Photographe à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie, puis de Normandie, depuis 2005.
- opération ponctuelle, Abbaye aux Dames de Caen
- (c) Région Normandie - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Caen - Caen-6
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Commune
Caen
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Adresse
place Reine Mathilde
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Emplacement dans l'édifice
voûte en cul-de-four, choeur
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Dénominationspeinture monumentale
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Titres
- Triomphe de la Vierge
Les grands ensembles décoratifs des églises parisiennes reflètent le renouveau religieux qui s'empare de la France au lendemain du concile de Trente et qui reprend de la vigueur après la condamnation du Nouveau Testament ou Réflexions morales du père Quesnel en 1713. Ils constituent aussi un événement artistique par l'ampleur des chantiers menés sous la conduite d'artistes de renom qui ont marqué les esprits contemporains jusqu'au 18e siècle où se poursuivent la reconstruction et l'embellissement des établissements monastiques. Le décor de la voûte de l'abside du chœur de l'église abbatiale de la Trinité, représentant le Triomphe de la Vierge, témoigne de cette vitalité artistique au service de la religion catholique réformée. Jusqu'à sa restauration en 1994, il était complètement tombé dans l'oubli, masqué par une couche de dépôts accumulée depuis le 19e siècle et ignoré des historiens qui se sont penchés, dès le milieu de ce même siècle, sur l'une des dynasties de peintres normands les plus prolifiques de l'Ancien Régime, les Restout. On ne peut certes pas attribuer avec certitude le décor de la Trinité à l'un des quatre fils de Marc-Antoine (1616-1684) - référencé maître peintre à Caen en 1656 - car aucune sources n'a été retrouvée éclairant les circonstances de cette commande passée par la communauté bénédictine. L'étude du contexte religieux et artistique de l'époque permet cependant d'apporter quelques hypothèses étayées par les récents travaux de l'historienne Christine Gouzi.
Les liens qui unissent la famille Restout aux Prémontrés ont certainement contribué à développer son activité et sa réputation artistique tant à Paris qu'en Normandie où l'ordre est bien implanté. Une foi sincère anime les membres de cette fratrie. Sur les dix enfants de Marc-Antoine Restout, trois prennent l'habit prémontré, une fille et deux garçons, Jacques (1653-ca. 1701) et Eustache (1655-1743). Un quatrième, prénommé Pierre (1666-?), est bénédictin à l'abbaye de Saint-Maur. Suivant les traces de leur père, peintre renommé en son temps à Caen dont il ne subsiste aucune œuvre, quatre fils embrassent la carrière artistique, Jacques, Eustache, Jean I (1663-1702), et son fils Jean II (1692-1768), et le fils puîné Thomas (1671-1755). Jacques entreprend le décor de l'église abbatiale de Silly-en-Gouffern (Orne), avant de poursuivre sa carrière en Champagne, Eustache s'établit à l'abbaye de Mondaye (Juaye-Mondaye, Calvados), après avoir débuté à l'abbaye d'Ardenne (Saint-Germain-la-Blanche-Herbe) où il aurait peint la voûte de l'église (détruite suite à l'effondrement de la voûte en 1720 d'après L. Duval), Jean I et II s'ancrent à Rouen et à Paris, tandis que Thomas concentre son activité de portraitiste à Caen.
La tradition attribue à Eustache Restout deux tableaux, Jésus chez Marthe et Marie (IM14006209) et La Samaritaine au puits (IM14006237), actuellement exposés au pied de l'escalier d'honneur de l'aile ouest des anciens bâtiments conventuels de la Trinité à Caen, qui ornaient, toujours selon la tradition, le réfectoire des moniales aménagé à cette date dans l'aile ouest. Là encore, si aucune trace de marché subsiste, l'une des toiles porte la signature d'un Restout et la date de 1720 qui coïncide avec les travaux de reconstruction et d'embellissement des bâtiments conventuels initiés par l'abbesse Gabrielle Françoise de Froulay de Tessé (1698-1720) et poursuivis par sa successeur et nièce Françoise (1720-1729). La peinture monumentale ne porte quant à elle aucune inscription permettant d'en préciser l'auteur et la date de réalisation. Celle de 1714, portée dans le rapport de restauration, est plausible mais ne reposant sur aucune source écrite, il est préférable d'en élargir la datation au 1er quart du 18e siècle.
