Photographe à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie, puis de Normandie, depuis 2005.
- enquête thématique régionale, architecture rurale du Parc naturel régional du Perche
- (c) Région Normandie - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Parc naturel régional du Perche - Tourouvre
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Commune
Longny-au-Perche
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Lieu-dit
la Linardière
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Cadastre
1831
E2
213, 214
;
2021
ZP
4
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Précisions
nouvelle commune Longny-les-Villages
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Dénominationsferme, demeure
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Destinationsmaison
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Parties constituantes non étudiéesétable, grange, cour, écurie, toit à porcs, cellier, jardin, fontaine, portail
Une métairie est attestée à la Linardière dès 1630. Elle appartient alors à la famille Monhay dont les membres, qualifiés de seigneurs de Linardière ou Lénardière se succèdent à la charge de bailli de Longny tout au long du 17e siècle. Suite au décès de Louis Monhay survenu en 1675, il est probable que la métairie passe à la famille Groustel qui en reste propriétaire tout au long de la première moitié du 18e siècle. À cette époque, il existe la Petite et la Grande Linardière comme le montre un plan terrier postérieur, non daté et non signé (1ère moitié 18e siècle, archives départementales d'Eure-et-Loir), mais qui mentionne le nom de son propriétaire, le Sr Barré. La Grande Linardière s'apparente à une grosse ferme formant un plan en "U" comme le montre dans son intégralité le plan cadastral de 1831. Ses bâtiments datent essentiellement du 17e siècle et comportaient un logis de ferme de plain-pied.
Vers 1756-1757, le domaine de Linardière est vendu à Alexis Gagnat de la Motte, fils illégitime de Pierre Gagnat de la Couronne, baron de Longny) qui entreprend la transformation du logis de ferme en maison de maître. Pour cela, il fait rehausser d'un étage carré le bâtiment, revoit complètement la distribution intérieure en créant de grandes pièces à vivre ornées de lambris, aussi bien au rez-de-chaussée (salle à manger, salon) qu'à l'étage (chambres). Cette campagne de construction se déroule en 1758 comme l'indique la date portée, gravée dans la charpente du comble, au niveau du faux-entrait de la première ferme nord. Suite au décès d'Alexis Gagnat en 1762 et de ses proches héritiers (fille, beaux-frères et belles-sœurs), la propriété passe en 1773 à Pierre Honoré Brochard (1737-1813), le cadet et dernier vivant de la belle famille. Officiers des écritures dans la Marine Royale, Pierre Honoré vit à Rochefort jusqu'en 1776, puis à Chartres et à Longny épisodiquement. Veuf d'un premier mariage, il épouse en secondes noces, en 1778, Marie Victoire Bazin avec qui il a deux filles, Victoire Geneviève en 1780 et Apolline Thérèse en 1782. Pierre Honoré est très certainement le commanditaire du creusement de la cave et de la construction de l’extension ouest du logis secondaire en pan de bois, abritant la descente de la cave. La date de 1786 y est peinte, ainsi que les initiales "PB" désignant probablement Pierre Brochard.
Au décès de Pierre Honoré en 1813, ses deux filles héritent de la Linardière mais Victoire rachète la part de sœur et devient l'unique propriétaire. Elle épouse en 1803 Charles Antoine de Pierres, issu de la noblesse d'épée. Les époux vivent à Chartres dans les premières années de leur mariage. Victoire entreprend des travaux d'embellissement de la maison de maître au début des années 1820 dans l'objectif d'y installer sa famille dès 1824, pour le mariage d'une de ses filles. La maison de maître reçoit alors un nouvel enduit de façade au décor de fougères réalisé a fresco en grattant l'enduit lissé. Victoire crée également un jardin directement au sud des bâtiments, clos de murs et équipé d'une fontaine. C'est à cette occasion que la maison est, pour la première fois, présentée sous le nom de "Château de Linardière". Victoire décède à Linardière en 1846, tout comme son époux mort deux ans plus tôt. La propriété passe alors à leur petite-fille, Marie-Louise Legrand du Souchay, qui avait épousé en 1845 Robert Félix Gaspard Monnier de Savignac. Elle décède rapidement, en 1847, et laisse la propriété à son époux. Robert de Savignac quitte alors la Linardière pour la région lyonnaise, où il épouse en secondes noces Louise de la Baume Pluvinel avec qui il a trois enfants. Suite au décès de sa seconde épouse en 1869, il retourne par intermittence habiter la maison de maître.
