nouvelles fonctions hospitalières (Archives nationales, Pierrefitte, F/21/1878, 4 plans et 2 élévations). Les travaux réalisés par l'architecte à l'église abbatiale sont critiqués par ses pairs tels Paul Abadie (1812-1884), alors attaché à la Commission des monuments historiques, qui réalise quelques croquis de l'abbatiale en 1840 (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine (MAP), Archives, 2000/038/T.03, P. 72, 88). Victor Ruprich-Robert, son successeur, mène, en amont des travaux, une étude archéologique de l'édifice de culte, depuis sa fondation à sa récente restauration. Pour étayer ses choix de restauration, il réalise de nombreux plans, élévations et coupes (1855, Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, Archives photographiques, numérisés sous les cotes 77N00011-23,87) montrant l'état existant et projeté, de même que des dessins de chapiteaux (Album de 59 feuillets, ca. 1880, Musée d'Orsay, ARO 1981 869 2 40). Ses planches révèlent la conception violletleducienne qui a présidé au rétablissement de l'édifice dans son "état d'origine" mais aussi les restitutions non réalisées telles que les flèches des tours ou la création d'une peinture murale sur la voûte en cul-de-four du chœur (Christ Pantocrator).
Le transfert de l'hospice Saint-Louis dans l'ancienne abbaye aux Dames, accompli en 1914, engendre des constructions nouvelles qui empiètent sur le parc. Détruites lors de la rénovation du domaine (après 1982), elles sont connues par les plans des architectes des Hospices de Caen, Charles-Prosper Vaussy (aile dite du PressoirElévation de l'aile dite du Pressoir, Charles-Prosper Vaussy.- Cyanotype, 1909. (C.H.U. de Caen, T 321)., 8 plans, 1909, C.H.U. de Caen, T 321) et Pierre Dureuil (foyer des pupilles garçons à l'emplacement du bâtiment dit Clemenceau, 1957, C.H.U. de Caen, T 327 ; foyer des pupilles filles en arrière de l'aile Sainte-Anne, 1960, C.H.U. de Caen, T 327). Cette reconversion exige une adaptation constante des bâtiments aux nouveaux besoins de l'institution pour laquelle est missionné Pierre Dureuil (C.H.U., Élévation de la galerie de liaison rue de Calix et construction de deux préaux et d'un groupe sanitaire, T 317, 321 ; aménagement de l'aile sud, zone est, T 318, aménagement partiel du 1er étage, T 323 ; aménagement partiel de l'escalier d'honneur, T 319 ; aménagement des ailes nord et du Pressoir, aménagement du bâtiment de l'Horloge, aménagement des étages de l'aile sud, T 320-323 ; fronton sud de l'aile nord et dessin des lucarnes, T 323 ; aménagement du foyer des pupilles dans l'actuelle aile Sainte-Anne, T 327), le plus souvent en collaboration avec Claude Renouf (sauf lors de l'aménagement du foyer des pupilles - actuelle aile Sainte-Anne - en pavillon de rotation, T 324, 326) et Léon Rème. Conseil régional de Basse-Normandie. Aménagement paysager du parc Saint-Louis, dossier de concours, avec la participation des services techniques de la ville de Caen, direction des espaces verts.- Plan, Michel Bourne, 1990.Tout au long du 20e siècle, les restaurations entreprises par les architectes des monuments historiques tant à l'ancienne église abbatiale qu'aux bâtiments conventuels donnent lieu à de nombreux plans conservés majoritairement à la Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine (Planothèque) par Jean Merlet (remplacement des verrières et réaménagement liturgique du chœur de l'église, 1959-1968, 82/14/2003, n°95845-95848, 95850, 48637), Georges Duval (réhabilitation et aménagement du bâtiments claustraux en vue de l'installation du Conseil régional de Basse-Normandie, 1983-1985, 82/14/1029, n°99744, 99763, 99767, 99774), Michel Bourne et Loïc Degroote (réhabilitation des jardins , 1990-1992, 1997/002/0001 ; Conseil régional de Basse-Normandie, service des archives; ville de Caen, Direction de l'Environnement et du Cadre de Vie).
L'examen des plans de ville, établis aux 19e et 20e siècles, ne s'avère pas inutile quant à la compréhension de l'évolution du domaine et de son environnement. Plusieurs ont fait l'objet d'une numérisation (Archives départementales du Calvados, Bibliothèque nationale de France). Entre 1815 et 1825, le relevé des bâtiments de l'abbaye et de ses jardins s'inscrit dans la lignée des plans de la fin du siècle précédent (Archives départementales du Calvados, 1 Fi 224 ; Bibliothèque de Caen, FNE 841 ; Bibliothèque nationale de France, GE-C-2886). Puis, la représentation des jardins perd en précision. Vers 1850, l'aile Sainte-Anne est clairement matérialisée (Bibliothèque de Caen, plan de l'architecte Harou-Romain avec le tracé des voies ferrées et indication de l'embarcadère, FNI D 12). En 1880, l'extension orientale de l'aile nord-est des bâtiments claustraux est envisagée (Bibliothèque de Caen, plan dressé par l'ingénieur J. Verrine, 1883, FNE 843).
Les vues en perspective dessinées, peintes ou gravées
Le relevé du plan de la ville de Caen dressé par Jacques Gomboust, ingénieur du Roi, vers le milieu des années 1650 et gravé par François Bignon en 1672 (exemplaires conservés à Caen, Bibliothèque municipale (FNE 814/815) et à Paris, Bibliothèque nationale de France, Département des Estampes (VA-14 T III), dit plan Bignon, comporte l'une des plus anciennes vues perspectives cavalières de l'abbaye de la Trinité connue à ce jour, avec celle de 1657 parue dans la Topographia Galliae, due au même ingénieur. La représentation très partielle de l'abbaye sur le plan de François de Belleforest, (Le vray Pourtraict de la ville de Caen, 1575) rendait ce document inexploitable. En dépit de défauts perspectifs, le plan Bignon s'avère plus authentique dans le rendu des détails des façades que les plans plus anciens précités et matérialise mieux les bâtiments conventuels compris dans le périmètre d'une enceinte dont l'entrée était précédée de fossés. Parmi les vignettes encadrant le plan Bignon (1672), se trouve une vue en élévation ouest de l'abbaye (Bibliothèque de Caen, FNI C 261), d'interprétation moins aisée, en raison de maladresses dans le rapport d'échelles de ses différents bâtiments, difficilement identifiables pour certains en dehors de l'église et du donjon. Le document demeure fondamental pour comprendre la configuration du monastère resté globalement dans son état médiéval au milieu du 17e siècle, palliant ainsi le défaut de sources contemporaines de la construction de ses différentes parties.
