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À l’exception du château, parmi les 426 édifices à vocation résidentielle que compte le bourg, 17 sont sélectionnés et font l’objet de 15 dossiers individuels et d’ensemble. Deux hôtels particuliers, huit maisons de notable ou de maître, deux maisons de contremaître, et cinq maisons ont été étudiés en raison de leur caractère représentatif ou unique, à l’échelle de la commune.

Les familles d’édifices et leur fonction

L’hôtel particulier se distingue par son implantation en retrait de la rue, l’organisation de ses bâtiments autour d’une cour, la séparation entre les communs et le logis, et par son accès marqué par un portail ou un passage d’entrée cocher depuis la rue vers la cour. Cinq immeubles relèvent de cette typologie : 17 rue Gaston Gibory, 2 rue des Foulx (villa Jumeau), 10-12 rue du docteur Boulay, 35 rue du docteur Jean Vivares. A noter que seul celui situé au n°2 rue des Foulx présente une séparation bien marquée entre le logis et la rue.

N°2 rue des Foulx : hôtel particulier dit Villa Jumeau, vue d'ensemble.N°2 rue des Foulx : hôtel particulier dit Villa Jumeau, vue d'ensemble.

Onze maisons de maître, de contremaître et de notable, ont été sélectionnées. L'importance de leurs dimensions et la richesse de leur décor reflètent le statut social des commanditaires.

Cinquante-neuf maisons à boutiques ont été repérées sur l’ensemble du bourg. Sans surprise, elles se concentrent en nombre dans le centre-bourg, où elles représentent plus de la moitié du corpus, essentiellement autour de la place de l’hôtel de ville, ainsi que dans les rues Gaston Gibory et de l’Église. Les plus anciennes, situées rue Gaston Gibory, remontent au 16e siècle et conservent des éléments contemporains tels une charpente, un escalier en vis logé dans une tour dans ou hors-œuvre.

Douze anciennes auberges ont été identifiées parmi lesquelles deux ont été sélectionnées. Elles témoignent du dynamisme commercial de Longny aux 18e et 19e siècles jusqu’à l’entre-deux-guerres, avec son marché hebdomadaire et ses six foires annuelles.

Seules douze maisons d’artisans ont été repérées. Il s’agit d’immeubles où une activité artisanale est attestée (charronnerie, menuiserie, etc.). Ce nombre est certainement en deçà de la réalité et s’explique d'une part, par la disparition ou le changement d’affectation des bâtiments à vocation artisanale et d'autre part, par l’absence dans certains cas de bâtiments dédiés, certaines activités comme le tissage du chanvre étant pratiquées dans l’habitation même. En l'absence de vestiges, il n'est désormais plus possible de les identifier.

N°11 rue des Foulx : maison et atelier de charron.N°11 rue des Foulx : maison et atelier de charron.

La majorité des repérages concerne des maisons à vocation résidentielle. Le bourg en compte 327, soit plus des trois quarts du bâti civil. Seules quatre d'entre elles ont été sélectionnées, situées rue de Chartres, rue Aristide Briand et rue du Général de Gaulle.

Repères chronologiques

Les édifices civils les plus anciens conservés au bourg remontent pour quinze d'entre eux au 16e siècle. Il s’agit de maisons, avec ou sans boutique, et d’hôtels particuliers comme celui situé au n°17 rue Gaston Gibory. Elles sont localisées au cœur du centre ancien, principalement autour des rues Gaston Gibory, de l’Église et du Docteur Boulay. À un étage carré, elles disposent ou conservent les vestiges d’un escalier en vis dans-œuvre ou hors-œuvre. Leur charpente est caractéristique de l’époque de construction : à fermes contreventées par des pannes, à faîtière et sous-faîtière reliées entre elles par des liens obliques ou des croix de Saint-André. On constate une surreprésentation des maisons de notable de cette époque (alignement de deux maisons de notable aux n°1 et 3 rue Gaston Gibory, hôtel particulier au n°17 de la même rue, maison de notable au n°15 rue de l’Église, etc.). Deux facteurs peuvent l’expliquer : la conservation par les descendants de ces édifices emblématiques d'un rang social et la grande qualité architecturale de leur construction.

N°34 rue de Chartres : maison du 16e siècle dont la façade postérieure est flanquée d'une tour d'escalier hord-oeuvre.N°34 rue de Chartres : maison du 16e siècle dont la façade postérieure est flanquée d'une tour d'escalier hord-oeuvre.

