Dossier d’œuvre architecture IA76000558 | Réalisé par
Real Emmanuelle (Contributeur)
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel de la vallée de la Basse-Seine
papeterie Aubry, puis usine de cellulose Mölnlycke-France
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vallée de la Basse-Seine
  • Hydrographies la Seine
  • Commune Canteleu
  • Lieu-dit Croisset
  • Adresse quai Flaubert
  • Cadastre 1982 AZ 3
  • Dénominations
    usine de papeterie, usine de cellulose, usine de pâte à papier
  • Précision dénomination
    usine de papier journal
  • Appellations
    Papeteries Aubry , Mölnlycke
  • Parties constituantes non étudiées
    atelier de fabrication, entrepôt industriel, cheminée d'usine, quai, voie ferrée, aire des matières premières, chaufferie, salle des machines, atelier de conditionnement, aire de stockage du combustible, atelier de réparation, bureau, magasin industriel

En 1907, Armand Aubry, fabricant de papier à Albertville (Savoie) depuis 1899, fait édifier à Canteleu au lieu-dit de Croisset, la première papeterie de la région rouennaise, spécialisée dans la fabrication de papier d’impression, notamment de papier journal. Il rachète pour cela la distillerie de Croisset voisine et la fait détruire entièrement. La construction de l'usine est confiée à deux architectes : P. Germain et C. Morel. La situation portuaire du site avec ses quais et appontements permet son approvisionnement en bois scandinaves, utilisé pour la fabrication de la pâte à papier. La proximité de Rouen lui permettant de disposer d’un bassin de main-d’œuvre important a constitué également un facteur de localisation déterminant. Mais le fleuve lui sert également de source d'eau claire utilisée dans le processus industriel. Enfin, l’énergie d'abord produite sur place par une machine à vapeur est remplacée durant l'entre-deux guerres par l'énergie électrique générée par la centrale thermique de Grand-Quevilly mise ne service en 1913.

En 1918, l'entreprise est transformée en société anonyme et prend le nom de société des Papeteries Aubry. Son siège social est installé à Paris, 13 rue Parrot (12e arr.).

Après la première guerre mondiale, une râperie est construite permettant l'utilisation des bois normands en complément du bois scandinave importé. Une partie de la pâte papier est en effet produite sur place.

Après la mise en place d’une petite ligne de fabrication de papier hygiénique en 1925, l’usine Aubry poursuit la diversification de son activité en se lançant en 1932 dans la production de papier d’emballage de haute résistance dit papier Kraft (mot suédois signifiant force). Le déclin de la production de papier journal à partir de cette date s’explique par la concurrence directe opérée par les puissantes papeteries Chapelle Darblay et Sonopa mises en service en 1928 à Saint-Etienne du Rouvray et à Grand-Couronne.

La réorientation vers le papier Kraft entraine l'acquisition d'une quatrième machine à papier dont la taille et la vitesse dépassent largement celles des trois machines déjà en place. Sa mise en service permet en effet de tripler la capacité de production totale de l'usine. La diversification de l’activité se poursuit en 1936 avec la production de papier alimentaire dit « écrémé » et de papier goudronné. En 1939, l’usine Aubry produit annuellement 2 000 T de papier Kraft, 3 M de sacs à ciment et 100 T de papier toilette.

Durant la Seconde Guerre mondiale, la production s’effondre en raison du blocus naval qui entrave les importations de bois des pays scandinaves. De plus, les bombardements des 25 août 1943 et 1er août 1944 détruisent une partie du site mais fort heureusement les dommages portent sur les bureaux et l’atelier de conditionnement essentiellement, épargnant les ateliers de fabrication proprement-dits.

Au sortir de la guerre, le contingentement des matières premières, du combustible et de l’énergie électrique interdit le fonctionnement de l’usine à plein régime jusqu’en 1949.

Les années 1950 correspondent à une période de modernisation et d’extension qui permettent de quadrupler la production de sacs Kraft et de multiplier par 25 celle du papier hygiénique. Dans le même temps, un atelier de fabrication de pâte à papier à partir de paille (d'après le procédé Pornilio) est créé. Le nombre d’employés dans l’usine augmente proportionnellement et son effectif est de 700 personnes en 1964.

En 1965, les papiers à usage domestique fabriqués par la société Aubry, devenue premier producteur national de papier hygiénique, sont regroupés sous la marque Sanys.

En 1977, une machine capable de produire 80 T de papier par jour est installée dans l'usine qui se réoriente alors vers la production de carton ondulé en maintenant la fabrication de sacs Kraft et de papier hygiénique.

