Parmi 47 fermes repérées, huit ont été sélectionnées et font l'objet de sept dossiers individuels (un dossier à Voré regroupe deux anciennes fermes) dans le cadre de cette étude. Un dossier "Écart", à Coulier, a également été sélectionné. Il regroupe trois repérages : deux fermes ainsi qu'une ancienne étable-écurie reconvertie en habitation. Les fermes dénaturées et remaniées ont été exclues du repérage, de même pour celles construites à partir de 1950.
Repères historiques
Aucune date relevée n'est antérieure à 1600. Le premier quart du 17e siècle constitue le véritable début des constructions et reconstructions. On constate un ralentissement dans la seconde moitié du 18e siècle, puis une reprise à partir du second quart du 19e siècle jusqu'à 1900, correspondant le plus souvent à des reconstructions ou des remaniements importants attestés par l'examen des matrices cadastrales. En outre, plusieurs chronogrammes ont été relevés, notamment : 1703, 1742, 1851, 1852, 1866, 1875, 1893, en général sur le pignon.
Dans ce territoire de plateau céréalier, l'habitat rural, représenté essentiellement par des fermes, se répartit sur l'ensemble du territoire communal au sein de fermes isolées (17 fermes sur 47 repérées) et de petits hameaux constitués de deux ou trois unités agricoles.
Description
Matériaux et mises en œuvre
Le calcaire d'extraction locale est le matériau le plus utilisé dans les constructions rurales. On le retrouve mis en oeuvre en moellon le plus souvent, et plus rarement en pierre de taille, comme à la Pigeardière. Les murs sont, la plupart du temps, couverts d'un enduit plein ou à pierre vue. Les encadrements des baies et les chaînages d'angle sont systématiquement en pierre de taille de calcaire, tout comme les jambes harpées, omniprésentes pour renforcer le bâti comme à la Masure. Un grès ferrugineux, localement appelé le roussard, est également utilisé, de manière très minoritaire, dans les encadrements des baies, entre autre à Coulier. La brique, minoritaire également, apparaît dans le bâti rural à partir de la seconde moitié du 19e siècle. Plusieurs exemples témoignent de son emploi, en particulier à la Cour et la Masure.
Couvertures
La majorité des bâtiments ruraux est couverte de toits à longs pans, parfois complétés de croupes. A l'exception de quelques bâtiments d'exploitation couverts en tôle ondulée ou en tuile mécanique, la tuile plate domine comme matériau de couverture. Peu répandue, l'ardoise se retrouve dans plusieurs lieux-dits comme la Forêt, le Carrefour Tellier, la Cour, la Bouscaudière, Valangelier, la Touche et Hommeray.
Structure et composition d'ensemble
L'étude a conduit au repérage de 47 fermes qui se répartissent en plusieurs groupes. Les fermes de plan allongé, elles-mêmes subdivisées en groupes selon leur organisation spatiale, les fermes de plan massé ou à logements multiples. Les typologies des fermes sont dominées par l´abondance du type ferme de plan allongé, représenté par 36 spécimens sur les 47 au total. Néanmoins dans ce premier type, on distingue 15 fermes de plan allongé qui se composent d´un logis et de dépendances agricoles s´alignant sous un même toit et huit fermes de plan allongé à bâtiments juxtaposées correspondant à des édifices associant des dépendances sous des volumes différents. A ce premier groupe, s'ajoute l´organisation spatiale : on dénombre trois fermes de plan allongé à bâtiments contigus en "L", trois fermes de plan allongé à bâtiments distincts en "U", cinq fermes de plan allongé à bâtiments distincts perpendiculaire, deux fermes de plan allongé à bâtiments en vis-à-vis.
Coulier, ferme de plan allongé à bâtiments distincts perpendiculaire (repérée).
Le Bois Levé, ferme de plan allongé à bâtiments contigus en L (repérée).
Le second type regroupe les six fermes de plan massé, leur rez-de-chaussée abrite une salle et le plus souvent une étable ; l´étage est lui pourvu d´une chambre desservie par un escalier à vis en bois accolée à un grenier (souvent situé au-dessus de la dépendance). Les fonctions peuvent êtres superposées (chambre sur salle, grenier sur dépendance) ou croisées (chambre sur dépendance, grenier sur salle).
Enfin le troisième type qui compte trois fermes à logements multiples. Ces fermes sont pourvues de plusieurs logements aussi bien pour des journaliers que pour plusieurs propriétaires.
L'Hôtel Neveu, ferme à logements multiples (sélectionnée).
Conclusion
Les fermes de la commune de Courgeon ont, en grande majorité, subi des remaniements importants suite à l'évolution des manières de vivre. La présence de nombreuses fermes isolées de dimension importante est le reflet, entre la seconde moitié du 19e siècle et le second quart du 20e siècle, d'une activité agricole prospère. De même, l'importante vague de reconstruction à cette période montre la prépondérance de l'agriculture.
Le Bois Rouelle, la Cour, l'Hôtel Neveu, la Masure, la Pigeardière et Voré conservent des réalisations marquantes de l'architecture rurale de la commune.
Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.