L'examen des recensements de population permet de savoir qui vit à Linardière. Outre le fermier et sa famille, qui habitent le logis de la ferme, réside également le jardinier, sans doute dans le logis secondaire en pan de bois. Durant les périodes d'absence du propriétaire, la maison de maître n'est pas toujours inoccupée. Elle est louée ou prêtée, notamment en 1856 à Adolphe Louis de Musset, cousin d'Alfred de Musset. Suite au décès de Robert de Savignac en 1905, les héritiers vendent le domaine de Linardière à Jean-Louis Leroy, ancêtre des actuels propriétaires. La ferme est modifiée à plusieurs reprises, au 19e siècle par l'ajout de dépendances (étable indépendante nord-est), le percement et/ou l'agrandissement d'ouvertures préexistantes (brique) et, dans la seconde moitié du 20e siècle, par l'ajout de hangars et d'une stabulation. De source orale, le portail serait celui de l'ancien château de Longny. Le marquis de Ludre l'aurait vendu à Jean-Louis Leroy, suite à la construction du nouveau château et du nouveau portail vers 1907.
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Période(s)
- Principale : 17e siècle
- Principale : 3e quart 18e siècle
- Secondaire : 19e siècle
- Secondaire : 2e moitié 20e siècle
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Dates
- 1758, porte la date
- 1786, porte la date
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Auteur(s)
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Personnalité :
Gagnat de la Motte Alexiscommanditaire attribution par sourceGagnat de la Motte Alexis
Alexis Philippe Gagnat de la Motte est probablement le fils illégitime de Pierre Gagnat de Saint Andiol de la Couronne (1680-1750), baron de Longny. Les actes et registres paroissiaux ne mentionnent ni sa date de naissance ni le nom de ses parents. Son contrat de mariage, passé le 9 octobre 1751 avec Geneviève Apolline Brochard, précise qu'une dote de 70 000 livres lui est remise par son probable demi-frère, Alexandre Louis Gagnat (1706-1764) qui succède à son défunt père comme baron de Longny. Alexis Gagnat de la Motte se voit confier la charge de maître des grosses forges de Longny de 1750 jusqu'à son décès survenu en 1762. Résidant à la maison de maître de la forge de Beaumont, il acquiert le domaine de l'Inardière vers 1756-1757 et entreprend la transformation du logis de ferme en maison de maître par le rehaussement d'un niveau d'élévation.
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Personnalité :
Brochard Pierre Honorécommanditaire attribution par sourceBrochard Pierre Honoré
Officiers des écritures dans la Marine Royale, Pierre Honoré Brochard devient propriétaire de la maison de maître de la Linardière (à Longny-au-Perche dans l'Orne) en 1773. Veuf d'un premier mariage, il épouse en seconde noce Marie Victoire Bazin avec qui il a deux filles, Victoire Geneviève (1780) et Apolline Thérèse (1782). Il est le commanditaire du creusement de la cave et de la construction de l'extension servant à abriter la descente de la cave.