La nomination de Gabrielle Françoise de Froulay de Tessé à la tête de l'abbaye en 1698 marque le début d'une profonde campagne de remaniements de ses bâtiments, comme l'attestent deux dessins aquarellés datés de 1702 conservés à la Bibliothèque nationale (VA-14(4)-FOL) montrant une vue d'ensemble du monastère depuis la prairie s'étendant à l'ouest et une vue géométrale du bâtiment des parloirs dépourvue de signature. Le premier, exécuté par Louis Boudan Vue méridionale de l'abbaye depuis la prairie, Louis Boudan.- Dessin à l'encre aquarellé, 1702. (Bibliothèque nationale de France, département des Estampes. VA-14(4)-FOL).pour Roger-François de Gaignières, montre, outre l'aile sud nouvellement bâtie du cloître, l'ensemble des constructions s'étendant le long du flanc occidental du site, depuis les parloirs à l'entrée, peu renseignés dans les sources écrites. Au cours de la deuxième phase de travaux (1767-1788), François-Philippe Charpentier réalise une vue cavalière (Bibliothèque de Caen, FNE 2345 ; BNF, Département des Estampes, VA-14(4-5)-FOL) diversement datée d'août 1771 (Jean-Claude Perrot, 1961-1962) et de 1774 (Maylis Baylé, 1986) qui, en dépit d'inexactitudes dans la topographie et la perspective, décrit avec justesse le chemin longeant le mur d'enceinte, les bâtiments et les jardins projetés et partiellement réalisés.
Les grands bouleversements qui affectent l'abbaye tout au long du 19e siècle ont engendré une iconographie foisonnante, fruit de l'intérêt conjoint des antiquaires, des archéologues et des artistes conscients de l'intérêt patrimonial du site. Dessins et gravures documentent ainsi les bâtiments de l'entrée du monastère avant leur destruction en 1823. L'absence de sources contemporaines de leur édification en fait de précieux témoignages. Les dessins (MAP, Archives photographiques, numérisés sous les cotes 79 N00083-87, gravés et publiés dans Architectural Antiquities of Normandy, 1822) que John Sell Cotman réalise lors de son voyage en Normandie (1817-1820) montrent les aménagements opérés dans l'église abbatiale pour accueillir les ateliers des mendiants incarcérés dans le dépôt de mendicité (1812-1818). Ceux de Théodore de Jolimont, publiés dans son ouvrage sur les monuments remarquables du Calvados (F. Didot, 1825) s'inscrivent dans la même veine (Bibliothèque de Caen, FNI C 270-276; Bibliothèque nationale de France, Département des Estampes, VE-26(H)-FOL). Le dessin du paysagiste et lithographe Constant Édouard Le Nourrichel (Bayeux, 1803 - Caen, 1869) constitue l'une des rares évocations des bâtiments médiévaux de l'entrée (dessin non localisé, reproduit en 1878 dans l'ouvrage de Gaston Lavalley et numérisé par l'ARCIS), où apparaissent, au départ de l'actuelle rue Manissier, le donjon, le logis abbatial alors dénommé "Palais de la reine Mathilde" et la porterie, bâtiments également visibles dans le tableau de Philippe Deshayes (1807, Région Normandie, inv. 1245, copié par Le Buron Delisle en 1812, Bibliothèque de Caen, FNI C 694). Cet angle de vue montrant le monastère depuis le sud-ouest fera florès tout au long du 19e siècle et au siècle suivant, permettant à l'historien d'observer l'évolution complexe des bâtiments sur le flanc occidental du site quand bien même certaines gravures trahissent la réalité au profit du pittoresque. La Bibliothèque de Caen conserve dans ce domaine un fonds important de vues plus ou moins rapprochées des bâtiments (FNI C 260, 262, 264, 265, 696, 1398).
Porte d’entrée de l’ancienne abbaye de Ste Trinité de Caen, aujourd’hui détruite. Charles-Édouard Lambert, crayon, avant 1823, tiré de : Carnets de croquis et de notes sur des monuments de Normandie / Charles-Edouard Lambert. S. d., t. 2. (Paris, Bibliothèque de l’INHA, collections Jacques Doucet. Ms 228).La Porterie, construite dans l'axe de la rue des Chanoines, a particulièrement retenu l'attention des artistes et érudits. L'archéologue bayeusain Édouard Lambert (dessin publié par Elie Lambert dans les Cahiers Léopold Delisle, t. I, 1947, fasc. 2, p. 78, et copié par Madame Levasseur, Bibliothèque de Caen, FNI C 697), Jean-Jérôme Baugean (1817, Bibliothèque de Caen, FNI C 267) et Auguste-Xavier Leprince (dessin aquarellé, Caen, musée de Normandie, inv. 2008.13.1) ont laissé des vues de ses façades antérieure et postérieure. Le site monastique bénéficie dès cette époque de l'invention de la lithographie qui vient illustrer les nombreux ouvrages sur les antiquités anglo-normandes parus outre-Manche dès le 18e siècle et parfois traduits au siècle suivant. Dans un contexte de redécouverte et de promotion de l'art médiéval, seuls les bâtiments de l'entrée de l'abbaye et l'église bénéficient dans un premier temps de cet engouement servi par le talent de Geoffroy I Engelmann (lithographies illustrant la traduction que A. L. Léchaudé d'Anisy a fait de l'ouvrage de Ducarel, Bibliothèque de Caen, FNI C 277-279). La scène de la démolition du logis abbatial dit Palais de la reine (FNI C 266) constitue la seule représentation précise mais partielle de ce bâtiment. D'autres, plus tardives, montrent l'état de l'église avant et après l'intervention d’Émile Guy (1825-1837) notamment sur sa façade principale (Bibliothèque de Caen, Théodore de Jolimont, FNI C 269, 270 ; Mme Levasseur, FNI C 695. Bibliothèque nationale de France, Département des Estampes, VE-26(H)-FOL, collection Destailleur, dessin d'Adrien Dauzats), puis avant et après celle de Victor Ruprich-Robert (1854-1868) (Bibliothèque de Caen, FNI C 1362). Elles permettent d'illustrer en partie les travaux portés aux devis. Une fois la nouvelle entrée de l'hôtel-Dieu érigée sur les plans de Guy (1837), les artistes privilégièrent l'angle de vue nord-ouest, depuis le mur d'enceinte du cimetière entourant l'église Saint-Gilles, pour montrer l'édifice de culte de trois-quarts et, au fond de la place, le passage couvert cantonné de ses deux pavillons (Bibliothèque de Caen, FNI C 263, 574, 1464).