Quarante-huit édifices ont été datés du 17e siècle. Il s'agit essentiellement de maisons, avec ou sans boutique, et des maisons d’artisans, réparties sur l’ensemble du bourg, notamment dans des secteurs à vocation artisanale et ouvrière tels que le faubourg de Vaugelé (rues de Chartres et Aristide Briand). Les immeubles de cette période se distinguent par la mise en œuvre de pan de bois, qui demeure en place ou à l’état de vestiges, a minima, au niveau de l’étage des murs des façades. Ce pan de bois, dont la section des colombes est légèrement plus restreinte comparativement à celle des périodes plus anciennes, a bien souvent été remplacé, au moins en façade principale, aux 18e et 19e siècles, par des murs maçonnés en moellons de silex couverts d’un enduit plein. Il est également parfois conservé en façade postérieure, caché derrière un bardage en bois ou des tôles. Des travaux de réfection de façade au cours de la première moitié du 20e siècle ont malheureusement tout ou partie détruit ou masqué ces éléments du gros-œuvre. En effet, on peut encore trouver aujourd'hui des lattis fixés aux colombes, qui servaient de support pour la pose d’un enduit plein, souvent « bâtardé » au ciment. Deux exemples significatifs se situent au n°28 rue Gaston Gibory, où l’enduit ciment a récemment été retiré, et au n°4 rue du Pont Boivin, où il est conservé.

N°27 rue Aristide Briand : maison du 17e siècle dont le pan de bois subsiste en façade postérieure.N°27 rue Aristide Briand : maison du 17e siècle dont le pan de bois subsiste en façade postérieure.

Quatre-vingt-douze immeubles ont été datés du 18e siècle, soit plus de 21 % du corpus. Parmi eux, sont représentées toutes les familles d’édifices civils que compte le bourg, qui connaît alors une intense période de construction, dans un contexte de développement économique et démographique favorable. Le pan de bois, mode constructif privilégié des siècles précédents, est délaissé au profit de la maçonnerie en moellons de silex couverte d’un enduit plein, aussi bien pour les nouvelles constructions que pour les reprises de maçonnerie en sous-œuvre. La brique, cuite localement dans les tuileries-briqueteries qui se créent à cette époque, est alors employée pour les chaînages d’angle, les encadrements d’ouvertures, les corniches et les souches de cheminée. Utilisée comme élément de décor, elle alterne avec la pierre de taille de grès roussard ou de calcaire, d’importation pour cette dernière, extraite dans le bassin de Mortagne ou le secteur de Rémalard. La brique préindustrielle se distingue de celle de la 2e moitié du 19e siècle par son format, assez longue mais plus fine (4 à 5 cm d’épaisseur maximum), sa couleur plus orangée ainsi que l’absence de glaçure et de module défini.

Vingt-trois édifices ont été datés de la fin du 18e siècle ou du début du siècle suivant. Il s'agit en majorité de maisons et, dans une moindre mesure, de maisons à boutique (2), de maisons de maître (2) et d'un immeuble de rapport situé au n°24 rue de l’Église. Il est cependant difficile de les dater avec précision. Figurant sur le plan cadastral de 1831, elles pourraient aussi bien remonter à la fin du 18e siècle qu’au siècle suivant. À cette époque charnière, le développement du bourg semble s’accélérer avec notamment le percement de la rue de Paris (actuelle rue du Général de Gaulle), vers 1773-1774, reliant la place du Marché au champ de foire. Leur architecture reprend les typologies du 18e siècle avec l’emploi de la brique alternée à la pierre de taille calcaire pour les chaînages d’angle et les encadrements de baies alignées en travées régulières. À l’instar de la maison de maître située au n°6 rue du Pont Boivin, les notables affirment leur réussite sociale par l’ornementation des façades principales. L’emploi d’éclats de laitier (résidu de haut fourneau de couleur turquoise) en mosaïque ornant soubassements ou piliers de portail démarque un peu plus ces édifices aux volumes et dispositions déjà particuliers. C’est le cas également au n°21 rue du Pont Rouge.

N°41 rue Aristide Briand : maison construite vers 1800, peut-être pour un artisan ou un ouvrier.N°41 rue Aristide Briand : maison construite vers 1800, peut-être pour un artisan ou un ouvrier.

