Le trailer parc Boenderville, constitué de Mobil home et situé dans l'enceinte de la base aérienne est totalement insuffisant pour accueillir l'ensemble des personnels américains. Il est de surcroît réservé aux simples soldats et aux personnels de couleur. Répartis temporairement aux alentours de la ville, les Américains habitent louent difficilement des maisons ne correspondant nullement à leurs standards. En 1957, est donc lancé en France, pour l'ensemble des bases américaines, un vaste projet de construction de logements. Pour les bases de l'USAAF, la cité doit être située, selon le cahier des charges, à moins de 8 kms du terrain.
En mai 1955, les travaux débutent. Les logements collectifs de la Sablonnière (252 logements) voient ainsi le jour à 6 kms à l'ouest de la base aérienne. Cette cité est souvent nommée "1ère cité américaine" ou "Cité Saint-Michel". La Société Civile et Immobilière des Sept Villes, financée par sa filiale SOFITEC est propriétaire et maître d'ouvrage du projet. Si les Etablissements Lambert et Cie semblent obtenir le marché de construction, le nom de la société Fougerolle pour Travaux Publics apparaît également dans les documents ultérieurs. Les immeubles sont achevés et livrés par quart à compter du mois d'août 1955, jusqu'à décembre 1955. Les noms de rues évoquent des batailles et lieux célèbres de la Première Guerre mondiale. En 2025, le terrain de la cité est toujours en copropriété (gestion Foncia Rouen).
Fort de son expérience à la Celle-Saint-Cloud (Yvelines) en 1954-1955 (300 logements construits dans des immeubles de 3 étages et 6 pavillons pour officiers), l'architecte Marc Rainaut qui a fondé la C.I.M.R., obtient un contrat pour la construction de 2 700 logements répartis sur 19 villes françaises, dont Evreux. En 1958-59, les maisons individuelles de la cité Lafayette sortent de terre (quartier Saint-Michel, 26 hectares, 175 pavillons). En 1959, le nom "Lafayette" est proposé par le commandant de la base au maire d'Evreux, afin de bien dissocier la seconde cité Saint-Michel de Saint-Michel village, notamment pour le courrier et les livraisons. Les logements sont livrés en 1960. En 1958, le projet d'abattage d'arbres anciens le long du chemin du Neubourg, pour l'électrification de la cité, provoque de vives réactions des riverains et la municipalité. EDF est contraint de revoir son projet initial.
Dans le secteur de la Madeleine, le Village de la Forêt comprend quant à lui 146, puis 244 logements, réservés aux familles de sous-officiers. Les aménagements se font au prix de travaux considérables. L'approvisionnement en eau de Saint-Michel a été réévalué dès l'origine avec la construction d'un nouveau château d'eau d'un coût de 19 millions, dont six seront pris en charge par la Société Civile et Immobilière des Sept Villes. Un second château d'eau verra le jour au nord de la cité La Fayette, néanmoins les problèmes de pression d'eau sont récurrents dans les immeubles collectifs à étages, les radiers des deux châteaux d'eau étant trop bas. C'est finalement le château d'eau de l'hôpital américain qui permettra d'apporter une solution satisfaisante à ce problème en 1960-1961. Les maisons sont livrées en 1957. Le terrain de cette cité est propriété de la commune d'Evreux.
En 1967, après le départ des Américains, les logements de la cité Lafayette sont vendus par la Compagnie Immobilière Marc Raimbault à la Société Nationale Immobilière (S.N.I.) à l'exception de quelques pavillons, cédés à des propriétaires privés. Le système de copropriété horizontale est maintenu en raison des servitudes dont le sol est grevé, telles que les canalisations, les égouts, les conduites de chauffage, etc. La vente à des particuliers français pose d'emblée la question des clôtures, absentes sur les deux sites. Il est finalement décidé pour la cité Lafayette de les refuser et de préserver les espaces ouverts, tels que conçus par les aménageurs américains.
Menacés de destruction jusqu'en 2020, 160 logements de la cité Lafayette sont finalement sauvés pour être réhabilités. En octobre 2020, les travaux sont confiés au groupe Treuil, associé à la société Garim sur le poste promotion immobilière (maître d'ouvrage, Cité Lafayette Project, Evreux ; architecte, Atelier XV, Mont-Saint-Aignan ; bureau de contrôle et CSPS : Socotec Evreux). En septembre 2021, la présentation des maisons témoins ouvre la vente des pavillons en cours de réhabilitation. L'ensemble du premier lot (une quarantaine de pavillons) s'écoule en deux semaines ; la fin des travaux de réhabilitation était initialement prévue à l'horizon 2023.
Tous les logements sont vidés de leur infrastructure intérieure. Les murs, la charpente et la toiture sont préservés, sans nouveaux percements. Le parti d'origine est respecté dans son esprit. Les grands arbres isolés sont préservés. Des clôtures légères marquent désormais les parcelles (bois - grillage), mais uniquement sur trois côtés, le côté rue restant ouvert, sans portail ni clôture.
Chargé d'études à l'Inventaire général du patrimoine culturel depuis 1991. Ingénieur d'études (DRAC Haute-Normandie jusqu'à la loi de décentralisation), puis ingénieur et ingénieur principal, Région Normandie.
Spécialités : vitrail (correspondant du centre Chastel pour la Haute-Normandie), patrimoine rural, construction navale, patrimoine militaire (fortifications du mur de l'Atlantique dans le cadre du PCR mur de l'Atlantique), patrimoine aéronautique, patrimoines commémoratifs.