Dossier collectif IA50001654 | Réalisé par
Allavena Stéphane
Allavena Stéphane

Chercheur (Conservateur du patrimoine) à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 2005 à 2012, en charge de l'étude sur la ville de Cherbourg-Octeville (Manche).

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  • inventaire topographique, Cherbourg-Octeville
les maisons de Cherbourg-Octeville
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  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison
  • Aires d'études
    Cherbourg-Octeville
  • Adresse
    • Commune : Cherbourg-Octeville

Les plus anciennes maisons de la ville remontent au XVIe siècle. Leur nombre semble relativement peu important jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, la majorité de la population résidant dans de petits immeubles collectifs, comme le confirment les registres de distribution du sel dont les données comptabilisent, à partir du XVIIIe siècle, le nombre de foyers par édifice.

Ce n’est donc qu’au début du XIXe siècle, sous l’effet de la croissance démographique, que l’architecture pavillonnaire connaît une véritable expansion. Continue jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale, celle-ci connaît, entre 1880 et 1914, un véritable pic. A Cherbourg, comme dans les autres communes du territoire national, cette architecture se développe à la périphérie de la ville, à l’ouest dans le quartier dit de la Bucaille, sur des terrains occupés à l’origine par des pièces de terre, au sud, dans le quartier du faubourg, sur les hauteurs de l’ancienne chapelle Saint-Sauveur et de la Butte Fauconnière, ainsi qu’à l’est, dans le quartier du Val de Saire, où se concentre un important habitat ouvrier. La plupart de ces maisons sont l’oeuvre d’entrepreneurs qui n’ont pas laissé de nom. Néanmoins, à partir du dernier quart du XIXe siècle, certaines d’entre elles sont l’oeuvre d’architectes locaux qui prennent soin d’indiquer leur nom et qualités sur une plaque tels Gaston Drancey (1823-1910), René Levavasseur (1881-1962) ou encore René Levesque (1873-1948).

Les commanditaires, dont les initiales figurent fréquemment dans les maisons de notables sur la clef d'une plate-bande ou d'un arc de la porte d’entrée ou bien sur l’une des faces de la souche de cheminée, appartiennent à un univers relativement hétéroclite. La bourgeoisie libérale, commerçants, notaires, avocats et médecins, forme le groupe le plus important aux côtés des officiers, sous-officiers, conducteurs de travaux, dessinateurs et ingénieurs de l’arsenal. Ces derniers, bien qu’ils soient plus souvent locataires que propriétaires en raison du caractère éphémère de leur présence, choisissent de bâtir dans la partie occidentale de la ville, dans le quartier de la Bucaille, proche du port militaire. C’est le cas du lieutenant de vaisseau Edouard-Adolphe Picot, maître d’ouvrage en 1876 de la maison située au 57, rue de Montebello (IA50001408), du capitaine de vaisseau Jules-Joseph Lefèvre qui s’établit en 1894 au 48, rue de la Bucaille (IA50001515) ou encore du capitaine Picard, installé autour de 1900, au 14 rue du maréchal Leclerc (IA50001434).

En dépit de quelques créations remarquables, signées René Levavasseur ou René Levesque, le phénomène pavillonnaire connaît, après la Première guerre mondiale, un certain déclin, au profit de l’habitat collectif et des cités dont les créations sont encouragées par les lois sur le logement social (loi Bonnevay en 1912 et Loucheur en 1928).

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle
    • Principale : 20e siècle
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Drancey Gaston
      Drancey Gaston

      Gaston Drancey débute sa carrière en 1875. Architecte de la ville de Cherbourg de 1879 à 1883, il la clôture en 1907. Il est l'auteur de plusieurs maisons à Cherbourg, à la Butte-Fauconnière (6 et 8 rue du Roule et 4bis allée Marguerite), 2 de la rue Sébastopol, 41 rue de l'Alma, 3 quai Lawton Collins et 40 rue Aristide-Briand. Il est le père de René Drancey, également architecte.