187 maisons, avec ou sans boutique, datent du 19e siècle, soit près de 44 % du corpus. Cette prédominance est à mettre en relation avec le développement économique et démographique qui atteint son apogée au milieu du 19e siècle, avant l’amorce d’un long exode rural. Réparties sur l’ensemble du bourg, on retrouve ces maisons, de manière assez logique, en périphérie, notamment en extension des rues de Chartres, Aristide Briand, du Général de Gaulle et Léon Groutel. Le long de cette dernière, pas moins de 16 nouvelles maisons sont construites entre 1859 et 1874, essentiellement pour loger les ouvriers des établissements métallurgiques alors détenus par les frères Guillain. Le développement commercial, qui va de pair avec le développement démographique, entraîne la construction – plus souvent le réaménagement profond voire la reconstruction – de maisons à boutique.

Trente-huit maisons, avec ou sans boutique, ont été construites au tournant du 20e siècle. À cette époque, l’architecture commence à se standardiser. Dès les années 1870, l’emploi d’une brique industrielle, calibrée et flammée, se généralise pour les encadrements de baies, les chaînages d’angle, les corniches (à 4 rangs) et les souches de cheminée. Les dimensions des ouvertures, assez importantes, se standardisent également, tout comme la distribution des pièces. Le type dominant est la maison à façade à trois travées d’ouvertures régulières, dont la porte centrale donne accès au couloir qui dessert les pièces de vie du rez-de-chaussée et les chambre à l’étage via un escalier tournant. Les couvertures en ardoise, matériau d’importation arrivant essentiellement par le chemin de fer, sont aussi caractéristiques de cette période.

Vingt-trois maisons datent de la première moitié du 20e siècle, époque à laquelle on constate un ralentissement des nouvelles constructions et des reconstructions, dû à l'accélération de l'exode rural. L’utilisation du ciment moulé pour les encadrements de baies ou de poutrelles métalliques pour les linteaux de portes et de fenêtres sont de bons indicateurs de datation.

Typologie et caractéristiques architecturales

Les hôtels particuliers :

Le corpus des hôtel particulier se révèle peu important, ce qui ne permet pas de définir des typologies. Ces immeubles ont parfois été construits en bordure de parcelles qui se caractérisent par une forme oblongue. L’accès à la propriété, comprenant une cour fermée, se fait par un portail. Le logis est implanté indépendamment des dépendances et sa façade fait l'objet d'un traitement particulièrement soigné comme par exemple, celle en pierre de taille calcaire de l'hôtel situé au n°17 rue Gaston Gibory, qui se révèle être un unicum à l'échelle communale. La dépendance, servant de cellier, remise et/ou écurie, est implantée perpendiculairement ou en vis-à-vis du logis, de l’autre côté de la cour, en fond de parcelle. Les dimensions du logis se démarquent des autres familles d’édifices civils par des pièces à vivre aux volumes importants, hautes de plafond.

N°17 rue Gaston Gibory : hôtel particulier, façade principale.N°17 rue Gaston Gibory : hôtel particulier, façade principale.

Les maisons de maître, de contremaître et de notable :

Il est également difficile de donner une synthèse pertinente sur les onze édifices concernés. Certains, à l’instar des hôtels particuliers, disposent d’un portail d’accès à la cour où se trouve le logis indépendant, dont les dimensions sont plus modestes. Bâtis selon un plan rectangulaire, ils comportent parfois des ailes, en alignement ou en retour d’équerre. À deux niveaux d’élévation, les façades, surtout celles visibles depuis la rue, disposent de travées d’ouvertures régulières. Ces maisons possèdent en général un décor, aussi bien extérieur qu’intérieur, contemporain de leur construction ou d'aménagements ultérieurs. À l’extérieur, la brique reste très utilisée comme élément de décor. La maison de notable située au n°21 rue du Pont Rouge en constitue un bon exemple avec ses chaînages d’angle en bossage, ses ouvertures surmontées de frontons triangulaires et sa corniche moulurée. Des décors intérieurs peuvent subsister. Les plus anciens, qui pourraient remonter au 17e siècle, ont été conservés, semble-t-il, au n°15 rue de l’Église, où se trouve, à l’étage carré, un plafond dit à la française avec poutre maîtresse et solives aux profondes moulures. Dans d’autres maisons, ce sont des lambris moulurés, des parquet et des cheminées en bois ou en marbre, qui renvoient généralement aux styles Directoire et néoclassique.