En 1980, la partie ouate de cellulose est rachetée par le groupe suédois Mölnlycke-France qui absorbe en 1983 l'ensemble de l'entreprise. Seule fabrication d'ouate de cellulose est maintenue sur le site, entrainant nombre de licenciements. A la suite de longues luttes internes, 150 millions de francs sont investis sur le site en 1995 de remplacer une machine à papier par une unité ultra moderne. Les capacités de production et de transformation sont doublées. Cette modernisation va permettre de fournir 600 tonnes de papier chaque semaine soit 35 000 tonnes par an. Le groupe Mölnlycke est alors le premier producteur européen des produits de papier jetable. Malgré ces investissements, l’usine de Croisset ferme définitivement en 1999, entrainant le licenciement des 175 personnes. Faute de repreneurs, les bâtiments sont encore désaffectés au milieu des années 2000.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 2e quart 20e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 3e quart 20e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 4e quart 20e siècle , daté par travaux historiques
  • Dates
    • 1907, daté par travaux historiques
    • 1925, daté par travaux historiques
    • 1932, daté par travaux historiques
    • 1936, daté par travaux historiques
    • 1977, daté par travaux historiques
    • 1995, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)

L'usine est construite en bord de Seine face au fleuve sur lequel elle dispose d'un appontement en béton. Elle se déploie sur 3 ha et comprend sur cette surface relativement étroite une dizaine de bâtiments accolés servant pour la production (des ateliers d’écorçage du bois, de trituration, de fabrication de la pâte mécanique, de fabrication du papier, de fabrication des sacs, de triage, de conditionnement...), pour les réparations (des ateliers de menuiserie, de mécanique, une forge) pour l'entreposage et de stockage (un parc à bois, à charbon, des entrepôts pour la pâte à papier importée et le kaolin, des magasins), pour la production d'énergie et l'alimentation en eau (chaufferie, salle des machines, cheminée, salle des pompes), des bureaux et une conciergerie. La plupart de ces ateliers sont des bâtiments de type halle, construits en rez-de-chaussée et très grande hauteur sous toiture. Leur système constructif met en œuvre une ossature métallique ou en béton armé, des maçonneries en brique et moellon de calcaire et d'un appareillage anti-feu de type "Grinel".

  • Murs
    • brique maçonnerie revêtement
    • calcaire moellon
    • béton béton armé
  • Toits
    tuile mécanique
  • Étages
    en rez-de-chaussée
  • Couvrements
    • charpente en béton armé apparente
    • charpente métallique apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
  • Énergies
    • énergie thermique produite sur place
    • énergie électrique achetée
  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté, mauvais état, menacé
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • AD Seine-Maritime. Série M. Sous-série 5M : 5 M 395. Bâtiments insalubres et dangereux.

    Déclaration d’activité de son usine de pâte de bois et de papier de Croisset, par Armand Aubry 1922.
  • AD Seine-Maritime. Série M. Sous-série 5M : 5 M 391. Bâtiments insalubres et dangereux.

    Autorisation pour les Papèteries Aubry d'exploiter une machine à goudronner le papier, 1913.
  • AD Seine-Maritime. Série M. Sous-série 5M : 5 M 391. Bâtiments insalubres et dangereux.

    Plan d'ensemble de l'usine, 1/250e, 1913.
  • AD Seine-Maritime. Série M. Sous-série 5M : 5 M 391. Bâtiments insalubres et dangereux.

    Plan d'ensemble de l'usine, 1/500e, 1934.
  • AD Seine-Maritime. Série M. Sous-série 5M : 5 M 391. Bâtiments insalubres et dangereux.

    Autorisation pour les papèteries Aubry d'exploiter une machine à goudronner le papier, 1913.
  • AD Seine-Maritime. Série M. Sous-série 5M : 5 M 391. Bâtiments insalubres et dangereux.

    Plan d'ensemble de l'usine, 1/1000e, 1934.

Bibliographie

  • LEJARD, Alice, LEJARD, Wilfrid. Canteleu, Regards sur le passé. Saint-Etienne-du-Rouvray : Imprimerie EDIP, 1989. 143 p.

    p. 139, 140
  • MISSION D'ÉTUDE ET D'AMÉNAGEMENT DE LA BASSE-SEINE. Industrialisation de la Basse-Seine. Étude des branches industrielles. 1969

    Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen : 1AI P1
    6-La pâte à papier, les papiers et les cartons. Novembre 1969.
  • REAL, Emmanuelle. Le paysage industriel de la Basse-Seine. Rouen : Connaissance du patrimoine de Haute-Normandie, Service régional de l'inventaire du patrimoine culturel de Haute-Normandie, coll. Images du patrimoine 249, 2008, 263 p.

    p. 96.
  • ALEXANDRE, Alain, CROGUENNEC Michel. Histoire d’usines, 180 ans de vie industrielle dans l’agglomération rouennaise. Ed. L’écho des vagues, 2013, 320 p.

    p. 252.

Périodiques

  • CHAMPEAUX, Pierre. La moitié du papier journal français se fabrique à Rouen. In La revue de Rouen, 1947, n°2.

  • Les papeteries Aubry. In Présence Normande, 1970, pp. 8-10

  • LE PEZRON, Philippe. Aubry regroupe ses produits sous la marque Sanys. In Présence Normande, 1967, pp. 27-30.

  • Les papeteries Aubry. In Présence Normande, n° spécial, 1970, p. 8-10.

Date(s) d'enquête : 1996; Date(s) de rédaction : 1997, 2007
(c) Région Normandie - Inventaire général
Real Emmanuelle
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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