La démarche artistique qui a présidé à l'élaboration des deux tableaux supposés du réfectoire se retrouve également dans la peinture monumentale de la Trinité par le recours à la copie, non pas littérale mais partielle, d'après deux grands décors parisiens, peints par Charles Le Brun au séminaire de Saint-Sulpice (Le Triomphe de la Vierge, qui a donné son titre à l’œuvre caennaise) et par Pierre Mignard à l'abbaye bénédictine du Val-de-Grâce (se reporter à la description). La reproduction dans le sens des modèles, à l'exception des deux grands anges latéraux, présuppose leur étude in situ et la réalisation ou la connaissance de dessins et de gravures. Profitant de la relative proximité de Paris, Eustache Restout lui-même, ou l'un de ses élèves, a très bien pu esquisser quelques croquis et études dessinées ou peintes à partir de l'original pour servir de support à l'élaboration de l’œuvre monumentale de l'église abbatiale de la Trinité. Autre trait commun, le style ample et lisible, marque de fabrique de l'artiste héritée de l'enseignement du peintre Pierre Le Tellier (1614-1680), avec lequel les Restout ont été proches au plan familial et artistique, au point de supposer une formation de Jacques et Eustache dans son atelier à Rouen. L'influence de Le Tellier rayonne jusqu'à Caen par l'intermédiaire de ses élèves.
Alors qu'il supervise le décor de la coupole de l'église abbatiale caennaise, le père Eustache Restout s'engage sur un autre chantier, celui de l'église de l'abbaye de Mondaye, dont il devient le prieur dès 1722, jusqu'à sa mort accidentelle en 1743, et dont il conçoit à la fois le décor et les plans commandés par le père abbé, Philippe Lhermite, en 1706. Cette réalisation, bien connue et étudiée, est le fruit d'une collaboration entre l'architecte-décorateur et son atelier. La participation de celui-ci à la Trinité est une hypothèse plausible quand on connaît les autres chantiers décoratifs menés par Eustache autour de 1720 à l'abbaye d'Ardenne et au prieuré en dépendant à Saint-Contest (Adoration des Mages d'après Jean-Jouvenet, tableau perdu) et bien évidemment à l'abbaye de Mondaye. Le recours aux mêmes modèles invite au rapprochement du décor caennais avec la coupole de la chapelle Nord de l'église abbatiale des Prémontrés, qui représente la Trinité. Le Christ dérive pareillement de la figure peinte par Le Brun au séminaire de Saint-Sulpice, comme Dieu le Père de celle du Val-de-Grâce. La fidélité au modèle iconographique s'amoindrit à Caen au profit d'une simplification des postures, moins complexes et plus frontales, comme des effets perspectifs. La maîtrise du dessin et du modelé y apparaît globalement plus faible : la mollesse des anatomies et des draperies supportent difficilement la comparaison avec l’œuvre de Mondaye. Le coloris - moins intense, et qui diffère dans les deux cas de leur modèle - contribue à la luminosité de l'ensemble. Sa mise en œuvre, jouant sur les oppositions de tons acides, correspond aux pratiques d'Eustache et plus largement à la rhétorique familiale en la matière. Toutes ces caractéristiques plaident en faveur d'une intervention plausible et prépondérante de l'atelier monastique d'Eustache Restout - ou d'un ou plusieurs anciens collaborateurs à Mondaye - à Caen.