N°21 rue du Pont Rouge : maison de notable datée 1819, façade principale.N°21 rue du Pont Rouge : maison de notable datée 1819, façade principale.

Les maisons :

Les unités d'habitation sont implantées en front de rue ou de ruelle, en bordure d’une parcelle laniérée, et sont mitoyennes. Quelques unes disposent d’une petite cour antérieure entourée d’un mur bahut rehaussé d’une grille en fer forgé la séparant de la rue. C’est notamment le cas pour un alignement de cinq maisons situées aux n°19, 21, 23, 25, 27 de la rue Léon Groutel, construites dans la 2e moitié du 19e siècle.

N°19, 21, 23, 25, 27 rue Léon Groutel : alignement de maisons à petite cour antérieure.N°19, 21, 23, 25, 27 rue Léon Groutel : alignement de maisons à petite cour antérieure.

La fonction du bâtiment, uniquement résidentielle et abritant parfois une activité artisanale ou commerciale, ses dimensions relatives au nombre de pièces, son élévation à étage ou non et la topographie de la parcelle d'implantation constituent des facteurs déterminant le classement typologique suivant.

Les maisons en rez-de-chaussée :

137 maisons de ce type ont été recensées parmi lesquelles 104 sont en rez-de-chaussée surélevé, parfois sur une cave. Elles appartiennent à un type d'habitat élémentaire ne disposant que d’une unique pièce, accessible par une porte depuis le front de rue, éclairée par une seule fenêtre. Elles comportent le plus souvent à deux pièces, la salle et la chambre, avec ou sans feu, séparées par un couloir central accessible depuis l’extérieur par la porte d’entrée. Sous le comble, parfois à surcroît, se trouve le grenier qui a parfois été aménagé ultérieurement en pièce à vivre. Ces maisons se situent dans les rues secondaires, en périphérie du centre bourg et dans le faubourg de Vaugelé, où elles correspondent souvent à un habitat ouvrier assez modeste.

Les maisons à étage de soubassement :

Trois rues, Léon Groutel, de Chartres et du Général de Gaulle, présentent une typologie de bâti particulière. Surplombant chacune un cours d’eau qu’elles longent – le ruisseau de Vaugelé, la Jambée et la Robioche – leur chaussée remblayée nécessité la construction d'étages de soubassement et/ou de rez-de-chaussée surélevés. Quarante-six maisons présentent ces dispositions. Il s'agit généralement de maisons en rez-de-chaussée (seules quatre disposent d’un étage carré), accessible de plain-pied depuis la rue, qui reposent sur un ou deux étages de soubassement en façade postérieure donnant sur un jardin, qui se prolonge jusqu’au cours d’eau, dotés de lavoirs privatifs (cinq ont été recensés). Se situant en périphérie du centre ancien, ces maisons ont été construites au 19e siècle, sauf celle du n°34 rue de Chartres, du 16e siècle, flanquée en façade postérieure d’une tour d’escalier hors-œuvre. Aucune de ces maisons ne semblent avoir abrité un commerce mais l’usage de l’étage de soubassement comme atelier d’artisan est vraisemblable pour plusieurs d’entre elles.

N°44 rue de Chartres : maison de plain-pied côté rue.N°44 rue de Chartres : maison de plain-pied côté rue.N°44 rue de Chartres : maison à étage de soutènement côté cour. N°44 rue de Chartres : maison à étage de soutènement côté cour.

Les maisons à étage(s) :

241 maisons, dont 48 à boutique, s’élèvent sur au moins deux niveaux, un rez-de-chaussée et un étage carré. Parmi elles, 233 disposent d’un étage, 8 de deux. Les maisons à étage(s) représentent plus de 56 % du corpus et se concentrent dans le bourg ancien, pour l’essentiel dans les rues commerciales de l’Église, Gaston Gibory, du Docteur Boulay, du Général de Gaulle et autour de la place de l’Hôtel de Ville. Toutes les maisons à boutique du bourg sont à un ou deux étages : le rez-de-chaussée servant de boutique et de resserre, l’étage d’habitation au commerçant. Les dimensions des maisons à étage varient : les plus petites, minoritaires, ne disposent que d’une ou deux petites pièces par niveau, celles comptant entre 2 et 4 pièces par étage étant les plus nombreuses. La porte d'entrée sur rue donne sur un couloir central ou latéral qui distribue les pièces du rez-de-chaussée et les chambres de l’étage via l’escalier, en vis en bois, parfois implanté dans une tour hors-œuvre pour les plus anciens, tournant en bois pour les plus récents. Bon nombre de ces maisons ont une dépendance en rez-de-chaussée, accolée perpendiculairement à l’arrière ou en vis-à-vis de la façade postérieure séparée par une petite cour. Elle pouvait servir d’atelier, de cellier, de resserre ou d’écurie.

