Évolution historique du site :
Le moulin de Tesson, attesté en 1255, est exploité à la fin des années 1850 par Charles Fontaine. Vers 1859, Adjutor Blin, alors propriétaire, le fait transformer en moulin à huile par François Langlois (Bretteville-sur-Laize) et Frédéric Dan (Fresney-le-Puceux). La roue en place est remplacée par une roue de 3,60 m de diamètre sur 2,80 m de largeur. Le moulin, réglementé le 19 octobre 1864, poursuit son activité jusqu’en 1883. Possession de Jules Blin, il est mentionné comme moulin à tan désaffecté en 1916. L'année suivante, Paul Dédrie, tanneur du département du Nord réfugié à Bretteville-sur-Laize avec son contremaître M. Verhaeghe, installe une tannerie au Moulin de Tesson. En 1918, celle-ci dispose de 21 m3 de fosses pour une production par tannage lent. A partir de 1921, il introduit le tannage rapide (enquête de la commission d’hygiène en octobre 1920 et autorisation préfectorale en février 1921). Vers 1925, il fait construire quatre hangars (structure béton, murs en brique, toit à deux pans couvert en tuile mécanique), un grand hall pour les machines (charpente métallique, toit couvert en tôle), une maison patronale et une maison de concierge. Les peaux traitées proviennent d’Argentine et de Nouvelle-Zélande. La production, constituée de cuir fort pour semelle et de cuir mou corroyé, est vendue essentiellement à des fabricants de chaussures. Entre 1938 et 1941, la tannerie augmente sa capacité de production, passant de 105 à 245 m3 de cuves et fosses, elle fournit entre autres l’armée allemande. L’activité est interrompue entre 1943 et 1945. L’entreprise, rachetée en 1945 par Georges Klein, tanneur de Cambrai, est exploitée sous le nom des « Anciens établissements Dédrie » jusqu’en 1948, puis des « Tanneries de Normandie ». Klein fait construire de nouveaux bâtiments (basserie avec bureaux attenants, atelier de menuiserie, douches) et couvrir le pavé près du déversoir du bief. La production se diversifie : outre les peaux, des trépointes et du matériel de sellerie sont également fabriqués. Les Tanneries disposent de commissionnaires en France et en Afrique du Nord. Les bâtiments subissent deux incendies, en août 1955 (charpente de l’ancien moulin à huile détruite) et janvier 1960 (dommages au niveau de l’atelier des peintures). La production est peu à peu délocalisée en Algérie. Active jusqu’en 1962, la tannerie devient ensuite un simple lieu de stockage des peaux, pour cesser définitivement son activité en 1966.
Machines industrielles et procédés de production :
Paul Dédrie utilise pendant une dizaine d'années la roue hydraulique pour actionner ses marteaux. Il fait également installer un moteur électrique alimenté par une turbine et un moteur à gaz pauvre au charbon. Un arbre de transmission entraîne l’ensemble des machines, qui disposent chacune d’un système d’embrayage individuel. Vers 1930, la tannerie est équipée d’une écharneuse, de tonneaux de tannage, d’une presse pour l’essorage des cuirs, d’une dérideuse Turner pour les tendre et les aplanir, de cylindres pour les assouplir, d’une lisseuse pour le travail des croupons et d’une dérayeuse pour raboter les aspérités de la matière. Après 1945, Georges Klein fait installer de nouvelles machines, de marque Italienne, notamment une écharneuse, dix tonneaux pour le tannage, le rinçage ou la teinture, des machines pour les différents traitements du cuir, toutes dotées d’un moteur électrique. En 1962, elles sont expédiées dans la nouvelle usine d’Oran.
Personnel et conditions sociales :
Dans les années 1930, la tannerie emploie une cinquantaine d’employés, 12 en 1945, 77 en 1952 (dont 10 femmes), 81 en 1958 (23 femmes), 47 en 1959 (7 femmes), seulement 16 en janvier 1962.