Photographe à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie, puis de Normandie, depuis 2005.
- opération ponctuelle, Abbaye aux Dames de Caen
- (c) Région Normandie - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Caen - Caen-6
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Commune
Caen
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Adresse
place Reine Mathilde
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Emplacement dans l'édifice
rez-de-chaussée de l'escalier sud-ouest, aile sud du cloître
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Dénominationstableau
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Titres
- Sauvetage du moine Placide
La tableau (Inv. 773), de facture naïve et d'un intérêt médiocre sur le plan pictural, est daté vers 1770 sans preuve historique retrouvée à ce jour. II a été acquis avec quatre autres (Mort de Sainte Scolastique, Saint Vigor, Vision de saint Benoît de Nursie) - dont l'un (Saint non identifié) a depuis officiellement disparu (jugé en trop mauvais état par le pôle conservation-restauration de la Fabrique de patrimoines, il a été détruit) - par la Région Basse-Normandie le 23 mai 1986 à la commune de Cerisy-la-Forêt qui décide par délibération du 2 mai 1986 de les lui vendre pour un montant global de 25 000 francs (3 811 euros). Alerté par l'état de péril de ces œuvres, entreposées sur décision du prêtre affectataire dans les parties hautes du bras sud du transept de l'église abbatiale de Cerisy-la-Forêt en 1870, puis dans celles du chœur, l'abbé Lelégard (1925-1994), conservateur des antiquités et objets d'art de la Manche, engage des négociations en 1985 avec les collectivités, l’État, le prêtre affectataire et l'association des Amis de l'Abbaye, pour les sauver. La Région Basse-Normandie, récemment installée dans les bâtiments de l'ancienne abbaye aux Dames de Caen, est pressentie pour les accueillir et les restaurer. La collectivité est alors en recherche d'objets mobiliers pour meubler les espaces collectifs et de réception ainsi que l'Hôtel de Région. Elle peut assurer financièrement l’acquisition de cet ensemble et sa restauration tout en disposant de cimaises pour son exposition. Une repose dans l'église abbatiale de Cerisy paraissant compromise, faute de place, il a paru pertinent de pérenniser leur exposition dans l'ancienne abbaye caennaise soumise à la règle bénédictine comme celle de Cerisy.
Le tableau représente un épisode hagiographique, rapporté notamment par Saint Grégoire le Grand (6e siècle) puis Odon de Glanfeuil (Vita sancti Mauri, 8e siècle), du sauvetage miraculeux du moine Placide, tombé dans le lac de Subiaco où il était allé puiser de l'eau pour sa communauté. Alerté par une vision, saint Benoît de Nursie envoie le moine saint Maur de Glanfeuil pour le secourir. Saint Maur est représenté marchand sur les eaux, d'où émerge saint Placide. A l'arrière-plan, se voient à senestre un navire et à dextre une église sur fond de montagnes, allusion au monastère fondé près du port de Messine par Placide qui aurait été attaqué par des pirates selon le récit imaginaire forgé par des Bénédictins de Sicile au 12e siècle. Saint Maur est l'un des rares saints à revivre l'expérience du Christ marchant sur les eaux du lac de Galilée par lequel il montre son obéissance à son père spirituel, saint Benoît, fondateur de l'ordre bénédictin. A l'instar des tableaux de la Mort de sainte Scolastique et de la Vision de saint Benoît de Nursie, cette composition a peut-être été réalisée d'après un tableau gravé, dont il n'a pas encore été retrouvé le modèle.
