Traditionnellement, si les inhumations dans le chœur de l'église étaient réservées aux seigneurs, haut-justiciables et aux curés, la nef de l'église pouvait accueillir, moyennant finance, des personnes plus modestes. En 1721, l'archevêque de Rouen donne un mandatement limitant l'accès à l'inhumation intra muros à la qualité de bienfaiteur de l’Église et en augmentant sensiblement le coût de l'enterrement du corps. Cette disposition sera renforcée par d'autres au long du 18e siècle, jusqu'à aboutir à l'interdiction d'inhumer dans l'édifice. A Routot, le cimetière médiéval "d'une vergée et onze perches, à la mesure de la Vicomté de Pont-Audemer" (un peu plus de 2000 m2, église comprise) ceignait classiquement l'église paroissiale. L'imposant marché du mercredi venait parfois à empiéter sur cet espace qui était planté d'arbres fruitiers. Le cimetière Saint-Ouen est signalé en 1741 par M. de la Poterie, seigneur de Pont-Authou, comme étant "totalement insuffisant depuis que l'on ne fait plus d'inhumations dans l'église et que la mortalité est devenue considérable". Il met en avant les risques d'insalubrité, "la terre étant ouverte à chaque instant".

La nécessité de créer un nouveau cimetière et d'abandonner l'ancien pour des raisons de salubrité et de fluidité de circulation s'impose dans les années 1840. Des démarches sont entreprises et aboutissent à l'acquisition d'un terrain à usage de labour situé au nord-est du bourg, en limite communale. La parcelle de 51,48 ares est acquise auprès d'une propriétaire rouennaise, Mme Graindor, en novembre 1842. L'inauguration officielle du nouveau cimetière a lieu le 27 novembre 1842. Un marché est passé la même année avec le terrassier Joseph Jouenne pour la réalisation d'un mur de clôture. En 1871, les corps de deux soldats tués au début de l'année lors des combats franco-prussiens sont déposés dans ce cimetière.

En 1912, l'agent-voyer cantonal Burel établit un devis pour un bâtiment en brique à usage de chapelle mortuaire et de remise à outils à faire édifier dans le cimetière. Le cimetière ne contient pas de pierres tombales très anciennes : les plus altérées, provenant de tombes réputées à l'abandon, ont été régulièrement vendues par la commune.

Au 18e siècle, des aveux ou minutes notariales évoquent également, par la toponymie, l'emplacement d'un ancien cimetière protestant à Routot dit "Cimetière aux Huguenots". Le chanoine Clément en situe l'emplacement au sud du bourg, entre "la route de la chapelle Brestot et le chemin tendant à la mare des Tasseaux".

Enfin, il faut signaler le cimetière provisoire, installé rue des Libérateurs en août 1944, où furent inhumés dix britanniques. Les corps furent relevés et transférés dans un cimetière militaire en 1947.