Photographe à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie, puis de Normandie, depuis 2005.
- opération ponctuelle, Abbaye aux Dames de Caen
- (c) Région Normandie - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Caen - Caen-6
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Commune
Caen
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Adresse
place Reine Mathilde
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Emplacement dans l'édifice
rez-de-chaussée de l'aile ouest du cloître, grand vestibule
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Dénominationstableau
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Titres
- Anne de Montmorency, abbesse de la Trinité
Le portrait de l'abbesse Anne de Montmorency a été acquis par la Région Basse-Normandie, avec celui de de la dernière abbesse Jacqueline Le Doulcet de Pontécoulant (1787-1789), auprès de l'abbaye du Bec (commune du Bec-Hellouin, Eure) le 25 février 1986 pour un montant global de 99 994 francs (15 244 euros). Les deux tableaux possèdent des dimensions similaires.
Anne de Montmorency (1529-1588) est nommée à la tête de l'abbaye aux Dames de Caen le 14 août 1554, à la suite du décès de sa cousine Louise de Mailly (1533-1554), où elle officie jusqu'à son décès, après avoir dirigé l'abbaye bénédictine Notre-Dame du Ronceray (Angers). C'est dans cette dernière qu'elle prononce ses vœux le 22 juillet 1547 et qu'elle y est nommée abbesse, pour la première fois par le roi, conformément au concordat de Bologne (1516). Elle n'y entreprit, semble-t-il, aucune réforme particulière jusqu'à son départ pour la Trinité de Caen où elle doit sa nomination à la communauté qui intercède auprès de son père, le connétable Anne de Montmorency, et du roi Henri II. Les religieuses font valoir ses qualités vertueuses tout en montrant les avantages que cette succession dynastique apporteraient à leur communauté. Cette démarche porte rapidement ses fruits puisque le secrétaire du connétable amène les lettres de nomination royale 11 jours après le décès de Louise de Mailly, le 14 août 1554. Le 25 août 1555, Anne de Montmorency entre dans la ville de Caen, escortée par les hommes de son père et ses compagnes du Ronceray, événement relaté dans un manuscrit conservé à la Bodleian Library (Oxford, Ms Harley 3661). Deux cents hommes, juges et bourgeois, lui font un accueil triomphal pour marquer leur reconnaissance envers le patronage paternel prestigieux, gage de protections et de faveurs aristocratiques. Sa nomination répond à une stratégie initiée par le connétable pour conserver des bénéficies ecclésiastiques importants en des territoires peu éloignés de ses possessions foncières. Décédée le 29 juillet 1588, Anne est inhumée le 8 août suivant. Alors qu'elle était destinée à gouverner l'abbaye de Frontevraud, près de Saumur, sa sœur Madeleine (1538-1598) est nommée rapidement à la tête de la Trinité, trahissant un souci de continuité dynastique défendu par l'un des fils de feu le "grand connétable", Henri Ier de Montmorency. En décembre 1592, cette abbesse magnifie dans la pierre cette emprise familiale, par un cénotaphe où elle se met en scène avec ses sœurs Anne et Louise (1544-7 juillet 1588), sa coadjutrice à la Trinité, prématurément décédée. Ce monument, dont l'ampleur est connu par un relevé d'Auvray, sieur de la Bataille - qui illustre un Précis historique sur les abbesses de la Trinité (Musée des Beaux-Arts, Caen. Fonds Mancel, ms 80) dédicacé à Gabrielle Françoise de Froulay de Tessé, abbesse de la Trinité (1698-1720) - constitue l'une des réalisations funéraires les plus fastueuses de la cité ducale au 16e siècle. S'il n'en subsiste aucun vestiges matériels, il a été retrouvé en octobre 1854 le cercueil en plomb de l'abbesse Anne de Montmorency à l'occasion du chantier de restauration mené par Victor Ruprich-Robert, dont il a été fait une description et un relevé respectivement par Antoine Charma et l'architecte de la ville de Caen Aimar Lavalley-Duperroux. Comme le monument funéraire, il se trouvait, avec le tombeau de ses sœurs, dans l’avant-chœur des moniales, sous la croisée du transept, non loin de l’actuel maître-autel. Au pied des degrés, une dalle sommairement gravée indique aujourd'hui son emplacement.
