Profitant de la chute d'eau des deux moulins désaffectés de la Fouillerie, respectivement équipés d'une et de deux roues en 1829, une filature de coton est établie en 1858 par Gustave Leguay. Celui-ci bénéficie de l'appui financier de son beau-père, le filateur falaisien Jean-Jacques Lebaillif. Agrandie en 1860, la filature dispose de 7 000 broches actionnées par 120 ouvriers et entraînées par une machine à vapeur de 36 CV dotée de deux chaudières, autorisées en date du 30 mars et livrées par les établissements Powell de Rouen. Deux ans plus tard, le nombre de broches est porté à 13 680, puis à 14 600 en 1869 ; l'équipement est alors complété par 3 batteurs, 12 laminoirs, 17 frotteurs et 20 dévidoirs. A cette période, est mise en place une turbine hydraulique (système Fontaine-Baron, modification Brault et Béthouart) développant 80 CV. L'usine est gravement endommagée par un incendie dans la nuit du 16 au 17 avril 1870, ce sinistre mettant au chômage 160 ouvriers. Reconstruits en 1878, puis laissés sans affectation, les bâtiments sont cédés vers 1891 à Eugène et Gustave Pernelle. Ces derniers, exploitants d'un tissage mécanique à Saint-Marc-d'Ouilly, font construire un établissement similaire mis en activité en 1896, auquel ils adjoignent une teinturerie. Le site fait l'objet d'un règlement d'eau par arrêté préfectoral du 26 juillet 1893, révisé le 24 août 1900 - au moment du changement de la turbine hydraulique -, puis le 11 août 1903.
Onze ans plus tard, la Société générale des filatures et tissages de Flers (SGFTF) acquiert l'usine et ses 374 métiers de marque Rüti (Suisse) et Diederichs (Isère, 37, Bourgoin-Jallieu) ; une centaine d'autres sont comptabilisés en 1939, dont 72 automatiques acquis d'occasion (en 1922 pour ceux de marque Rüti et en 1935 pour les Ateliers des Vosges). Ils sont mis en mouvement par une machine à vapeur de 500 CV Dujardin installée en 1924, complétée par deux turbines hydrauliques développant 250 à 300 CV. Principalement alimenté par la filature du Bateau (IA00060892), située sur la commune voisine du Ménil-Hubert-sur-Orne (Orne), le tissage produit notamment des Vichy et Zéphyr pour tabliers et vêtements de travail en coton, fibranne et rayonne. La SGFTF fait édifier des logements, une cantine, puis une chapelle et une pouponnière en 1930, dont peuvent bénéficier 259 salariés en 1938, 114 en 1944, 192 en 1946. Après la Deuxième Guerre mondiale, certains éléments des machines sont renouvelés et une maison de gardien-infirmerie édifiée à l'entrée de l'usine, sous la direction des architectes flériens R. Bernachin et J.A. Foucherot.
En 1969, la SGFTF s'associe au groupe Dollfus-Mieg & Compagnie (DMC), qui devient actionnaire majoritaire deux ans plus tard, la société prenant le nom des "Tissages de Flers" en 1973. Le tissage de la Fouillerie produit annuellement 1 320 tonnes de tissus au moyen de 128 machines à tisser (Saurer, Suisse), de 8 canetières (Schaerer), 6 bobinoirs, 1 encolleuse et 2 ourdissoirs. La teinturerie est quant à elle dotée de 5 machines à teindre et de 3 séchoirs, tous de marque Obermaier. Seule cette dernière reste en 1979 propriété de DMC, qui cède le tissage à Guy Fromion et Louis Verrier, fondateurs de la société "Tissage de Pont des Vers". Celle-ci emploie 45 personnes et dispose de 90 machines à tisser (Diederichs, Saurer) et de 7 retordeuses (Hamel) en 1988. Son dépôt de bilan le 21 janvier 1991 aboutit à la fermeture définitive de l'usine en 1993 (les machines ont été vendues aux enchères le 1er avril).