L´îlot A constitue un quadrilatère délimité par la rue des Martyrs, la rue de Verdun, la rue Jean Gaument et la rue Charles Mouchel. Il marque la limite extrême de la Reconstruction elbeuvienne à l´ouest du centre-ville, dans une zone qui avait subi de gros dégâts – comme en témoigne une photographie de la rue Jean Gaument, prise au lendemain des bombardements allemands de juin 1940. Après l´incendie provoqué par cet assaut, le secteur était en ruines : seuls quelques pans de murs subsistaient, tandis que des briques et des matériaux de construction divers gisaient partout sur la voie publique, rendant provisoirement la circulation impossible. Le travail de déblaiement de ces décombres commença rapidement, sous la direction du service de la Défense Passive, afin de secourir les survivants et de dégager les axes stratégiques de la ville. Il s´acheva vers le 30 septembre 1940, notamment sur la rue Jean Gaument, où des immeubles menaçant de s´effondrer représentaient un danger imminent.
Ce n´est que bien plus tard que débuta la reconstruction de l´îlot A, après l´approbation par le MRU du Plan de Reconstruction et d´Aménagement de l´urbaniste François Herr, le 30 avril 1947.
Propriétaires : Assire (propriétaire) ; Gilles (propriétaire) ; Basin (propriétaire) ; Bernard (propriétaire) ; Monoury (propriétaire) ; Fromont (propriétaire) ; Singer (propriétaire) ; Bonjean (propriétaire) ; Serre (propriétaire) ; Montel (propriétaire) ; Bergeret (propriétaire).
L'étude pour le remembrement des parcelles fut lancée en 1951, mais elle rencontra un obstacle, qui retarda l'avancement des opérations : le présence, sur l'îlot A, d´un étranger sinistré, qui du fait de son statut, ne pouvait pas toucher les dommages de guerre. Un accord fut trouvé et c'est finalement en juin 1951 que tous les sinistrés donnèrent leur consentement définitif pour lancer la reconstruction de l'îlot A.
Celle-ci s'effectua sous la direction d´André Malizard, nommé architecte en chef de l'îlot et originaire de Paris. L´îlot A fut divisé en trois unités de chantier, baptisées A1, A2 et A3. Les unités A1 et A2 furent traitées ensemble. Elles regroupaient les dommages de guerre de huit sinistrés et comprenaient, selon les plans de l'architecte, les bâtiments suivants :
- un immeuble de 4 étages, à l'angle de la rue des Martyrs et de la rue de Verdun, doté de garages en sous-sol
- un bâtiment d´un étage en bande continue sur la rue des Martyrs, avec des annexes commerciales en rez-de-chaussée
- un bâtiment d´un étage en bande continue rue Charles Mouchel, avec des annexes en rez-de-chaussée
- un bâtiment d´un étage à l´angle de la rue Charles Mouchel et de la rue Jean Gaument
- et enfin, un bâtiment de deux étages en bande continue sur la voie nouvelle n°2, rebaptisée rue de Verdun.
Au total, ces deux unités A1 et A2 devaient offrir 36 logements nouveaux. Ce programme ambitieux obtint un permis de construire le 21 juillet 1952.Pour hâter les opérations, la reconstruction globale de l´îlot A fut inscrite en priorité par un arrêté préfectoral du 16 avril 1954.
Malgré cette mesure, la reconstruction de la dernière unité de l´îlot A, nommée A3, n´intervint qu´en 1959. Elle fut édifiée avec les dommages de guerre de trois sinistrés, à l´extrémité de la rue de Verdun et sur la rue Jean Gaument. La construction projetée devait comporter :
- en rez-de-chaussée, à l´angle des rues de Verdun et Jean Gaument, une boutique et le logement d´un commerçant, suivis sur la rue Jean Gaument, d´une enfilade de garages, interrompue par des entrées des immeubles, correspondant à chacun des logements situés au 1er étage
- au 1er étage, sur la rue Jean Gaument, des logements composés de 3 à 4 pièces, avec cuisine et salle d´eau sur rue, et compte tenu de l´orientation, des salles de séjour prenant jour côté cour.
Pour cette portion de chantier, un permis de construire global fut délivré par l´administration le 21 septembre 1959 et la direction des opérations fut confiée à l´architecte Jacques Roehrich, originaire de Saint-Aubin.
Conservatrice en chef du Patrimoine