Dossier collectif IA27003052 | Réalisé par
Real Emmanuelle (Contributeur)
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel du bassin hydrographique de l'Andelle
l’industrie textile du bassin hydrographique de l'Andelle
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  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    filature, tissage, usine d'impression sur étoffes, moulin à foulon
  • Aires d'études
    bassin hydrographique de l'Andelle, Eure, Seine-Maritime

L’industrie textile, liée au travail de la laine et du coton, est l’activité la plus présente dans le bassin de l’Andelle. Elle se concentre sur la portion aval de la vallée, entre Vascoeuil et Romilly-sur-Andelle, là où la force de la rivière augmentée par celle de ses affluents est la plus puissante. Elle se développe grâce à ce fabuleux potentiel hydraulique et au rayonnement de grandes villes drapières ou cotonnières voisines, telles qu’Elbeuf, Louviers, Les Andelys et Rouen.

L’activité lainière apparait dès le XVIIe siècle avec le développement des moulins à foulon, utilisés pour le dégraissage des draps. Ces établissements travaillent pour les fabricants d’Elbeuf et de Louviers, qui sont alors les principaux centres de fabrication de draps fins en France. En 1750, pas moins de 11 moulins à foulon sont en activité sur les seules communes de Romilly-sur-Andelle et Pont-Saint-Pierre ! Leur nombre est le même en 1860, mais ils se sont mécanisés et totalisent 64 machines à fouler et 45 machines à dégraisser. La mécanisation du foulage et le développement de l'énergie thermique favoriseront la réintroduction de cette opération au sein des établissements lainiers comme on l'observe à Elbeuf et Louviers. Les derniers foulons ont fonctionné jusque dans les années 1880, laissant place à de nouvelles industries. De rares témoins subsistent tel que le moulin du Barbeau à Pont-Saint-Pierre.

L’activité cotonnière démarre dans le bassin de l’Andelle, à la fin des années 1770, avec la fabrication d’indiennes, ces toiles de coton sur lesquelles étaient imprimés des motifs colorés. D’importants établissements, spécialisés dans la production de mouchoirs imprimés et de tissus d’ameublement s’implantent sur le cours de l’Andelle et de la Lieure, utilisant la rivière pour ses propriétés physiques, notamment pour les opérations de trempage, de lavage et de teinture. Le premier est fondé en 1778 à Charleval sur la Lieure par Martin Liesse un indienneur rouennais et emploie près de 300 ouvriers. En 1825, il existe entre Charleval et Romilly-sur-Andelle huit manufactures d’indiennes (qui consomment annuellement 24 000 pièces de calicot) et une à Lyons-la Forêt, installée depuis 1793 dans le couvent des Cordeliers par Louis Goutan, qui comme Martin Liesse fut employé par le fabriquant rouennais Noel Fleury avant de s'installer à son compte sur les bords de la Lieure. L'impression s'effectue alors de façon manuelle, suivant la technique dite sur table, à l'aide de planches en bois de buis sur lesquelles sont gravés les motifs désirés, le plus souvent des scènes mythologiques, historiques ou de la vie quotidienne. Les planches gravées sont ensuite enduites de couleur puis appliquées sur une table d'impression préalablement recouverte de mordant. Lorsque le motif nécessite plusieurs couleurs, l'impression utilise plusieurs planches, une par couleur. Les toiles imprimées sont ensuite lavées, puis séché sur pré à l'air libre et enfin lustrées au moyen de calandres, des machines à cylindres entrainées par la force hydraulique, avant d'être commercialisée à la halle de Rouen. Le personnel employé dans ces fabriques d'indiennes est constitué par une main d’œuvre masculine très qualifiée et au salaire élevé : des dessinateurs, graveurs, imprimeurs... L’industrie des indiennes se restructure brutalement à partir des années 1840 suite à l'introduction de la perrotine en 1836, elle-même supplantée par l'imprimeuse à cylindres dans la seconde moitié du XIXe siècle, qui mécanise l'impression. L'activité se concentre au sein d'établissements moins nombreux mais plus mécanisés utilisant une main d'oeuvre réduite et déqualifiée. Ainsi en 1860, on ne compte plus que 4 indienneries en fonctionnement dans le bassin de l'Andelle : celles fondées par Victor Sautelet, par Martin Liesse et par Victor Crepet à Fleury-sur-Andelle et Charleval et celle créée à Radepont par les frères Anty et reprise en 1840 par la société Daliphard-Dessaint et Cie qui est la dernière à rester en activité dans le bassin de l'Andelle. Au moment de sa fermeture, à la fin des années 1870, elle employait encore 500 ouvriers.