N°22, 24, 26 rue Gaston Gibory : alignement de trois maisons dont deux à boutique (16e siècle - 19e siècle).N°22, 24, 26 rue Gaston Gibory : alignement de trois maisons dont deux à boutique (16e siècle - 19e siècle).N°4 bis, 5, 6, 7, 8 place de l'Hôtel de Ville : alignement de 5 maisons, pour l'essentiel à boutique (18e siècle - 20e siècle).N°4 bis, 5, 6, 7, 8 place de l'Hôtel de Ville : alignement de 5 maisons, pour l'essentiel à boutique (18e siècle - 20e siècle).

Les auberges :

Toutes les auberges recensées s’élèvent sur deux niveaux, un rez-de-chaussée et un étage carré, et comprend au moins deux bâtiments. Bâties en front de rue, elles présentent en général une façade assez large, à travées d’ouvertures régulières. Elles comportent, a minima, une cuisine et une grande salle au rez-de-chaussée, ainsi que plusieurs chambres à l’étage. Un portail charretier ou un corps de passage permet d’accéder à une arrière-cour où se trouvent une ou plusieurs dépendances en retour d’équerre ou en vis-à-vis, servant d’écurie et de remise. L’ancienne auberge du Cheval Blanc, construite en 1882, est particulièrement représentative de cette typologie.

N°35 rue Léon Groutel : auberge dite hôtel du Cheval Blanc, datée de 1882.N°35 rue Léon Groutel : auberge dite hôtel du Cheval Blanc, datée de 1882.

Matériaux de mise en œuvre

Une synthèse développée sur les matériaux traditionnels de construction se trouve dans le dossier collectif relatif aux maisons et aux fermes en milieu rural à Longny-au-Perche. Les matériaux employés dans les constructions urbaines sont sensiblement les mêmes :

Le pan de bois hourdé en torchis pour les murs des édifices les plus anciens, de la fin du 15e siècle au 17e siècle. Tous les murs peuvent être en pan de bois, ainsi que le cloisonnement intérieur, ou uniquement les murs gouttereaux. L’alignement de deux maisons de notable situé aux n°1 et 3 rue Gaston Gibory, est le seul exemple de pan de bois, à décor de losanges pour l’armature secondaire, uniquement mis en œuvre à l’étage, en léger encorbellement sur rue. En général, les dimensions des sections de bois employées, aussi bien pour l’armature principale (poteaux, sablières) que secondaire (tournisses et décharges) diminuent sensiblement avec le temps, ce qui constitue un indice de datation relative. Le hourdis en torchis a parfois pu être remplacé par de la briquette, comme c’est le cas au n° 28 de la rue Gaston Gibory.

Le moellon de silex utilisé pour les parements des murs à toutes les époques, dès 12e siècle (parties conservées du mur d’enceinte du château de Longny) jusqu’au milieu du 20e siècle. Mis en œuvre avec un mortier de chaux et de sable local, couverts d’un enduit de même nature, les moellons de silex sont obtenus par le dépierrage des champs. S’ils sont utilisés depuis au moins l’époque médiévale, leur emploi se généralise à partir du 18e siècle.

La brique, cuite localement, est utilisée dès le 17e siècle mais son emploi se généralise au siècle suivant pour les encadrements d’ouvertures, les chaînages d’angle, les corniches et les souches de cheminée. Les briques les plus anciennes sont reconnaissables par leur format, long et fin, et une cuisson moins bien maîtrisée (couleur plus orangée, pas de calibre défini). À l’inverse, les briques industrielles disponibles dès le milieu du 19e siècle, sont plus épaisses, très calibrées, de couleur rouge à bordeaux et ornées de glaçure. Éléments de décor, elles peuvent être associées à la pierre de taille calcaire ou de roussard.