Anglo-norman antiquities, considered in a tour through part of Normandy : Tomb of the Foundress Queen Matilda Wife of the William the Conqueror, pl. VI.- J. Bayly d'après Noël, 1767. (Bibliothèque universitaire Droit-Lettres de Caen. N VIII D 472 BUDL.DLRES).Enfin, un certain nombre de dessins et de gravures porte sur les monuments funéraires : les représentations du tombeau de la reine Mathilde abondent mais ne remontent guère au-delà du 18e siècle (gravure de J. Bayly pour l'ouvrage de Ducarel, 1767, Bibliothèque universitaire de Caen, N VIII D 472 BUDL.DLRES ; Bibliothèque de Caen, FNI C 280, 284, 285 ; Bibliothèque nationale de France, Département des Estampes, VE-26(H)-FOL). Subsistent au sein des archives départementales et du musée des Beaux-Arts de Caen ("Précis historique sur les abbesses de Caen", fonds Mancel, ms 80) de nombreux relevés des monuments funéraires des abbesses de la Trinité effectués par La Bataille-Auvray au 18e siècle, ainsi qu'à la BNF (Département des Estampes, PE-1(D)-FOL, copies sur calque de relevés conservés à la Bodleian Library, Oxford). En grande partie détruites, les dalles funéraires conservées ont été déposées par la Société des Antiquaires de Normandie au musée de Normandie. Ces documents constituent un apport essentiel à la connaissance du mobilier immeuble par destination, alors que la documentation iconographique relative au mobilier meublant apparaît fort indigente en dehors de quelques vues intérieures - essentiellement du chœur - de l'église abbatiale (Bibliothèque de Caen, FNI C 273, 284 ; BNF, Département des Estampes, collection Destailleur, VE-26(H)-FOL, dessins rarement signés et datés).
Les photographies
L'environnemental urbain et paysager de l'abbaye
L'aménagement portuaire et industriel au 19e siècle modifie profondément l'environnement longtemps resté rural du monastère. Les photographies prises dès le tournant du siècle jusque dans les années 1950-1960, en partie popularisées par la carte postale (Neurdein et Cie, Lévy et Fils, Gabriel Artaud et Fils avec les éditions Gaby), en témoignent, offrant de nouveaux points de vue sur l'ancienne abbaye émergeant de la densité du tissu urbain depuis le canal de l'Orne ou du bassin à flot (Edmond Bacot, ca. 1870, ARDI, 30.00004 ; Ferdinand Tillard ; fonds des Archives diocésaines de Bayeux-LisieuxVue de l'abbaye depuis le canal.- Photographie ancienne, épreuve sur papier, 2e moitié 19e siècle. (Archives diocésaines de Bayeux-Lisieux). ou encore depuis les jardins des maisons de Calix, en-deçà de la rue Basse. Les Archives départementales du Calvados conservent un fonds importants de cartes postales, en grande partie numérisées, qui évoquent certaines parties des jardins de l'ancien monastère transformées à la demande des communautés religieuses successives - le limaçon planté d'un cèdre (Mont-Liban) et le jardin entre les deux ailes des bâtiments de la communauté (MAP, Archives photographiques : Frères Neurdein, 84/14/1013, 2667, avant 1875 ; Henri Deneux, DNX 5402, avant 1969) -, les aménagements successifs de la place Reine-Mathilde, le quartier Saint-Gilles et les rives du canal à différentes époques, depuis la fin du 19e siècle. En regard des médias traditionnels, la photographie a en partie renouvelé le regard sur le site et ses abords, adoptant des points de vue inhabituels comme par exemple depuis la tour de la croisée de l'église. D'autres reprennent ceux des peintres du 19e siècle, offrant la vision d'un même espace transformé depuis. Vue sud-orientale de l'Hôtel-Dieu depuis le parc, Auguste Bonnel.- Peinture, 1834. (Région Basse-Normandie).Vue sud-orientale de l'Hôtel-Dieu depuis le parc.- Photographie ancienne, épreuve sur papier, 2e moitié XIXème siècle. (Archives diocésaines de Bayeux-Lisieux).Ainsi, l'angle de vue de l'abbaye depuis le labyrinthe choisi par le peintre Auguste Bonnel en 1834 (Région Normandie, inv. 1246) a été repris par quelques photographes (Archives départementales du Calvados, 18Fi 115/110 ; BNF, Département des Estampes, 8-VE-1414, G70342, Album du collectionneur Georges Sirot, 1900-1904 ; Archives diocésaines de Bayeux-Lisieux).
Les restaurations et aménagements
Les photographies prises depuis le milieu du 19e siècle témoignent des modifications apportées aux bâtiments de l'Hôtel-Dieu puis de l'hospice par les architectes relevant tour à tour de l'administration hospitalière et culturelle.
Plusieurs campagnes de prises de vue accompagnèrent la restauration de l'ancienne église abbatiale depuis le milieu du 19e siècle. La reconnaissance du rôle documentaire de la photographie dans la politique de conservation et de protection des monuments remarquables français, validée en 1873 par la Commission des monuments historiques, explique en partie le nombre important de clichés de l'église conservés en diverses institutions. Il faut d'ailleurs rappeler que l'un des photographes missionné dans le cadre de la première commande publique de photographies en 1851 - la Mission héliographique impulsée par la Commission des monuments historiques - pour couvrir la région normande n'a pas honoré la commande : Hippolyte Bayard n'a laissé malheureusement aucun cliché de l'ancien site monastique. La valorisation des restaurations entreprises et financées par l’État passe également par la photographie qui bénéficie à ce moment-là d'avancées techniques en matière de lisibilité et de durabilité.