A la fin du XVIIIe siècle et au début XIXe siècle, la mécanisation du filage entraine la construction des premières filatures de coton et dans une moindre mesure de filatures de laine dans le bassin de l’Andelle où elles trouvent l’énergie hydraulique nécessaire pour faire mouvoir leurs machines. La première filature de coton (aujourd'hui disparue) est établie en 1793 à Fontaine-Guérard et la première filature de laine est créée en 1814 à Pont-Saint-Pierre. Ces usines sont pour la plupart construites sur des sites préexistants, occupés par d’anciens moulins (à blé ou à foulon) dont elles reprennent les chutes et dont elles effacent toute trace. Le phénomène s’amplifie à partir de 1820, lorsque la saturation des rivières autour de Rouen impose le déplacement l’activité cotonnière vers l’Andelle. Il se produit alors une véritable ruée vers l’eau et l’industrie du coton, la filature en tête, devient l’activité dominante du territoire. Outre le filage proprement-dit, on effectue également dans ces établissements des opérations préparatoires telles que l’épluchage, le cardage et l’étirage mais aussi le dévidage qui consistent à conditionner le fil en bobines avant de l'envoyer au tissage. En 1840, 26 filatures de coton sont en activité entre Perruel et Pont-Saint-Pierre. Leur nombre est le même en 1860 mais leur production a doublé du fait de la diffusion des mull-jennys (en remplacement des continus à filer) et de l'augmentation du nombre de broches par établissement (soit 248 900 broches pour l'ensemble des filatures de coton du bassin de l'Andelle en 1861). Le fil de coton produit dans le bassin de l'Andelle est un fil commun, épais (allant du n° 20 à 50 pour la trame), écru (sans teinture) destiné à la consommation locale c'est à dire à la fabrication de calicots et cretonnes. Cette industrie, très consommatrice de bras, a recours essentiellement, par économie, à une main d’œuvre féminine et enfantine (même après les lois du 22 mars 1841 et du 19 mai 1874 qui réglementent le travail des enfants), qui est rémunérée deux à quatre fois moins que les hommes. En 1847, les filatures du bassin de l'Andelle emploient 2 161 personnes, dont 687 hommes, 979 femmes et 495 enfants. Une étude menée en 1875 auprès des industriels du territoire montre que 350 enfants de moins de 16 ans travaillent encore en filature, dont 92 de moins de 12 ans. Pour tous ces ouvriers, enfants ou adultes, les conditions de travail en filature sont particulièrement difficiles. Le temps de travail et la pénibilité des horaires, qui sont les mêmes pour tous quelque soit l'age, en sont la première raison : 15 h passées à l’usine, de 7 h à 22 h en hiver, de 5 h à 20 h en été, avec 2 h seulement consacrées aux pauses repas. Ni congés, ni jours fériés et des dimanches qui ne sont pas forcément chômé. A la la pénibilité de ces très longues journées de travail s'ajoute celle de tâches répétitives menées à un rythme effréné dans des positions inconfortables et dans un environnement usinier souvent dangereux et malsain. Les registres d'état-civil montrent que les ouvriers qui travaillent dans les filatures de la vallée de l'Andelle sont recrutés dans un rayon de 10 km autour de l'usine. L’éloignement domicile-travail constitue alors une pénibilité supplémentaire car à la fatigue de la journée de travail s’ajoute celle des longs trajets (à pieds) pour gagner l'usine le matin et revenir au logis le soir.

