La municipalité du Havre lance le concours proposant l'érection d'un monument aux morts municipal en février 1921. En mars, l'examen de la quinzaine de projets reçus fait émerger un potentiel lauréat, sans cependant que ne soit attribuée de première place. Le projet Poisson-Chifflot, porteur de la devise "Patience" recueille 36 suffrages sur 63. Mais le statuaire est rapidement averti que son projet n'est finalement pas retenu, car semble-t-il trop proche du monument aux morts de la Marine française de Réal del Sarte et de Villiers. Très fair-play, ce dernier signera un courrier soutenant son confrère et repoussant l'analogie des deux œuvres. La menace d'un procès contre la ville du Havre, le soutien du président de la Société nationale des Beaux-Arts feront reculer la municipalité et le projet Poisson sera finalement ratifié.
L'emplacement choisi est la place Gambetta, ancienne place de la mâture. Avec un million de budget, le monument aux morts du Havre est le projet commémoratif possédant la plus importante dotation du département. Le maire Léon Meyer, tente vainement d'obtenir une subvention du département de Seine-Inférieure en avril 1923.
Le programme du concours stipule que le monument devra comporter une Victoire. La société des granits, chargée de la réalisation sous traite en 1921 avec l'entreprise de béton armé Hennebique pour les fondations en béton, entrepreneur Albert Colboc, le sous-sol n'étant pas suffisamment stable pour un tel monument.
L’artiste associé à l'architecte Chifflot se met au travail dès 1922. Il élabore trois maquettes qui mettent en scène la figure principale de la Victoire, accompagnée de bas-relief mettant en scène des groupes allégoriques. l’œuvre est achevée en deux ans, elle est inaugurée le 3 août 1924. Charles Plumet s'est chargé de la création des parterres ceints de granit.
En 1941, l'organisation Todt creuse un abri sous le monument, qui est le seul vestige resté miraculeusement intact, après la destruction de la place Gambetta par les bombardements de septembre 1944. Une partie des victimes sont ensevelies provisoirement autour du monument. L'atelier Perret dessine en 1946, un projet de l'entourer de murs ajourés en forme de portiques pour recevoir les noms des 5 126 victimes civiles de la Seconde Guerre mondiale. Finalement, seul le socle a été remanié pour y ajouter les morts militaires de la guerre 1939-1945. Sa forme, son imposant volume et son isolement lui vaudront le surnom de "presse-papier", donné par l'architecte Auguste Perret.
Chercheuse au Service Régional de l'Inventaire de Haute-Normandie de 1972 à 1978. Cheffe du Service Régional de l'Inventaire de Basse-Normandie et chercheur de 1978 à 1988. Chercheur au Service Régional de l'Inventaire de Haute-Normandie de 1988 à 2005, puis chef du dit Service et chercheur de 2005 à 2015. Spécialités : patrimoine rural, patrimoine urbain, patrimoine de la villégiature. Etude fondamentale de l'agglomération du Havre. Publications : Claire Etienne-Steiner.