Dans la matinée du 13 janvier, à la nouvelle de l'approche de l'ennemi, deux compagnies de mobilisés, fortes d'un peu plus de cent hommes, s'étaient déployées en tirailleurs à environ un kilomètre à l'est de Bourneville, s'étendant du hameau des Coqs à la ferme du Bocage. Vers dix heures, au moment où un épais brouillard venait de se dissiper, les mobilisés se virent en présence d'une forte reconnaissance prussienne, dont ils n'étaient séparés que par l'étroit vallon du Callouet, qui coupe à angle droit le chemin de Routot. Bien qu'armés de mauvais fusils à percussion, ils engagent une fusillade qui maintient pendant quelque temps l'ennemi à distance, et permet à leur bataillon, resté à Bourneville, de se retirer sur Pont-Audemer sans être inquiété. Bientôt, craignant d'être débordés sur leur gauche, ils abandonnent la ferme du Bocage, où cinq des leurs sont faits prisonniers. Les éclaireurs de Normandie, accourus à leur secours, restent seuls pour soutenir la retraite ; mais, vers onze heures, menacés à leur tour sur leur droite par une centaine de cavaliers, qui se répandent dans la plaine avec du canon, ils quittent leur position et regagnent à travers champs la route de Fourmetot. Un des leurs, le caporal Vanier, resté le dernier, se voit tout à coup poursuivi par trois dragons. Avec le sentiment de supériorité que doit avoir tout fantassin en face de quelques hommes à cheval, il continue sa retraite sans se déconcerter, puis, quand ses adversaires ne sont plus qu'à une cinquantaine de pas, il se retourne, ajuste celui qu'il croit être le chef de la patrouille et l'étend roide mort ; après quoi il recharge son arme et continue sa route, s'attendant à être poursuivi. Mais les cavaliers se sont arrêtés ; l'un d'eux met pied à terre pour relever celui qui est tombé, l'autre galope après le cheval qui a perdu sa monture. Pendant ce temps, le caporal Vanier gagne Bourneville et s'échappe en se jetant sur un cheval de paysan. Son coup de feu avait été le dernier de la journée ; il avait frappé au cœur le capitaine de Dressler, chef de l'escadron des dragons lithuaniens. Le 3e régiment d'infanterie prussienne perdit un grenadier dans cette rencontre ; de notre côté, on eut à déplorer la perte de deux hommes tués, cinq blessés et six prisonniers. A la suite de cette affaire, les mobilisés et les francs-tireurs se retirèrent sur la Touques pour rejoindre le gros de leur division.
Chercheuse associée au Parc naturel des Boucles de la Seine Normande depuis 2014, en charge de l'inventaire du patrimoine bâti et des éléments de paysage associés.