Dossier d’œuvre architecture IA14000980 | Réalisé par
Lecherbonnier Yannick
Lecherbonnier Yannick

Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 1982 à 2001. Spécialité : patrimoine industriel. Chef du service Régional de l'Inventaire de Basse-Normandie de 2001 à 2016, puis de Normandie jusqu'en 2018.

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Dupont Stéphanie
Dupont Stéphanie

Chercheuse à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie, puis de Normandie, depuis 2010. Spécialité : patrimoine industriel, co-référente du Label "Patrimoine de la Reconstruction en Normandie".

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel de l'arrondissement de Caen
filature de coton et usine d'ouate
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Calvados - Thury-Harcourt
  • Hydrographies l' Orne
  • Commune Saint-Rémy
  • Lieu-dit l' Usine
  • Adresse rue de l'Orne
  • Cadastre 2014 AE 59, 62
  • Dénominations
    filature, usine d'ouate
  • Précision dénomination
    filature de coton
  • Parties constituantes non étudiées
    canal, atelier de fabrication, chaufferie, cheminée d'usine, château d'eau, magasin industriel, logement patronal

Filateur à Clécy, Désiré Noget, fait construire en 1856 une filature de coton, réglementée par arrêté préfectoral du 25 juillet (modifié par arrêtés des 8 août 1883 et 20 juin 1902). Il profite alors de la force hydraulique de la retenue du moulin d'Infernay situé sur Saint-Lambert. Comptant 7 000 broches et disposant d'une force hydraulique de 150 CV et deux machines à vapeur de 110 CV en 1860, l'usine est reprise par le Condéen Isidore Froger, qui entreprend deux ans plus tard la construction d'un logement. Plusieurs fois agrandie, elle est équipée en 1869 de deux batteurs, de trente-et-une cardes, de six laminoirs et de vingt-et-un métiers de plus de 9 300 broches, actionnés par 46 ouvriers. Passée aux enfants d'Isidore Froger, Edouard, Isidore, Adèle et Marie, elle fournit à partir de 1875 l'Assistance publique de Paris en coton cardé. En 1884, un nouvel atelier est affecté à la production de cotons, d'étoupes et de gazes ainsi qu'à la préparation de pansements antiseptiques selon les procédés prescrits par Weber et Thomas, médecin et pharmacien militaires. Primée à l'Exposition universelle de 1889 et bénéficiant d'une commande du ministère de la Guerre, la société consacre d'importants investissements à l'édification de nouveaux ateliers et à la formation de plus de 250 ouvriers. Ainsi en 1894, sont produits coton cardé à usage chirurgical, coton absorbant ou hydrophile (à raison de 3 000 kg par semaine), étoupes purifiées, ramie, tarlatane, divers tissus et accessoires (drains, soies à ligature...). L'installation, cette même année, d'une étuve par la société Geneste et Herscher permet la fabrication de pansements stérilisés par vapeur sous pression. Une partie de la marchandise est conditionnée sous forme de paquets individuels, en paquets pour soldats, ou en sachets. A la suite du décès d'Edouard Froger en 1891, l'époux d'Adèle, Léon Gosselin, intègre l'entreprise ; la société en nom collectif "Froger et Gosselin" est constituée le 2 novembre 1895. La production, réalisée par 350 ouvriers, est portée à 350 000 kg de cotons cinq ans plus tard. Exportée en Belgique, en Turquie et en Amérique du Sud, elle est destinée exclusivement à l'Etat français lors de la Première Guerre mondiale. Cette forte période d'activité nécessite l'embauche de 300 ouvriers supplémentaires pour assurer les commandes, auxquelles un outillage moderne de marque française entraîné par une turbine hydraulique suisse de 150 CV et une machine à vapeur française de 400 CV permet de répondre. En 1921, la société prend le nom de "Froger, Gosselin et fils" avec l'arrivée au capital de Jean Gosselin. Abandonnant le filage de coton en 1923, elle renouvelle entièrement le matériel de l'usine de pansements. A cette période, Jean Gosselin fait appel à l'architecte caennais Marcel Aumasson pour apporter un aspect néo-normand au logement patronal. Détentrice d'un nouveau contrat militaire en 1936, l'entreprise se distingue lors de la Deuxième Guerre mondiale par la production quotidienne de plus de 70 000 pansements en février 1940. Après-guerre, la société démarre la production de coton d'hygiène ; développant de nouveaux marchés vers l'Afrique, l'usine Froger-Gosselin se tourne dans les années 1980 vers le Moyen-Orient. Après avoir connu des difficultés économiques, elle emploie 8 personnes en 2013 et assure la production de cotons pour des grossistes industriels, des laboratoires et le secteur de la cosmétique, dont 70% sont consacrés à l'export.

Situés entre l'Orne et la rue de l'Orne, les bâtiments de l'usine d'ouate, en moellons de schiste, rassemblent ateliers de fabrication, magasins industriels, chaufferie, château d'eau et logement patronal, sur une superficie de 16 300 m2. Les ateliers de fabrication et les magasins, en rez-de-chaussée ou à un étage carré, sont couverts pour la plupart de toits à longs pans (deux reçoivent des toits en terrasse, celui de construction plus récente un toit bombé éclairé par un lanterneau). Les ouvertures et chaînages d'angle de certains bâtiments, dont la chaufferie, sont entourés de brique. Au centre de l'usine, un château d'eau en béton datant de 1931 s'élève sur quatre piliers. Le barrage alimentant les installations hydrauliques, dont l'utilisation a été arrêtée en 2004, a été détruit en 2012.