En comparaison du coton, le filage de la laine reste anecdotique dans le bassin de l’Andelle, où seulement 4 filatures de laine sont recensées au cours du XIXe siècle. La mécanisation du filage de la laine, amorcée dans les années 1810, entraine le démarrage de l’activité sur le territoire, avec la construction des usines Mignot, en 1814-1815, à Pont-Saint-Pierre, associées à des moulins à foulons. Ces deux établissements, spécialisés dans la laine cardée, sont étroitement liés aux fabriques de Louviers et d’Elbeuf auxquelles est destinée leur production. L’une d’elle est d’ailleurs bâtie sur le modèle architectural de la filature Ternaux de Louviers. Les progrès de la mécanisation dans les années 1840, suite à l'adaptation de la mull-jenny au travail de la laine, n’a pas d’effet majeur sur l’orientation industrielle du territoire, toujours dominé par le coton, malgré la création de deux nouveaux sites de production sur les communes de Romilly-sur-Andelle, où se concentrent également les moulins à foulons. Ces quatre filatures sont des usines modestes qui totalisent un équipement de 6 800 broches et emploient 180 ouvriers, des chiffres dérisoires comparés aux filatures de coton. Aucune de ces usines n'a franchi le tournant du XXe siècle.

Les tissages de coton sont également présents sur le territoire, mais bien moins nombreux que les filatures, en raison du retard de mécanisation de l'activité qui contrairement à celle précoce du filage, n'interviendra véritablement que dans la seconde moitié du XIXe siècle. Jusqu'à cette date, le tissage est réalisé de façon artisanale et dispersée par une main d’œuvre rurale travaillant à domicile. Les premiers ateliers mécanisés sont le plus souvent greffés à une filature existante. Rares sont ceux qui, comme celui de Transières des frères Hilzinger à Charleval, fonctionnent exclusivement comme tissage. En 1840, la vallée de l'Andelle compte 3 tissages mécaniques établis à Fleury-sur-Andelle et à Charleval qui totalisent 800 métiers et produisent annuellement 8 millions de mètres de calicot. Vingt ans plus tard, en 1860, ils sont au nombre de 6, implantés à Fleury, Charleval, Romilly, comptent 1 400 métiers et produisent annuellement 14 millions de mètres de calicot.

A partir des années 1860-70, sous l’impulsion de puissants patrons tels que Auguste Pouyer-Quertier, Adolphe Peynaud, Charles Levavasseur... un phénomène de concentration s’opère dans l'industrie cotonnière. Les établissements sont moins nombreux mais plus grands, entièrement mécanisés et associent systématiquement filature et tissage. Malgré quelques ruptures, l’industrie cotonnière progresse jusqu’à la Grande Guerre, puis entame une longue période de décroissance. La dernière filature de la vallée, l’usine du Pont des Jardins à Charleval, reconvertie au travail du lin, a fermé en 2003.

Enfin, l'activité linière, dédiée exclusivement la préparation des fibres, est également présente dans le bassin de l'Andelle, notamment sur les rivières de la Lieure et du Fouillebroc. Mais, contrairement au travail de la laine et du coton, elle s'y développe de façon tardive, à partir des années 1930, suite à la mise en place d’un système de primes gouvernementales qui va relancer sur le territoire tout à la fois la culture et l’industrie linière (rouissage et teillage) alors que l'une et l'autre avaient quasiment disparu au début du siècle face à l'importation massive de lins russes. Les nouvelles usines de rouissage et de teillage qui s'implantent dans le bassin de l'Andelle, et dénommée localement "lineries", réutilisent généralement des sites hydrauliques délaissés. C'est le cas de la linerie fondée en 1940 par Georges Opsomer à Ménesqueville qui s'installe sur le site d'une ancienne scierie qui était à l'origine une filature de coton. Le développement de l'activité La rivière offre à ces établissements, non pas l'énergie permettant d'entrainer des moteurs hydrauliques, mais les grandes quantités d'eau nécessaires aux opérations de rouissage et de teillage. Ne subsiste aujourd'hui que les ateliers de la coopérative linière de Lisors comme témoignage bâti de cette activité passée.