Les travaux très interventionnistes de Victor Ruprich-Robert marquent la première étape, suivie par d'autres relevant davantage de l'entretien courant. L'état de la façade précédant son remaniement est connu par plusieurs photographies de Julien Blot (Bibliothèque municipale de Lille, S2-6, pl. 292, éditée dans L'Art religieux. Architecture - Sculpture - Peinture, Lille, Impr. photographique de Blanquart-Evrard, ca. 1853-1854) et d'Edward King Tenison (Archives de Seine-Maritime). D'autres ont été prises par Edmond Bacot (ARDI, 32.00003 et 32.00032), William Baker (1857, Musée d'Orsay, PHO 1987 21 2), Ferdinand Tillard (Bibliothèque de Caen, FNI C 1434 ; ARDI 32.00003) au cours du chantier démarré à l'intérieur de l'édifice, montrant le parvis encombré de matériaux. Edmond Bacot (1869, ARDI, 30.00019), les frères Neurdein (MAP, Archives photographiques, 84/14/1013, 2668 et 4468, avant 1875 ; École nationale supérieure des Beaux-Arts, NUM PH 7853) ont photographié l'église abbatiale après sa restauration de même que Médéric Mieusement (MAP, Archives photographiques, 84/14/1013, MH 3677-3679, avant 1893), Jean-Eugène Durand (idem, 1889), Emile-André Letellier (1895) et plus tardivement par Paul Lancrenon (1900, MAP) et Auguste Léon, missionné par Albert Kahn pour photographier la Normandie de laquelle il fit plusieurs autochromes (1912, Boulogne-Billancourt, Musée Albert-Kahn, A 6 527). Quelques clichés du début des années 1850, dont l'attribution à Henri Magron (1845-1927) doit sans doute être revue, s'ajoutent à ce corpus. Ce même photographe a notamment utilisé le cadre de l'abbaye aux Dames pour illustrer l'irrévérencieux Elixir du R.P. Gaucher d'Alphonse Daudet qu'il édite pour un cercle restreint en 1889. Dès la fin du 19e siècle, des vues extérieures et intérieures de l'ancienne église abbatiale et des bâtiments claustraux trouvent une large diffusion dans la carte postale (fonds des Archives départementales du Calvados; MAP, Archives photographiques, Jules Tillet, 1908, 54L02710).
Les restaurations entreprises tout au long du 20e siècle par les architectes des monuments historiques donnent lieu à une couverture photographique plus ou moins complète, parfois par les architectes eux-mêmes, avant, pendant et après travaux : Gabriel Ruprich-Robert, fils de Victor (constat du mauvais état des toitures, des charpentes et des rampants des pignons de l'église, 1910-1911), Jean Merlet (aménagement liturgique du chœur, Archives municipales de Caen, 8 Fi 29, 8 Fi 216 ; DRAC de Basse-Normandie, carton 34), Georges Duval (réhabilitation des bâtiments conventuels, DRAC de Basse-Normandie, carton 32, photographies de 1975 prises par Marie-Hélène Since, chargée d'études documentaires ; STAP 14Cloître en cours de travaux.- Photographie, tirage argentique, 1983-1985. (Région Basse-Normandie, service des Archives)., photographies prises en cours de travaux; Région Basse-Normandie, service des archives ; état des lieux, 1980, C.H.U.), Bruno Decaris (restauration du pavillon d'entrée et de la toiture du portique, 1994, DRAC de Basse-Normandie, carton 35) et Daniel Lefèvre.
En marge des campagnes de travaux, il existe de nombreuses photographies - conservées en majorité à la Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine - prises à des fins archéologiques et historiques par Philippe Des Forts (après 1914), R. Delassale (entre 1903 et 1920, vues popularisées par la carte postale), Camille Enlart (avant 1920), Georges Estève (1890-1975), Henri Heuzé (avant 1919), Charles Hurault (1945), Paul Lancrenon (1900), Noël Le Boyer (1883-1967), Eugène Lefèvre-Pontalis (1862-1923), Félix Martin-Sabon (avant 1922, 84/14/1013), Simone Montaud-Berthelier (1952), Aimée Neury (1955) et Jules Tillet (1908).
Au sein de ce corpus s'insèrent les clichés - en partie popularisés par la carte postale - d'une période bien spécifique de l'histoire, qui rendent compte des dégâts causés sur les bâtiments claustraux et, dans une moindre mesure, sur l'église, par les bombardements de 1944 (Archives municipales de Caen, 8 Fi 2 ; Archives du Calvados, fonds Delassalle, 5 Fi ; Archives du C.H.U. de Caen ; Drac de Basse-Normandie ; MAP, Archives photographiques, Patrice Molinard, 1946, MH180878-990 / carton 36, 9 juin 1947, 744). Ils justifient à eux seuls leur ampleur et les réfections importantes opérées au titre des Dommages de guerre.
Les bâtiments disparus
Bâtiment de la pouponnière depuis le Mont-Liban.- Photographie, tirage argentique, vers 1936. (Archives diocésaines de Bayeux-Lisieux).Les bâtiments et éléments d'architecture détruits ou altérés sont également connus par des photographies émanant notamment du service des monuments historiques (pour certaines, les auteurs ne sont pas connus) : la pouponnière (ca. 1936, Archives diocésaines de Bayeux-Lisieux), l'aile dite du Pressoir (DRAC de Basse-Normandie, carton 34, photographies de la fin de la décennie 1970 prises par Marie-Hélène Since alors qu'il avait été décidé de la détruire), 208. Caen. L'entrée de l'Hôtel-Dieu (côté parc).- Carte postale, Lévy et Fils, avant 1909. (Archives diocésaines de Bayeux-Lisieux).le portail entouré de fossés délimitant la cour du cloître et les jardins (ca. 1970, Région Basse-Normandie, DRAC de Basse-Normandie et C.H.U. de Caen ; carte postale, Lévy et Fils, archives diocésaines de Bayeux-Lisieux), celui du clos des Coutures (DRAC de Basse-Normandie, dossier de protection).
