Dossier collectif IA27004535 | Réalisé par
Chéron Philippe (Contributeur)
Chéron Philippe

Chargé d'études à l'Inventaire général du patrimoine culturel depuis 1991. Ingénieur d'études (DRAC Haute-Normandie jusqu'à la loi de décentralisation), puis ingénieur et ingénieur principal, Région Normandie.

Spécialités : vitrail (correspondant du centre Chastel pour la Haute-Normandie), patrimoine rural, construction navale, patrimoine militaire (fortifications du mur de l'Atlantique dans le cadre du PCR mur de l'Atlantique), patrimoine aéronautique, patrimoines commémoratifs.

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Pottier Gaëlle (Contributeur)
Pottier Gaëlle

Chercheuse associée au Parc naturel des Boucles de la Seine Normande depuis 2014, en charge de l'inventaire du patrimoine bâti et des éléments de paysage associés.

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  • inventaire topographique, boucles de la Seine normande
réservoirs, citernes et adduction d'eau de Routot
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    réservoir, réseau urbain des eaux
  • Aires d'études
    Pays du Roumois, Routot
  • Adresse
    • Commune : Routot

L'absence de rivières et de sources à proximité de la commune est un handicap que Routot ne surmontera qu'avec maintes difficultés. Les mares et les citernes installées dans chaque cour pallient seules cette carence, de l'Ancien Régime au début de la période contemporaine, la nappe phréatique étant trop profonde pour forer des puits sans le recours de moyens modernes.

Au 19e siècle la commune est victime du succès de son marché. Il faut abreuver les centaines de bêtes qui arrivent hebdomadairement et nettoyer ensuite les boues qui encombrent le village et polluent mares et citernes par ruissellement. Les rapports sanitaires du début du 20e siècle font état de nombreux cas graves, parfois mortels, de fièvre typhoïde. Ils mettent en avant la nécessité d'obtenir des points d'eau potable sûrs pour la population. La municipalité envisage alors en 1901 la construction d'un réservoir de 100 m3 derrière la mairie alimenté par les eaux de pluies de la toiture du bâtiment. Ce projet intervient au moment où surgit également un projet concurrent d'adduction d'eau, avec achat de source, par le biais d'une société nommée Compagnie des Eaux du Roumois. L'affaire prend un tour politique et s'envenime rapidement. Le préfet prend partie pour un véritable projet d'adduction d'eau et refuse de signer les plans du réservoir municipal. Il retranche du budget communal pour l'année 1902 la somme de 3 434 francs destinés à le financer. Le litige est porté en vain devant le Conseil d’État par le maire en exercice, soutenu par certains conseillers municipaux.

En 1900, la municipalité avait chargé M. Auguste Hembert, ingénieur de Pont-Audemer, d'étudier la faisabilité d'un projet d'adduction d'eau au moyen d'une usine hydraulique située sur le Doult-de-Billon à Appeville dit Annebaut. Le coût de réalisation de ce captage est estimé à 120 000 francs par l'ingénieur, somme tout à fait considérable pour la commune. Le conseil municipal décide donc de soumettre la projet à la population par voie de référendum. Le préfet s'y oppose cependant à nouveau, le droit de référendum n'étant pas attribué aux conseils municipaux.

Routot se tourne donc vers un procédé de forage par puits et demande en 1910 l'autorisation de se lancer dans l'aventure "sans sondage préalable". L'autorisation est accordée mais est limitée au forage seul, sans l'adduction, pour une somme de 15 000 F. La Compagnie Normande de Forage, sise à Rouen, est adjudicataire du projet, validé en 1913. Le chantier étant suivi par l'architecte rouennais O. Lavoine reçoit même une subvention du ministère de l'agriculture. L'entreprise rencontre cependant d'importantes difficultés techniques. Le trépan chute au fond du puits, à 120 mètres de profondeur, et ne peut être remonté. La guerre survient et met en veille l'opération de sauvetage du trépan pour quatre années.

