Dossier d’œuvre architecture IA76005324 | Réalisé par
Chéron Philippe (Contributeur)
Chéron Philippe

Ingénieur d'études DRAC Haute-Normandie, puis ingénieur territorial Région Normandie. Chargé d'études à l'Inventaire général du patrimoine culturel depuis 1991.

Spécialités : vitrail, patrimoine rural, construction navale, patrimoine militaire (fortifications du mur de l'Atlantique), patrimoine aéronautique, patrimoine commémoratif.

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  • enquête thématique régionale, monuments aux morts de la guerre 1914-1918
monument dit de la Victoire (Guerre de 1914-1918)
Œuvre étudiée
Auteur
  • Chéron Philippe
    Chéron Philippe

    Ingénieur d'études DRAC Haute-Normandie, puis ingénieur territorial Région Normandie. Chargé d'études à l'Inventaire général du patrimoine culturel depuis 1991.

    Spécialités : vitrail, patrimoine rural, construction navale, patrimoine militaire (fortifications du mur de l'Atlantique), patrimoine aéronautique, patrimoine commémoratif.

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Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Seine-Maritime - Rouen-1
  • Commune Rouen
  • Adresse place Foch
  • Cadastre non cadastré
  • Dénominations
    monument, fontaine, monument aux morts
  • Appellations
    de la guerre de 1914-1918, de la Victoire

Le monument de la Victoire est une belle compensation pour Maxime Real del Sarte, concurrent malheureux du concours décidant de l'attribution du monument aux morts de Rouen. Ce dernier (voir IA76005371), placé au cimetière Saint-Sever du Petit-Quevilly est éloigné du cœur de la capitale normande. Les élus décident donc de commander un nouveau monument permettant de célébrer la victoire en centre ville lors des commémorations du 11 novembre. La dotation du monument a ériger à Petit-Quevilly est diminuée de moitié (150 000 francs au lieu de 300 000), celle du monument de la Victoire est portée à 500 000 francs.

Pour des raisons politiques et stratégiques, le choix de l'emplacement - une des places de la ville - fait l'objet de longs débats au sein de la municipalité de 1920 et 1921 (voir annexes). Le projet proposé en 1923 par Maxime Real del Sarte assisté du statuaire Roger de Villiers et de l'architecte rouennais Leprince s'intitule : "Monument à la Victoire et aux Morts de la Grande Guerre". L’ambiguïté sur un monument aux morts de substitution au cœur de Rouen ne sera jamais vraiment levée et les cartes postales éditées dès 1925-26 reprendront couramment ce qualificatif.

Toute l’œuvre rappelle les préceptes chers à l'artiste. La victoire chèrement acquise ouvre des droits et des devoirs : honorer les morts (les trophées, les couronnes, les croix de guerre), garder le territoire national (les armes de la ville placées entre les soldats), respecter l'ordre et le droit (le faisceau de licteur) pour garantir la victoire finale dont l'allégorie domine l’œuvre à 19 mètres de hauteur. Seuls les bassins et les jets d'eau placé au bas de la structure dédramatisent un peu la symbolique de l'œuvre et rappellent au riverain qu'il n'est pas en présence d'un monument commémoratif classique.

Le groupe en plâtre "Ceux-là aussi ont des droits sur nous", partie du monument à la Victoire pour la ville de Rouen est exposé à Paris, au Salon des Artistes Français en 1924 (n° 3840).

L’œuvre dont la construction échoit à l'entrepreneur Perrin, est inaugurée place Foch le 15 novembre 1925, en présence des sculpteurs Real del Sarte et de Villiers, des architectes Leprince et Lair (architecte de la ville) et de plusieurs milliers de personnes civiles et militaires. Le coût final qui s'élève à 548 000 F place la réalisation au deuxième rang des monuments les plus chers de Seine-Inférieure, derrière Le Havre. Très vite, le monument fait l'objet de tensions et de tentatives de récupération politiques (voir Poirrier et Vadelorge, Bibl.). Il est gravement endommagé lors du bombardement du 8 août 1944 et restauré sous la direction de l'artiste.

La construction du métro à Rouen impose son déplacement rive gauche, place Carnot, en 1993-1994. Les bassins sont comblés et transformés en parterres floraux. Il est gravement endommagé lors du bombardement du 8 août 1944 et restauré sous la direction de l'artiste. La tête du soldat de gauche tombe à deux reprises dans les années 2004 et 2010, laissant soupçonner une dégradation volontaire.

La construction du métro à Rouen impose son déplacement rive gauche, place Carnot, en 1993-1994. Les bassins sont actuellement comblés et transformés en parterres. Le socle est équipé de projecteurs permettant un éclairage nocturne.

  • Remplois
    • Oeuvre déplacée Commune : Rouen Adresse : place Carnot
  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle
  • Dates
    • 1925, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Réal Maxime , dit(e) Real del Sarte
      Réal Maxime

      Sculpteur parisien ayant réalisé plusieurs œuvres à Rouen : Jeanne d'Arc au bûcher, monument de la Victoire, monument aux morts des Forains.