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    • Auteur :
      Drancey René-Charles-Louis
      Drancey René-Charles-Louis

      Né à Cherbourg le 24 mai 1876, décédé le 12 juillet 1958, René-Charles-Louis Drancey est le fils de l'architecte Gaston Drancey et descend par sa mère d'une célèbre famille d'artistes cherbourgeois, les Fréset. Nommé à la direction technique du domaine communal, il y montre, comme le rapporte Michel Leloutre dans sa notice nécrologique (Mémoires de la Société nationale académique de Cherbourg, vol. XXVI, 1961, pp. 9-10), « des qualités de mesure, d'intelligence et de goût qui étaient la marque de cet homme modeste dont la haute conscience professionnelle s'alliait aux dons de l'artiste ». Le 3 avril 1946, il devient membre titulaire de la Société nationale académique de Cherbourg. Dans cette même ville, il réalise le stade municipal en béton armé Hennebique (18 rue Pierre-de-Coubertin, 1931-1934) et l'hôtel rénové de la Caisse d'épargne de la rue Guillaume-Fouace. Avec Alphonse Ravous, architecte ingénieur chez Hennebique, il édifie les cuves à cidre de la Société coopérative La Fraternelle (1908-1913).

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    • Auteur :
      Levesque René
      Levesque René

      René Levesque est l'auteur de l'hôtel de ville, de la gendarmerie, du bureau de poste, de l'usine à gaz, de l'école de garçons et du vélodrome d'Equeurdreville, de deux cliniques (docteur Ardouin et docteur Viel), de la chapelle de l'institut Saint-Paul, de la cité dite des Trente-Deux Logements (rue du docteur Carré), d'une maison Art Déco (44 rue du Val-de-Saire), de la villa Pâquerette (125bis rue Émile Zola) et de l'agrandissement de l'hôte du vice-amiral Lecannelier) à Cherbourg, de l'agrandissement de l'hôtel Millet à Landemer, de plusieurs écoles et salles des fêtes à Portbail, Néhou, Vindefontaine, La Haye-du-Puits, Saint--Sauveur-le-Vicomte, Saint-Lô et Tourlaville. Il intervient également sur les églises de Nacqueville, Saint-Laurent de Tocqueville, Notre-Dame de Cretteville (rénovations) et Saint-Joseph-des-Mielles à Tourlaville (construction).

      Concernant les sources conservées aux archives départementales de la Manche, voir le Portail européen des archives (consulté le 08/03/2017) :

      URL : https://www.archivesportaleurope.net/ead-display/-/ead/pl/aicode/FR-FRAD050/type/fa/id/FRAD050_00690.

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    • Auteur :
      Levavasseur René
      Levavasseur René

      Architecte dont les constructions se concentrent à Cherbourg et dans le Cotentin. Source :Site internet Academic consulté le 08/03/2017, URL : http://fr.academic.ru/dic.nsf/frwiki/1425610.

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Les premières maisons d’Ancien Régime s’apparentent à des habitations de taille modeste, construites à l’aide de matériaux prélevés dans les carrières locales. Le gros-œuvre ainsi que la toiture sont en schiste bleu-vert, pierre extraite de la carrière des Fourches, tandis que le chambranle des fenêtres et des portes est constitué, soit de blocs de grès quartzeux, issus des carrières du Roule, soit de pierres calcaires apportées de Valognes. La largeur des maisons ne dépasse pas trois travées et la hauteur des élévations se limite le plus souvent à un étage (IA50001448, IA50001465, IA50001430). Le profil de cet habitat connaît au XIXe siècle d’importantes évolutions. A l’utilisation du schiste et de la pierre calcaire, dont certaines façades sont entièrement recouvertes (IA50001523), s’ajoutent l’usage du granite pour les fondations ainsi que de la brique pour le gros-œuvre comme pour l’encadrement des ouvertures (IA50001537, IA50001555).

Au plan symétrique et aux toitures à deux pans, caractéristiques de la période classique, succèdent des distributions asymétriques, où le couloir de distribution est rejeté sur l’un des côtés de la demeure, de nouvelles formes d’ouvertures (baies carrées, géminées ou triples, fenêtres à meneau, lucarnes à gable, bow-windows) ainsi que des toitures plus complexes qui privilégient le toit à pan brisé ou le toit en pavillon.

