Dossier d’œuvre architecture IA27002476 | Réalisé par
Real Emmanuelle (Contributeur)
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel du bassin hydrographique de l'Andelle
filature de coton d'Houdemare, puis usine de chaudronnerie et de construction métallique Philbert
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton bassin hydrographique de l'Andelle - Romilly-sur-Andelle
  • Hydrographies bief de dérivation l'Andelle
  • Commune Pont-Saint-Pierre
  • Adresse 16 rue René Raban , 1 route des Andelys
  • Cadastre 1836 B 34, 35  ; 2018 AC 255  ; 2018 AH 111, 115 à 117, 153 à 155
  • Dénominations
    filature, usine de chaudronnerie, usine de construction métallique
  • Précision dénomination
    filature de coton
  • Destinations
    garage de réparation automobile
  • Parties constituantes non étudiées
    atelier de fabrication, bief de dérivation, vanne, transformateur, entrepôt industriel

En 1828, le baron Amédée d’Houdemare demande l’autorisation de faire construire à l’extrémité du canal dérivé de l’Andelle qui traverse le parc de son château une filature de coton utilisant l’énergie hydraulique du cours d’eau. L’usine est finalement édifiée et mise en service sans autorisation en 1829. Sa situation n’est régularisée que 7 ans plus tard par une ordonnance royale du 19 février 1836. Le baron d’Houdemare bien que propriétaire n’assurera jamais l’exploitation de son usine, préférant la mettre en location. Il en va de même pour les autres usines qu'il possède à Pont-Saint-Pierre telles que les moulins à foulon du Barbeau et de Bacqueville.

L'exploitation de la filature est d’abord confiée à M. Deville puis à partir de 1840 à M. Delamarre qui est également locataire exploitant de la filature de laine de M. Mignot Ainé située sur la même commune, à une centaine de mètres en aval de la rivière. D’après l’enquête industrielle de 1847, la filature a une valeur locative de 5000 F et est soumise à une patente de 461 F. A la même date, la valeur annuelle des matières premières qui entrent dans l’usine est estimée à 70 000 F et celle des produits qui y sont fabriqués à 105 000 F. Elle occupe alors 31 personnes soit 8 hommes, 14 femmes et 9 enfants dont les salaires sont respectivement de 2.60 F, 1.60 F et 0.75 F. L’équipement recensé comprend à cette date 10 métiers et 24 machines, sans autres précisions.

Afin d’augmenter la puissance de l’usine, des modifications sont apportées à son système hydraulique conformément aux prescriptions de l’arrêté préfectoral du 24 septembre 1852. Un nouvel arrêté préfectoral est promulgué le 29 octobre 1853 autorisant M. Delamarre à faire usage pour la préparation du coton et le chauffage des ateliers, d’une chaudière à vapeur de forme cylindrique et d’une capacité de 2, 988 m3, provenant des ateliers Renaux de Rouen. La nouvelle enquête industrielle réalisée en 1866 montre le développement de l’usine et notamment l’augmentation substantielle de son effectif qui avec 103 ouvriers a largement triplé en moins de 20 ans. Au tournant des années 1880, M. Renon devient le nouveau locataire de la filature d’Houdemare et va en assurer l’exploitation jusqu’à la fin de la même décennie qui marque aussi la fin de l’activité textile.

L’arrêt du site est cependant de courte durée. Dès 1890, l'ancienne filature Houdemare est reprise en location par Honoré Philbert, un entrepreneur originaire de la Meuse qui fonde à Pont-Saint-Pierre une entreprise de chaudronnerie et construction métallique et reconvertit le site au travail du métal. Les établissements Honoré Philbert travaillent notamment pour les filatures établies dans la vallée de l'Andelle pour lesquelles ils assurent la fourniture de chaudières, de poulies et d'arbres de transmission ainsi que la réparation de machines textiles. L'usine Philbert emploie pour cela une vingtaine d'ouvriers. Les transformations apportées au site concernent moins les bâtiments proprement dits, qui ont été racheté par Adrien Josse (maire de Pont-Saint-Pierre), que le renouvellement de l’équipement, l’utilisation de machines-outils, l’installation d’appareils à vapeur. En 1901-02, plusieurs appareils locomobiles tubulaires, achetés d’occasion, sont installés dans l’usine. L’énergie hydraulique est cependant toujours utilisée. Avec une hauteur de chute de 66 cm représentant une puissance brute de 13 kW, la roue hydraulique en place est employée pour entraîner les outillages à air comprimé.