L'être humain au cœur de l'institution hospitalière
Célébration de la Fête-Dieu dans la cour du cloître.- Photographie ancienne, épreuve sur papier, avant 1909. (Archives diocésaines de Bayeux-Lisieux).Le personnel et les pensionnaires ont rarement été photographiés dans le cadre architectural remanié de l'Hôtel-Dieu puis de l'hospice. La plupart des prises de vue résulte de mises en scène (Cour intérieure de l'hospice avec jeunes pensionnaires et religieuses, par R. Delassalle et C. Coron éditeur, ca. 1940-1950). Salle Saint-Jean-Eudes réservée aux hommes, rez-de-chaussée de l'aile sud.- Photographie ancienne, tirage argentique, 1980. (C.H.U. de Caen. Non coté).Les Archives municipales de Caen possèdent une collection de plaques de verre (8 Fi 1, 3, 12, 13) montrant au tournant du 19e siècle, les dernières années de l’Hôtel-Dieu de Caen où se voient parfois le personnel et les malades, tant civils que militaires. De même, le fonds des Archives diocésaines de Bayeux-Lisieux recèle de nombreuses photographies des religieuses augustines (portraits collectifs et individuels) ainsi que des fêtes religieuses. Les vues montrant les blessés du premier conflit mondial, se promenant dans le parc de l'hospice, ont été popularisées par la carte postale, notamment par F. Maillaut photographe et éditeur à Caen. S'y observent les soldats dans l'allée menant à la glacière ou dans le pré, au-delà de la cour du cloître, où paissent les vaches, mais aussi les religieuses se promenant dans les allées de tilleuls (Lévy et Fils). Le Studio Central Photo (aujourd'hui Images Central Photo, 14 rue Saint-Jean, Caen) a réalisé à la demande du Centre hospitalier régional (C.H.R.) une campagne de prises de vue de l'aile nord et de l'aile du Pressoir pour illustrer le rapport de 1967 (C.H.U. de Caen, T 321) en vue du réaménagement de cette partie de l'hospice durement touchée par les bombardements de 1944. Outre les locaux en cours d'effondrement ou abandonnés depuis la guerre, figurent certaines salles avec leurs pensionnaires. En 1980, le C.H.R. rédige un état des lieux qu'il illustre de photographies montrant le personnel en activité.
Les sources textuelles
Les sources médiévales ont été en grande partie dépouillées, étudiées et publiées (cf. notamment A.-L. Léchaudé d'Anisy, Cartulaire de la Basse-Normandie, Kew, National Archives ; id., 1835 ; L. Delisle, 1866 ; W.C. Davies, 1913 ; C. H. Haskins, 1918 ; M. M. Postan, 1943 ; R. Carabie, 1943 ; M. Fauroux, 1961 ; M. Bloch, 1967 ; L. Musset, 1967 ; M. Chibnall, 1982 ; D. Bates, 1998 ; C. Letouzay-Réty, 2005) voire numérisées (Chartularium abbatiae S. Trinitatis Cadomensis, fin 12e - début 13e siècle, ms 5650, BNF, Département des manuscrits). Les pièces manuscrites n'ont donc pas été consultées (2 H 25-2 H 27). L'attention a été portée sur les sources modernes et contemporaines bien moins exploitées et publiées (cf. Registres de l'Hôtel de Ville de Caen, délibérations et pièces relatives, inventaire sommaire par Gustave Dupont, 1888-1996, Bibliothèque de Caen, In-fol. 197). A cet égard, les Archives du Calvados conservent le fonds le plus important malgré les pertes subies pendant les guerres de religion et au début du 19e siècle. Lors du 950e anniversaire de la consécration de l'église abbatiale en 2016, le fonds de l'abbaye conservé dans la sous-série 2H a fait l'objet d'un inventaire et d'un reconditionnement complet, entraînant la recotation de plusieurs documents consultés avant cette date ; les nouvelles cotes ont été depuis reportées dans le dossier d'inventaire. Les sources des Archives du Calvados, dont le recensement ci-après n'est pas exhaustif, permettent d'aborder l'histoire du monastère sous plusieurs angles depuis sa fondation à l'époque moderne :
-la communauté bénédictine : 2 H 25/4, notamment un petit recueil intitulé Catalogue des abbesses de l'abbaye de Saincte Trinité de Caen, ca. 1650, serment des abbesses Madeleine de Montmorency (1588) et Laurence de Budos (1598) ; 2 H 31, entre autres un Registre des sépultures des religieuses et du personnel domestique de l'abbaye, 1755-1785 ; F 5118, Notes d'Eugène Simon, 1880-1909. Le musée des Beaux-Arts de Caen possède également dans le fonds Mancel le Catalogue des abesses de Saincte Trinité de Caen, établi par Gilles André de La Roque, historiographe du roi (1598-1686), et la relation des funérailles de l'abbesse Anne-Madeleine de Cochefilet en 1698 (ms 79, n°47-48), ainsi qu'un Précis historique sur les Abbesses de Caen dédicacé à Gabrielle Françoise de Froulay de Tessé, abbesse de la Trinité (1698-1720), comportant un relevé de leurs sépultures enrichi de notes manuscrites de Gilles André de La Roque et de l’abbé Gervais de la Rue (1751-1835) (ms 80).