Le coût de ce chantier n'est pas connu, pas plus que la réception de ce décor, mais le recours à la copie de décors parisiens prestigieux de maîtres célèbres ne doit pas en sous-estimer l'importance : la réunion de quelques morceaux choisis dans d'autres décors permet de créer une composition originale dans un style personnel qui se distingue des modèles. Il s'agit là d'un chantier d'envergure commandé par une communauté prestigieuse pour un lieu qui ne l'est pas moins - où repose la dépouille royale de la reine Mathilde et où se succèdent les abbesses issues de grandes familles aristocratiques - à un peintre de province de grand renom qui possède un atelier important. Moins ambitieux et brillant que celui de l'abbaye de Mondaye, il s'inscrit dans cette volonté d'embellissement encouragé par l’Église en contrepied de l'austérité spirituelle janséniste et témoigne du développement de la dévotion mariale à Paris - au travers de décors initiés, entre autres, par le père Languet de Gergy à l'église Saint-Sulpice (chapelle absidale, église Saint-Sulpice, 1730), le curé Jacquin (chapelle de la Vierge, église Saint-Sauveur, 1731), ou le curé Marduel (coupole, église Saint-Roch, 1752-1754) - et dans les provinces.
L’œuvre atteste la persistance en province du grand décor à l'italienne, dans la tradition des jésuites, où la coupole constitue le lieu privilégié de l'expression de la dévotion mariale. Le choix du thème et de son emplacement reflètent la culture artistique d'Eustache Restout, profondément marqué par les préceptes de son frère aîné Jacques, auteur d'un traité édité à Caen en 1681, intitulé La Réforme de la peinture, où il prend le parti des Anciens en s'appuyant sur des citations d'un traité inédit du peintre Federico Zuccaro (ca. 1540-1609). Le choix de la technique, la peinture à l'huile, rompt cependant avec la tradition italienne a fresco, à laquelle renonce la plupart des artistes français au 18e siècle en raison des difficultés de mise en œuvre et de conservation.
La peinture murale a été restaurée par l’atelier de restauration et de conservation des objets d'art (ARCOA, Paris) en 1994, sous la maîtrise d’œuvre de Bruno Decaris, architecte en chef des monuments historiques. Elle a été redécouverte à l'occasion de travaux de nettoyage menés à l'intérieur de l'édifice sous une couche noire de poussières grasses et de dépôts de suie. Elle présentait des repeints foncés, débordant sur l'original, et plusieurs couches de vernis oxydé et chanci qui, avec la présence de fissures et d'infiltrations, perturbaient grandement son intégrité et sa lisibilité. Sa lecture était également perturbée par des reprises d'enduit au plâtre appliqué grossièrement sur les larges fissures. Outre le retrait de la couche de crasse, la composition a bénéficié d'une retouche picturale. Ses usures ont été harmonisées avec des glacis aquarellés. Les vues de détails montrent combien certaines zones ont perdu de matière picturale comme le visage de sainte Scolastique, qui n'a plus son modelé initial contrairement à saint Benoît, ou d'angelots, les drapés. La perception de l’œuvre de près en est quelque peu altérée.
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Période(s)
- Principale : 1er quart 18e siècle
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Dates
- 1714, daté par travaux historiques
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Stade de création
- copie partielle de peinture monumentale
- oeuvre composite de peinture monumentale
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Auteur(s)
- Auteur de la source figurée : d'après attribution par travaux historiques
- Auteur de la source figurée : d'après attribution par travaux historiques
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Auteur :
Atelier de conservation et de restauration d'objets d'art (ARCOA) (1970 - )restaurateur attribution par sourceAtelier de conservation et de restauration d'objets d'art (ARCOA)
L'atelier de conservation et de conservation d'objets d'art est fondé en 1970 par Jean Claude BOUYER et Jean-Augustin VIDAL après un cursus suivi à l'IC.C.R.O.M. (Centre International d’études pour la Conservation et la Restauration des Biens Culturels) à Rome. Établi dans le 10e arrondissement à Paris, il développe son équipe par l'arrivée de Jean-Sylvain FOURQUET et Erik MIKULA. Racheté en 1997 par Jean-Sylvain FOURQUET, l'atelier déménage à Montesson (Yvelines). En 2002, il intègre le Groupement Français des Entreprises de Restaurations de Monuments Historiques (GMH), constitué en 1959 sous l’égide de la Fédération Française du Bâtiment.
