Cadre de l'étude
L´inventaire topographique du patrimoine architectural de la commune de Courgeon a été réalisé en 2009 et 2010. Cette étude a pour finalité d´identifier, de localiser et de documenter les éléments appartenant au patrimoine architectural et de présenter un état des lieux raisonné du patrimoine bâti. Les limites chronologiques sont fixées entre l´an 400 après J. C., et le milieu du 20e siècle. Ce cadre exclut le domaine de la fouille archéologique mais n´écarte pas des formes d´architecture en élévation exceptionnelles, comme, par exemple, les mégalithes ou les œuvres originales d´architectes contemporains. Par ailleurs, l´inventaire ne rend compte du patrimoine ethnologique ou du patrimoine naturel que dans la mesure où il donne des renseignements sur le bâti. L´inventaire a porté sur l'ensemble des édifices bâtis avant 1950. Les dossiers qui suivent sont classés du général ou thématique (dossiers collectifs), au particulier. Les édifices uniques ou au contraire représentatifs, à valeur patrimoniale intrinsèque et revêtant un intérêt à l'échelon communal, sont traités dans un dossier individuel. La restitution des données découle de la méthode d'analyse. À chaque élément sélectionné correspond un dossier. Cependant, pour appréhender les familles d'édifices représentés en grand nombre (fermes, maisons), une sélection raisonnée d'unités à étudier a été établie. Les caractères communs à chaque famille sont restitués dans le dossier collectif.
Parmi les 93 éléments bâtis recensés (toutes catégories confondues), 18 sont sélectionnés et font l'objet d'un dossier individuel. 252 illustrations et 34 références documentaires (dont 22 documents d'archives) accompagnent les dossiers.
Historique
Le nom de la commune est cité pour la première fois vers 823 - 828 sous l'antique toponyme "Curtis Saxonis" (ou domaine des Saxons) dans le polyptique d'Irminon, un abbé de Saint-Germain-des-Prés en charge de l'inventaire des biens de l'abbaye. La présence d'un château féodal serait attestée au 12e siècle au bourg selon L.-Joseph Fret. Les seigneurs de Courgeon figurent parmi les bienfaiteurs de la léproserie de Chartage, de la collégiale de Toussaint de Mortagne-au-Perche et de la calende du Corbonnais. Un certain Robert de Corjon est cité dans le cartulaire de Marmoutier entre 1165 et 1183.
Dès le Moyen-Âge, la vie de la paroisse et des habitants de Courgeon est liée à deux communautés religieuses du Perche :
- La collégiale de Toussaint de Mortagne-au-Perche possède, dès 1216, la dîme de Notre-Dame de Courgeon ainsi que des rentes foncières annuelles sur plusieurs métairies (le Bois Rouelle, la Cloutière, Coulier, Curiers, la Masure, Moulin Neuf, le Petit Bourgis).
- Les moines chartreux de l'abbaye du Valdieu basée à Feings sont chargés de nommer le principal du collège de la paroisse fondé en 1607 par Pierre de Guillou, curé de Courgeon.
Bourg, collège, élévation ouest.
Sous l'Ancien Régime, Courgeon est également dominé par l'autorité féodale de plusieurs familles dont les Villeray (au manoir de la Grande Bretonnière) et les de la Vove (à la métairie de Courgeon).
La Grande Bretonnière, manoir, élévation sud-est.
L´ancienne paroisse Notre-Dame et Saint-Santin de Courgeon (Beata Maria et Sanctus Santinus de Courgeonum) dépendait, avant la Révolution, de l´archidiaconé du Corbonnais, siège transféré, après la destruction de Corbon, à Mortagne-au-Perche. Sous l'impulsion de Toussaint Durand, curé de Courgeon de 1604 à 1638, l'église paroissiale est reconstruite. Son neveu et successeur, Noël Durand, fonde en 1687 une chapelle dédiée à sainte Anne dans l'église. Par la suite, il fait ériger une chapelle, sur la route de Rémalard au sud-est du bourg, dédiée à sainte Anne et à saint Geoffroy. Une croix, non répertoriée lors de l'étude, marque l'emplacement de l'ancienne chapelle détruite à la Révolution.
Bourg, église paroissiale Notre-Dame et Saint-Santin.
Au 18e siècle, deux pôles de "tisseranderie" sont attestés au bourg et à Tremblay (confection de draps de Mortagne-au-Perche dont aucune trace ne subsiste). L'activité dominante est bien sûr l'agriculture (culture de céréales et élevage de bestiaux), en témoignent le nombre élevé de fermes et leurs dimensions parfois importantes. Deux moulins sur le ruisseau de la Chippe, Moulin Boisard et Moulin Neuf (aujourd'hui disparu), servaient à la mouture du blé.
La commune compte aujourd'hui 36 lieux-dits (quatre ont disparu depuis 1830 : Mingre, les Châtelets, le Moulin neuf et la Chapelle Sainte-Anne). Six hameaux sont attestés à l'époque médiévale, vingt-cinq semblent être mentionnés à l'époque moderne et cinq datent du 19e siècle.
Description
Située dans la partie nord-ouest du Parc Naturel Régional du Perche, la commune de Courgeon (canton de Mortagne-au-Perche, Communauté de communes du Bassin de Mortagne), à caractère essentiellement rural, couvre une superficie de 1041 hectares et compte, au dernier recensement de 2007, 355 habitants. Irriguée principalement par le ruisseau de la Chippe (affluent de l'Huisne) qui traverse son territoire du nord-ouest au sud, la commune se situe sur un plateau céréalier d'altitude comprise entre 144 et 193 mètres.
La commune compte 179 logements en 2007 contre 167 en 1999 ; soit une augmentation de 12 logements en 7 ans. Sur ces 179 logements, 167 sont des maisons et 11 des appartements. 145 logements sur 179 sont des résidences principales (en 2007). En 2005, ils n'étaient que 141 et comptaient 94 logements construits avant 1949 ; 2 construits entre 1949 et 1974 et 44 construits entre 1975 et 2004.
L´église paroissiale, l'ancien collège et plusieurs fermes (l'Hôtel Neveu, Voré, la Masure) demeurent des sites patrimoniaux importants à l'échelle communale (voire cantonale).