Dossier d’œuvre objet IM14006114 | Réalisé par
Billat Hélène (Contributeur)
Billat Hélène

Chercheuse à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.

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  • opération ponctuelle, Abbaye aux Dames de Caen
ensemble de 266 chapiteaux des coursières de la nef, du transept et de l'arcature aveugle du transept, église de l'abbaye de bénédictines de la Trinité dite abbaye aux Dames, actuellement église paroissiale Saint-Gilles
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Caen - Caen-6
  • Commune Caen
  • Adresse place Reine Mathilde
  • Emplacement dans l'édifice coursières de la nef ; transept ; arcature aveugle du transept

Les chapiteaux des coursières de la nef, du transept et de l'arcature aveugle des bras du transept présentent une grande diversité de types : godronné, ornemental ou figuré, complexe. D'après Maylis Baylé, les chapiteaux à godrons les plus anciens seraient ceux de l'arcature aveugle du bras nord du transept. Postérieurs à ceux de l'abbatiale de Lessay (Manche), ils offrent une grande variété d'épannelage et de décor, ce qui rend leur datation difficile.

Les chapiteaux à godrons et leurs variantes procèdent des conceptions décoratives de l'école de Winchester dont l'influence est visible dans les domaines anglo-normand et flamand. Subdivisés en trois godrons, type répandu outre-Manche autour de 1150, ou en quatre surmontés de demi-cercles, type plus tardif moins répandu en Normandie, les chapiteaux de la Trinité offrent une plus grande fantaisie. Ils peuvent être comparés à ceux de Bernières ou de Creully. L'apparition du thème du "beak-head" dans la nef, introduit dans les archivoltes des portails anglais autour de 1130, inscrit le décor porté des parties hautes dans cette période (1125-1130) à laquelle appartiennent les chapiteaux à godrons d'une grande diversité typologique des églises de Ryes et de Vienne-en-Bessin. L'omniprésence des filés de perles et la typologie des feuillages (palmettes souples et retournées) indiquent également une réminiscence anglaise.

Le décor porté des coursières de la nef et du transept aurait semble-t-il, d'après Maylis Baylé, été réalisé dans un laps de temps assez court, au cours du 2e quart du 12e siècle, comme le prouveraient certains chapiteaux inachevés ou remployés, leur décor sommaire et systématique privilégiant le godron. Postérieur à l'abside, il n'est pas sans rappeler la sculpture fruste des modillons et pourrait s'inscrire dans le prolongement du processus de simplification et de schématisation entamé à la fin du siècle précédent. Faut-il pour autant en déduire que cette relative monotonie décorative résulte d'une pénurie financière consécutive aux luttes intestines et aux désordres intérieurs qui ont secoué le pouvoir ducal au tournant du 12e siècle ? Si cette hypothèse se défend, leur localisation, éloignée du regard depuis le sol, a pu jouer dans le choix d'une grammaire décorative plus sommaire voire répétitive d'où émergent quelques chapiteaux à décor végétal plus complexes aux références artistiques anglo-saxonnes.

Cet ensemble de 266 chapiteaux qui enrichit le parti pris ornemental de l'édifice jusque dans ses parties hautes a subi des interventions malencontreuses occasionnées par un grattage en 1788-1789 (notamment des chapiteaux à godrons) puis, dans le 3e quart du 19e siècle, lors de la reconstruction des voûtes de la nef. A l'occasion de ce chantier, plusieurs copies ont été substituées aux originaux, en particulier au niveau des colonnes engagées recevant la retombée des nervures, comme l'attestent les dessins de John Sell Cotman. Sur d'autres chapiteaux, plus ou moins retaillés, il est parfois difficile de dissocier les parties authentiques de celles refaites. Les chapiteaux des coursières ont subi deux campagnes de grattage qui rendent difficiles l'authentification des éléments originaux. Plusieurs motifs ont été réincisés ou retaillés. Plus de la moitié des chapiteaux sont entièrement modernes (142 sur 266), au niveau des baies hautes de la nef (NH 5, 6, 7, 12-14, 19, 20, 24, 26, 29-33, 36-38, 42, 43, 45, 46, 48-50, 54-56, 64, 65, 67, 68, 71-73, 76-80, 83-90, 92, 97-99, 101-104, 106, 107, soit 58 sur un total de 108 chapiteaux) comme du transept (TH 1, 6-11, 13, 16-23, 27-30, 35 (bras nord) ; 39, 41, 43, 47, 48, 53, 54, 56, 57, 58-60, 63-66, 70 (bras sud), soit 38 sur un total de 70 chapiteaux ; t 1, 8, 9, 16, 23-28, 32-34, 49-51, 53, 56, 57, 59-67, 71-74, 76, 77, 79 (arcatures aveugles du transept), soit 35 sur un total de 88 chapiteaux. Les originaux conservés et déposés initialement au Musée de la Société des Antiquaires de Normandie attestent qu'il s'agit au moins en partie de copies.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 12e siècle , daté par travaux historiques
    • Secondaire : 4e quart 18e siècle , daté par source, daté par travaux historiques
    • Secondaire : 3e quart 19e siècle , daté par source, daté par travaux historiques

De par leur épannelage et leur structure, les chapiteaux des coursières s'inscrivent dans la continuité des chapiteaux du XIe siècle de l'édifice (nef). L'épannelage du chapiteau à godrons, en relief ou en creux, dérive du chapiteau cubique, à la fois support et partie intégrante de la paroi que prolonge "la partie plane du cube avant de recouper la sphère" (Maylis Baylé). Un décor sculpté en relief et en creux vient fréquemment enrichir cette structure de base (l'épannelage à godrons) tout en accentuant les lignes biseautées et les effets décoratifs comme dans le chœur de l'église de Lessay. Les motifs végétaux sont profondément découpés perpendiculairement au bloc et se détachent en plus ou moins fort relief, obtenu par un défoncement important du fond. Ils peuvent être recreusés "en cuiller" ou retaillés en gouttière. Le motif de masque est disposé en regard des godrons qu'il contribue à souligner tant sur le plan esthétique que fonctionnel. Les angles inférieurs des godrons accueillent préférentiellement les motifs animaliers et protomés zoomorphes découpés dans l'épaisseur du bloc sous lesquelles l'épannelage godronné disparaît parfois complètement.

