La Marine (ou La Digue) est représentée sous les traits d'une jeune femme dont l'attitude hiératique et martiale évoque pleinement le rôle défensif joué alors par le port militaire. Vêtue du costume des marins, chemise rayée et vareuse de couleur bleue, elle tient dans sa main droite le drapeau tricolore, dont l'étoffe flotte au vent, et dans sa main gauche une hache. Deux jeunes enfants sont à ses côtés : l'un, agenouillé, le torse nu, porte sur son épaule une ancre de marine et une corde, attributs traditionnels de la Marine, le second un mouchoir de couleur blanche. Les trois figures, le regard tourné vers le lointain, se tiennent sur un ouvrage de granite dont la silhouette évoque la fameuse digue du Large, commencée sous le règne de Louis XVI par Louis Alexandre de Cessart et l'officier Louis de la Labretonnière et achevée en 1853 par l'ingénieur des Ponts et Chaussées Joseph Bonnin. Exécutée dans une dominante de tons froids, rehaussée par les couleurs chaudes du vêtement de la figure centrale, la toile est traversée par un souffle impressionnant que suggèrent l'écume des flots qui vient battre sur le brise-lame, le bouillonnement des étoffes et le gonflement des chevelures. La signature de l'artiste figure au côté de l'écusson de la ville, au bas de la toile. La Campagne est personnifiée par une solide paysanne entourée de deux adolescents. Vêtue d'une chemise blanche et d'un sarrau de couleur jaune, porté par-dessus un vêtement aux tons sombres, la jeune femme, le sein nu, se tient face aux spectateurs, les pieds posés sur un socle quadrangulaire, où figurent les armes de la ville de Cherbourg et la signature du peintre. De son bras gauche, elle tient un panier en osier débordant de volailles et porte sur l'épaule droite une corbeille emplie de légumes. À ses côtés, un premier enfant s'apprête à cueillir une pomme tandis que le second brandit les symboles traditionnels de l'agriculture, gerbe de blé et faucille. Le groupe, intégré dans une composition triangulaire assez frontale, se détache d'un fond de paysage à l'horizon très bas, baigné dans une lumière vaporeuse.

G. Clairin 1882