Chercheuse associée au Parc naturel des Boucles de la Seine Normande depuis 2014, en charge de l'inventaire du patrimoine bâti et des éléments de paysage associés.

Les Inventaires croisés constituent un des axes forts de la politique culturelle du Parc Naturel Régional des Boucles de la Seine normande car ils sont des outils efficaces de connaissance du territoire et d’appropriation par les habitants de leur propre patrimoine. Grâce à cela, le Parc met en valeur les « trésors cachés » du territoire, c’est-à-dire les éléments du patrimoine de proximité, qu’on ne repère pas d’emblée, mais qui dispersés sur le territoire constituent la richesse de celui-ci. Il peut s’agir de mares, de vergers, de haies d’essences locales ou d’arbres remarquables, de fermes ou de manoirs privés, de bâtiments en briques et silex ou de maisons à colombages. Les habitants sont au cœur de ce patrimoine puisque ce sont eux qui détiennent les savoir-faire, les gestes et la mémoire qui y sont attachés.

1. La mission « Inventaires croisés » au Parc :

La mission d’inventaire croisé est un projet expérimental lancé par le Parc en 2010. L’objectif est d’identifier, étudier, faire connaître et valoriser le patrimoine local. Elle s’inscrit dans les objectifs de la charte 2013-2025 et répond aux objectifs stratégiques suivants :

1.4. Protéger et valoriser les patrimoines bâtis remarquables :

- Mener des inventaires croisés des patrimoines en identifiant les bâtiments à restaurer et/ou à sauvegarder susceptibles de s’intégrer dans un projet communal

- Prendre en compte les inventaires réalisés dans les documents d’urbanisme (PLU, Cartes communales)

- réaliser des chantiers de restauration exemplaires du bâti

3.2 Mieux faire comprendre le territoire et sa mémoire :

- révéler et partager les trésors cachés : actions d’animation permettant d’ouvrir les portes et de dévoiler certains patrimoines pour permettre leur réappropriation.

- valoriser les données de l’inventaire croisé en mettant en place un programme d’animations

Le patrimoine inventorié s’étend sur trois catégories : le patrimoine bâti, les éléments paysagers associés et la mémoire orale. Cette approche transversale permet d’avoir une vision globale et dynamique du territoire qui est inventorié.

La phase de terrain consiste à recenser et à étudier les patrimoines bâti et paysager des communes selon une approche pluridisciplinaire : inventaire topographique, recherches en archives et documentation. Une collecte de la mémoire orale est également programmée selon les thématiques dégagées au cours de l'opération. Une fois cette phase terminée, les données sont cartographiées via le Système d'Information Géographique du Parc et présentées sur la plateforme d'informatisation de la Région : Gertrude.

Le suivi du projet « Inventaire croisé » est assuré par un comité technique et un comité de pilotage. Le comité technique est constitué des référents dans les domaines du paysage, de l’architecture, de l’urbanisme, de la cartographie, de l’éducation au territoire et de la biodiversité apporte son expertise au chargé de mission. Le comité de pilotage est constitué des élus concernés par l’opération, du président et de la directrice du PNRBSN et du service Patrimoines de la Région Normandie.

2. Le partenariat avec le pôle Inventaire, région Normandie :

La conduite des Inventaires croisés repose sur un partenariat scientifique, technique et financier avec le pôle Inventaire du service des Patrimoines de la Région Normandie. Depuis 2010, le Parc a été reconnu comme partenaire privilégié de la Région Normandie pour exercer la mission d’Inventaire du Patrimoine, devenue compétence régionale depuis les lois de décentralisation de 2004. Ainsi, le Parc mène, par délégation, des Inventaires croisés du patrimoine sur les communes de son périmètre selon une méthodologie d’inventaire nationale dite topographique, tout en apportant deux dimensions propres à ses domaines d’expertise : le recensement des éléments de paysage associés au bâti et la collecte de mémoire orale.

La convention s'appliquant entre 2021 et 2023 inaugure une nouvelle programmation des Inventaires croisés dont le découpage géographique en aires d’étude correspond à des unités paysagères cohérentes. Ces aires d’étude seront ainsi valorisées au travers de thématiques emblématiques à chaque territoire étudié. Le partenariat financier avec le pôle Inventaire implique, en retour des subventions de la Région, la production de données scientifiques saisies selon les normes nationales (dossiers électroniques GERTRUDE).

