Dossier d’œuvre objet IM14006116 | Réalisé par
Billat Hélène (Contributeur)
Billat Hélène

Chercheuse à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.

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  • opération ponctuelle, Abbaye aux Dames de Caen
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Caen - Caen-6
  • Commune Caen
  • Adresse place Reine Mathilde
  • Emplacement dans l'édifice abside

L'abbatiale de la Trinité de Caen doit en partie sa réputation aux 12 chapiteaux de l'abside, de par son raffinement ornemental et son innovation iconographique, qui le distingue des autres chapiteaux de l'édifice. Eu égard aux caractéristiques de l'abside, dédoublée par une double rangée d'arcades, de la modénature et du décor, Maylis Baylé a proposé de dater ces chapiteaux des années 1115-1120.

Les chapiteaux des deux niveaux sont supposés être issus du même atelier, qui a puisé son inspiration dans l'enluminure et plus spécifiquement dans les initiales ornées des manuscrits anglo-normands, tels que le Physiologus, initialement rédigé en grec au 2e siècle, plusieurs fois traduit et augmenté en latin au cours du Moyen Âge mais aussi en langue vulgaire par Philippe de Thaon, entre 1121 et 1135, qui se réfère à Isidore de Séville et à la Bible. Cet écrit scientifico-moral comporte des descriptions précises de figures réelles ou imaginaires du monde animal avec leur signification symbolique, qui pourraient donner les clefs de compréhension du décor des chapiteaux de l'abside de la Trinité. Ces représentations animales, contre lesquelles s'insurgera Bernard de Clairvaux, étaient prisées de l’Église qui y voyait un moyen de frapper le peuple encore inconsciemment imprégné du culte animal. Le sens de ces sculptures ne devait pas échapper aux moniales instruites de la Trinité.

Tant sur le plan iconographique que technique, cet ensemble se démarque de la production sculptée normande contemporaine. La taille des motifs en faible relief atteint une maîtrise, inégalée dans la région, pour mieux traduire la finesse des illustrations enluminées. La postérité de ces œuvres exceptionnelles trouve un écho dans certains chapiteaux des églises de Biéville, de Vienne-en-Bessin et de Ryes. L'appropriation du bestiaire fantastique propre au monde anglo-normand existe également dans les églises du Cotentin ou à Graville-Sainte-Honorine (Seine-Maritime) comme dans les bordures de la Tapisserie de Bayeux, dans la crypte de l'abbatiale de Canterbury et plus tardivement dans les sculptures du prieuré Saint-Gabriel (Saint-Gabriel-Brécy) et des écoinçons de la cathédrale de Bayeux. Cet ensemble a retenu l'attention des architectes, historiens et antiquaires du 19e siècle alors que l'édifice entrait avec les bâtiments conventuels dans une nouvelle phase de reconversion dans un contexte d'émergence de l'identité normande portée par les élites de la Société des Antiquaires de Normandie (1824). On relèvera en particulier les lithographies réalisées des chapiteaux de l'abside par Godefroy I Engelmann (1788-1839) pour les Antiquités anglo-normandes (Ducarel,1767) traduites par Léchaudé d'Anisy et éditées chez Mancel en 1823 puis, par Théodore de Jolimont (1787-1854) pour illustrer sa Description historique et critique et vues des monuments religieux et civils les plus remarquables... du Calvados publiée par F. Didot en 1825. Dans un album conservé au musée d'Orsay, plusieurs croquis de Victor Ruprich-Robert représentent les chapiteaux de l'abside : A1 (Inv. ARO 1981 869 2 40 5), A 3 (Inv. ARO 1981 869 2 40 6), A5 (Inv. ARO 1981 849, 860, 864).

Les chapiteaux de l'abside présentent un état de conservation exceptionnel, l'abside, comme le chœur, n'ayant pas subi de transformations notables lors de l'installation, sous l'Empire, du dépôt de mendicité qui en a fait sa chapelle. Les interventions sur le décor porté de cette partie de l'édifice furent donc moins fortes. Un chapiteau a été moulé et l'original déposé au Musée de Normandie par la Société des Antiquaires (A 7). Quelques-uns ont été légèrement retaillés (A 1, 7, 8, 9), grattés (A 2, face 3, A 9, face 1, A 10, face 3, A 11), ce qui en a amoindri les reliefs, ou partiellement reconstitués (A 1, 5). Deux sont entièrement modernes (A 6, 12).