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle, 18e siècle, 19e siècle, 20e siècle
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Guéroult François
      Guéroult François

      Architecte rouennais, François Guéroult réalise en 1776 le premier théâtre des arts de Rouen (détruit par un incendie peu après son inauguration) qui était situé à l'emplacement des actuelles rues Grand-Pont et Charrettes.

      En 1785, il fait construire à Louviers une tante filature de lature de laine (dite La Mécanique) pour la famille Defontenay.

      En 1792, il est le maître d’œuvre de la première filature de coton hydraulique de la vallée de l'Andelle qu'il bâtit pour lui même à Fontaine-Guérard (Pont-Saint-Pierre).

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      architecte, auteur commanditaire attribution par source
    • Personnalité :
      Levavasseur Charles
      Levavasseur Charles

      Fils du baron Jacques Levavasseur, négociant armateur et filateur rouennais, anobli en 1815.

      Marié en 1834.

      A la mort de son père en 1841, il hérite d’une fortune considérable et de la filature de Radepont (son frère ainé James du titre de baron et des filatures de Rouen et du Cailly)

      L’industriel : 2er filateur normand sous le 2nd Empire

      Radepont : Filature acquise par son père le baron JL en 1822. A la mort de son père en 1842 en devient propriétaire.

      Pont-Saint-Pierre : Filature (1860-1874) – 72 000 broches

      L’homme politique :

      -Député de Dieppe en 1842, de Rouen de 1846 à 1857

      -Conseiller général de l’Eure

      Profondément libéral : grande modération vis-à-vis du traité franco-britannique de 1860.

      Le 12 janvier 1859, le baron Jacques Levavasseur est décoré de la croix de Chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur. Sur sa demande manuscrite il se dit « …armateur et industriel à Rouen…membre de la chambre de commerce, ancien juge au tribunal de commerce, administrateur de la Banque, Consul de Hambourg, membre du Conseil municipal de Rouen et du Conseil général de la Seine-Inférieure… »

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      personnage célèbre, propriétaire attribution par source
    • Personnalité :
      Peynaud Adolphe
      Peynaud Adolphe

      L’industriel :

      Dirige en qualité d'exploitant puis de propriétaire la filature et tissage les Jumelles à Fleury-sur-Andelle (27) à partir de 1837 - en association avec MM. Stroelin et Lecomte.

      Fondateur d'une filature de 12 000 broches à Radepont (27) en 1842 - en association avec MM. Stroelin et Lecomte.

      Fondateur la filature et tissage du Pont des Jardins à Charleval (27) en 1845.

      Fondateur de la filature Saint-Georges à Romilly-sur-Andelle (27) en 1853.

      Fondateur de la filature établie rue Neuve à Romilly-sur-Andelle (27) en 1855.

      Introduit en 1847 des métiers anglais qu’il perfectionne et pour lesquels il dépose un brevet en 1851.

      Le notable :

      -Maire de Fleuy-sur-Andelle de 1844 à 1853.

      -Étant également architecte, il équipe sa commune d’un presbytère, d’une école communale et d’une mairie, d’un asile et d’un bureau de bienfaisance dont il signe les plans.

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      personnage célèbre, propriétaire
    • Personnalité :
      Pouyer-Quertier Augustin-Thomas
      Pouyer-Quertier Augustin-Thomas

      Marié en 1847 à Blanche Delamare (fille d’un négociant rouennais)

      L’influence britannique :

      Après son instruction secondaire au collège royal de Rouen en section mathématiques préparatoires, il passe trois ans en Angleterre pour compléter ses connaissance théoriques par des études pratiques. C’est là qu’il apprendra les techniques de l’industrie textile mécanique.

      L’industriel : 1er filateur normand sous le 2nd Empire

      Exploite puis rachète les usines suivantes :

      Fleury-sur-Andelle : - filature de Saint-Victor

      Perruel : - filature la Rouge (15 000 broches avec renvideurs modernes) dans les années 1860.

      Petit-Quevilly : - rachat de la filature de lin la foudre en 1859 qu’il transforme un complexe cotonnier de 56 000 broches avec tissage.

      1864 : élabore un règlement concernant l’écoulement des eaux de l’Andelle afin que les filatures et tissages fonctionnent avec régularité.

