Sous l’Ancien Régime, le domaine du Roumois faisait partie de la seigneurie de Rainchehoux, fief de la baronnie de Routot. Pendant une large période couverte par la Normandie ducale (911-1469), elle appartenait aux sires de Pont-Audemer. Après son rattachement au royaume de France, Philippe de Valois donne Routot à son neveu Philippe d’Alençon (vers 1343) qui le cède à Pierre, son frère. Ce dernier le donne en dot à sa fille, mariée à Jean d’Harcourt (fait prisonnier en 1415 à Azincourt). Confisqué par les anglais pendant toute la guerre de Cent Ans, le domaine de Routot revient aux mains de la famille d'Harcourt en 1449, tandis que la sergenterie du Roumois est transmise à la famille Bonsens à la fin du 15e siècle : Michel Bonsens est qualifié de « sergent hérédital de la sergenterie noble du Roumois » en 1487. Pierre de Bonsens hérite de la seigneurie en 1541 et la transmet à Nicolas de Bonsens, sieur des Épines à Ecaquelon et enfin à Alexandre, son fils. Ce dernier rend aveu en 1671 pour « la sergenterie franche et héréditaire du Roumois, plein fief de haubert tenu du roi, mouvant de la vicomté de Pont Audemer. » (Dictionnaire historique de toutes les communes du département de l'Eure).
Le domaine entre probablement en possession de la famille Hallé d'Amfreville à la fin du 17e siècle, bien que celle-ci n'y réside pas. En 1707, Jean-François Hallé hérite de la charge de son frère, Charles-Pierre, maître particulier des eaux et forêts à Caudebec (annexe). L'écuyer décide alors de la construction du château du Roumois. Une inscription en lettres attachées, gravée sur un lit de briques d'un mur de l'ancienne cage d'escalier de l'étage mentionne : « A este bastie / par / Jean Francois Hâllé / D'Anfreville / 1715.1716.1717. ».
Guillaume Boissel acquiert la baronnie de Routot en 1748. À sa mort, le partage des biens s'effectue entre ses héritiers, dont Thomas Boissel, bourgeois de Rouen et Thomas Boissel, écuyer, seigneur de la baronnie de Monville. Le rouennais hérite de la baronnie de Routot, mais la revend immédiatement à son cousin monvillais pour 200 000 livres (2 décembre 1763). Ce dernier achète le 4 mai 1765 à Jean-Pierre Hallé, écuyer, fils de Jean-François Hallé d'Amfreville.
Thomas Boissel, baron de Monville et de Routot ne conserve son bien que peu d'années. Le 5 mai 1770, la terre, seigneurie et baronnie de Routot sont vendues, tout comme la ferme dite "le Roumois". Les acquéreurs, le marquis et la marquise de Pardieu sont toutefois contraints de se séparer de leur nouvelle acquisition deux ans plus tard, en vertu d'un droit féodal (retrait lignager). Ce sont finalement Jean-François le Gingois, conseiller du roi et notaire à Rouen, et Pierre Jean-Baptiste Auber, manufacturier et négociant en draps à Darnétal, qui se portent acquéreurs de la baronnie et de ses terres en janvier 1772.
Dans la première moitié du 19e siècle, le domaine du Roumois devient la propriété de François Vicquelin, marié à Marie Anne Auber. Leur fille, Joséphine, le transmets en 1852 à son époux, Louis Amédée Levacher, propriétaire à Saint-Aubin-Epinay (canton de Boos). Morte sans enfant en 1891, Mme Levacher cède la ferme du Roumois et d’autres biens, situés à Routot (ferme du bourg contenant 25 hectares, ferme de la Bérangère de 15 hectares), Pont-Audemer (15 hectares d'herbages), Pennedepie (ferme Planche de Pierre de 30 hectares), en usufruit à Mme Arondel, née Cesselin, femme d’un conseiller à la Cour de Rouen, dont elle était la grande tante, la nue propriété revenant à la fille de celle-ci, femme de M. Albert Moussard, commissaire-priseur à Rouen. Au décès de Mme Arondel en 1920, ces différents biens reviennent en pleine propriété à Mme Moussard (morte en février 1940) et à son mari Jean Martin, capitaine de corvette (mort en 1954). Au printemps 1959, le règlement conjoint des successions des deux époux partage le domaine du Roumois entre Guy, leur dernier fils et Édith, leur seconde fille, femme du greffier du Tribunal civil de Domfront. Guy reçoit le plus gros des terres, soit environ 38 hectares, et sa sœur Édith des terres nues à peine séparées de la ferme, contenant 11,50 hectares. Les terres attribuées à Guy sont évaluées à 500 000 francs l'hectare en raison de la présence des bâtiments.
Conservateur, chercheur, service de l'Inventaire du Patrimoine Haute-Normandie 1980-1990.