Photographe à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie, puis de Normandie, depuis 2005.
- opération ponctuelle, Abbaye aux Dames de Caen
- (c) Région Normandie - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Caen - Caen-6
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Commune
Caen
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Adresse
place Reine Mathilde
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Emplacement dans l'édifice
salon, rez-de-chaussée, aile nord-est (Hôtel de Région)
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Dénominationstableau
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Titres
- Hôpital général de Caen, vue prise de l'intérieur du parc
Peint en 1834, d'après l'inscription portée au revers de la toile, le tableau représente l'ancienne abbaye aux Dames où la ville de Caen décide d'établir l'Hôtel-Dieu le 21 février 1821, d'où le titre donné sur le cartel, qui consacre la reconversion récente du site sauvé de l'abandon et de la ruine. A cette date, la communauté des religieuses de l'ordre des Augustins n'a pas encore aménagé en belvédère le tertre - figurant partiellement au premier plan de la composition - dont la terre recouvre, d'après les sources, les décombres amoncelés lors du chantier de reconstruction des bâtiments conventuels entrepris au siècle précédent. C'est ce point de vue en hauteur qui est ici choisi par le peintre d'origine lexovienne, Auguste Bonnel (ca. 1767 - Paris, 1838) qui, à l'instar de ses contemporains, "portraiture" la ville où il s'établit, rue Saint-Jean. Il lui permet de créer une composition originale bordée d'un côté, par les bâtiments du "nouvel" hôpital et ses jardins exposés au sud et s'ouvrant de l'autre, vers la ville qui s'étend à perte de vue. Brossé à grand trait - voire déformé comme la tour du transept de l'église qui s'étire exagérément - le monument n'est pas le seul sujet du tableau. Il vient structurer la composition, décrivant une ligne de fuite vers l'horizon, animée par une lumière diffuse. Selon une convention ancienne, la perspective atmosphérique se traduit par une gradation des couleurs, saturées de bruns et de verts au premier plan pour s'atténuer jusqu'à l'horizon bleui aux reliefs improbables. La cité, d'où émergent les clochers fuselés de Saint-Pierre et de Saint-Étienne, paraît incroyablement dense. Inédit, l'angle choisi confère à l’œuvre toute son originalité dont se saisiront quelques décennies plus tard les photographes. Cette vision paysagère d'un site monastique emblématique, qui s'affirme au sein de la cité dans ses nouvelles fonctions hospitalières, n'a pas l'ambition de l'exactitude topographique. Le souci de vraisemblance se pare ici des atours de l'esthétique pittoresque. Cette vision verdoyante, où la figure humaine est insignifiante, s'inscrit dans le courant romantique qui privilégie le coloris et les effets de lumière mis au service d'une composition équilibrée emprunte de sérénité.
Élu maire de la ville de Caen en 1810 et conseiller de préfecture de 1811 à 1851, Pierre-Aimé Lair (1769-1853) favorise les arts, en achetant des œuvres aux artistes implantés localement, et contribué à la fondation de la Société des antiquaires de Normandie. Il s'attache à les faire connaître en organisant, au titre de secrétaire perpétuel de la Société d'agriculture et de commerce, des expositions publiques des produits des arts du département du Calvados. Comme Philippe Deshayes, qui enseigne le dessin à Caen, Bonnel participe à l'exposition de 1834 dont le rapport mentionne "plusieurs vues de paysages entre lesquels on remarque la forêt de Fontainebleau. M. Bonnel met de l'harmonie et de la vigueur dans ses ouvrages ; ses ciels sont naturels et bien fondus". Le catalogue de l'exposition de 1834 mentionne sous le n°24 plusieurs représentations du quartier de Vaucelles, de l'église et du panorama depuis la chaussée. N'y figure pas en revanche le tableau de l'Hôpital général. Sous le n°271, l'artiste expose une vue de l'imprimerie d'Alexandre Le Roy, rue Notre-Dame, chargée d'éditer les catalogues et rapports d'exposition de la société royale d'agriculture et de commerce dès les années 1830.
Lair et Bonnel partagent un intérêt commun pour le patrimoine normand, en particulier de la ville de Caen dont l'érudit fut un ardent défenseur et promoteur. Sa collection recèle plusieurs tableaux de l'artiste notamment une Vue prise du coteau de M. Leblond à Montaigu (1833, collection privée, 38 x 54 cm). Du fait des liens entre les deux hommes, on peut supposer que le tableau de l'Hôpital général résulte d'une commande du collectionneur désireux de fournir un pendant au tableau de Philippe Deshayes, peut-être acquis de longue date, qui représente le même monument emblématique de la ville de Caen sous l'Empire. Les deux tableaux, au format très proche, possèdent un cadre identique, sans doute réalisé à la demande de Lair lors de l'acquisition du tableau de Bonnel en 1834, qui constitue une preuve tangible de leur même provenance, bien que l'inscription portée au revers de la toile ne mentionne pas la propriété de Lair contrairement à celle du tableau de Deshayes. Bonnel, comme Deshayes son aîné, appartient au cercle artistique et érudit de cette personnalité incontournable de la bourgeoisie caennaise que fut Lair dans la première moitié du 19e siècle.