Le grès roussard, roche métamorphique, tient sa teinte rouge foncé à marron du « ciment » qui a permis sa concrétion, riche en oxyde de fer et en manganèse. Extrait localement, il est utilisé de manière minoritaire sous forme de moellons pour les parements des murs maçonnés. Très résistant et imperméable, il est surtout employé sous forme de pierre de taille, pour les édifices les plus anciens (16e et 17e siècles), en soubassement, au niveau des chaînes d’angle et des encadrements chanfreinés des baies. Il arrive plus rarement qu'une façade entière puisse être maçonnée en pierre de taille de grès roussard comme par exemple au n°15 rue de l’Église.

Le calcaire, matériau importé, est surtout employé dans la construction d'édifices prestigieux, notamment dans l’architecture religieuse comme à la chapelle Notre-Dame-de-Pitié. Sous forme de pierre de taille, on le retrouve beaucoup alternant avec la brique pour les encadrements de baies. Il apparaît exceptionnellement dans l'architecture civile sur des immeubles de notables, tels les façades de deux hôtels particuliers, la Villa Jumeau ou l'hôtel du n° 17 rue Gaston Gibory, qui sont entièrement en pierre de taille calcaire.

Le laitier, résidu de l’activité métallurgique, qui fut importante à Longny entre le 16e siècle et la fin du 19e siècle, est utilisé au 19e siècle sous forme d’éclats assemblés en mosaïque pour orner des façades (n° 20 place de l’Hôtel de Ville), des soubassements d’édifices (n° 6 rue du Pont Boivin, n° 38 rue Gaston Gibory) ou les piliers d’un portail (n°21 rue du Pont Rouge).

N°20 place de l'Hôtel de Ville : vue de détail de l'étage de la maison à boutique aux murs ornés d'un parement en mosaïque d'éclats de laitier.N°20 place de l'Hôtel de Ville : vue de détail de l'étage de la maison à boutique aux murs ornés d'un parement en mosaïque d'éclats de laitier.

Charpentes et couvertures

Toutes les charpentes observées ont été façonnées en chêne, avant le 19e siècle et l’introduction d’autres essences telles que le peuplier et le sapin. Elles sont exclusivement de type « à fermes et à pannes ». Les plus anciennes, antérieures au 18e siècle, possèdent des poinçons longs et des sous-faîtières, reliées aux faîtières par des liens obliques ou des croix de Saint-André. À partir du 18e siècle, les charpentes de comble à surcroît se développent : l’introduction de blochets et de jambes de force, associés à des fermes à poinçons courts, permet de libérer plus d’espace. Dès la seconde moitié du 19e siècle, le bois scié mécaniquement est employé dans les charpentes des maisons de bourg, tout comme le métal des boulons qui remplacent petit à petit les assemblages à tenon et mortaise. Comme pour le pan de bois, la section des pièces de bois employées en charpente diminue pour les constructions les plus récentes.

Les couvertures sont en grande majorité à longs pans. Seuls quatre édifices (hôtel particulier du Villa Jumeau, l’immeuble de rapport au n°24 rue de l’Église, maison n°5 rue du Pont Boivin et maison de notable au n°14 rue du Général de Gaulle) sont couverts par un toit à longs pans brisés. Seule une dizaine d’édifices possèdent une couverture en ardoise, majoritairement des hôtels particuliers, des maisons de notable et des maisons à boutique du 19e siècle ou du début du siècle suivant. Six couvertures de maisons sont en matériaux synthétiques, cinq en tuile mécanique. Les 405 immeubles restants, sont couverts en tuile plate, cuite, comme pour la brique, dans les tuileries-briqueteries locales.

Conclusion

L’architecture urbaine de Longny tend à se rapprocher de celle des petites villes que de celles des bourgs ruraux. Les maisons à étage(s) apparaissent majoritaires et les maisons à boutique, bien représentées, preuves d’un commerce prépondérant à l’échelle cantonale. Toutes les familles d’édifices civils urbains sont représentées à Longny, de la maison en rez-de-chaussée à l’hôtel particulier, en passant par l’immeuble de rapport. La diversité des matériaux de construction et des mises en œuvre, ainsi que l’omniprésence de l’eau caractérisent le bourg et le rendent assez unique à l’échelle du Perche.

N°4 bis, 5, 6, 7, 8 place de l'Hôtel de Ville : alignement de 5 maisons, pour l'essentiel à boutique (18e siècle - 20e siècle).