L'ancienne église abbatiale de Cerisy conserve plusieurs tableaux du 18e siècle dont certains sont signés et datés de Don Étienne Hyacinthe Le Fournier (ca. 1745-1801), moine bénédictin de l'abbaye du même lieu actif dans la seconde moitié du 18e siècle - plus exactement durant les décennies 1770-1780 -, peints d'après des gravures d’œuvres de Charles Le Brun, Louis de Boulogne ou Jean Jouvenet comme l'indique la base de donnée de la conservation des antiquités et objets d'art de la Manche. Bien que ni signé ni daté, le tableau de Caen présente une parenté stylistique avec certaines œuvres de Cerisy, en particulier avec une Déploration du Christ de Don Le Fournier (d'après la gravure d'une œuvre non localisée de Charles Le Brun), où s'observent des similitudes dans le dessin des drapés aux plis lourds, la forme des visages (petits yeux sombres sous des arcades sourcilières linéaires tracées dans le prolongement des arêtes d'un long nez) et la manière de rendre le cadre naturel. L'ensemble des tableaux est dû au même pinceau. Celui de Saint Vigor apparaît plus personnel, peut-être parce qu'il n'a pas été peint d'après un modèle gravé qui rend la manière de l'artiste plus rigide. Il est le seul tableau dont le cadre a pu être sauvé, les autres étant en trop mauvais état. Paul de Farcy indique dans son ouvrage sur les abbayes de l'évêché de Bayeux (1886), que ces toiles avaient été disposées dans les cinq baies du rez-de-chaussée de l'abside, ce que confirme une gravure de John Sell Cotman illustrant les Architectural Antiquities of Normandy. Cela explique leur format cintré et leurs dimensions assez proches : on discerne dans la baie axiale le tableau de Saint Vigor et à dextre, celui de la Mort de sainte Scolastique.
Si Paul de Farcy donne ces tableaux à Don Le Fournier, cette attribution reste à certifier faute de source l'attestant. L'iconographe de ces œuvres, créées pour l'église abbatiale de Cerisy, rend hommage à son fondateur et aux grandes figures de l'ordre bénédictin. Elles forment un ensemble stylistiquement cohérent que la Région Normandie valorise aujourd'hui auprès des visiteurs.
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Période(s)
- Principale : 2e moitié 18e siècle
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Dates
- 1770, daté par tradition orale
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Auteur(s)
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Auteur :
Le Fournier Etienne Hyacinthepeintre (incertitude), attribution par travaux historiquesLe Fournier Etienne Hyacinthe
Né vers 1745, Don Étienne Hyacinthe Le Fournier est un moine de la communauté bénédictine de Cerisy (Cerisy-la-Forêt, Manche). En l'an 2, il est mentionné "senieur et mauvais peintre" âgé de 45 ans. Il quitte l'ordre le 27 octobre 1790 et s'établit à Saint-Sauveur-le-Vicomte. Il décède en 1800 ou 1801. Il a signé et parfois daté plusieurs tableaux conservés dans l'église abbatiale de Cerisy : Annonciation (1786), Saint jacques le Majeur, Déploration, Immaculée Conception (attribution). D'autres ont été répertoriés à Sainte-Croix-sur-Mer (canton de Ryes), Christ en croix (1781) ; à l'abbaye Saint-Étienne (actuellement hôtel de vllle) à Caen (attribution) : Visitation, Saint Paul sur le chemin de Damas, saint Pierre et saint Jean guérissant un paralytique (1771), saint Philippe diacre baptisant l'eunuque éthiopien.
Sources consultées le 26 novembre 2020 :
-AD Manche. 300 J/239 - 1.
-site internet Internet Archives, FARCY, Paul de. Abbaye de l’évêché de Bayeux, 1887, http://archive.org/stream/abbayesdeleveche01farc/abbayesdeleveche01farc_djvu.txt
-site internet de la Conservation des antiquités et objets d'art de la Manche, http://objet.art.manche.fr/
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Auteur :
Les pigments sont posés sur une préparation rouge. La couche picturale est épaisse.
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Catégoriespeinture
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Structures
- support, rectangulaire vertical, cintré
- non encadré
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Matériaux
- toile, support, en 2 lés peinture à l'huile
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Mesures
- h : 328 centimètre
- la : 162,5 centimètre
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Précision dimensions
Support formé de deux lés verticaux. Largeur du lé dextre = 44 cm.
