Dossier d’œuvre architecture IA27002685 | Réalisé par
Real Emmanuelle (Contributeur)
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • patrimoine industriel, patrimoine industriel du bassin hydrographique de l'Andelle
usine de jouets Euréka
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton bassin hydrographique de l'Andelle - Romilly-sur-Andelle
  • Hydrographies bief de dérivation l'Andelle
  • Commune Douville-sur-Andelle
  • Adresse rue Henri Kratz
  • Cadastre 2019 AB 225, 251, 252 L'usine se situe à cheval sur les communes de Douville-sur-Andelle et de Pont-Saint-Pierre
  • Commune Pont-Saint-Pierre
  • Adresse rue de Calleville
  • Cadastre 2019 AH 84, 91 à 95 L'usine se situe à cheval sur les communes de Douville-sur-Andelle et de Pont-Saint-Pierre
  • Dénominations
    usine liée au travail du bois, usine de petite métallurgie
  • Précision dénomination
    usine de jouets en métal et en bois
  • Appellations
    société Les Inventions Nouvelles
  • Destinations
    logement
  • Parties constituantes non étudiées
    bief de dérivation, barrage, atelier de fabrication, salle des machines, atelier de conditionnement, scierie, bâtiment d'eau, entrepôt industriel, logement de contremaître, logement patronal, magasin industriel, parc, cheminée d'usine, château d'eau

En 1904, Henri Kratz-Boussac fondateur de la société Les inventions utiles, agréables et pratiques (renommée Les inventions nouvelles) et de la marque Euréka créées en 1883, transfère son usine de jouets établie à Eu (76) dans la vallée de l’Andelle où il trouve toutes les conditions réunies pour développer son activité : énergie hydraulique, main d’œuvre, bâtiments disponibles, matières premières (bois de la forêt de Lyons, pièces métalliques produites dans l’Eure…), proximité de Rouen et de Paris où la société conserve son siège social et son magasin de vente. Il rachète sur l’Andelle le domaine dit des Terrasses, un vaste terrain à cheval sur les communes de Douville-sur-Andelle et de Pont-Saint-Pierre qui comprend une île formée par les bras de la rivière sur laquelle se trouvent les vestiges d’une filature incendiée et l’ancien moulin à foulon de Bacqueville (propriétés de M. d’Houdemare) ainsi que le moulin à blé du Chapitre (propriété de M. Gaullier) situé juste en amont dans le but de réutiliser leurs chutes et moteurs hydrauliques. L’usine de jouets est mise en service la même année en réinvestissant les bâtiments existants. Pour sa section bois elle utilise comme moteur la roue de poitrine de l'ancien moulin du Chapitre et sa section métal, une turbine hydraulique de marque Royer-Joly et une machine à vapeur de marque Weyher et Richemond, respectivement installées en 1905 et 1910.

Le bois et le métal étant les deux principaux matériaux utilisés pour la fabrication des jouets Euréka, le moulin du Chapitre devient l’unité dédiée au travail du bois et le rez-de-chaussée des deux bâtiments de l'ancienne filature, épargnés par les flammes, deviennent l’unité dédiée au travail du métal. En effet, au début du XXe siècle la société des Inventions Nouvelles commercialise sous la marque Euréka une multitude de jeux et de jouets en bois et métal, des plus simples au plus élaborés tels que cerceaux, diabolos, bilboquets, gyroscopes, zootropes, petits-chevaux, patinettes... Mais c’est le jeu de tir sous toutes ses formes (pistolets, fusils, carabines à flèches et air comprimé avec leurs cibles fixes ou mobiles) qui va alors assurer la prospérité de l'usine et la diffusion de la marque Euréka.

Au début des années 1920, la société se lance dans la production des voitures à pédales. Les premières sortent de l’usine en 1922. Le succès immédiat des automobiles-jouets confère à la marque Euréka une réputation internationale dans le domaine des jouets de haute qualité. Pour faire face à l’explosion de l’activité, la partie de l'usine dédiée au travail du métal est considérablement redéployée en 1924 : les ateliers primitifs construits en brique et en rez-de-chaussée sont remaniés en béton et augmentés d’un étage supplémentaire afin de tripler de surface de production. C'est à la même époque que la villa du président-directeur général, bâtie dans l'enceinte de l'usine, est entièrement remaniée dans le style Art déco.