Le tableau (Inv. 692), probablement peint durant la gouvernance d'Anne de Montmorency (1554-1588) au cours de la seconde moitié du 16e siècle, a été restauré en 1847 comme en témoigne l'inscription portée sur l’œuvre. La plupart des portraits des abbesses de la Trinité ont disparu. Quelques uns, miraculeusement réchappés des destructions révolutionnaires, se trouvent vraisemblablement dans des collections particulières. Le peu de sources trouvées ne permet pas de retracer le parcours du portrait d'Anne de Montmorency après la Révolution. Des gravures fantaisistes, réalisées dans les années 1820 par Godefroy Engelmann et Théodore de Jolimont, montrent notamment des portraits d'abbesse accrochés dans le chœur de l'église de la Trinité en grande partie vidée de son mobilier. Le portrait d'Anne de Montmorency obéit aux conventions du genre au 16e siècle et au début du siècle suivant. Il se divise en deux parties contrastées, l'une sombre sur laquelle se détache la figure aux carnations laiteuses, l'autre claire donnant sur un portique et des alignements d'arbres. Ces derniers peints d'une manière naïve tranchent sur la branche arborée qui surgit en partie supérieure. Le tableau a été restauré en 1847 comme l'indiquent les initiales et la date portées sur l’œuvre. Une restauration menée en 1989-1990 a permis de lui redonner son intégrité, notamment par l'enlèvement de nombreux repeints.
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Période(s)
- Principale : 2e moitié 16e siècle , (incertitude)
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Dates
- 1847, porte la date
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Auteur(s)
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Personnalité :
Montmorency Anne decommanditaire (incertitude), attribution par travaux historiquesMontmorency Anne de
Anne de Montmorency est née en 1529 du connétable et Grand Maître Anne duc de Montlorency, comte de Dampmartin Beaumont et de Clais, baron de Chateaubriant, de Préaux et de la Fère, seigneur de Chantilly, d'Ossemont, d'Ecouen, de Villiers d'Angleterre, de Mello et de Vigny, et de Madeleine de Savoie. Le 22 juillet 1547, elle prononce ses vœux à l'abbaye bénédictine Notre-Dame du Ronceray (Angers) dont elle devient la première abbesse nommée par le roi en 1549 suivant le concordat de Bologne (1516). Anne prend la suite de Louise de Mailly (1533-1554), nièce par sa mère du connétable Anne de Montmorency, à l'abbaye de la Trinité qu'elle dirige de 1554 à son décès survenu le 29 juillet 1588. Elle est inhumée le 8 août suivant.
La nomination royale de Madeleine de Montmorency (1538-1598) à la tête de la Trinité intervient vingt-deux jours après la disparition de sa sœur aînée Anne. Elle y reste dix ans jusqu'à sa mort, le 10 décembre 1598. En 1592, elle commande un cénotaphe où elle se fait représenter avec ses sœurs Anne et Louise (1544-7 juillet 1588) - entrée en religion à l'abbaye Saint-Pierre de Reims à l'âge de six ans et coadjutrice d'Anne à la Trinité de Caen - connu par un dessin d'Auvray, sieur de la Bataille, qui illustre un Précis historique sur les abbesses de la Trinité (Musée des Beaux-Arts, Caen. Fonds Mancel, ms 80) dédicacé à Gabrielle Françoise de Froulay de Tessé, abbesse de la Trinité (1698-1720). D'après les historiographes, ce cénotaphe se trouvait comme les tombes des sœurs Montmorency dans l’avant-chœur des moniales, sous la croisée du transept, non loin de l’actuel maître-autel. Des fragments en auraient été découverts en 1810 lors des fouilles entreprises dans l'église de la Trinité à la demande du baron Méchin, préfet du Calvados. Le cercueil en plomb de l'abbesse Anne de Montmorency est quant à lui retrouvé lors des travaux engagés dans la nef de l'ancienne église abbatiale sous la direction de Victor Ruprich-Robert, début octobre 1854. L'architecte Aimar Lavalley-Duperroux, attaché à la ville de Caen et conservateur-adjoint puis conservateur du musée de la société historique des antiquaires de Normandie (1878-1885), en dresse un relevé, avec l'inscription permettant de l'identifier, publié en 1856 dans les Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie. Au pied des degrés du maître-autel actuel, une dalle sommairement gravée localise le cercueil en plomb de l'abbesse Anne de Montmorency.