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 12e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : 4e quart 18e siècle , daté par source, daté par travaux historiques
    • Secondaire : 3e quart 19e siècle , daté par source, daté par travaux historiques

Les chapiteaux, reposant sur de grosses piles rondes, présentent un épannelage simple leur conférant un évasement progressif marqué par de grosses volutes aux angles, entre lesquelles prend place, dans certains cas, un dé carré. Leur décor, sculpté en faible relief, se développe indépendamment du cadre (il déborde souvent sur la face suivante) et possède un modelé nuancé. Les chapiteaux du deuxième niveau ont des dimensions plus retreintes. Un motif unique en orne généralement chaque face, alors qu'au premier niveau une recherche de symétrie et d'harmonie organise le décor.

  • Catégories
    sculpture
  • Structures
  • Matériaux
    • calcaire, monolithe décor en relief, décor en bas relief
  • Précision dimensions

    Dimensions non prises.

  • Iconographies
    • volute, ornementation, sur corbeille
    • corde, ornementation
    • perle, ornementation
    • billette, ornementation, sur tailloir
    • torsade, ornementation, sur tailloir
    • chevron, ornementation, sur tailloir
    • palmette, ornementation, sur tailloir, sur corbeille
    • ruban, ornementation, sur corbeille
    • masque, ornementation, sur dé, sur corbeille
    • feuille d'acanthe, ornementation, sur corbeille
    • phytomorphe, ornementation, sur corbeille
    • oiseau, ornementation, sur corbeille
    • grue, ornementation, sur corbeille
    • centaure, ornementation, sur corbeille
    • personnage, ornementation, en buste, sur dé, en pied, accroupi
    • lion, ornementation, sur corbeille, de profil, de face
    • éléphant, ornementation, sur corbeille
    • cheval, ornementation, de profil, sur corbeille
    • âne, ornementation, de profil, sur corbeille
    • chèvre, ornementation, de profil, sur corbeille
    • cigogne, ornementation, sur corbeille
    • hybride, ornementation, sur corbeille
    • canard, ornementation, sur corbeille
    • tête d'animal, ornementation, sur dé
    • fleur, ornementation, sur dé
  • Précision représentations

    Les volutes présentent deux types allant du simple enroulement à trois lobes maintenus par une bague et séparés par de profondes rainures. Les corbeilles offrent une iconographie riche relevant du répertoire fantastique et ornemental. Dans quelques cas, elles ne présentent aucune figures mais seulement des motifs ornementaux. La plupart ne sont pas historiées, il n'y a donc pas de logique iconographique explicite d'une face à l'autre. Outre la corbeille, le décor se porte également sur les astragales (cordelettes, perles) et les tailloirs (billettes, torsades entre filets, chevrons, palmettes).

  • État de conservation
    • retaillé
    • oeuvre reconstituée
    • bon état
    • partie bûchée
  • Statut de la propriété
    propriété d'un établissement public de l'Etat, Sur le plan juridique, l'église appartient au Centre hospitalier universitaire de Caen, depuis la rétrocession de l'ancienne abbaye à la Commission des hospices de Caen autorisée par l’État le 22 mai 1822 et actée en novembre 1823. Cependant par délibérations du 30 novembre 1967, 29 février 1968 et 28 octobre 1969, la ville de Caen en avait décidé l'acquisition pour un franc symbolique, décision validée par le préfet. Cependant, l'acte notarié n'a jamais été rédigé. La ville de Caen a cependant participé au financement des opérations d'entretien et de restauration de l'édifice.
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    classé au titre immeuble, 1840
  • Précisions sur la protection

    Classement au titre immeuble par liste de 1840.

Bibliographie

  • BAYLE, Maylis. La Trinité de Caen : sa place dans l'histoire de l'architecture et du décor romans. Genève : Droz ; Paris : Arts et métiers graphiques, 1979. (Bibliothèque de la Société française d'archéologie ; 10).

    Région Basse-Normandie - Inventaire général du patrimoine culturel, Caen : 753 029
  • RUPRICH-ROBERT, Victor. L'architecture normande aux XIe et XIIe siècles en Normandie et en Angleterre. Paris : Libr. des Impr. réunies, 1889, 2 vol. [1ère éd. 1884-1885 ; réimpr. Westmead ; Farnborough : Hants : Gregg International, 1971].

    Bibliothèque municipale, Caen : FN C 364 / 1-2 ; FN C 1212

Périodiques

  • PRENTOUT, Henri. Les chapiteaux de l'abside de la Trinité de Caen. Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1926. [tiré à part 1928, [s.l.] : [s.n.].

    Bibliothèque universitaire - Droits-Lettres - Fonds Normand, Caen : N BR 118657 15 1 . BUDL. DLFDN
    p. 49-57

Annexes

  • Iconographie des chapiteaux de l'abside : filiations et comparaisons
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2014
(c) Région Normandie - Inventaire général
Billat Hélène
Billat Hélène

Chercheuse à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.

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Articulation des dossiers
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