  • Catégories
    sculpture
  • Matériaux
    • calcaire, monolithe décor en bas-relief, décor en relief
  • Précision dimensions

    Dimensions non prises.

  • Iconographies
    • godron, ornementation, sur corbeille
    • dent de scie, ornementation, sur corbeille
    • feuille, ornementation, sur corbeille
    • phytomorphe, ornementation, sur corbeille
    • masque, ornementation, sur corbeille, sur dé
    • protomé, ornementation, sur corbeille
    • grenouille, ornementation, sur corbeille
    • oiseau, ornementation, sur corbeille
    • volute, ornementation, sur corbeille
    • tige, ornementation, sur corbeille
    • perle, ornementation, sur corbeille
    • palmette, ornementation, sur corbeille
    • ruban, ornementation, sur corbeille
    • personnage, ornementation, en pied, en buste, sur corbeille
    • animal, ornementation, sur corbeille
    • chevron, ornementation, sur corbeille
    • crosse, ornementation, sur corbeille
    • vague, ornementation, sur corbeille
    • aigle, ornementation, sur corbeille
    • chat, ornementation, sur corbeille
    • sirène, ornementation, sur corbeille
    • animal fabuleux, ornementation, sur corbeille
    • lion, ornementation, sur corbeille, accroupi
    • triangle, ornementation, sur corbeille
    • étoile, ornementation, sur corbeille, sur dé
    • poisson, ornementation, sur corbeille
    • crossette, ornementation, sur corbeille
    • torsade, ornementation
    • entrelacs, ornementation, sur corbeille
    • zigzag, ornementation, sur corbeille
  • Précision représentations

    L'un des types dominants de cet ensemble est le chapiteau à godrons qui apparaît en grand nombre au niveau des coursières. Le motif s'amincit en partie basse pour adopter une forme conique. Les lobes supérieurs, en demi-lunes, sont taillés en creux. Dans d'autres cas, la corbeille porte un motif de godrons inversés, également en creux. Les godrons sont parfois associés à des chevrons.

    Sur d'autres chapiteaux, l'épannelage à godrons constitue la structure de base pour un autre décor, phytomorphe ou animal. Des godrons ne sont sculptés que les lobes en demi-cercles sous lesquels se développe un décor végétal. Dans d'autres cas, un décor végétal plus ou moins fouillé et en relief prédomine, reléguant les godrons sur la face donnant sur la coursière, invisible depuis la nef. Des masques, des animaux (grenouille, oiseau...) ou des protomés (félin, loup) soulignent les angles des chapiteaux ou, dans certains cas, supplantent les godrons d'angle.

    Le troisième ensemble regroupe des chapiteaux hétérogènes dans leur structure, procédant du cône, du cube et/ou de la pyramide ou du type à volutes d'angle. Leur décor peut être strictement ornemental où prédomine le motif de la feuille ou de la tige perlée.

  • État de conservation
    • retaillé
    • partie bûchée
    • oeuvre reconstituée
  • Statut de la propriété
    propriété d'un établissement public de l'Etat, Sur le plan juridique, l'église appartient au Centre hospitalier universitaire de Caen, depuis la rétrocession de l'ancienne abbaye à la Commission des hospices de Caen autorisée par l’État le 22 mai 1822 et actée en novembre 1823. Par délibérations du 30 novembre 1967, 29 février 1968 et 28 octobre 1969, la ville de Caen en a décidé l'acquisition pour un franc symbolique, décision validée par le préfet. Cependant, l'acte notarié n'a jamais été rédigé. Malgré le non aboutissement de la procédure, la ville de Caen a participé au financement des opérations d'entretien et de restauration de l'édifice.
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    classé au titre immeuble, 1840
  • Précisions sur la protection

    Classement au titre immeuble par liste de 1840.

Bibliographie

  • BAYLE, Maylis. La Trinité de Caen : sa place dans l'histoire de l'architecture et du décor romans. Genève : Droz ; Paris : Arts et métiers graphiques, 1979. (Bibliothèque de la Société française d'archéologie ; 10).

    Région Basse-Normandie - Inventaire général du patrimoine culturel, Caen : 753 029
  • RUPRICH-ROBERT, Victor. L'architecture normande aux XIe et XIIe siècles en Normandie et en Angleterre. Paris : Libr. des Impr. réunies, 1889, 2 vol. [1ère éd. 1884-1885 ; réimpr. Westmead ; Farnborough : Hants : Gregg International, 1971].

    Bibliothèque municipale, Caen : FN C 364 / 1-2 ; FN C 1212

Annexes

  • Iconographie des chapiteaux des coursières de la nef, du transept et de l'arcature aveugle du transept : filiations et comparaisons
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2014
(c) Région Normandie - Inventaire général
Billat Hélène
Billat Hélène

Chercheuse à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.

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Articulation des dossiers
Dossier d’ensemble