Dossier d’œuvre architecture IA61002184 | Réalisé par
Maillard Florent (Contributeur)
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'étude et de la valorisation du patrimoine bâti.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • enquête thématique régionale, architecture rurale du Parc naturel régional du Perche
hôtel particulier dit villa Jumeau
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional du Perche - Tourouvre
  • Commune Longny-au-Perche
  • Lieu-dit le Bourg,
  • Adresse 2 rue de Foulx
  • Cadastre 2021 AB 455
  • Précisions nouvelle commune Longny-les-Villages
  • Dénominations
    demeure
  • Parties constituantes non étudiées
    remise, écurie, portail, cour, glacière, orangerie, serre

La construction de cet hôtel particulier, dit "villa Jumeau", du nom de son commanditaire Pierre-François Jumeau, créateur des célèbres poupées éponymes, s'achève en 1877, comme l'indique les matrices cadastrales. Elle a nécessité la destruction trois ans auparavant de six maisons qui préexistaient sur la parcelle. Celles-ci se situaient dans la cour de la propriété et de l'autre côté du portail, sur l'actuelle placette. Le fils aîné de l'entrepreneur, Georges-Eugène, architecte et ingénieur, aurait, selon la tradition orale, dressé les plans de cette maison bourgeoise, avant son décès, survenu prématurément en 1873. La propriété reste dans la famille jusqu'aux années 1930. La municipalité s'en porte acquéreur et divise l'édifice en appartements, tandis que les communs sont convertis en bureaux pour la perception et le service des Ponts et Chaussées. Au tournant du 21e siècle, la propriété redevient privée.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle
  • Dates
    • 1877, daté par source
  • Auteur(s)
    • Personnalité :
      Jumeau Pierre-François
      Jumeau Pierre-François

      Né à Rémalard en 1811 et fils d'un fabricant de jouets, il est le créateur des célèbres poupées nommées "bébés Jumeau" et le commanditaire de l'hôtel particulier dit "villa Jumeau" à Longny-au-Perche (Orne). Grâce à la qualité et au soin qu'il apporte à ses poupées, il reçoit en 1867 une première médaille d'argent à l'exposition universelle de Paris. En 1871, ses ateliers parisiens s'installent à Montreuil et emploient jusqu'à 300 ouvrières. Ses deux fils, Georges-Eugène (1841-1873) et Émile-Louis Jumeau (1843-1910), s'investissent dans l'entreprise familiale. L'ainé, architecte et ingénieur, invente le système d'articulation à ressort des têtes de poupée et dresse les plans de construction de l'hôtel particulier de son père. Le cadet rejoint l'entreprise, suite à la mort prématurée de son frère en 1873, pour en prendre la direction au retrait de son père en 1878. La décennie suivante, le succès des "bébés Jumeau" oblige la manufacture à se développer. En 1889, les ateliers comptent plus de 1 000 ouvriers et ouvrières. La demande est telle que les couturières de Longny et de ses environs sont démarchées pour confectionner les costumes des poupées. La concurrence de plus en plus âpre contraint Émile-Louis à céder son entreprise en 1899 à la Société française des bébés et des jouets.

      Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
      commanditaire attribution par source
    • Auteur :
      Jumeau Georges-Eugène
      Jumeau Georges-Eugène

      Fils de Pierre-François Jumeau, le créateur des célèbres poupées nommées "bébés Jumeau" à la fin des années 1860, George-Eugène, architecte et ingénieur, s'illustre auprès de son père en inventant le système d'articulation à ressort des têtes de poupée. Il dresse en 1866 les plans de construction de l'hôtel particulier dit "villa Jumeau" à Longny-au-Perche (Orne). Il décède prématurément en 1873.

      Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
      architecte attribution par source

Situé à l'ouest du bourg, au n°2 rue des Foulx, l'hôtel particulier est implanté sur une parcelle oblongue bordée par la route départementale n°290. La propriété comprend le logis en milieu de parcelle, une écurie, une remise, une orangerie, une serre et un parc arboré au nord devenu public.