Source consultée le 7 août 2020 :
-site internet de l'Atelier ARCOA, http://www.atelier-arcoa.com/
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Atelier ou école :
Restout Eustacheatelier (incertitude), attribution par travaux historiques, attribution par analyse stylistiqueRestout Eustache
Eustache Restout, oncle de Jean II (1692-1768), est initié à la peinture et à la sculpture par son père, Marc-Antoine Restout (1616-1684), dont il est le deuxième fils, avec son frère aîné Jacques (1653-ca. 1601). Les deux frères poursuivent sans doute leur formation dans l'atelier du peintre rouennais Pierre Le Tellier (1614-ca. 1702). Devenu chanoine prémontré, il exerce ses talents dans les monastères de l'ordre qu'il fréquente, à l'abbaye d'Ardenne (saint-Germain-la-Blanche-Herbe) où il a prononcé ses vœux en 1677 en même temps que son frère Jacques et où il est ordonné prêtre en 1679, à Saint-Jean de Falaise et à l'abbaye de Mondaye dont il fut le sous-prieur (1709) puis le prieur (1722). Vers 1691, les moines de Mondaye le chargent en 1706 de rebâtir l'abbaye et de la décorer, chantier auquel il se consacre jusqu'à sa mort accidentelle survenue en 1743, à Mondaye, en tombant d'un échafaudage. D'après Chennevières, Eustache Restout y développe une véritable école d'artistes, d'architectes, de décorateurs et de peintres. Possédant une solide culture artistique, il réalise avec l'aide de son atelier de nombreuses copies qui contribuent à la diffusion des grands modèles classiques dans les édifices religieux normands. Son œuvre reflète l'histoire du goût au tournant du 18e siècle.
La composition qui orne le cul-de-four et le décor faux marbre de l'arc triomphal ont été peints à l'huile sur une mince couche préparatoire rouge vif à base d'huile et de terre rouge qui recouvre un enduit de plâtre, chaux et sable apposé sur les moellons de la voûte.
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Catégoriespeinture murale
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Structures
- produit élaboré d'origine minérale, semi-circulaire
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Matériaux
- enduit, support peinture à l'huile, faux marbre
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Précision dimensions
Dimensions non prises.
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Iconographies
- Assomption, scène biblique
- Dieu le Père, assis, de trois-quarts
- Christ, assis, de trois-quarts
- ange
- angelot
- Saint-Esprit
- saint Benoît de Nursie, agenouillé
- saint François d'Assise, agenouillé
- sainte Scolastique, agenouillé
- caisson
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Précision représentations
La Vierge, portée par des anges et des angelots, se situe entre Dieu le Père à senestre et le Christ à dextre. Deux anges cantonnent latéralement la scène principale, l'un portant des roses sur un plateau, l'autre ayant un geste de présentation. Dieu le Père couronne la Vierge d'une auréole à l'aplomb de laquelle se tient la colombe du Saint-Esprit. La Vierge tient un sceptre dans sa main senestre. A la naissance de la voûte se tiennent agenouillés à dextre sainte Scolastique et à l'opposé, saint Benoît de Nursie et saint François d'Assise.
Un décor de faux marbre orne la moulure cernant la base du cul-de-four et l'arc triomphal sur l'intrados sur lequel figurent des roses de compartiment.
La peinture monumentale de la Trinité puise son inspiration dans deux grands décors parisiens du temps de Louis XIV. Le groupe principal comprenant Dieu le Père couronnant la Vierge portée par les anges résulte de la copie partielle du Triomphe de la Vierge qui ornait le plafond de la chapelle du séminaire de Saint-Sulpice de Paris (détruit) réalisé à la demande de son directeur, Jean-Jacques Olier, par Charles Le Brun en 1655. Les copies dessinées (musée du Louvre, département des arts graphiques, voir notamment le dessin à la pierre noire - Inv 30195 - peut-être réalisé en vue de la gravure, celle de Louis Simonneau datant de 1690), attribuées à un proche disciple et collaborateur de Le Brun, Claude III Nivelon (1648-1720 ?), sont les seuls témoins, avec la gravure de Simonneau, de ce décor détruit. Les anges cantonnant latéralement la scène principale reproduisent en contre-partie, d'après ce même décor, deux des trois anges survolant la Vierge en son Assomption. Quant à la figure du Christ, elle a été copiée d'après celle figurant dans la Gloire céleste peinte à la coupole de l'église Notre-Dame du Val-de-Grâce par Pierre Mignard (1663-1666), sans toutefois respecter les coloris du manteau et du nuage, qui diffère dans sa forme. Cette création exceptionnelle, admirée par le Cavalier Bernin (1598-1680) lors de séjour parisien en 1665, louée par Molière (La Gloire du Dôme du Val-de-Grâce, 1669) puis par Charles Perrault à la fin du siècle, est connue par un modello, que Mignard offre à l'Académie royale de peinture et de sculpture qu'il dirige dès 1691, et par une gravure de Gérard Audran (1640-1703) (Paris, Musée du Val-de-Grâce) d'après une copie réalisée, à la demande du Premier peintre du roi (1690), par Michel II Corneille (1642-1708) en 1693 (Musée du Louvre, Inv. 6680).