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Iconographies
- saint Maur de Glanfeuil, en pied
- saint Placide moine, dans les eaux
- lac
- noyade, scène
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Précision représentations
Le tableau évoque l'épisode hagiographique - rapporté notamment par Saint Grégoire le Grand (6e siècle) puis Odon de Glanfeuil (Vita sancti Mauri, 8e siècle) ainsi que dans Légende dorée de Jacques de Voragine (1260-1297) - du sauvetage miraculeux du moine Placide, tombé dans le lac de Subiaco où il était allé puiser de l'eau pour sa communauté. Alerté par une vision, saint Benoît de Nursie envoie le moine saint Maur de Glanfeuil pour secourir celui que saint Grégoire le Grand nomme dans ses Dialogues (II, chapitre VII) le "petit enfant". Saint Maur est représenté marchand sur les eaux. A ses pieds figure saint Placide émergeant de l'eau, les yeux implorant le ciel. A l'arrière-plan, se voient à senestre un navire et à dextre une église sur fond de montagnes, allusion au monastère fondé près du port de Messine par Placide qui aurait été attaqué par des pirates selon le récit imaginaire forgé par des Bénédictins de Sicile au 12e siècle (vie de Placide codifiée par Pierre Diacre, moine bénédictin du Mont-Cassin). Saint Maur, dont la vie jalonnée de miracles obéit à une codification christomimétique, est l'un des rares saints à revivre l’expérience du Christ marchant sur les eaux du lac de Galilée. Cet épisode se veut un exemple d'obéissance, d’humilité et d’amour fraternel par lequel saint Maur a révélé ses nombreuses qualités à son père spirituel, saint Benoît, qui le choisit pour répandre la Règle bénédictine en Gaule (monastère de Glanfeuil, aujourd'hui de Saint-Maur-sur-Loire, fondé en 553). Plus largement, il s'inscrit dans une iconographie rappelant constamment cette filiation spirituelle entre le père monastique et ses disciples. A noter que la venue de saint Maur en Gaule n'a pas plus de fondement historique que la mission de saint Placide en Sicile.
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État de conservation
- repeint
- support restauré
- oeuvre restaurée
- manque
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Précision état de conservation
État en 2014 : bordage de papier kraft sur le pourtour, lisibilité des réintégrations, irrégularité et jaunissement (sauf sur les parties réintégrées) du vernis. Support toile présentant des accidents comblés par des incrustations de morceaux de toile au revers. Couche picturale affectée de craquelures multi-directionnelles ; manques en partie inférieure. Présence de repeints (?). Trace des semences oxydées sur la tranche. Toile clouée sur le châssis par des semences au revers.
Tableau restauré par Christine Goubot en 1988. Détail de l'intervention : pose d'une pièce au milieu en haut (trou), refixage par la face des zones lacunaires, nettoyage de la couche picturale et allègement du vernis, réintégration des lacunes et des usures.
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Statut de la propriétépropriété de la région, Ensemble de cinq tableaux acquis le 23 mai 1986 à la commune de Cerisy-la-Forêt qui décide par délibération du 2 mai 1986 de les vendre à la Région Basse-Normandie pour un montant global de 25 000 francs (3 811 euros) "avec la possibilité de les rétrocéder au Conseil général de la Manche afin de les placer dans la future maison du Département de la Manche sans qu'aucun recours puisse être exercé de part et d'autre contre la commune".
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Intérêt de l'œuvreÀ signaler
Ce tableau représente un miracle de saint Maur, disciple de saint Benoît de Nursie, sauvant le moine Placide de la noyade. Il est supposé contemporain des œuvres d'un moine de Cerisy, Don Le Fournier, qui pourrait peut-être en être l'auteur. Une inscription au titre des monuments historiques pourrait être étudiée.
- (c) Région Normandie - Inventaire général
Documents d'archives
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CAOA MANCHE. Cerisy-la-Forêt : dossier documentaire (sources manuscrites et imprimées).
Bibliographie
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FARCY, Paul de. Abbayes de l'évêché de Bayeux. Laval : Impr. de L. Moreau, 1886-1888.
t. I, p. 12, 44-45
Documents figurés
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Abbey Church of Cerisy : Interior of the choir. Eau-forte, John Sell Cotman, tiré de : Architectural antiquities of Normandy. Londres : J. and A. Arch, 1822, pl. 97.
pl. 97
Chercheuse à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.
bâtiment conventuel de l'abbaye de la Trinité dite abbaye aux Dames, actuellement hôtel de région
Adresse : place Reine Mathilde
Chercheuse à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.