Deux modèles de maisons s’imposent alors : les maisons jointes, individuelles ou en série, qui poursuivent la tradition de l’habitat contigu, aligné et accolé, et les maisons entourées par un jardin. Parmi ces dernières, les plus luxueuses disposent d’un jardin d’hiver en résille de métal, d’une écurie et de remises disposées le plus souvent en fond de parcelle, ainsi que d’un pavillon de concierge placé à l’entrée de la propriété. Les premières, de loin les plus nombreuses, se développent en bordure de l’ancien quartier intramuros, les secondes s’établissent dans des zones plus périphériques, sur les hauteurs de la ville, telle la villa Pâquerette (IA50001538) ou encore à proximité de la colline du Roule comme la maison Saint-Michel (IA50001508).

Si les maisons ouvrières présentent une certaine uniformité de traitement (façade à un étage et deux travées, élaboration du gros-œuvre en brique et pierre), il n’en est pas de même pour les demeures de notables qui offrent une assez grande variété d’exécution.

Aux côtés du genre vernaculaire, dont les tenants privilégient le plan cubique, les matériaux issus des carrières voisines ainsi qu’une ornementation minimale (IA50001575, IA50001502, IA50001461), d’autres styles s’affirment en effet au cours de cette période : style néogothique (maison dite de la Butte Fauconnière IA50001558, maison du commerçant Jean Maillard IA50001555, maison Yvon IA50001452), style néorenaissance (maison du ferblantier Pierre-François Richard IA50001537, maison dite villa La Lointaine IA50001543, maison du marchand de pierres Aimé Saillenfest IA50001583), style néoclassique, ce dernier contenant des références à l’architecture du XVIIe siècle (maison du capitaine Jules-Joseph Lefèvre IA50001515, maison de l’industriel Joseph Noyon IA50001469, maison du docteur Turbert IA50001418) comme à l’architecture du XVIIIe siècle (maison de la veuve Villemot IA50001514).

Le début du XXe siècle est marqué par l’apparition de demeures inspirées par la mode de l’Art Nouveau, ce dont témoignent les maisons jumelles du 7,7bis rue du vice-amiral Lecannelier (IA50001520) ainsi que la maison du 53 rue Montebello (IA50001407). Enfin, sous l’influence du Mouvement moderne, les périodes de l’entre-deux-guerres et de la Reconstruction se caractérisent par l’usage généralisé du béton, un goût pour des lignes géométriques et un décor épuré qui s’affranchit des modèles classiques. Les maisons situées au 18, place de la République (IA50001468) et au 36bis rue Victor Asselin (maison Sottile IA50001463), signées René Levavasseur, celle du 51 rue Albert Mahieu réalisée en 1927 par René-Charles-Louis Drancey (IA50001471) ainsi que la maison du 44, rue du Val de Saire bâtie par René Levesque (maison Neel IA50001616), en sont les plus beaux exemples.

A noter qu'aucune des maisons de Cherbourg-Octeville ne fait l'objet d'une protection. Les deux maisons situées au 7, 7 bis rue du vice-amiral Lecannelier sont les seules à avoir reçu le label XXe siècle (IA50001520). Plusieurs maisons conservent encore un décor extérieur (sculpture, ferronnerie), voire intérieur (peinture, sculpture, vitrail, menuiserie), contemporain de leur construction.

  • Toits
    ardoise, schiste en couverture, tuile
  • Murs
    • schiste moellon enduit
    • calcaire pierre de taille
    • grès pierre de taille
    • brique
    • béton
  • Décompte des œuvres
    • repérées 1 144
    • étudiées 111
Date(s) d'enquête : 2006; Date(s) de rédaction : 2010
(c) Région Normandie - Inventaire général
Allavena Stéphane
Allavena Stéphane

Chercheur (Conservateur du patrimoine) à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 2005 à 2012, en charge de l'étude sur la ville de Cherbourg-Octeville (Manche).

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