-les droits et privilèges, le temporel : 14 B 803, droit de cheminage, 1523-1789 ; 14 B 870, droit de guet et de garde, nomination du lieutenant de la compagnie militaire de Saint Gilles, 1760-1789 ; C 1440, contestation de la communauté sur le paiement des droits d'octroi, 1733 ; C 6797, demande de confirmation des privilèges, 1777 ; 2 H 5, Bref mémoire des chartes et antiquités, 1622 ; 2 H 25/1-2Bref mémoire des chartes, antiquitez et fondations de l'abbaye de la Trinité de Caen, f°2.- 1624. (Archives départementales du Calvados. 2 H 5)., confirmations des biens dont celles d'Henri II Plantagenêt roi d'Angleterre et de Richard Cœur-de-Lion (1189) (plusieurs copies de confirmations en 2 H 25/4) ; 2 H 30, conflit avec les fermiers de l'octroi, 1646 ; 2 H 29/1, aveu au roi des abbesses Renée de Bourbon (1493), Louise de Mailly (1535) et Laurence de Budos (1606) ; 2 H 30, droit du franc salé, 17e-18e siècles ; 2 H 31, mémoire de la visite de l'évêque de Bayeux François de Nesmond (décembre 1695, copie en 2 H 28), historique et descriptif du site établis en 1737 par Barbey, intendant de l'abbaye, droits de moyenne et basse justice (1655) ; 2 H 34, droit de guet et de garde, foire de la Trinité, 1400-1790 ; F 6246, essentiellement donation de biens fonciers contre rentes ; 615 EDT 388, exemptions, 1730-1746. Sur les clos et prairies, les informations se trouvent réparties entre plusieurs fonds : 14 B 729 (enclos du Mesnil Guillaume, 1749-1750) ; 14 B 818 (clos de Budos et des Coutures) ; 14 B 822, correspondance entre l'abbesse Cécile de Belsunce et le sénéchal de l'abbaye notamment au sujet des réparations à faire au portail du clos de Budos, 1763 ; 14 B 881, nomination du garde des prairies Saint-Gilles et Couvrechef, 1715-1750 ; 2 H 12, registre de recette des fermages et rentes, 1773-1782, mention de la ferme des Coutures affermée avec d'autres terres à la famille de la Chouquais ; 2 H 44-45, procédures avec le domaine royal sur les mouvances de la paroisse Saint-Gilles et avec des particuliers (16e-18e siècles). La question du temporel est également abordée dans un mémoire dressé par une religieuse lors d'une visite épiscopale à la fin du gouvernement de l'abbesse Anne-Madeleine de Cochefilet (Musée des Beaux-Arts de Caen, fonds Mancel, ms 79, n°56).
Copie du mandement pour faire démolir et raser les citadelles de St Etienne et Ste Trinité de Caen.- N. Huet, secrétaire, 3 janvier 1435. (Archives départementales du Calvados. 2 H 34).-la citadelle : 2 H 34, notamment copie du mandement pour faire démolir et raser les citadelles de St Etienne et Ste Trinité de Caen, 3 janvier 1435.
-la reconstruction et l'aménagement des bâtiments conventuels, l'ameublement du couvent et de l'église abbatiale : C 6798, correspondance relative au financement de la reconstruction des bâtiments conventuels entre le ministre Henri Bertin, l'intendant de la généralité de Caen, François-Jean Orceau de Fontette (1752-1775), l'abbesse Cécile de Belsunce (1745-1787) et l'ingénieur Guillaume Viallet, 1767-1771 (existence d'une copie en 2 H 28) ; C 6799, aliénation de la terre et seigneurie de Foulbec pour le financement de la reconstruction des bâtiments claustraux, correspondance entre le ministre Henri Bertin et l'intendant de la généralité de Caen, Charles Esmangart (1775-1783), 1777, état de la situation financière du monastère, 1772-1777 ; 2 H 13, registre des comptes liés aux travaux de reconstruction, 1767-1779 ; 2 H 15, Journal des dépenses liées aux travaux de reconstruction, 1788 ; 2 H 16, registre des charges indiquant les rentes viagères prises notamment par l'abbesse Cécile de Belsunce pour financer les dépenses liées aux travaux de reconstruction, 1784-1789 ; 2 H 30, mémoires portant sur divers travaux, notamment par l'architecte Jean-François-Etienne Gilet dans l'église abbatiale, 1788-1790, et d'autres plus anciens (années 1717-1718) non signés ; 2 H 31, inventaire des biens meubles à la mort des abbesses, 1650, 1664, 1670 ; F 6183, rentes viagères pour la reconstruction des bâtiments claustraux. Le carnet de Jean-François-Étienne Gilet (Bibliothèque de Caen, ms 340), du 13 août 1778, donne des informations sur l'état de la salle de bains de l'abbaye et donc sur l'hygiène.
-les conséquences de la nationalisation : 1 Q 45, biens de 1ère origine affermés et vendus, noms des experts et des acquéreurs, 1791 ; 1 Q 203-205, mise en adjudication de biens de 1ère origine, 1791 ; 1 Q 385, table des ventes des biens de 1ère et 2e origine, an V-1826 ; 1 Q 510-512, inventaires des biens meubles, état des dépenses et des recettes, correspondance relative à l'occupation militaire, 1790-1805 ; 1 Q 833, enlèvement des objets métalliques, V frimaire an II ; 1 Q 837, notamment liste de l'orfèvrerie provenant de la Trinité, 1792 ; 1 Q 1201, adjudication des jardins de l'abbaye à Richard Benoist, 1792 ; 1 Q 1205, notamment désignation des deux citoyens pour assurer le gardiennage du monastère évacué, inventaire de l'argenterie, 1792 ; 4 V 4, état des églises de la ville de Caen, an XI ; 615 EDT 501, magasin à fourrage établi dans l'église abbatiale, 1795-1799 ; 615 EDT 566-568, notamment documents relatifs aux cloches de l'église abbatiale, avis du conseil général de la commune de Caen sur les plans des maisons religieuses dressés par l'architecte Gilet en 1793, registre des délibérations du Directoire du département relatant les dégâts occasionnés par l'occupation militaire ; 615 EDT 583, état du revenu, inventaires, procédures, correspondance relative aux déclarations et inventaires de 1790, 1790-1793.