      Bibl : Annette Becker, "Real del Sarte", dans Monuments de mémoire, Les monuments aux morts de la Première Guerre mondiale, Paris, Mission aux commémorations, 1991, p. 239-241.

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      sculpteur attribution par source
    • Auteur :
      Leprince Jean
      Leprince Jean

      Architecte rouennais, auteur notamment du monument de la Victoire (1925) et de la chapelle Sainte-Anne des Franciscaines de Rouen (1926). Dessine les stalles curiales et la grille de chœur de Saint-Paul de Rouen dans les années Trente.

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      architecte attribution par source
    • Auteur :
      Villiers de Roger
      Villiers de Roger

      Statuaire parisien spécialiste de l'art religieux. Collabore avec M. Real del Sarte à la réalisation du monument de la Victoire à Rouen (1925).

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      sculpteur attribution par source
    • Auteur :
      Jaboeuf et Rouard (société)
      Jaboeuf et Rouard (société)

      Fondeur, 1ère moitié du 20e siècle.

      https://e-monumen.net/patrimoine-monumental/jaboeuf/

      JABOEUF et ROUARD

      Activité : 1902-1917

      Adresse : 10-12 rue de l’Asile Popincourt, Paris XIe (quartier Saint-Ambroise)

      L’annonce du bottin professionnel en 1900 et 1901 propose : « Spécialités d’étain et de plomb d’art, bronzes d’art et mécanique, ateliers spéciaux pour la fonte de statues, monuments et autres pièces de grandes dimensions, reproductions, fonte brute de la statuaire antique, moderne. 1 200 modèles environ. » La maison remporte une Médaille d’or à l’Exposition universelle de 1900, puis sous le nom « Jaboeuf et Rouard », le Grand Prix de Saint-Louis en 1904, de Liège en 1905 et de Milan en 1906.Elle réalisera le Vercingétorix de Clermont-Ferrand qui commence en 1901. Jaboeuf préside la chambre syndicale des fondeurs en cuivre et en bronze en 1900, il en est le vice-président en 1912.

      Henri Rouard préside le syndicat des fondeurs de 1906 à 1923.

      Jaboeuf meurt en 1919.

      Rouard dirigeait l’entreprise depuis 1917.

      Les annonces commerciales jusqu’en 1924 restent au nom de « Jaboeuf et Rouard ».

      https://e-monumen.net/patrimoine-monumental/jaboeuf/

      Henri ROUARD

      Activité : 1917 (1902-1917)

      Adresse : 10-12 rue de l’Asile Popincourt, Paris XIe (quartier Saint-Ambroise)

      Est-ce à partir de 1924 que Rouard signe de son seul nom ? (note Ph. Chéron : non, le monument de Barentin datant de 1922 est déjà signé H. Rouard)

      Le catalogue propose toujours un choix de 1200 modèles. La spécialité reste la fonte monumentale. Les annonces de Rouard paraissent pour la dernière fois dans le bottin de 1935.En 1938, l’ancien directeur de Rouard, R. Pernin ouvre sa propre fonderie.

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      fondeur signature

Deux bassins alimentés par des jets d'eau flanquent un socle dont l'emmarchement à sept degrés mène à un imposant piédestal quadrangulaire soutenant une colonne cannelée surmontée d'une Victoire ailée. Deux soldats sculptés en haut relief gardent les Armes de la ville. Sur la face principale du piédestal, un groupe sculpté présente Jeanne d'Arc protégeant une femme, son enfant et un soldat blessé. Quatre socles secondaires présentent aux angles du socle des trophées de couronnes de laurier et palmes. Les angles du piédestal central sont quant à eux décorés de croix de guerre ceintes de couronne de laurier et de rubans. Les bas-reliefs ont été intervertis par rapport au plan de 1923. Une porte de visite est aménagée à l'arrière du monument sur le dé du piédestal, afin d'accéder au mécanisme des pompes.

Radier en béton armé, armature centrale de la colonne en béton armé, dosage 300 Kgs. Granit de Kersanton pour le reste du monument, y compris les soldats et groupe principal. Victoire et bas-reliefs en bronze.

Inscriptions :

Dé : LA VILLE DE ROUEN / À SES / ENFANTS VICTORIEUX / 1914-1918 / 1939-1945

Plinthe : ILS ONT / DES DROITS SUR NOUS

Socle du trophée gauche : JEAN LEPRINCE ARCHITECTE / MAXIME REAL DEL SARTE SCULPTEUR

Demie sphère : REAL DEL SARTE - R DE VILLIERS - H. ROUARD

  • Murs
    • granite
    • béton
    • bronze
  • État de conservation
    bon état, restauré
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • soldat symbole militaire,
    • figure allégorique profane
    • arme
    • blason
    • ruban
    • trophée
    • figure fantastique
    • couronne de laurier
    • croix de guerre
    • sainte Jeanne d'Arc
  • Précision représentations

    Piédestal : Deux poilus montent la garde devant le piédestal aux côtés d'une pierre tombale surmontée des Armes de la Ville. Celui de gauche est vêtu d'un uniforme d'entrée en guerre (képi 1884, capote 1877, pattes d'épaules à rouleaux, etc.), celui de droite porte un uniforme correspondant à la seconde moitié de la guerre (casque Adrian, peau de bique, fusil-mitrailleur Chauchat, etc).