3. Opération sur le plateau du Roumois :

L’opération, programmée entre 2021 et 2023, est consacrée à l’étude du plateau du Roumois réunissant 10 communes présentant une continuité patrimoniale. Pour mener à bien ce projet, le territoire concerné est découpé en secteurs d’inventaires annuels :

- 2021 : Hauville, Routot, La Haye-de-Routot

- 2022 : La Haye-Aubrée, Étreville, Bourneville-Sainte-Croix

- 2023 : Tocqueville, Trouville-la-Haule, Vieux-Port, Aizier

Cette entreprise de connaissance fine du territoire a pour but de sensibiliser les habitants à la richesse et à la diversité de leur cadre de vie, tout en ouvrant la voie à sa préservation. À l’issue des 3 années d’inventaire, le Parc organisera en lien avec l’Ethnothèque une valorisation de l’opération associant les dix communes de cette frange nord du plateau Roumois, situées en lisière de la foret de Brotonne. D’ores et déjà, un projet se dessine autour des places de marché, notamment des marchés aux bestiaux de Routot et de Bourneville, et des filières locales qui les alimentaient : l’élevage et l’engraissement des bestiaux, l’activité textile autour du lin, la production céréalière et sa transformation (moulins à vent, four à pain), les pépinières d’arbres fruitiers, l’artisanat (sabot, balais, briqueterie et tuilerie…).

L'Inventaire croisé du patrimoine est mené en parallèle, et ponctuellement en transversalité, avec un autre projet porté par le Parc naturel régional des Boucles de la Seine normande, celui de l'Atlas de la Biodiversité Communale (ABC), programmé entre 2020 et 2022 sur 15 communes du plateau du Roumois. Cette action a pour objectifs d'accroître les connaissances naturalistes sur les secteurs concernés, de sensibiliser les élus et habitants à la biodiversité, de mettre en place des actions favorables à la biodiversité et de faciliter la prise en compte de la biodiversité dans les politiques publiques, notamment dans les documents d'aménagement (identification de la Trame verte et bleue en vue du futur PLUi Roumois Seine notamment).

Chercheuse associée au Parc naturel des Boucles de la Seine Normande depuis 2014, en charge de l'inventaire du patrimoine bâti et des éléments de paysage associés.

CHAMPS D’ÉTUDE

L’Inventaire croisé tel que défini par le Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande (PNRBSN) abordera d’une part le patrimoine bâti et d’autre part les éléments paysagers lui étant associés.Il concernera les communes signataires de la Charte du Parc et prendra en compte les préoccupations propres aux politiques patrimoniales du PNRBSN.

CADRE MÉTHODOLOGIQUE

Le cadre méthodologique général de l’Inventaire bâti est défini par les textes visés en introduction de la convention cadre.Il est rappelé que l’approche scientifique majeure de l’Inventaire général est territorial et que sa finalité documentaire est l’alimentation des bases de données régionales et nationales (GERTRUDE, plateforme de la Région et POP, plateforme du Ministère de la Culture).

Les outils et les normes majeurs de ce travail sont définis par la description des types de documents (DTD) de l’Inventaire général et sont principalement :

- les thesaurus ;

- les systèmes descriptifs fixant la structure des bases de données et les règles de rédaction du contenu des champs ;

- les formats de données, textes, cartographie et images numériques ;

- la structure d’ensemble de la documentation élaborée dans des dossiers numériques.

1 – Méthode

Le PNRBSN souhaite une approche transdisciplinaire de son patrimoine correspondant à ses missions réglementaires. Pour cela, l’Inventaire et l’analyse croisée du bâti et des éléments paysagers semble la méthode la plus adaptée. L’aire d’étude est constituée d’un regroupement de communes et d’EPCI présentant à la fois une cohérence patrimoniale et historique et une unité paysagère, telle que définie dans l’Atlas des paysages de Haute-Normandie publié en décembre 2011 par le Conseil Régional de Normandie et la DREAL.

Cette approche est exhaustive pour le bâti mais sélective pour les éléments paysagers associés : il s’agira d’identifier les éléments associés au patrimoine bâti (verger, mare, alignement d’essences locales, haie ou arbre remarquable) et/ ou structurant le territoire (marais, forêt, cours d’eau, etc.).