Le tableau (Inv. 1246) a été acquis par la Région Basse-Normandie le 24 février 1992 auprès de Henri Métais, expert d'art agréé (Rouen) pour un montant de 45 000 francs (6 860 euros) en même temps que le tableau de Philippe Deshayes (Vue de l'abbaye aux Dames, prise des prairies Saint-Gilles, 1807) vendu en pendant. Le statut juridique de l’œuvre, comme celle de Deshayes, doit être clarifié.
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Période(s)
- Principale : 2e quart 19e siècle
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Dates
- 1834, porte la date
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Lieu d'exécutionCommune : 14, Caen
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Auteur(s)
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Auteur :
Bonnel AugustepeintreBonnel Auguste
Né vers 1767 à Lisieux, Auguste Bonnel peint de nombreuses vues de la ville de Caen et de sites normands (Falaise, Mortain, Martilly). Il présente ses œuvres tant dans la ville bas-normande, aux expositions organisées par la société d'agriculture et de commerce, qu'à Paris, au Salon. Le philanthrope PIerre-Aimé Lair en a acquis plusieurs qu'il a léguées à son décès, survenu en 1853, avec le reste de sa collection au musée des beaux-arts de Caen. La plupart de ses tableaux ont disparu dans les bombardements de 1944, contrairement aux dessins et aux gravures qu'il a donnés à la bibliothèque municipale. Le rapport de l'exposition de 1834 indique le lieu de résidence de Bonnel, rue Saint-Jean à Caen chez M. Marie. Il est décédé à Paris en 1838.
Sources :
-SOCIÉTÉ ROYALE D'AGRICULTURE ET DE COMMERCE DE CAEN. 5e exposition. Catalogue des produits des arts du département du Calvados qui seront exposés à l'Hôtel-de-Ville de Caen, depuis le 13 jusqu'au 27 avril. Caen : A. Le Roy imprimeur-libraire, 1834, p. 7.
- SOCIÉTÉ ROYALE D’AGRICULTURE ET DE COMMERCE DE CAEN. Cinquième exposition publique des produits des arts du département du Calvados : séance publique tenue par la Société royale d'agriculture et de commerce de Caen, le mardi 29 avril 1834, pour la distribution des prix d'encouragement. Caen : Imprimerie A. Le Roy, 1834, p. 100.
-MARCHETEAU DE QUINÇAY, Christophe. Monumental, pittoresque et romantique : Caen vu par les artistes au XIXe siècle. In [Exposition. Caen, Musée de Normandie. 2019-2020]. Caen en images : la ville vue par les artistes du XIXe siècle à la Reconstruction. Caen : Musée de Normandie ; Grand : Editions Snoeck, 2019, p. 88-89.
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Personnalité :
Lair Pierre-Aimécommanditaire, personnage célèbreLair Pierre-Aimé
Né à Caen le 21 mai 1769 de Pierre Étienne Claude Lair et de Marianne Simon, baptisé en la paroisse Saint-Jean. Après des études de médecine pour échapper à la conscription et un voyage à travers l'Europe, Noël-Pierre-Aimé Lair revient en France en 1799 pour se fixer à Caen (2 rue du Pont-Saint-Jacques) où il se consacre à ses concitoyens, fondant de nombreux établissements philanthropiques dans des domaines aussi variés que l'économie, la science et la culture. Il prend une part active dans la création de sociétés savantes telles que la Société Linnéenne (1823) et la Société des Antiquaires de Normandie (1824). Infatigable promoteur de sa ville natale et du progrès, il occupe les postes d'adjoint au maire en 1810 et de conseiller en préfecture de 1811 à 1851. Il développe un mécénat actif, acquérant nombre d’œuvres d'artistes locaux qu'il expose régulièrement. Il constitue au fil du temps une collection exceptionnelle témoignant de la création artistique normande depuis le 18e siècle. Il est décoré de la Légion d'honneur le 30 avril 1831. A sa mort, survenue le 2 janvier 1853, il lègue une grande partie de ses dessins et gravures à la bibliothèque municipale, d'autres œuvres graphiques et peintes au musée de Caen qui ont en grande partie a disparu dans les bombardements de 1944.