Sources :
-AD Calvados. Série H ; sous-série 2H : 2H/25/4. Copie des confirmations et pièces diverses dont copie de la confirmation d'Henri II (1547) ; serment des abbesses Laurence de Budos et Madeleine de Montmorency ; Catalogue des abbesses de Caen, recueil, XVe siècle-1650.
-Musée des Beaux-Arts Caen. Fonds Mancel, ms 80. Précis historique sur les abbesses de Caen. La Bataille-Auvray, Gervais de la Rue, [début 18e siècle, 19e siècle]. [bvmm.irht.cnrs.fr].
-ROBILLARD DE BEAUREPAIRE, Eugène de. Les pierres tombales de l'église de l'abbaye de la Trinité et le monument des trois sœurs de Montmorency (d'après les dessins de La Bataille Auvray). Réunion des sociétés savantes des départements à la Sorbonne. Section des beaux-arts, 1895, session 19.
-BLANGY, Auguste de (préf.). Abbesses et pierres tombales des abbesses du monastère de Sainte Trinité de Caen. [s. l.] : [s. n.], [s. d.]. [gallica].
-CHARMA, Antoine. Note sur une découverte faite dans l'église Sainte-Trinité. Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, 1856, t. XXII, p. 137-140.
-DAVIES, Joan. The Montmorencys and the Abbey of Sainte Trinité, Caen : Politics, Profit and Reform. The Journal of Ecclesiastical History, October 2002, vol. 53, n°4.
-PELCERF, Pierre. Les Abbesses de la Trinité [de Caen]. Culture normande, 2006, 2e tr., n°33, p. 8.
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Personnalité :
Le tableau possède des dimensions similaires au portrait de l'abbesse de Marie Le Doulcet de Pontécoulent. Il est supposé formé de deux lés verticaux. Le cadre a été créé en 1989 par Bertrand Heudron (Touffreville).
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Catégoriespeinture
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Structures
- support, rectangulaire vertical
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Matériaux
- toile, support, en 2 lés (incertitude), peinture à l'huile
- bois, mouluré, doré, cadre totalement mouluré
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Mesures
- h : 190,5 centimètre (sans le cadre)
- la : 108,6 centimètre (sans le cadre)
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Précision dimensions
Dimensions avec le cadre : h = 210,5 ; la = 125 cm. Largeur du lé senestre = 20,5 cm.
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Iconographies
- de trois-quarts, en pied, portrait, paysage
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Précision représentations
Anne de Montmorency tient dans sa main droite la crosse abbatiale et porte à l'annulaire gauche la bague (or et saphir) de la reine Mathilde ravie par les protestants lors de la profanation de la tombe royale en 1562 et qu'ils lui remirent ; l'historiographie rapporte que l'abbesse a donné cet objet insigne l'année suivante à son père lors de sa venue à Caen avec le roi Charles IX. Elle est revêtue de l'habit bénédictin : un scapulaire noir aux larges manches, doublé d'hermine, recouvre la totalité de son corps ; sous l'ample voile noir se distingue une guimpe en toile blanche, finement plissée au niveau du cou suivant la mode de l'époque. La figure se tient devant un pan d'architecture très sombre s'ouvrant à dextre sur un portique et un jardin qui renvoient à l'abbaye aux Dames. Les armoiries familiales se détachent du montant d'un meuble haut (?) auquel elle s'accoude.
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Inscriptions & marques
- date, peint, sur l'oeuvre
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Précision inscriptions
Signé et daté en bas à gauche : "R[estau]ré en 1847 - A. P.". Armoiries en bas à senestre : d'or, à la croix de gueules cantonnée de seize alérions d'azur. Le tout surmonté d'une fleur de lys.
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État de conservation
- bon état
- oeuvre restaurée
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Précision état de conservation
État en 2014 : toile dépourvue de protection au revers. Craquelures d'âge multidirectionnelles. Présence de repeints, visage mieux préservé.
la toile a été restaurée par Christine d'Anterroches (Caen) en 1989-1990 : nettoyage du revers, dégagement des repeints et des vernis, refixage de la couche picturale, réintégration des lacunes, mise sous tension sur un châssis neuf.