    Bas-reliefs : "Aux Anglais" : la Ville de Rouen recevant les premières troupes anglaises, "Rouen et les réfugiés" : Accueil fait par la Ville aux réfugiés belges.

    Groupe statuaire : La Patrie sous les traits de Jeanne d'Arc protège une veuve, un enfant et un soldat mutilé.

    Colonne : colonne formée de faisceaux de licteurs (symbolisant l'Union Sacrée) et couronnée de leurs haches formant chapiteau. Au sommet, une Victoire ailée en pied sur une demie-sphère.

    Bassins : jets d'eau (deux en hauteur, un en longueur) prenant la forme de gargouilles rappelant l’histoire locale du monstre dominé par saint Romain.

  • Mesures
    • h : 19 mètre (hauteur totale)
    • d : 1,5 mètre (base de la colonne)
    • d : 1,2 mètre (haut de la colonne)
    • h : 4,68 mètre (base du socle au sommet du piédestal)
    • h : 9,5 mètre (hauteur de la colonne)
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH, 2022/07/29

Documents d'archives

  • AD Seine-Maritime. Série O ; Sous-série 2O : 2O 1917, Rouen, travaux communaux.

    Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen : 2O 1917

Bibliographie

  • BECKER, Annette. Real del Sarte. in Monuments de mémoire. Monuments aux morts de la Grande guerre, Paris, Secrétariat d’État aux Anciens combattants et victimes de guerre, 1992.

    p.239-241
  • CHALINE, Nadine-Josette. Les monuments aux morts de la Grande Guerre en Haute-Normandie, Études normandes, n° 1/2009

    p.17-49
  • GLANDY, Anne-André. L’œuvre de Maxime Real del Sarte, Paris, Plon, 1956.

    p.22
  • POIRRIER, Philippe, VADELORGE, Loïc. La statuaire provinciale sous la Troisième République. Une étude comparée : Rouen et Dijon. Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, S D’histoire Moire Moderne et Contemporaine, 1995.

    p.240-269

Périodiques

  • AD Seine-Maritime. JPL 3_263. Journal de Rouen, 25 juin 1921.

    Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen : JPL 3_263
    Rouen - Conseil municipal, séance du 23 juin 1921 - Le Monument aux Morts [emplacement & financement]
  • AD Seine-Maritime. JPL 3_267. Journal de Rouen, 8 février 1923.

    Le monument de la Victoire. Dernières communications
  • AD Seine-Maritime, BMR 260_5. Journal de Rouen, 16 novembre 1925.

    Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen : BMR 260_5
    Rouen - Inauguration du Monument de la Victoire
  • CHALINE Nadine-Josette Chaline. Le sculpteur Maxime Real del Sarte et son œuvre normande, Bulletin des Amis des monuments rouennais, 2013-2014.

    p.51-61
  • FARRENC, Henri. A propos d'une inauguration. L'oeuvre du statuaire Maxime Réal del Sarte, in Le figaro artistique, 3e année, n°97, 14 janvier 1926.

    P.211
  • JARRASSE, Dominique. En quête de Jeanne d'Arc : Réal del Sarte à Rouen, in Études normandes, n°2, 2013.

    p.35-42

Annexes

  • Les deux soldats : portraits de Charles Maurras et de Maxime Real del Sarte ?
  • Discours d’investiture de Georges Clemenceau en 1917 [devise : Ils ont des droits sur nous].
  • Description du monument de la Victoire. FARRENC, Henri. A propos d'une inauguration. L'oeuvre du statuaire Maxime Réal del Sarte, Le figaro artistique, 3e année, n°97, 14 janvier 1926.
  • A propos de Maurras : Lettre de Maxime Real del Sarte à Georges Calzant, 18 septembre 1953 [cité in Maurras.net].
  • Cecile-Anne Sibout. Rouen : le monument de la Victoire. Un passé si présent, Paris-Normandie, 11 novembre 2011.
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Région Normandie - Inventaire général
Chéron Philippe
Chéron Philippe

Ingénieur d'études DRAC Haute-Normandie, puis ingénieur territorial Région Normandie. Chargé d'études à l'Inventaire général du patrimoine culturel depuis 1991.

Spécialités : vitrail, patrimoine rural, construction navale, patrimoine militaire (fortifications du mur de l'Atlantique), patrimoine aéronautique, patrimoine commémoratif.

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