Un buste sculpté par Étienne Marin Mélingue (1807-1875) est érigé en son honneur à Caen en 1859.
La rue, anciennement des Quatre-Vents, a été rebaptisée du nom de Pierre-Aimé Lair en 1907.
Sources :
-MANCEL, Georges. Séance d'inauguration du buste érigé à la mémoire de Pierre-Aimé Lair. Notice biographique lue au nom de la commission chargée de recueillir les souscriptions pour l'érection de ce buste... Caen : Eugène Poisson, 1859. (Gallica).
-MARCHETEAU DE QUINÇAY, Christophe. Monumental, pittoresque et romantique : Caen vu par les artistes au XIXe siècle. In [Exposition. Caen, Musée de Normandie. 2019-2020]. Caen en images : la ville vue par les artistes du XIXe siècle à la Reconstruction. Caen : Musée de Normandie ; Grand : Editions Snoeck, 2019, p. 86-87.
-sites internet consultés le 3 novembre 2020 :
Ministère de la Culture, ANF, base Léonore, http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/leonore_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=COTE&VALUE_1=LH%2F1446%2F55
Cadomus, http://www.cadomus.org/forum/viewtopic.php?p=3600
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Auteur :
La toile est montée sur un châssis dépourvu de clefs. Des renforts sont fixés aux angles à l'aide de semences plates.
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Catégoriespeinture
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Structures
- support, rectangulaire horizontal
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Matériaux
- toile, support peinture à l'huile
- bois, doré, mouluré, cadre totalement mouluré
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Mesures
- h : 44,3 centimètre (sans le cadre)
- la : 63,2 centimètre (sans le cadre)
- h : 52,2 centimètre (avec le cadre)
- la : 71,1 centimètre (avec le cadre)
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Iconographies
- paysage
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Précision représentations
Le paysage a été peint depuis le tertre partiellement visible au premier plan duquel on aperçoit à senestre, l'aile sud des anciens bâtiments conventuels, le clocher de l'église et le début d'une allée secondaire plantée de tilleuls en alignement et à dextre, le quartier de Calix qui s'étend en contrebas du mur d'enceinte de l'abbaye aux Dames devenue en 1821 l'Hôtel-Dieu et plus loin la ville de Caen d'où émergent les flèches des églises Saint-Pierre et Saint-Étienne.
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Inscriptions & marques
- inscription concernant l'auteur, sur cartel, sur l'oeuvre
- inscription concernant l'iconographie, sur cartel, sur l'oeuvre
- date, sur cartel
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Précision inscriptions
Inscriptions concernant l'auteur, l'iconographie et la date sur cartel : Hôpital général / Vue prise de l'intérieur du parc / Bonnel 1834.
Inscriptions concernant l'auteur, l'iconographie et la date peintes sur la toile au revers : Vue de l'Hôpital Général de Caen / prise de l'intérieur du parc / par Mr Bonnel / 1834.
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État de conservation
- bon état
- élément de renfort
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Précision état de conservation
État en 2014 : plusieurs morceaux de toile de renfort sont présents au revers de l’œuvre. Le cadre présente ponctuellement des manques de dorure.
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Intérêt de l'œuvreÀ signaler
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) Région Normandie - Inventaire général
Bibliographie
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MARCHETEAU DE QUINÇAY, Christophe. Monumental, pittoresque et romantique : Caen vu par les artistes au XIXe siècle. In [Exposition. Caen, Musée de Normandie. 2019-2020]. Caen en images : la ville vue par les artistes du XIXe siècle à la Reconstruction. Caen : Musée de Normandie ; Gand : Editions Snoeck, 2019.
p. 87-89, 188. -
SOCIÉTÉ ROYALE D'AGRICULTURE ET DE COMMERCE DE CAEN. 5e exposition. Catalogue des produits des arts du département du Calvados qui seront exposés à l'Hôtel-de-Ville de Caen, depuis le 13 jusqu'au 27 avril. Caen : A. Le Roy imprimeur-libraire, 1834. [https://books.google]
p. 7, n°24 -
SOCIÉTÉ ROYALE D’AGRICULTURE ET DE COMMERCE DE CAEN. Cinquième exposition publique des produits des arts du département du Calvados : séance publique tenue par la Société royale d'agriculture et de commerce de Caen, le mardi 29 avril 1834, pour la distribution des prix d'encouragement. Caen : Imprimerie A. Le Roy, 1834. [Gallica]
p. 100
Chercheuse à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.
bâtiment conventuel de l'abbaye de la Trinité dite abbaye aux Dames, actuellement hôtel de région
Adresse : place Reine Mathilde
Chercheuse à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.