-le dépôt de mendicité : R 1384, correspondance relative au casernement prussien et ses conséquences sur le site monastique, 1815-1825 ; Y 1081-1083, décret impérial relatif à la création du dépôt de mendicité, correspondance relative à l'organisation du dépôt de mendicité de Caen et à ses activités, arrêté préfectoral relatif aux travaux, régie économique du dépôt en 1810, ordonnance royale de suppression du dépôt de mendicité de Caen, 1809-1820 ; Y 1092, Compte moral de l'administration du dépôt rendu au préfet par le directeur pendant l'exercice 1815 ; Y 1093, rapport du préfet au ministre de l'intérieur sur la situation financière et l'histoire du dépôt et sur les mesures prises, 7 mars 1815 ; Y 1115-1122, destitution de l'aumônier du dépôt (1814-1817), devis des travaux établis par l'architecte Louis Ambroise Dubut en vue de l'établissement du dépôt, échange avec le conseil des bâtiments civils, adjudication des travauxAnnonce de l’adjudication définitive des travaux à faire pour l’établissement du dépôt de mendicité.- Alexandre Méchin, préfet du Calvados, 11 février 1811. (Archives départementales du Calvados. 1 Y 1120)., correspondance (1810-1815), Inventaire des effets, mobilier et approvisionnement du dépôt, 26 ventôse an IX ; Y 1128-1129, affiche d'annonce pour les soumissions pour la fourniture ou la fabrication des objets nécessaires à l'établissement du dépôt, cahier des charges, 1809 ; Y 1131-1133, devis pour une horloge (1812), projet d'établissement d'une manufacture de tabac (1811), fabrication de toiles pour la marine (1816) ; Y 1138-1141, résumé général de la population (numérique) suivant les diverses catégories (7 août 1818), Conseil d'inspection et de surveillance du dépôt de mendicité : discours prononcé par M. le Baron Méchin, Préfet du Calvados, à l'installation du Conseil d'inspection et de surveillance du dépôt de mendicité (8 août 1812), registre de correspondance (22 nov. 1812-8 juil. 1817), registre des délibérations et arrêtés (8 août 1812-25 août 1817) ; Y 1143-1145, registre des délibérations et arrêtés (26 février-26 août 1814), registre de correspondance du conseil d'administration de l'hôpital militaire établi au dépôt (28 février-23 septembre 1814), registre de correspondance du dépôt de mendicité (1er décembre 1814-20 février 1816 ; 1er mars-2 juillet 1814) ; Y 1147, arrêté, avis, correspondance relatifs à l'extinction de la mendicité dans le département du Calvados (26 frimaire an XIII-1880).
-l'Hôtel-Dieu : R 1045, traitement des militaires malades, correspondance entre la commission des hospices de Caen, le préfet et l'autorité militaire, 1870-1898 ; R 1366, logement et cantonnement des troupes, 1878-1884.
-l'église abbatiale : 2 H 32/1-2, obits et chapelles ; travaux menés au 19e siècle (O 725, notamment correspondance et devis relatifs aux réparations, 1824-29 et 1888-95) et au 20e siècle (T 2352, travaux de couverture sous la direction de Gabriel Ruprich-Robert, Architecte en chef des monuments historiques, 1911-1912), le transfert de l'église Saint-Gilles dans l'ancienne église abbatiale de la Trinité au 19e siècle (5 V 183, correspondance imprimée de B. Jamet supérieur du Bon Sauveur, Pépin prêtre et al. à l'attention de Monseigneur Didiot, évêque de Bayeux, 1864)
-le tombeau de la reine Mathilde : T 2353/1, procès-verbal d'ouverture du cercueil et expertise des ossements (1819), devis de l'architecte des bâtiments civils Jean-Baptiste Harou-Romain (1820).
-la baronnie et la paroisse Saint-Gilles : 14 B 801, pétition pour la remise en état de la rue des Carrières, 1760 ; 2 H 14, recettes et rentes seigneuriales, 1715-1784, informations sur la toponymie urbaine et la composition sociale ; 2 H 23, registre des visites du vicaire général et de l'official de l'abbaye dans les paroisses en relevant, 1597-1700 ; 2 H 35, baux et adjudications des prés Saint Gilles et de Calix ; 2 H 39, baux à ferme du domaine fieffé et non fieffé de la paroisse Saint-Gilles, 1701-1765 ; F 5119, Notes d'Eugène Simon, 1880-1909 ; 615 EDT 583, pièces relatives à un chemin situé entre l'enceinte de l'abbaye et le clos des Coutures. La consultation du rapport de fouilles du square Saint-Gilles (1986-1988) s'est avérée utile à la compréhension du développement de la paroisse dès le 7e siècle (MAP, Archives, 0080/068). Les aménagements urbains du 19e siècle sont évoqués dans le fonds du Dépôt des fortifications du Service historique de la Défense à Vincennes (GR 1 Vf 80).
D'autres institutions conservent des documents abordant une ou plusieurs périodes spécifiques de l'histoire du site monastique :
Aux archives nationales de France se trouvent d'une part, des documents relatifs à la reconstruction des bâtiments claustraux dans la 2e moitié du 18e siècle (Paris) et, d'autre part, des pièces évoquant les travaux pour l'établissement du dépôt de mendicité puis de l'Hôtel-Dieu. A Paris, sont notamment conservés le devis établi par l'ingénieur Guillaume Viallet, la correspondance entre l'abbesse, l'intendant François-Jean Orceau de Fontette et le secrétaire d'Etat Henri Bertin (1763-1780) intéressant surtout le financement des travaux (G/9/125, n°20 ; S 3305/A). A Pierrefitte, la consultation des sources a révélé la révision du projet initial (1810) de l'architecte Louis-Ambroise Dubut pour l'établissement du dépôt de mendicité et le surcoût du chantier par rapport à ses estimations (F/13/1686 ; F/21/1847, 2479). S'y trouve également le rapport de l'inspecteur général des Bâtiments civils Edme Grillon du 20 juin 1839 (F/21/1847) sur le projet de construction d'une buanderie et d'un séchoir à l'Hôtel-Dieu (actuelle aile Sainte-Anne).
Le fonds du Dépôt des fortifications du Service historique de la Défense (Vincennes) précise les travaux projetés par le Ministère de la Guerre (direction du Havre) dans les bâtiments abbatiaux occupés par un casernement de l'Infanterie (GR 1 Vh 491, 1 Vi 8). En 1841, seul le château est susceptible de servir de place de dépôt et de refuge en cas d'attaque extérieure. Le fort Sainte-Trinité, qui ne conservait qu'une infime portion de ses fortifications, bordant la rue de Calix, ne peut intéresser le Génie. Au terme du décret du 5 juin 1867, le château de Caen perd son statut de place forte tout en restant affecté au département de la Guerre.