Suite à ces transformations, l’usine totalise 6600 m² d’ateliers et fonctionne de façon totalement intégrée : toutes les étapes de la production sont réalisées sur place, depuis la fabrication des moindres pièces en bois ou en métal, jusqu’à la finition et au conditionnement des jouets. Nul recours à la sous-traitance, excepté pour la visserie et les éléments en caoutchouc. Même les outils spéciaux sont conçus et fabriqués en interne. L’usine comprend alors une division bois et une division métal comptant chacune plusieurs ateliers. Scierie à grumes, menuiserie, atelier de polissage, de vernissage... pour la partie bois. Fonderies, ateliers de découpage-emboutissage, de soudure, de tôlerie, de montage, d’émaillage, de peinture, de polissage… pour la partie métal. Plus de 200 machines-outils sont entrainées par une roue à aubes (division bois), une turbine hydraulique et une machine à vapeur (division métal). La direction technique de l'usine d'abord confiée à Xavier Grandvoinet, est assurée ensuite par son fils Marcel Grandvoinet qui lui succède dans les années 1960. Créatif et passionné de jouets, ce dernier est également le concepteur de nouveaux modèles de voiture.

Après les ralentissements de la Seconde Guerre mondiale et l’embellie des années 1950, les années 1960 voient la très forte régression des jeux de tir. Les changements de mode, l’évolution des mentalités et surtout la concurrence des matières plastiques en sont les principales raisons. La production des voitures à pédales en métal est également impactée et en 1972, leur fabrication est définitivement arrêtée. En 1975, les Charbonnages de France proposent à la société les Inventions Nouvelles un contrat lui permettant d’intégrer la division jouets du groupe. Mais le sursis est de brève durée. L’arrêt de cette division en 1977 met fin au contrat et la société est évincée du groupe. Elle est finalement rachetée par une firme concurrente, Normandy-sport, qui orchestre son déclin jusqu’à sa disparition et la fermeture définitive de l’usine en 1983, après un siècle d’existence.

A la fin des années 1980, les différents bâtiments qui composent l'usine (ateliers, magasins, logements...) sont revendus par lots à des particuliers. Les anciens ateliers dédiés au travail métal et ce qu'il reste de l'unité bois sont rachetés par des artistes et reconvertis en ateliers de création artistique.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 2e quart 20e siècle , daté par travaux historiques
  • Dates
    • 1904, daté par travaux historiques
    • 1905, daté par travaux historiques
    • 1910, daté par travaux historiques
    • 1924, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)

L'usine de jouets Euréka comprend deux unités de fabrication comptant chacune plusieurs ateliers.

L'unité bois, située dans la partie est de l'usine, sur la rive gauche du bief dérivé de l'Andelle ; regroupe une menuiserie, l'atelier de polissage et celui de vernissage, alimentés en énergie par une roue hydraulique de poitrine. Il ne reste aujourd'hui de cette section que les vestiges des maçonneries de brique des bâtiments. Cette unité est complétée par une scierie à grumes qui est une halle de plain-pied en charpente en bois et maçonnerie de brique (avec pignon décoré de brique bicolore) bien conservée et servant d’entrepôt.

L'unité métal, située dans la partie ouest de l'usine, sur l'ile formée par le bief et le cours principal de l'Andelle regroupe dans deux bâtiments contigus construits en béton avec un remplissage de brique sur un étage et un comble à surcroît, des ateliers de fonderie, de découpage-emboutissage, de soudure, de tôlerie, de montage, d’émaillage, de peinture et de polissage alimentés par une turbine hydraulique et une machine à vapeur. Ces deux bâtiments sont aujourd'hui reconvertis en logements et ateliers d’artistes.

L'usine comprend en outre, une conciergerie surmontée d'un surcroît et d'un lanternon abritant une horloge située à l'entrée, la villa du PDG de style Art déco bâtie sur deux étages en brique enduite et couverte d'un toit terrasse située sur l'ile, la maison du directeur de fabrication construite en brique sur un étage le long de la route départementale. Toutes sont a usage d'habitation.

Enfin, les aménagements hydrauliques d'amont et d'aval sont toujours en place mais le bief dérivé de l'Andelle est quasiment asséché.

  • Murs
    • brique
    • béton
  • Toits
    ardoise, tuile mécanique, tôle ondulée, béton en couverture, matériau synthétique en couverture
  • Étages
    2 étages carrés, 1 étage carré, comble à surcroît, rez-de-chaussée
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
    • charpente en béton armé apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • lanterneau
    • terrasse
  • Énergies
    • énergie hydraulique produite sur place roue hydraulique verticale
    • énergie hydraulique produite sur place turbine hydraulique
    • énergie thermique produite sur place
    • énergie électrique achetée
  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    machine énergétique (étudiée dans la base Palissy)