Dossier d’œuvre architecture IA61002316 | Réalisé par
Maillard Florent (Contributeur)
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'étude et de la valorisation du patrimoine bâti.

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  • enquête thématique régionale, architecture rurale du Parc naturel régional du Perche
chapelle dite de Saint-Hubert, puis maison
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional du Perche - Tourouvre
  • Commune Longny-au-Perche
  • Lieu-dit le Bourg
  • Adresse 32 rue de l'Église
  • Cadastre 1831 I 588  ; 2021 AB 344
  • Précisions nouvelle commune Longny-les-Villages
  • Dénominations
    chapelle
  • Vocables
    Saint-Hubert
  • Destinations
    maison
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

L'ancienne chapelle se situe en retrait de la rue de l'Église, en bordure de la Robioche. Son volume, son élévation et les vestiges de baies en arc brisé pourraient la dater de la seconde moitié du 15e siècle. Louis André, avocat au parlement et administrateur de l'hôtel-Dieu de Longny, dresse une description de l'établissement dans son mémoire, rédigé en 1763, et dont Léon de la Sicotière reprend des extraits dans sa notice historique sur Longny, dans la seconde moitié du 19e siècle. En 1763, la chapelle de l'hôtel-Dieu comprend deux larges et hautes fenêtres en arc brisé à remplage gothique formé d'éléments rayonnants. Louis André voue "la solidité de la bâtisse [hôtel-Dieu] et de sa chapelle, et le goust vrayment gothique mais beau, dans lequel sont construites les deux larges et hautes fenêtres qui servent à l'éclairer, annoncent sans contredit un ouvrage qui ne doit pas avoir été fait avant la fin du quinzième siècle ; leur cintre est formé par l'intersection de deux arcs de cercle qui font que l'une et l'autre se terminent en pointe ; et elles sont partagées l'une et l'autre suivant leur hauteur en trois espaces égaux, par le moyen de deux fuseaux de pierre de taille qui s'élèvent d'aplomb, et qui forment à leur milieu vers la hauteur de l'imposte, une rosette accompagnée des deux côtés et par le dessus, de compartiments en forme de fleurs ou de trèfles, dans lesquels le vitrage est inséré." L'auteur y relève la présence de trois statues en pierre de taille calcaire, une Vierge, un saint Antoine et un saint Hubert, avec leur attributs, exposées dans des niches. La baie la plus proche de l'autel était ornée d'un vitrail figurant un blason qui renferme les armoiries mi-partie de France et de Bretagne entourées du collier de l'ordre de Saint-Michel.

Cette description de la chapelle, placée sous le vocable de saint Hubert, ne correspond pas à l'état et à l'emplacement actuels de l'édifice, de dimensions modestes, que Louis André localise par la rue éponyme, actuellement rue Abbé Brionne, face aux bâtiments de l’ancien hôtel-Dieu qui se trouvaient entre la rue et la rivière de la Robioche. Léon de la Sicotière précise que "cette chapelle était bien située rue Saint-Hubert ; on remarque il est vrai une maison qui dut être certainement autrefois une église, près de l'intersection de la Grande et de la Petite Rue [entre les actuelles rues de l'Église et Gaston Gibory], donnant sur la rivière [la Robioche] ; mais cet ancien bâtiment n'est pas la chapelle St-Hubert qui se trouvait rue du même nom." On ignore cependant, au stade actuel des recherches, si cette chapelle dépendait de cette institution, dont la proximité pourrait laisser supposer qu'elle en serait le commanditaire. Ce dernier n'est pas connu à ce jour.

En 1766, Louis André relève que l'ancien Hôtel-Dieu a hérité de 7 000 livres tournois (2 000 de feu Alexis Gagnat de Lamotte, 2 000 des héritiers d'Alexandre Louis Gagnat et 3 000 d'André Gabriel Le Subtil de Boisemont) - somme qui a pu servir à relever l'établissement, en le transférant peut-être en un lieu plus commode, à l’angle de la rue de l’Église et de la rue Gaston Gibory. L'hôtel-Dieu est supprimé à la Révolution et un fourneau à salpêtre est établi dans la chapelle Saint-Hubert avant qu'il ne soit déplacé dans l'église paroissiale en juillet 1794. Les biens de l'ancien Hôtel-Dieu sont vendus comme biens nationaux le 24 juillet 1795 (6 thermidor an III).