Au sortir de la guerre, le préfet propose à la commune de participer avec 49 communes du plateau à l'exploitation de la source d'Herteauville. Le coût total d'exploitation serait de 8,5 millions et la somme demandée à Routot serait de 144 000 francs. Engagée contractuellement avec la Compagnie Normande de Forage, la municipalité décline l'offre, soucieuse de ne pas perdre les fonds déjà investis dans l'opération débutée avant-guerre. En 1921, la situation ne s'améliore guère. La société, dans l'impossibilité de remonter son trépan, qui obstrue le puits, demande 50 000 francs pour élargir ce dernier et récupérer des canalisations désormais inutiles, et 73 500 francs pour ouvrir un nouveau puits. La mairie fait constater en 1922 l'abandon des travaux.

L'année suivante, faute de perspectives, le projet de réservoir municipal est relancé. Il doit permettre de stocker 800 à 1 000 tonnes d'eau en prévision de sécheresses ou d'éventuels incendie. Il est envisagé cette fois de le placer au niveau de la mare communale, qu'il conviendrait de boucher définitivement. Le réservoir en ciment serait alimenté par ruissellement d'eau de pluies en provenance des toitures de la mairie et des halles, au moyen de conduites en grès. Dessiné par l'architecte Delamare il est validé par le service Hydraulique des Ponts et Chaussées de la préfecture moyennant le remplacement des conduites en grès par des conduites en fonte et l'adjonction de six évents périphériques permettant la ventilation de la cuve. Le réservoir est livré en 1925.

En 1929 émerge un nouveau projet de constitution d'un syndicat intercommunal qui s'intéresse à nouveau à l'éventualité d'un captage sur la source d'Appeville-Annebaut, étudiée dès 1900. Cinq ans plus tard le syndicat est effectivement créé, qui regroupe les communes de Bourg-Achard, Bouquetot, Brestot, Rougemontier et Routot. L'étude de faisabilité est confiée à la société parisienne Techna. Il s'agit désormais de capter les sources du Landin dont la commune et celles de Honguemare-Guénouville et de la Haye-de-Routot intègrent rapidement le nouveau syndicat.

L'installation à Routot de trois bornes fontaines, d'un col de cygne et de treize bouches à incendies couronnent enfin plus de trente années d'efforts.

Documents d'archives

  • AM Routot. Registres de délibération du conseil municipal.

    Archives communales, Routot : non coté
  • AD Eure. 3PL/958/1, tableau d'assemblage du plan cadastral de la commune de Routot, 1826.

    Archives départementales de l'Eure, Evreux : 3PL/958/1
  • AD Eure. Série O, sous-série 5O6. 5O6/606 : Routot, bâtiments communaux.

    Archives départementales de l'Eure, Evreux : 5O6 / 606
    réservoirs
  • AD Eure. Série EDT : 500 EDT/32t, Routot, travaux communaux.

    Archives départementales de l'Eure, Evreux : 500 EDT/32t
    mares communales

Bibliographie

  • MOLKHOU, Pierre. Routot : Des jours de Gloire aux Jours Sereins, 2004, p.28.

  • PERRIER, Marthe. Miroir du temps au cœur du Roumois - Le Canton de Routot à travers les siècles. Luneray : éditions Bertout, La mémoire normande, impr. Bertout, mai 1992.

    Parc naturel régional des Boucles de la Seine normande

Annexes

  • 500 EDT 32 : mares communales
Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Région Normandie - Inventaire général
(c) Parc naturel Régional des Boucles de la Seine Normande
Chéron Philippe
Chéron Philippe

Chargé d'études à l'Inventaire général du patrimoine culturel depuis 1991. Ingénieur d'études (DRAC Haute-Normandie jusqu'à la loi de décentralisation), puis ingénieur et ingénieur principal, Région Normandie.

Spécialités : vitrail (correspondant du centre Chastel pour la Haute-Normandie), patrimoine rural, construction navale, patrimoine militaire (fortifications du mur de l'Atlantique dans le cadre du PCR mur de l'Atlantique), patrimoine aéronautique, patrimoines commémoratifs.

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Pottier Gaëlle
Pottier Gaëlle

Chercheuse associée au Parc naturel des Boucles de la Seine Normande depuis 2014, en charge de l'inventaire du patrimoine bâti et des éléments de paysage associés.

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