Evolution historique du site :
Au début du XIXe siècle, le moulin à blé, dit le Grand Moulin (ancienne dépendance de l'abbaye de Saint-André-de-Gouffern), et le moulin à papier de Crocy, respectivement dotés d'une et de deux roues, sont en possession de Louis Labbey de La Roque. En 1826, un tournant est ajouté au moulin à blé pour animer une paire de meules à orge. Le moulin à papier, équipé de vingt-sept pilons, produit des papiers gris et blancs vendus à Falaise et Caen. En 1837, une partie des biens de Félix Labbey de La Roque, dont les deux moulins, est vendue par adjudication. Le moulin à blé revient à François Louvet, celui à papier à Charles Breton. Pierre Lardière, filateur à Falaise, se porte en 1847 acquéreur du moulin à papier, qu'il détruit deux ans plus tard pour faire construire une fabrique de tissu, elle-même démolie en 1853. L'année suivante, il établit une filature de coton à l'emplacement du moulin à blé. Réglementée par arrêté préfectoral du 13 novembre 1855, passée à Louis Lecherpy, associé à Jean Collin, vers 1859, à ses héritiers vers 1877, aux Frères Gallet, négociants à Flers (également propriétaires de la filature du hameau de Vitreseul, détruite) vers 1887, celle-ci est convertie en minoterie en 1901 par Thomas Legrix. Modifiée vers 1909, la minoterie de Crocy produit quotidiennement 70 quintaux de farine en 1918 (exploitant : Robinault), 65 en 1924 (exploitant : Fernand Guilbert). Sa capacité d'écrasement passe de 120 quintaux par jour en 1933 à 150 quintaux en 1936 (elle est alors en possession de Marcel Vauvrecy). L'activité cesse en 1983.
Machines :
En 1855, la filature est équipée d'une turbine hydraulique. Lecherpy et Collin sont autorisés quatre ans plus tard à installer une chaudière et une machine à vapeur d'une puissance de 20 CV et à construire une cheminée de 9 mètres de haut (réalisation attestée par iconographie, date portée et initiales C.-L. à la base de la cheminée). En 1869, ces deux moteurs mettent en mouvement deux batteurs, trente-deux cardes, trois laminoirs, six frotteurs, deux perroquets, dix métiers self-acting de 600 broches chacun (nombre de broches identique vers 1887).
En 1918, l'équipement de la minoterie est de marque française. Il comprend en 1936 une turbine hydraulique horizontale, 6 mètres d'appareils à cylindres de type broyeurs, 7,20 mètres de convertisseurs, 1,20 mètre de claqueurs, trois plansichters doubles et une bluterie centrifuge.
Personnel :
En 1828, le moulin à papier compte 8 ouvriers. En 1859, la filature emploie 40 ouvriers, 50 en 1870, une soixantaine vers 1887. La minoterie occupe 3 personnes en 1920, une dizaine en 1936.