Sur le plan cadastral de 1831, il n'est fait aucune mention d'une chapelle ou d'un hôtel-Dieu dans la rue Saint-Hubert. Les maisons bâties en front de rue du côté sud, où serait située la chapelle Saint-Hubert, d'après Louis André, apparaissent entre 1810 et 1825. L'absence de mention de la chapelle sur le cadastre de 1831 n'a finalement rien de surprenant puisqu'à cette date la chapelle est déjà convertie en lieu d'habitation. Les matrices cadastrales indiquent que l'immeuble en question est divisé en deux maisons, le rez-de-chaussée étant propriété de la veuve de Jacques Moreau, l'étage carré et le grenier l'étant de Louis Clément Marchais, bourrelier à Longny. La reconversion de cet édifice religieux est cependant antérieure. La création de planchers séparant les niveaux d'élévation, le percement de porte et fenêtres et le comblement partiel de la baie en arc brisé témoignent des travaux d'appropriation menée à l'époque révolutionnaire ou du Premier Empire.

  • Période(s)
    • Principale : 2e moitié 15e siècle
    • Principale : limite 18e siècle 19e siècle
    • Secondaire : 2e moitié 20e siècle

La chapelle dite de Saint-Hubert se situe au numéro 32 de la rue de l'Église, à l'arrière d'une petite cour et en bordure de la Robioche. Contrairement aux maisons voisines organisées en front de rue, la chapelle est implantée en retrait et présente son pignon face à la rue. De plan rectangulaire, l'édifice conserve sa structure et son volume d'origine (chaînages d'angles en pierre de taille) ainsi qu'une baie en arc brisé partiellement réduite au pignon nord-ouest. En partie haute du pignon sud-est, les vestiges d'une autre baie, en partie obturée sont également identifiables. Les jours ornés de larges chanfreins servant à éclairer le comble semblent également d'origine. Une porte et deux fenêtres ont été percées dans la seconde moitié du 19e siècle ou au début du siècle suivant, comme l'indique l'emploi de la brique. L'espace intérieur (non vu) a été divisé en étages et en pièces.

Couverts d'un enduit plein, les murs sont supposés en moellons de silex et de grès. Les chaînages d'angle sont en pierre de taille calcaire et, en partie inférieur, de grès roussard. Ces mêmes matériaux sont employés pour les encadrements d'ouverture, à l'exception des plus récents qui font alterner la pierre de taille calcaire et la brique. Le toit à longs pans est couvert en tuile plate.

  • Murs
    • silex moellon enduit
    • grès moellon enduit
  • Toits
    tuile plate
  • Étages
    en rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Sites de protection
    site patrimonial remarquable

L'emplacement exact de l'Hôtel-Dieu suscite bien des questions. Selon Léon de La Sicotière, le premier établissement datant du 14e siècle se trouvait rue Saint-Hubert (actuelle rue Abbé Brionne), entre la rue et la Robioche et sa chapelle en face, de l'autre côté de la rue. Il s'agirait de cet édifice que décrit Louis André en 1763 (et non de l'actuelle chapelle Saint-Hubert). Une étude précise des actes notariés permettrait de démêler le vrai du faux. Quant au nouvel Hôtel-Dieu relevé en 1778 par de Boisemont, baron de Longny, il ne se trouvait pas au-dessus des nouvelles halles (qui sont restées en rez-de-chaussée jusque dans les années 1830) mais possiblement autour de la chapelle Saint-Hubert et dont les bâtiments ont été reconstruits à cette époque.

Documents d'archives

  • AD Orne. 112 J 1. Fonds Maurice Leroux : notes historiques sur le Perche - notice sur Longny-au-Perche (Léon de la Sicotière).

    Archives départementales de l'Orne, Alençon : 112 J 1
  • AD Orne. E Dépôt 254/123. Longny-au-Perche – Registres de mutations foncières (an VIII - 1849).

    Archives départementales de l'Orne, Alençon : E Dépôt 254/123
  • AD Orne. 3 P 3-230/1 => 3 P 3-230/11. Longny-au-Perche – matrices cadastrales (1831).

    Archives départementales de l'Orne, Alençon : 3 P 3-230/1 => 3 P 3-230/11

Périodiques

  • MORAND, Fabrice, QUIBLIER, André. Longny-au-Perche au fil du temps – Nouvelles recherches historiques et archéologiques. Cahiers Percherons, 2018, n°215.

    p. 61-66

Documents figurés

  • AD Orne. 3 P 2-230/1 => 3 P 2-230/21. Longny-au-Perche – plans cadastraux (1831).

    Archives départementales de l'Orne, Alençon : 3 P 2-230/1 => 3 P 2-230/21
Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Parc naturel régional du Perche
(c) Région Normandie - Inventaire général
Maillard Florent
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'étude et de la valorisation du patrimoine bâti.

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