Les archives diocésaines de Bayeux-Lisieux abordent la question de l'exercice du culte dans l'église Saint-Gilles depuis l'Empire jusqu'à son transfert dans l'église de la Trinité en 1864. Des documents donnent la position de l'évêché sur le partage de l'ancienne église abbatiale entre la paroisse et l'Hôtel-Dieu et divers travaux et aménagements effectués tout au long du 19e siècle dans ces deux édifices.
Description sommaire des locaux de l’hospice, f°1.- CHR de Caen, Octobre 1965. (CHU de Caen. T 323).Le service des Archives du C.H.U. de Caen abrite un fonds important relatif à l'hospice, plus précisément aux travaux menés de 1909 à 1981 par les architectes des Hospices successifs - Charles-Prosper Vaussy (T 329), Pierre Dureuil (T 318-321, 323, 327, 329, 330), parfois en association avec Léon Rème (T 317-320, 322-323) et Claude Renouf (T 318, 321, 324-326) - qui témoignent des changements de dévolution et de distribution intérieure pour répondre aux normes réglementaires et aux besoins d'hébergement croissants. Quatorze cartons de la série T (317-330) ont été dépouillés. Cahiers des charge et devis descriptifs, pièces comptables et procès-verbaux de réception, états des lieux et correspondance avec l'administration sanitaire et sociale retracent l'histoire matérielle et humaine de cette institution sur plus de 70 ans.
Les archives relatives aux restaurations menées aux 19e et 20e sièclonservées aux archives municipales, à la Région, à la DRAC de Basse-Normandie et à la Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine, ont été intégralement consultées.Avis du Domaine sur la valeur vénale d’une partie des biens de l’ancien hospice Saint-Louis de Caen en vue de leur acquisition par la Région Basse-Normandie, p. 1.- Direction générale des impôts, 7 septembre 1981. (Région Normandie, service des archives).
La correspondance, les devis et rapports des architectes Émile Guy et Victor Ruprich-Robert (MAP, Archives, 0081/014/0026-0027), précédemment exploités par Maylis Baylé, ont permis de préciser la nature et l'étendue des travaux menés sur l'église abbatiale.
Les travaux entrepris sur l'église abbatiale et les bâtiments de la communauté par les architectes en chef des monuments historiques Bruno Decaris (restauration et aménagement intérieur, notamment des maçonneries, 1989-1993 ; restauration du pavillon d'entrée et de la toiture du portique, 1993-1994 ; restauration de la couverture de la croisée, 1996-1997 ; restauration de la couverture de l'aile de l'Horloge, 1996) et Daniel Lefèvre (façade et couverture de l'ancien logis de l'abbesse, 2004 et 2006) ont fait l'objet d'études préalables documentées. L'analyse architecturale étayée de documents a permis d'affiner la compréhension et la datation des bâtiments en question. La MAP (Archives) conserve les dossiers (dont les PAT et DOE) et rapports relatifs à ces travaux et à ceux menés sur les objets mobiliers in situ (2003/019/0072), transférés à l'église Notre-Dame-de-la-Gloriette (1997/039/0224,0260 ; 2003/019/0073) et la peinture murale du cul-de-four de l'église abbatiale (1998/003/0037, 2003/019/0072) ainsi que les avis rendus par l'inspection des Monuments historiques. Plusieurs dossiers permettent de suivre la lente maturation du projet de réfection des verrières de l'église abbatiale (1993/017/005 ; 2003/019/0072 ; 0080/042 ; 0081/014/0026). Les documents conservés aux archives municipales renseignent la question du transfert de l'ancien Hôtel-Dieu, les travaux de restauration et d'aménagement du début du 20e siècle à l'acquisition de l'abbaye par la Région, au travers des séances du conseil municipal et de la presse.
Enfin, le Bureau d'étude de la Direction de l'Environnement et du Cadre de Vie de la Ville de Caen possède les documents relatifs à la réhabilitation du parc et à son entretien assuré par la Ville jusqu'en 2009, date à laquelle la Région Basse-Normandie décida de reprendre celui-ci en main. L'inventaire des arbres réalisé en 1992 a permis de déterminer la répartition des différentes essences. Suite à la tempête survenue la même année, un plan de régénération a été établi et nombre de sujets ont dû être abattus et remplacés. En 2004, une trentaine d'arbres anciens datant de l'époque de l'Hôtel-Dieu étaient recensés. Depuis, les tilleuls euchlora ont supplanté les tilleuls communs initialement présents dans les alignements classés au titre des sites en 1932. Les plantations actuelles, qui ornent les différentes cours, s'étendent devant le Mont-Liban ou le long du mur de clôture de l'ancien potager de l'abbaye, ont été recensées avec l'aide du service des espaces verts (DBR) de la Région.
Les sources orales
Le personnel et les pensionnaires peuvent aujourd'hui encore témoigner de leur vécu au sein de l'hospice Saint-Louis (1909-1984). Il a paru important de l'intégrer dans sa dimension orale, non pas tant pour palier la défaillance des sources écrites, bien renseignées, que pour redonner à des groupes sociaux, souvent exclus de l'écrit, toute leur place. Au travers d'itinéraires individuels, l'histoire de l'institution hospitalière dépasse le simple registre statistique des archives administratives pour acquérir une dimension humaine dans toute sa singularité avec ses affects, permettant notamment de mettre des mots sur une souffrance sociale longtemps oubliée ou ignorée. La difficulté a consisté à trouver les témoins acceptant de s'exprimer. Les historiens Paul Dartiguenave et Michel Nicolle ont déjà réalisé un travail de collecte remarquable. Dans le cadre de l'étude d'inventaire, seules deux personnes ont pu être questionnées sur leur expérience, l'un comme pensionnaire, l'autre comme religieuse. Des photographies personnelles, prises par exemple à l'occasion de festivités, ont étayé leur propos. Ont été abordés le fonctionnement quotidien de l'hospice, les tâches de chaque groupe social en fonction de leur âge et sexe, la dévolution des pièces avec quelques repères chronologiques. La consultation des archives encore détenues par la communauté bénédictine de Bayeux, fondée en 1648 et installée depuis 1806 dans l'ancien couvent des Cordeliers, apportera des compléments indispensables à l'établissement d'une histoire sociale de l'hospice indissociable du Centre hospitalier voisin construit au début du 20e siècle.
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Chercheur à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.