L’approche topographique adoptée par l’Inventaire se concrétise par la création de plusieurs types de dossiers électroniques :

- Les dossiers d’opération : ces dossiers présentent la méthodologie adoptée pour la conduite de l’opération, le contexte administratif et scientifique dans laquelle elle s’est déroulée, les critères de sélection et les enjeux de l’aire d’étude choisie ;

- Les dossiers d’aire d’étude : généralement créés à l’échelle d’une commune, ces dossiers présentent les grandes caractéristiques du territoire étudié, la géographie, les jalons historiques, les sources, les découvertes liées à l’étude ;

- Les dossiers individuels qui sont réservés aux bâtiments remarquables et très intéressants d’un point de vue architectural ou bien documentés par les sources documentaires. Dans ce cas de figure, l’unité d’observation se concentre sur l’édifice, entendu comme l’unité à la fois foncière et fonctionnelle. Parfois, lorsque plusieurs édifices présentant des caractères communs ou une identité fonctionnelle ou morphologique occupent un ensemble de parcelles ou un espace identifiable comme une identité de territoire, l’unité d’observation pourra être l’îlot, le quartier, la rue, l’opération d’urbanisme (lotissement d’habitations, ensemble d’immeubles à logements) ou le secteur ainsi identifié (écart constitué de fermes analogues, quartier formé selon des principes homogènes, rue homogène, etc.).

- Les dossiers collectifs qui réunissent différents édifices selon une étude collective et sélective couplée : Les membres des familles constituées (maisons, fermes, édifices publics, édifices artisanaux, industriels ou à vocation commerciale), présents en grand nombre, sont appréhendés au travers d’une étude collective qui requiert la mise en œuvre d’une méthodologie propre, le repérage. Le repérage vise à reconnaître les caractères qui permettent de classer les membres d’une famille. Afin de déterminer les caractères généraux de cette famille, le dossier collectif rassemble les résultats du repérage et compile les caractères généraux de la famille. Au sein de ces familles, les édifices uniques (unicum) ou au contraire représentatifs (typicum) de la commune sont sélectionnés en vue d’une étude approfondie. Ces édifices, étudiés dans un dossier individuel propre, sont néanmoins reliés au dossier collectif de la famille à laquelle ils appartiennent.

La phase de repérage sur le terrain est menée à l’aide d’une tablette numérique équipée de l’application Collector pour ArcGis.

2 - Mise en forme des données

Chaque édifice étudié dans le cadre d’un dossier individuel comprendra une notice normalisée, des données cartographiques, au moins un cliché numérique, et des documents sources : fiche documentation (bibliographie, iconographie), textes d’analyse et de synthèse, tableaux de données, etc. L’ensemble pourra être complété de documents déjà collectés ou élaborés pour la circonstance (iconographie, documents graphiques, etc). Outre ces dossiers individuels, l’ensemble de l’opération devra présenter, lors de la restitution finale, une arborescence minimale afin d’établir des liens hiérarchiques entre les dossiers d’aire d’étude, les dossiers d’œuvres et les dossiers collectifs, de manière à garantir une cohérence scientifique globale.

L’assemblage des données et des notices sera réalisé sur la plate-forme GERTRUDE, dans sa version la plus récente fournie par la Région. Elle permet :

- la production des notices normalisées : après validation scientifique, celles-ci pourront également être versées dans POP (Plateforme Ouverte du Patrimoine) ;

- l’intégration des fichiers numériques d’illustrations ;

- le géoréférencement et la cartographie des données, sans disposer des fonctionnalités d’un SIG ;

- l’intégration de notices documentaires, des textes ou tableaux d’analyse ou de synthèse ;

- la consultation et la présentation de l’ensemble des données et des éléments documentaires réunis via le site de diffusion de GERTRUDE.

3 – Restitution des données

Les données seront produites à partir de la plateforme GERTRUDE. Après relecture par le pôle Inventaire du service Patrimoines, le partenaire intégrera les corrections demandées en vue de la mise en ligne des données sur la plateforme régionale, puis de leur versement dans les bases nationales après contrôles formels.Les images documentaires illustrant les dossiers numériques GERTRUDE, quels qu’en soient les auteurs, professionnels ou non, seront toutes réalisées en moyenne définition, au format JPEG, de résolution maximum de 1500 x 2000 pixels. Elles seront validées par le service régional de l’Inventaire avant toute utilisation. Si une finalité éditoriale est envisagée dans les collections nationales de l’Inventaire, les clichés devront être réalisés par les photographes du pôle Inventaire du service Patrimoines ou sous sa direction.