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Personnalité :
Brochard de Pierres Victoirecommanditaire attribution par sourceBrochard de Pierres Victoire
Fille de Pierre Honoré Brochard (1737-1813) et de Marie Victoire Bazin (?-1818), Victoire Geneviève Brochard épouse en 1803 Charles Antoine de Pierres, issu de la noblesse d'épée. Résidant à Chartres durant les première années de leur mariage, les époux de Pierres-Brochard s'installe à Linardière à Longny-au-Perche (Orne) en 1824. Victoire avait hérité de cette maison de maître de son père en 1813 et l'héritage de sa mère en 1818 lui procure un support financier pour entreprendre des travaux d'embellissement (pose d'enduit extérieur à décor, création du jardin clos de mur, de la fontaine, etc.). Victoire habite Linardière jusqu'à son décès en 1846. Sa pierre tombale, initialement dans le cimetière de Longny, a récemment été récupérée par les propriétaires actuels de la maison de maître où elle a pris place, dans le jardin,
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Personnalité :
La Linardière se situe au sud-est de la commune déléguée, entre le bourg de Longny et celui du Mage. La maison de maître et l'ancienne ferme sont implantées sur les hauteurs du plateau, en bordure du versant, offrant un large panorama. Les bâtiments s'organisent en "U" autour d'une cour ouverte à l'est. Un portail, composé de deux piliers en brique entre lesquels s'insère une grille à deux vantaux en fer forgé, marque l'accès à la cour. Cette dernière était probablement subdivisée en deux espaces, l'un dévolu à l'exploitation agricole au nord, l'autre à la maison de maître au sud. Un ancien puits de forme hexagonale et un muret, tous deux disparus aujourd'hui, les délimitaient.
La partie sud du site regroupait la maison de maître et ses dépendances, organisées en retour d'équerre. Placée à l'ouest, la maison de maître possède une façade principale, donnant sur la cour, orientée à l'est. Elle comprend un rez-de-chaussée et un étage carré, résultant d'une surélévation à une époque plus tardive, comme l'indique le changement de matériau aux chaînages d'angle et aux encadrements des baies, et un étage de comble éclairé par sept lucarnes à croupe débordante côté cour, contre deux en façade postérieure. La façade sur cour bénéficie d'un meilleur éclairage avec des ouvertures plus grandes, disposées en travées régulières, tout comme en façade postérieure. La porte principale, approximativement centrée en façade est, donne accès au vestibule desservant les pièces du rez-de-chaussée, un escalier dans-œuvre desservant celles de l'étage. Au fond de ce vestibule, une porte mène à un couloir qui longe toute la façade postérieure et dessert chaque pièce. Également accessible depuis l'extérieur par une porte secondaire, la cuisine est implantée au nord du bâtiment. Elle conserve sa cheminée monumentale en pierre de taille calcaire - manteau reposant sur des piédroits à corbeaux en doucine, hotte inclinée - qui donne accès au four à pain disposé latéralement, ainsi que son potager (fourneau en fonte et carreaux de faïence) placé devant la fenêtre. Au sud, se trouvent la salle à manger et un vaste salon dont les murs sont revêtus de lambris de hauteur en bois peint et mouluré. Une cheminée en pierre de taille calcaire, de style Louis XV, orne le salon tandis qu'un poêle en faïence chauffe la salle à manger. L'escalier tournant à gauche donne accès à l'étage carré dont les trois chambres sont desservies par un couloir longeant la façade sur cour. Depuis l'étage, un autre escalier, plus sommaire, dessert le comble à usage de grenier et de logement de domestique, relégué au nord. Lors de récents travaux d'aménagement, le lambris sur lattes d'une chambre de domestique a été retiré, mettant ainsi à nu la date portée 1758, gravée sous le faux entrait de la ferme nord de la charpente et entourée d'un cartouche (correspondant à la surélévation de l'édifice). Un petit édicule accolé sur la face sud servait de pigeonnier (trous de boulin visibles en partie supérieure). Perpendiculairement au sud-est du logis, se trouvent les dépendances comprenant trois corps de bâtiment d'époques différentes, alignés sous un même toit. Le plus ancien, au centre, servait de logis secondaire. S'y adosse à l'ouest un corps de bâtiment abritant la descente de cave, située en sous-sol, qui s'étend vers le sud sous l'ancien jardin. Le mur intérieur porte une inscription peinte sur l'enduit, la date de 1786 précédée des initiales PB désignant probablement son commanditaire, Pierre Brochard. Côté est, se trouve une autre dépendance à usage probable d'écurie.