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Statut de la propriétépropriété de la région
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Intérêt de l'œuvreÀ signaler
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Protectionsclassé au titre objet, 1992/06/22
Ce portrait est le seul connu d'Anne de Montmorency. Un dessin aquarellé de la collection Gaignières (BNF, RESERVE PE-5-FOL) représente un vitrail où figure l'abbesse parmi trois autres femmes agenouillées, Léonor de Montmorency, dame de La Tour, vicomtesse de Turenne, Jeanne de Montmorency, dame de La Trémoïlle, duchesse de Thouars et Catherine de Montmorency, dame de Lévis, duchesse de Ventadour.
Peu de portraits d'abbesses de la Trinité sont répertoriés à ce jour dans les collections publiques : outre celui d'Anne de Montmorency, il en existe de Renée de Bourbon-Vendôme en tant qu'abbesse de Fontevraud (peinture murale, salle capitulaire de l'abbaye de Fontevraud), de sa sœur, Isabeau IV de Bourbon-Vendôme (idem), de Laurence de Budos (Inv. P0297, MAHB Bayeux) et de Jacqueline Le Doulcet de Pontécoulant. Un portait de cette dernière est également conservé dans une collection privée (Henri Van Melle). L'abbesse Cécile de Belzunce de Castelmoron a été représentée en habit civil avant sa prise de voile à l'abbaye Notre-Dame du Ronceray à Angers (Inv. 83.1.1, Musée des Beaux-Arts, Caen).
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) Région Normandie - Inventaire général
Documents d'archives
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Musée des Beaux-Arts Caen. Fonds Mancel, ms 79. Titres originaux concernant les abbayes de Caen. Mémoires et titres pour les abbayes d'Ardenne, de Saint-Etienne et de Sainte Trinité de Caen. [Bibliothèque de Gervais de la Rue].
f°174-175 -
Musée des Beaux-Arts Caen. Fonds Mancel, ms 80. Précis historique sur les abbesses de Caen. La Bataille-Auvray, Gervais de la Rue, [début 18e siècle, 19e siècle]. [bvmm.irht.cnrs.fr].
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AD Calvados. Série H ; sous-série 2H : 2H/25/4. Copie des confirmations et pièces diverses dont copie de la confirmation d'Henri II (1547) ; serment des abbesses Laurence de Budos et Madeleine de Montmorency ; Catalogue des abbesses de l'abbaye Saincte Trinitté de Caen, recueil, XVe siècle-1650.
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DRAC Basse-Normandie. MH 14 - Caen 2 : historique des transferts successifs des deux tableaux de Restout par l'abbé Marcel Lelégard.
Bibliographie
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BLANGY, Auguste de (préf.). Abbesses et pierres tombales des abbesses du monastère de Sainte Trinité de Caen. [s. l.] : [s. n.], [s. d.]. [gallica].
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RENTET, Thierry. Une puissance en extension : les exemples d’Île-de-France, du Languedoc et de la Provence. in Anne de Montmorency : Grand Maître de François Ier. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2011. [books.openedition.org]
p. 99-141
Périodiques
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CHARMA, Antoine. Note sur une découverte faite dans l'église Sainte-Trinité. Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, 1856, t. XXII.
p. 137-140 -
DAVIES, Joan. The Montmorencys and the Abbey of Sainte Trinité, Caen : Politics, Profit and Reform. The Journal of Ecclesiastical History, October 2002, vol. 53, n°4.
p. 665-685 -
PELCERF, Pierre. Les Abbesses de la Trinité [de Caen]. Culture normande, 2006, 2e tr., n°33.
p. 8 -
ROBILLARD DE BEAUREPAIRE, Eugène de. Les pierres tombales de l'église de l'abbaye de la Trinité et le monument des trois sœurs de Montmorency (d'après les dessins de La Bataille Auvray). Réunion des sociétés savantes des départements à la Sorbonne. Section des beaux-arts, 1895, session 19. [gallica].
Annexes
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Information concernant le restaurateur Christine d'Anterroches
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Information concernant le fabricant de cadres Bertand Heudron
Chercheuse à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.
bâtiment conventuel de l'abbaye de la Trinité dite abbaye aux Dames, actuellement hôtel de région
Adresse : place Reine Mathilde
Chercheuse à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.