Sans égaler la composition "riche sans confusion" (Le Bernin) de Mignard, l’œuvre caennaise confère, à l'inverse de la fresque du Val-de-Grâce et conformément au décor de Saint-Sulpice, une place centrale à la Vierge parmi les figures tutélaires de la Trinité à laquelle est consacrée l'église abbatiale depuis sa fondation en 1066. Cette centralité médiane retranscrit en image le fondement théologique du culte marial, qui reste subordonné au culte christocentrique dominant. Elle signifie la position d'intercesseur de Marie au sein de la hiérarchie céleste et que consacrent également les décors marials contemporains (voir notamment le décor du chœur de l'église des Invalides de Noël Coypel, 1706). Relégués en partie basse de la voûte, les saints fondateurs de l'ordre bénédictin, intercesseurs de rang inférieur, apparaissent austères dans leurs habits sombres, bien moins nombreux qu'à Saint-Sulpice, auxquels est associé le père de l'ordre des Frères mineurs, promoteur incontournable du culte marial. La célébrité des modèles artistiques n'explique pas à elle seule leur copie récurrente qui révèle surtout l'adhésion à certaines normes esthétiques, issues de débats au sein de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture ou au travers de nombreux traités et essais sur la peinture, autour des questions de la véracité historique ou de l'éloquence par exemple. Comme à Saint-Sulpice, entorse est faite à la première par la présence de moines ou de moniales qu'aurait réfutée l'abbé Jean-Baptiste Dubos et plus généralement l'élite intellectuelle religieuse de l'époque. Sur la seconde, La Font de Saint-Yenne n'aurait pas désavoué le "caractère noble et dévot" (Réflexions sur quelques causes de l'état présente de la Peinture en France..., La Haye, 1747, p. 76) de la figure de la Vierge digne de Le Brun, de Poussin ou de Mignard, lui qui reprochait aux artistes contemporains de s'inspirer des physionomies "des femmes du commun". La noblesse de son expression comme l'intensité de son regard tourné vers Dieu le Père s'accordent à son geste, selon la rhétorique définie par Antoine Coypel (Discours prononcés dans les conférences de l'Académie royale de peinture, Paris, 1721), et qui donne à la peinture son éloquence. Celle-ci transparaît dans les autres figures, notamment du Christ, le visage tourné vers le Saint-Esprit, et des deux anges latéraux. Les figures isolées ou en groupe investissent la totalité de la surface de la voûte, formant une composition lisible et équilibrée que le coloris rend lumineuse. Cette harmonie émane également de la répartition des tons acides et chauds, de la rondeur des drapés aux plis peu accusés. Il en résulte une composition singulière, fruit d'un travail d'interprétation ou de transposition (Ch. Gouzi) et non d'une copie servile où les modèles deviennent autant de prototypes qui sont adaptés en fonction des lieux et des usages (Ch. Gouzi).
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État de conservation
- support restauré
- oeuvre restaurée
- bon état
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Statut de la propriétépropriété d'un établissement public régional
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Intérêt de l'œuvreÀ signaler
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Protectionsclassé au titre immeuble, 1840
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Précisions sur la protection
Classement par liste en 1840.