La ferme occupe la partie nord du site. Ses deux bâtiments principaux, reliés tardivement, forme un "L". À l'ouest, se trouvent les deux granges alignées percées de grandes portes charretières. À l'est, le bâtiment principal, en rez-de-chaussée, abrite sous un même toit sept corps de bâtiments. À l'extrémité est se situe le logis (salle, chambre et laverie, laiterie adossée en façade postérieure). Un ancien logis, converti en étable, occupait l'autre extrémité avant que les deux ensembles de bâtiments ne soient reliés. Implantée de manière isolée, plus au nord-est, se trouve une étable, aujourd'hui entourée de hangars construits tardivement.
À l'exception du mur nord du logis secondaire, en pan de bois hourdé en torchis reposant sur un solin maçonnés, les murs des bâtiments sont essentiellement en moellons de silex et, dans une moindre mesure, en grès et en calcaire. Ces murs sont couverts d'un enduit plein ou à pierre vue. Le mur ouest et le pignon sud de la maison de maître conservent leur enduit à décor datant probablement du deuxième quart du 19e siècle. Ce décor géométrique, figurant de grandes hampes végétales, évoquant des fougères, est réalisé a fresco grattant l'enduit lissé encore frais. Les encadrements d'ouvertures et les chaînages d'angle sont en pierre de taille de roussard et de calcaire, pour les bâtiments les plus anciens, ou en brique, pour les plus récents, comme l'étage carré de la maison de maître. Les toits à longs pans et à croupe sont couverts en tuile plate.
Le jardin, à l'origine entièrement clos de murs, s'étend sur une parcelle rectangulaire au sud du site. Deux murs, à l'ouest et au sud, en marquent les limites tandis qu'une allée de tilleuls le cantonne à l'est. Un troisième mur, en partie détruit, fermait auparavant le jardin au nord. L'accès se faisait par une porte piétonne au nord et par un portail au sud, face à l'allée de tilleuls. Au centre, se trouve un bassin entouré de buis. Récupérée par les actuels propriétaires lors de travaux au cimetière paroissial, la stèle funéraire de Pierre et Victoire Brochard repose contre le mur sud du jardin.
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Murs
- silex moellon enduit
- grès moellon enduit
- calcaire moellon enduit
- torchis pan de bois
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Toitstuile plate
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Étagesen rez-de-chaussée, 1 étage carré
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Élévations extérieuresélévation à travées
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Couvertures
- toit à longs pans croupe
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Escaliers
- escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour
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État de conservationbon état
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Statut de la propriétépropriété privée
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Intérêt de l'œuvreà signaler
La Linardière a fait l'objet de recherches historiques approfondies (actes notariés, registres paroissiaux...) par ses actuels propriétaires qui ont permis d'enrichir le dossier. Choisi par Alexis Gagnat pour ériger sa maison de maître afin d'affirmer son pouvoir, le site revêt un grand intérêt patrimonial à plusieurs titres : son histoire, bien connue, ses bâtiments d'époque et de factures diverses et la conservation d'éléments architecturaux de décor aussi bien à l'intérieur (lambris, cheminées, escalier, etc.) qu'à l'extérieur (vestiges d'enduit à décor de fougères). Il est à noter que ce type de décor extérieur est rarissime à l'échelle communale, même si on le retrouve à la Bâtisse où ils paraissent plus récent, et mérite, du fait de sa fragilité, une attention toute particulière.
- (c) Région Normandie - Inventaire général
- (c) Parc naturel régional du Perche
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Documents d'archives
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AD Orne. 3 P 3-230/1 => 3 P 3-230/11. Longny-au-Perche – matrices cadastrales (1831).
Bibliographie
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LEROY, Annick, LEROY, Jean-Louis, Une brève histoire de l'Inardière. Tapuscrit, novembre 2015, 25 p.
Documents figurés
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AD Orne. 3 P 2-230/1 => 3 P 2-230/21. Longny-au-Perche – plans cadastraux (1831).
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AD Eure-et-Loir. 2 Fi 363/06. Longny-au-Perche (Orne) : Plan terrier de la Linardière (?), non-daté (2e moitié 18e siècle) et non-signé.
Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'étude et de la valorisation du patrimoine bâti.
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