Sur le mur oriental, le Pardon de Ploërmel a été exécuté par Philippe-Marie-Émile-Chaperon d'après l'opéra-comique éponyme en trois actes composé par Giacomo Meyerbeer (1791–1864). Représentée pour la première fois le 4 avril 1859 à l'opéra Comique, cette œuvre raconte les malheurs de deux jeunes paysans bretons, Hoël et Dinorah, qui, sur le point de se marier, sont victimes des maléfices d'un sorcier. La scène est tirée du premier acte de cet opéra. Elle représente le moment où Dinorah, qui erre seule à la tombée de la nuit en compagnie de sa chèvre Bellah, est sur le point d'apparaître à son époux alors en fuite. L'action se situe dans un décor peuplé de chênes et d'herbes drues qui évoquent la lande bretonne. On distingue au second plan le profil d'un obélisque, surmonté par un calvaire, puis dans le fond, perché sur une colline, un étrange château baigné dans une lumière bleuâtre. La seconde composition, peinte par Auguste-Alfred Rubé, est tirée de Guillaume Tell, l'opéra en quatre actes de Gioacchino Rossini (1792–1868), joué à Paris pour la première fois le 3 août 1829. Adapté d'une œuvre du dramaturge allemand Friedrich Von Schiller composée en 1804, son livret narre les aventures d'un jeune mercenaire baptisé Guillaume qui parvient à réunir sous sa bannière la population des cantons suisses opprimée par la domination autrichienne. La toile peinte s'inspire du premier acte de cet opéra au cours duquel Guillaume accepte de sauver la vie du bûcheron Leuthold, accusé d'avoir assassiné un soldat de l'empereur qui cherchait à abuser de sa fille. La scène se déroule au cœur d'un vaste paysage alpin, peuplé de rocs et de sapins, dont l'organisation suit de très près les indications fournies par le livret pour le décor de ce premier acte. On y retrouve en effet sur la droite la maison de Guillaume Tell, simple chalet bordé par un escalier de pierres, le torrent de Schedental avec son pont de bois, les cabanes des paysans du village puis, en arrière-plan, une succession de montagnes enneigées qui évoquent les cimes du canton d'Uri. Ce tableau semble proche du décor de l'acte I du Guillaume Tell donné à l'opéra Garnier en 1880, exécuté par Rubé et Chaperon et conservé à la Bibliothèque nationale de France. Les deux tableaux exaltent les beautés et la grandeur de la nature. L'homme, réduit à une figure miniaturisée, y est dominé par les éléments et confronté à un environnement hostile où l'artiste s'est complu à multiplier les accidents du relief et la diversité des formes. Cette représentation d'une nature sauvage et bucolique, héritière du courant romantique, est associée dans le Pardon de Ploërmel à un goût pour l'étrange et le surnaturel qui n'est pas sans annoncer l'esthétique symboliste.