La construction d'une pyrotechnie militaire sur les communes de Cormelles et de Mondeville est opérée par la société des Grands travaux en béton armé pour le compte de l'Etat en 1916. L'usine est raccordée par une ligne de tramway à la ville de Caen. Désaffectée dès 1919, elle demeure sous l'autorité des instances militaires. Après sa transformation en camp de prisonniers, puis en cantonnement allemand durant la Deuxième Guerre mondiale, elle connaît une reprise d'activité comme annexe de la cartoucherie de Vincennes. Les terrains et les bâtiments sont transférés en 1953 à la Société des Aciéries de Pompey et à l'UFRAMEC (Union française d'applications mécaniques), pour la fabrication d'obus et leur chargement. Edifiée en quinze mois par les établissements Guillou (Caen) et Liezard (Rouen) et inaugurée le 26 octobre 1954, l'usine des Aciéries permet notamment de pourvoir à une commande off-shore de l'armée américaine de 828 000 obus de 155 m/m, fabriqués entre 1953 et 1955. Malgré un élargissement de sa gamme de production, elle ferme en 1959. Quatre ans plus tard, le site est converti en zone industrielle, où sont établies, de chaque côté du nouveau boulevard de l'Espérance, les usines de construction automobile Citroën et de matériel électroménager Moulinex.
Bénéficiant des conditions offertes par les mouvements de décentralisation des industries et située à une distance satisfaisante des usines de montage de la région parisienne et de Rennes qu'elle doit desservir, l'usine Citroën de Cormelles-le-Royal investit 30 000 m2 de bâtiments laissés libres par les Aciéries. Elle est à l'origine spécialisée dans la fabrication de liaisons au sol pour les véhicules de type 2CV et 3CV, réalisée au sein de l'ancien atelier de la pyrotechnie, dit bâtiment "J" puis "50". L'arrivée de nouvelles fabrications liées à des nouveaux modèles automobiles et le transfert parisien des éléments "D" aboutissent à la construction d'un second atelier, dit "G" ou "43", en 1966 (agrandi en 1971 et 1974). La fabrication de sphères hydropneumatiques pour véhicules "GS" est notamment introduite sur les chaînes de fabrication en 1970. Trois ans plus tard, est édifié un troisième atelier de fabrication, dit "K" ou "60", (agrandi successivement en 1979, 1990, 2002 et 2006). En 1976, le rapprochement des groupes Citroën SA et Peugeot SA aboutit à la création de PSA Peugeot Citroën. En 1983, le site de Cormelles accueille la production des transmissions jusqu'ici effectuée à Mulhouse.
A l'origine acheminées par voie ferrée, les matières premières sont aujourd'hui transportées par route, tout comme les produits finis. Les secteurs de production sont répartis entre l'emboutissage, doté dès 1966 d'une presse Weingarten, le ferrage, le traitement thermique, la peinture, équipée d'une chaîne de cataphorèse en 2007, l'usinage et le montage. En 2010, la production journalière atteint : 13 000 transmissions, 11 300 pivots de suspension préparés, 5 300 berceaux, 3 000 sphères et 1 200 trains arrière.
Le personnel de l'usine passe de 1 000 salariés en 1967 à 2 850 en 1968, 3 676 en 1973, 2 547 en 2002, 2 154 en 2007 et environ 1 600 en 2010. Dans les années 1960, le personnel peut bénéficier sur place de 400 chambres individuelles au sein d'un foyer-hôtel, d'une infirmerie, de vestiaires, d'une cantine et d'un comptoir de vente.
Chercheuse à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie, puis de Normandie, depuis 2010. Spécialité : patrimoine industriel, co-référente du Label "Patrimoine de la Reconstruction en Normandie".