Le logement patronal, à un étage carré surmonté d'un étage en surcroît, a fait l'objet d'un rhabillage dans un style néo-normand avec l'application sur sa façade est et ses pignons d'un faux pan de bois enduit et le remplacement d'une toiture à longs pans par une toiture complexe à longs pans, demi-croupes et pavillons en tuile plate, percée de lucarnes ornées de petits épis de faîtage. Sur la façade principale, un bandeau de briques marque le nez-de-planchers de l'étage à surcroît. Sa façade ouest, donnant sur les ateliers, n'a pas été modifiée.

  • Murs
    • schiste
    • béton
    • brique
    • schiste pan de bois enduit partiel
  • Toits
    ardoise, tuile mécanique, tôle ondulée, tôle nervurée, béton en couverture, tuile plate
  • Étages
    1 étage carré, étage en surcroît
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • terrasse
    • toit bombé lanterneau
    • toit à longs pans demi-croupe
    • toit en pavillon
  • Énergies
    • énergie hydraulique produite sur place
    • énergie thermique produite sur place turbine hydraulique
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Documents d'archives

  • AD Calvados. 8E 106/73. Etude notariale de maître Charles Ernest Gautier, Thury-Harcourt. Octobre-décembre 1895.

    Constitution de la société Froger-Gosselin et bail de location de l'usine à la société. 2 novembre 1895.
  • AD Calvados. 668 EDT 18/2. Saint-Rémy. Déclarations de constructions nouvelles. 1887-1972.

  • AD Calvados. M 8632. Statistiques générales de la France, incendies, sinistres agricoles, finances départementales, industrie minérale. 1852-1870.

    Tableau des établissements mettant en oeuvre la laine et le coton. 1869.
  • AD Calvados. M 8636. Commerce et industrie, statistique industrielle. 1856-1861.

  • AD Calvados. M 8637. Commerce et industrie, statistique industrielle. 1861-1865.

  • AD Calvados. 3P 6918. Saint-Rémy. Matrice cadastrale des propriétés bâties et non bâties. 1828-1913.

    Folio 476, augmentations/diminutions.
  • AD Calvados. 3P 6922. Saint-Rémy. Matrice cadastrale des propriétés bâties. 1881-1911.

    Cases 80, 87, 92, augmentations/diminutions.
  • AD Calvados. 3P 6923. Saint-Rémy. Matrice cadastrale des propriétés bâties. 1911-1932.

    Cases 77, 219.
  • AD Calvados. S 1135. Moulins et usines. Arrondissement de Caen. S.

    Saint-Rémy : usine Froger sur l'Orne.
  • AD Calvados. 923W 1145. Reconstruction. Dossier n°777. Saint-Rémy. Pansements Froger, Gosselin et fils (SARL).

  • AD Calvados. 1537W 63. Reconstruction. Saint-Rémy. Froger-Gosselin.

  • Centre des archives économiques et financières, Savigny-le-Temple. B-0015246/1. Fiscalité-Impositions liées à la Première Guerre mondiale. Loi du 1er juillet 1916. Dossiers individuels concernant la contribution extraordinaire sur les bénéfices de guerre 1914-1918 (classement par départements et par communes). Calvados.

  • Quelques oeuvres de Marcel Aumasson, architecte, Caen. Paris : L'Architecture de Notre Temps, [entre 1931 et 1938].

Bibliographie

  • ASSOCIATION FRANCAISE POUR L'AVANCEMENT DES SCIENCES. Caen et le Calvados : actes de la 23e session, août 1894. Caen : Imprimerie Ch. Valin, 1894. 642 p.

    p. 251-254.
  • MINISTERE DE LA GUERRE, COMITE CONSULTATIF D'ACTION ECONOMIQUE DE LA 3e REGION, SOUS-COMITE DU CALVADOS ; SCHEIKEVITCH, Antoine. Enquête sur la situation des industries dans le département du Calvados. Premier volume. Caen : Henri Delesques, Imprimeur-Editeur, 1918. XXI-370 p.

    Région Basse-Normandie - Inventaire général du patrimoine culturel, Caen
    p. 345-347.
  • MINISTERE DU COMMERCE, DE L’INDUSTRIE DES POSTES ET DES TELEGRAPHES. Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. Rapports du jury international. Groupe XVIII. - Armées de terre et de mer. Deuxième partie. Classes 117 à 121. Paris : Imprimerie nationale, 1903. [4]-518 p.

    p. 461-463, p. 508.
  • Annuaire technique régional – Calvados. Saint-Brieuc : Imprimerie Moderne, 1972.

    B 356 - Pansements Froger-Gosselin et fils.

Périodiques

  • LEROSIER, Jean-Jacques. Centenaire et familiale, l’entreprise Froger-Gosselin dépose le bilan : A Saint-Rémy le coton garde espoir. Ouest-France, 7 mars 1995.

  • LEROSIER, Jean-Jacques. Des usines ferment et trois cent cinquante emplois disparaissent : l’horreur industrielle sur Saint-Rémy. Ouest-France, 14 mars 1997.

  • La fabrique de coton de Saint-Rémy va fermer ses portes. La fin pour Froger-Gosselin. 7 mars 1997.

  • La société Pansements Froger-Gosselin et fils à Saint-Rémy (Calvados). Etudes et Travaux, n° 65, 1962-1963.

  • Le premier coup de pelleteuse donné au barrage Froger-Gosselin. Ouest-France, 10 juillet 2012.

  • Saint-Rémy : le coton a fait barrage. Ouest-France, 25 janvier 1995.

  • Sur les 113 salariés que compte Froger-Gosselin : 80 emplois menacés à Saint-Rémy. Ouest-France, 7 novembre 1996.

Date(s) d'enquête : 1997; Date(s) de rédaction : 2015
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Lecherbonnier Yannick
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