Le logis s'élève sur trois niveaux comprenant un rez-de-chaussée surélevé sur cave, un étage carré et un étage de comble. Les façades principale, orientée au sud-est, et postérieure sont rythmées par cinq travées régulières, des jours du niveau de la cave aux lucarnes en œil-de-bœuf. L'accès se fait par un escalier extérieur droit, implanté sur chacune de ses façades dont la travée centrale se distingue du reste de l'élévation par une légère saillie et un décor architecturé. Les bossages en table soulignent leurs travées médianes et les chaînes d'angle en accentuent l'élan vertical de l'élévation. Un fronton cintré, brisé en son milieu pour recevoir une imposante lucarne en plein cintre implantée sur l'égout, somme les travées centrales. Seul l'étage de la façade antérieure bénéficie en son milieu d'un petit balcon au garde-corps en fer forgé soutenu par deux consoles à volute. Les fenêtres du rez-de-chaussée surélevé et de l'étage carré sont à chambranles moulurés à cossettes et surmontées d'un arc segmentaire. La baie centrale de l'étage reçoit, tant en façade sur cour que sur jardin, un traitement individualisé. Encadré par des pilastres doriques, elle est surmontée d'un fronton triangulaire ; celle en façade principale étant ornée d'un décor sculpté d'une coupe et de végétaux. À l'intérieur (non vu lors de l'étude), le rez-de-chaussée est traversé par un large couloir qui dessert deux pièces en profondeur réparties de part et d'autre. Les pièces nord-ouest servaient initialement de cuisine et de salle à manger, le salon et le cabinet / bibliothèque se trouvant au sud-est. Chaque pièce dispose d'une cheminée en marbre. Placé dans le couloir, un escalier monumental tournant dans-œuvre (marches, contremarches et main-courante en bois, rampe en fer forgé) dessert depuis le rez-de-chaussée les étages. Trois chambres et un cabinet, également équipés d'une cheminée, occupent l'étage carré, tandis que l'étage de comble abritait de chambres du personnel domestique.

Si les élévations latérales et le niveau de soubassement sont en moellons de silex couverts d'un enduit plein, les façades antérieure et postérieure sont en pierre de taille calcaire en parement, tout comme la modénature (chambranles à crossettes, bossage en table, frontons, bandeau et corniche). La brique est utilisée ponctuellement au niveau des souches de cheminée dont les angles sont en pierre de taille calcaire à bossage en table. Les baies en œil-de-bœuf de l'étage de comble sont en zinc. Le toit à longs pans brisés et à croupes est couvert en ardoise pour le brisis et en zinc au niveau du terrasson et des croupes. Le faîte est orné d'une crête en zinc, tout comme les épis de faîtage protégeant les poinçons.

  • Murs
    • silex moellon enduit
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    ardoise, zinc en couverture
  • Étages
    étage de soubassement, en rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans brisés croupe
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit
  • Énergies
  • État de conservation
    bon état
  • Représentations
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler, maison d'homme célèbre
  • Sites de protection
    site patrimonial remarquable

Cet hôtel particulier revêt un intérêt patrimonial à plusieurs titres :

- son histoire bien documentée et son célèbre commanditaire, Pierre-François Jumeau, créateur des poupées ;

- son architecture qui l'inscrit dans la mouvance néo-classique en vogue à cette époque ;

- son implantation en milieu de parcelle, sa cour close de murs, la présence de dépendances spécifiques et caractéristiques (orangerie, serre, remise, écurie).

La villa Jumeau est le reflet d'une réussite sociale. Le parti architectural, prisé de la bourgeoisie, s'inscrit en rupture avec le bâti traditionnel rural environnant. A cet égard, elle présente un intérêt patrimonial à l'échelle de la commune. La personnalité de son commanditaire renforce l'intérêt historique de cette propriété à l'échelle du Parc, qui révèle l'engouement de riches entrepreneurs pour la terre percheronne, devenue un lieu de villégiature au cours du 19e siècle.

Documents d'archives

  • AD Orne. 3 P 3-230/1 => 3 P 3-230/11. Longny-au-Perche – matrices cadastrales (1831).

    Archives départementales de l'Orne, Alençon : 3 P 3-230/1 => 3 P 3-230/11

Bibliographie

  • LECOMTE, Jacky. Longny et son canton. Coll. Mémoire en images, Saint-Cyr-sur-Loire : Éditions Alan Sutton, 2007, 128 p.

    p. 39-40
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Parc naturel régional du Perche
(c) Région Normandie - Inventaire général
Maillard Florent
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'étude et de la valorisation du patrimoine bâti.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.