Le monument de la Victoire est une belle compensation pour Maxime Real del Sarte, concurrent malheureux du concours décidant de l'attribution du monument aux morts de Rouen. Ce dernier (voir IA76005371), placé au cimetière Saint-Sever du Petit-Quevilly est éloigné du cœur de la capitale normande. Les élus décident donc de commander un nouveau monument permettant de célébrer la victoire en centre ville lors des commémorations du 11 novembre. La dotation du monument a ériger à Petit-Quevilly est diminuée de moitié (150 000 francs au lieu de 300 000), celle du monument de la Victoire est portée à 500 000 francs.
Pour des raisons politiques et stratégiques, le choix de l'emplacement - une des places de la ville - fait l'objet de longs débats au sein de la municipalité de 1920 et 1921 (voir annexes). Le projet proposé en 1923 par Maxime Real del Sarte assisté du statuaire Roger de Villiers et de l'architecte rouennais Leprince s'intitule : "Monument à la Victoire et aux Morts de la Grande Guerre". L’ambiguïté sur un monument aux morts de substitution au cœur de Rouen ne sera jamais vraiment levée et les cartes postales éditées dès 1925-26 reprendront couramment ce qualificatif.
Toute l’œuvre rappelle les préceptes chers à l'artiste. La victoire chèrement acquise ouvre des droits et des devoirs : honorer les morts (les trophées, les couronnes, les croix de guerre), garder le territoire national (les armes de la ville placées entre les soldats), respecter l'ordre et le droit (le faisceau de licteur) pour garantir la victoire finale dont l'allégorie domine l’œuvre à 19 mètres de hauteur. Seuls les bassins et les jets d'eau placé au bas de la structure dédramatisent un peu la symbolique de l'œuvre et rappellent au riverain qu'il n'est pas en présence d'un monument commémoratif classique.
Le groupe en plâtre "Ceux-là aussi ont des droits sur nous", partie du monument à la Victoire pour la ville de Rouen est exposé à Paris, au Salon des Artistes Français en 1924 (n° 3840).
L’œuvre dont la construction échoit à l'entrepreneur Perrin, est inaugurée place Foch le 15 novembre 1925, en présence des sculpteurs Real del Sarte et de Villiers, des architectes Leprince et Lair (architecte de la ville) et de plusieurs milliers de personnes civiles et militaires. Le coût final qui s'élève à 548 000 F place la réalisation au deuxième rang des monuments les plus chers de Seine-Inférieure, derrière Le Havre. Très vite, le monument fait l'objet de tensions et de tentatives de récupération politiques (voir Poirrier et Vadelorge, Bibl.). Il est gravement endommagé lors du bombardement du 8 août 1944 et restauré sous la direction de l'artiste.
La construction du métro à Rouen impose son déplacement rive gauche, place Carnot, en 1993-1994. Les bassins sont comblés et transformés en parterres floraux. Il est gravement endommagé lors du bombardement du 8 août 1944 et restauré sous la direction de l'artiste. La tête du soldat de gauche tombe à deux reprises dans les années 2004 et 2010, laissant soupçonner une dégradation volontaire.
La construction du métro à Rouen impose son déplacement rive gauche, place Carnot, en 1993-1994. Les bassins sont actuellement comblés et transformés en parterres. Le socle est équipé de projecteurs permettant un éclairage nocturne.
Chargé d'études à l'Inventaire général du patrimoine culturel depuis 1991. Ingénieur d'études (DRAC Haute-Normandie jusqu'à la loi de décentralisation), puis ingénieur et ingénieur principal, Région Normandie.
Spécialités : vitrail (correspondant du centre Chastel pour la Haute-Normandie), patrimoine rural, construction navale, patrimoine militaire (fortifications du mur de l'Atlantique dans le cadre du PCR mur de l'Atlantique), patrimoine aéronautique, patrimoines commémoratifs.