4 – Utilisation et diffusion des résultats de l’Inventaire

Le PNRBSN pourra envisager divers usages des résultats de ce programme d’Inventaire (site Internet, SIG, cartes interactives du patrimoine, synthèses communales, diagnostics du patrimoine, conférences, animations, expositions…).

La cartographie des données réalisée par le SIG et les dossiers d’inventaires seront transmis, en fin d’opération, aux collectivités participantes, et serviront de base à l’intégration des résultats de l’Inventaire croisé dans les documents d’urbanisme.

Les dossiers seront mis en ligne par la Région au moyen de GERTRUDE diffusion, puis les notices seront versées sur la plateforme POP du ministère de la Culture.

Le pôle Inventaire du service Patrimoines se réserve le droit de ne pas mettre en ligne tout texte ou toute image dont la qualité ne correspondrait pas aux critères de l’Inventaire général.

Des expositions ou publications virtuelles pourront être réalisées sur le site internet de la Région Normandie et/ou sur celui du PNRBSN (les données numériques constituant les diverses composantes des dossiers documentaires (textes, images, cartes) permettront la réalisation de supports dématérialisés que le PNRBSN et la Région (pôle de l’Inventaire général du patrimoine culturel) pourront diffuser selon un plan à définir).

Les documents originaux (dessins, photographies) seront consultables au siège du PNRBSN ou à la Région pôle Inventaire général du patrimoine culturel, site de Rouen) ;

La publication de volumes dans les collections nationales « Images du patrimoine » ou « Parcours du patrimoine » permettra une diffusion publique classique. Ces projets feront l’objet d’avenants à la convention et de tout contrat d’auteur exigé par les textes réglementaires. Dans ces avenants il sera précisé les engagements financiers de la Région et du Parc ainsi que le temps RH des services de la Région et ceux du Parc.

D’autres formes de restitution peuvent voir le jour ultérieurement : exposition itinérante, autres publications. Elles feront l’objet d’avenants à la convention et de tout contrat d’auteur exigé par les textes réglementaires. Dans ces avenants il sera précisé le temps RH des services de la Région et ceux du Parc ainsi que les engagements financiers.

5 – Programmation prévisionnelle

Au vu du nouveau découpage des aires d’étude proposé pour les opérations du PNRBSN, correspondant à des unités patrimoniales et paysagères spécifiques, des phases de travail sur 3 ans sont mises en place incluant l’Inventaire et le collectage mais également la valorisation et la sensibilisation des habitants à la démarche. Le choix des territoires éligibles à la démarche d’Inventaire s’effectue via différents critères :

- L’actualité des documents d’urbanisme ;

- La répartition équitable des opérations sur le territoire (et notamment l’équilibre entre les départements de l’Eure et de Seine-Maritime) ;

- La transversalité avec les actions des autres pôles du Parc (notamment le pôle Biodiversité) ;

- L’adéquation avec la politique culturelle du Parc ;

- Les enjeux environnementaux portant sur les territoires étudiés ;

- L’équilibrage des financements régionaux

Ainsi une programmation à 3 ans a pu être définie :

2021 – 2023 : Plateau du Roumois

Hauville, Routot, La Haye-de-Routot, La Haye-Aubrée, Etreville, Bourneville-Sainte-Croix, Tocqueville, Trouville-la-Haule, Vieux-Port, Aizier

À l’issue de l’actuelle convention triennale, il est envisagé de continuer la programmation (2024-2026) sur la boucle d’Anneville-Ambourville, qui fera l’objet d’une nouvelle convention de partenariat entre la Région Normandie et le Parc naturel régional des Boucles de la Seine Normande.

Pour chacune de ces opérations programmées sur trois ans, le Parc proposera un sous-découpage équilibré du territoire concerné en aires d’étude annuelles. Le suivi de cette opération triennale sera assuré par des restitutions intermédiaires annuelles (sous forme de synthèses communales ou de diagnostics de territoire par exemple) avant la restitution finale.