La peinture murale de la voûte en cul-de-four de l'église abbatiale de la Trinité constitue avec celui de l'abbaye de Juaye-Mondaye (Calvados) un rare témoin de la production présumée de l'atelier d'Eustache Restout (1655-1743) dont plusieurs décors de la région caennaise ont disparu. Elle est représentative à la fois de la démarche artistique de cet atelier par le recours à la copie et de normes esthétiques promues par les du classicisme. Reflétant l'aura dont continuent de bénéficier les grands décors parisiens du Grand Siècle, le Triomphe de la Vierge est contemporain du renouveau des commandes religieuses à Paris après la promulgation de la bulle Unigenitus (1713) et du regain du culte marial après la Régence (1715-1723), quand bien même le concile de Trente avait esquivé les sujets de l'Assomption et de l'Immaculée Conception qui ne trouveront leur consécration dogmatique qu'au milieu du XXème siècle (bulles Munificentissimus Dominus, 1er novembre 1950 et Ineffabilis, 8 septembre 1854).
- (c) Région Normandie - Inventaire général
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Documents d'archives
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Médiathèque de l'architecture et du patrimoine Charenton-le-Pont. 2003/019/0072. Archives de l'inspection des Monuments historiques, église de la Trinité : prêt objets mobiliers, identification d'un tableau en vue d'une exposition, restauration générale, restauration des objets mobiliers, restauration des vitraux, 1960-2003.
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DRAC Basse-Normandie. Restauration de la peinture murale de l'abside de l'église Saint-Gilles (ancienne église abbatiale de la Trinité) par l'atelier ARCOA, 1995.
Bibliographie
-
CHENNEVIÈRES-POINTEL, Philippe de. Recherches sur la vie et les ouvrages de quelques peintres provinciaux de l'ancienne France. Paris : Dumoulin, 1847-1862, 4 vol.
-
GOUZI, Christine. Jean Restout, 1692-1768 : peintre d'histoire à Paris. Paris : Arthena, 2000.
-
GOUZI, Christine. Une firme artistique dans la France de l'Ancien Régime : l'atelier d'Eustache Restout à l'abbaye de Mondaye. In COLLOQUE INTERNATIONAL DU CENTRE D’ÉTUDES ET DE RECHERCHES PRÉMONTRÉES (2011 ; Mondaye). L'ordre de Prémontré au XVIIIe siècle. Dir. Dominique-Marie Dauzet, Martine Plouvier. Bern : P. Lang, 2012.
p. 224-255 -
MADELAINE, Godefroid (Père). Essai historique sur l'abbaye de Mondaye de l'ordre de Prémontré. Caen : impr. F. Le Blanc-Hardel, 1874.
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PELCOQ, Jean (Père). L'abbaye de Mondaye. Bayeux : impr. René Colas, 1935.
-
POMMIER, Edouard. jacques Restout et sa théorie de la peinture. Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français, 1998.
p. 165-178 -
SAVIGNAC, Monique de. Peintures d'églises à Paris au XVIIIe siècle. Paris : Somogy éditions d'art, 2002.
Périodiques
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BENET, Armand. Artistes des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Notes et documents extraits de la comptabilité de la ville de Caen conservée aux archives communales. Réunion des sociétés des Beaux-Arts des départements, 1897.
p. 125-148 -
CHENNEVIÈRES, Philippe de. Eustache Restout. Nouvelles Archives de l'art français, t. IV, 1889.
p. 87-119. -
DUVAL, Louis. Travaux d'art exécutés à l'abbaye de Notre-Dame de Silly-en-Gouffern aux XVIe et XVIIe siècles. Réunion des sociétés des Beaux-Arts des départements, 1901.
p. 525-534 -
GUILLOT, Gaétan. Un moine architecte, peintre et sculpteur au XVIIIe siècle : le R. P. Eustache Restout. Revue catholique de Normandie, 1915.
p. 201-218
Chercheuse à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.
église de l'abbaye de bénédictines de la Trinité dite abbaye aux Dames, actuellement église paroissiale Saint-Gilles
Adresse : place Reine Mathilde
Chercheuse à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.