      Ultra protectionniste : il est très opposé au traité franco-britannique de 1860 : traité de libre échange qui offrait à l’Angleterre le débouché français à ses produits manufacturés, moins chers que ceux fabriqués en France au moment où la guerre de Sécession générait, suite au blocus des états cotonniers du sud, une pénurie de matière première.

      De 1866 à 1891 : est le président du syndicat des usiniers de l'Andelle

      L’homme politique :

      - Conseiller général de l’Eure dès 1852

      - Maire de Fleury-sur-Andelle de 1854 à sa mort en 1891

      - Député de Seine-Inférieure de1857 à 1869

      - Ministre des finances de Thiers le 25 février 1871, il prit part aux négociations du traité de Francfort avec Bismarck

      - Sénateur de Seine Inférieur de 1871 à 1891

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      personnage célèbre, propriétaire

Les usines textiles du bassin de l’Andelle relèvent de deux typologies architecturales distinctes, l’une fonctionnaliste, l’autre rationaliste.

La première réunit toutes les usines se présentant sous la forme de bâtiments à étages, à ossature poteaux-poutres (en bois ou en fonte) et dotées de façades largement vitrées. Cette morphologie fonctionnaliste est conditionnée par la nécessité d’optimiser l’éclairage naturel des ateliers (la lumière étant un élément essentiel dans l’activité textile) mais aussi par le système de transmission de l’énergie à l’intérieur de l’usine.

La seconde réunit les bâtiments couverts en shed qui sont des espaces unifiés à trame constructive régulière sur plan libre, généralement construits en rez-de-chaussée. Le principe de la toiture en shed repose sur des pentes de degrés inégaux, l’une aveugle, l’autre vitrée et généralement orientée au nord. Ce système d’éclairage zénithal, inventé dans les années 1820 par l’ingénieur britannique William Fairburn, permet d’apporter de la lumière au centre d’un atelier quel que soit sa surface au sol. Les premières usines en shed apparaissent en France dans les années 1850 et se généralisent dans les années 1870, lorsque le prix du verre diminue avec l'augmentation de sa production industrielle.

Malgré les principes d’utilitarisme et d’économie prônés par les théoriciens de l’architecture au XIXe siècle, certaines usines n’échappent pas à l'ostentation. C’est le cas de la filature-cathédrale de Pont-Saint-Pierre bâtie par le grand patron et homme politique Charles Levavasseur. Ici, le souci esthétique qui se manifeste dans le traitement des façades, sans modifier l’organisation fonctionnelle de l’espace intérieur, rend compte de la double fonction que peut revêtir l’usine. A la celle de production, s'ajoute alors une fonction symbolique de représentation du pouvoir politique ou économique. L’usine n’est plus seulement un outil de production, elle est le symbole de l’industrie triomphante et prospère, l’emblème de la puissance de son propriétaire.

  • Toits

Documents d'archives

  • AD Eure. Série M ; Sous-série 1 M : 1 M 301. Coalition des ouvriers de la vallée de l’Andelle en 1836.

    Extrait du rapport sur une espèce de coalition des ouvriers imprimeurs et des ouvriers des fabriques d'indiennes de la vallée d'Andelle [suite à l'introduction de la perrotine] par Beaugrand lieutenant de gendarmerie des Andelys, 23 mai 1836.
  • AD Eure. Série M. Sous-série 1 M : 1 M 246. Agitation sociale dans la vallée de l’Andelle 1848.

    Situation de l'industrie textile durant la crise de 1848.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 9 M : 9 M 3. Enquêtes administratives et industrielles (1837-1881).

    Enquête industrielle 1866 : nombre d’habitants par commune et nombre d’ouvrier du textile par commune.
  • AD Eure. Série M. Sous-série 6 M : 6 M 1243. Statistiques commerciale et industrielle (1859-1880).

    Liste des filatures en activité [sur l'Andelle -de Perruel à Romilly- et sur la Lieure] en 1869.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 10 M : 10 M 22. Travail des enfants dans les usines (1841-1938).

    Rapport de l'ingénieur des Mines sur la travail des enfants dans les filatures [de laine et de coton] de la commune de Pont-Saint-Pierre, 8 décembre 1869.

Bibliographie

  • VILLERME, Louis-René. Tableau de l'état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie. Paris, 2 vol., 1840, 451 p.

  • BN Paris-Richelieu-Louvois. O 600. Enquête industrielle, 1847.

  • PASSY, Louis. Rapport sur le progrès de l'Agriculture et de l'Industrie dans l'arrondissement des Andelys. 1862.

    p. 61-75
  • Chambre de Commerce de Rouen. Exposé de la situation des industries du coton et des produits chimiques dans la Seine-Inférieure & l'Eure, 1859-1869. Rouen, Impr. Ch.-F. Lapierre, 1869.

  • DUCHEMIN, Pierre. La baronnie de Pont-Saint-Pierre. Gisors : Imprimerie typographique de "l'Echo républicain", 1894. 269 p.

    Chapitre VI. Les moulins à foulon- Le règlement de la rivière Andelle (1757)
  • COMMEAU, F. La crise des industries textiles de la vallée de l’Andelle. Mémoire de stage de l’ENA. 1952.

  • MALEZIEUX Jacques. Le lin en France. In : L'information géographique, volume 27, n°2, 1963. pp. 47-59.

  • WETZEL, Lise. Les enfants à l’usine : le témoignage d’une ouvrière de filature au début du siècle. Actes du XVIe congrès des sociétés historiques et archéologiques de Normandie, 1984.

    p. 299-313
  • LECOEUR, Eric. Moulins et usines de la vallée de l'Andelle : recherches d'histoire et d’archéologie industrielle, 1780-1880. Thèse sous la dir de Jean-Pierre Chaline. Université de Rouen, 1989.

  • BARJOT, Dominique (Dir.). Les patrons du Second empire. Anjou, Normandie, Maine. Paris : Picard, 1991. 255 p.

  • CHASSAGNE, Serge. Le coton et ses patrons. France, 1760-1840. Paris : EHESS, 1992.

  • TAUPIN, Robert. Moulins et usines à Charleval. 1997.

  • BECCHIA, Alain (dir). La draperie d'Elbeuf (des origine à 1870). PUR : Rennes, 2004. 544 p.

  • DORE, Mylène. Quand les toiles racontent des histoires – les toiles d’ameublement normandes au XIXe siècle. Rouen : Ed. des Falaises, 2007, 247 p.

  • CATHERINE, Éric. Balade au fil de l'eau. À la rencontre des moulins. Filatures et fonderies de la vallée de l'Andelle. Éditions Mémoires et Cultures, 2009. 143 p.

  • REAL, Emmanuelle. La filature Levavasseur, une cathédrale de l'industrie unique en France. Note de service illustrée, 2018.

Périodiques

  • VIDALENC, Jean. Quelques témoignages sur les Pays de la forêt de Lyons et de la vallée de l’Andelle dans la première moitié du 19e siècle. Etudes Normandes, n° 2, 1980.

  • BELHOSTE, Jean-François. L'Andelle, une grande vallée textile normande. L'archéologie industrielle en France, 2008, n°53.

Documents multimédia

  • REAL Emmanuelle, COUCHAUX Denis, Kollmann Christophe. L'Andelle industrielle. Exposition itinérante du service Patrimoines, Région Normandie, 2018.

Annexes

  • Situataion des fabriques d'indiennes de la vallée de l'Andelle en 1836 [suite à l'introduction de la perrotine] (AD Eure. 1 M 301).
  • Situation de l'industrie textile de la vallée de l'Andelle durant la crise de mai-juin 1848 (AD Eure. 1 M 246).
  • Liste des filatures en activité [sur l'Andelle -de Perruel à Romilly- et sur la Lieure] en 1869 (AD Eure. 6 M 1243).
  • Enquête industrielle 1866 : Nombre d’habitants par commune et nombre d’ouvriers du textile par commune [sachant que tous les industriels n’ont pas répondu à l’enquête et que les ouvriers travaillant hors du secteur textile ne sont pas comptabilisés] (AD Eure. 9 M 3).
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Normandie - Inventaire général
Real Emmanuelle
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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