Après la Première Guerre mondiale, Gaston Philbert s'associe à son oncle Honoré pour diriger l'entreprise puis fait acquisition de la société en 1921 avec ses associés G. Passera et M. Louis pour la somme de 125 000 F.

Dans les années 1930, les établissements Gaston Philbert emploient 25 ouvriers et ont un chiffre d’affaire annuel d'1 million de francs. Parallèlement, Gaston Philbert devient maire de Pont-Saint-Pierre en 1935, mandat qu'il gardera jusqu'à sa destitution le 1er septembre 1944, date de la libération de Pont-Saint-Pierre, suite à des accusations injustifiées de collaboration. En effet, la bonne santé de l'entreprise durant le conflit fait des jaloux. En 1941, elle est en effet transformée en société anonyme après d’importantes transformations apportées tant à l’équipement qu’au bâti dont l’emprise au sol est portée à 2 252 m². Pour faire face à ce développement, l’électricité est utilisée pour compléter les énergies hydraulique et thermique désormais insuffisantes. Au sortir de la guerre, l'entreprise consacre l'essentiel de son activité à la reconstruction de bâtiments agricoles. Gaston Philbert embauche alors un directeur Lucien Fleury venant de la Compagnie Générale des Eaux et en 1946 rachète les Établissements Liézard à Grand-Quevilly, spécialisés dans la construction de charpentes métalliques, les activités des deux entreprises étant complémentaires. Après le décès de Gaston Philbert en 1948, la société se réoriente sous l'impulsion de son nouveau dirigeant, vers la chaudronnerie et la mécanique, secteurs en plein développement. Vers 1950, les premiers contacts commerciaux sont passés avec la Société des Tuyaux Bonna qui s'impose comme l'un des principaux clients de l'entreprise avant d’en devenir l’actionnaire majoritaire en 1969.

Grâce à cette absorption et sous l'impulsion de son président directeur général Pierre Dané et de son directeur Lucien Fleury, l'entreprise Philbert connaît pendant la décennie 70 un développement sans précédent : elle se spécialise dans la chaudronnerie de précision et la mécano-soudure, fabrique pour la société Bonna sa maison mère des moules spéciaux pour la fabrication de tuyaux en ciment centrifugés, signe des contrats avec de nouvelles entreprises telles que la Société Métallurgique de Normandie (Caen) et la Société Kléber Colomb, produit des machines à dresser et couper le fil d’acier, des machines à galber les viroles d’acier, à spiraler le fil d’acier, des machines pour la fabrication des pneumatiques, du matériel de tréfileries et de laminoirs, des machines spéciales pour le pliage du papier… Les effectifs de l’usine explosent durant la décennie passant de 20 à 150 personnes. Il en va de même de son chiffre d’affaires qui est multiplié par 6 et atteint 36 millions de francs. L’extension de l’activité nécessite le redéploiement et la modernisation de l'usine. Ainsi dès le début des années 1970, un nouvel atelier de chaudronnerie et de construction mécanique de 6000 m², est édifié route des Andelys, le long de la voie ferrée à 500 m de l’usine primitive bientôt transformée en garage automobile Renault (lui-même désaffecté en 2013).

De 1981 à 1985, la baisse cumulée des investissements nationaux et des commandes à l’exportation entraîne une importante chute de l’activité et par conséquent la réduction des effectifs à 85 personnes. L'activité évolue néanmoins et un nouvel atelier dédié à la construction de machines à commande numérique est créé. L’achat d’une licence de fabrication de presses hydrauliques permet en outre la mise en place d’un bureau d’étude mécanique, hydraulique et automatisme de sorte que l'entreprise se positionne sur un secteur porteur, celui des pompes hydrauliques destinées aux centrales nucléaires ou thermiques. En 1998, les Établissements Philbert deviennent la Société Normande de Mécanique. L'effectif de l'usine n'est plus que de 32 personnes. La société a cessé son activité en 2000 et ses locaux modernes sont repris par la société Multi Machines Trade spécialisée dans le revente de machines-outils.

En 1941, à l'issue d'importants travaux, l'atelier de fabrication à étages de l'ancienne filature est remplacé par des grandes halles contiguës à charpente métallique, construites en rez-de-chaussée, l'une en maçonnerie de brique et moellons de calcaire, l'autre en parpaing de béton, plus adaptées à l'activité de mécanique et au travail du fer développés sur le site par la société Philbert. Ces halles totalisant 2 252 m² de surface couverte abritent les ateliers de mécanique, de chaudronnerie, des tours, de montage... Aire de stockage du fer, bureau, vestiaire, logement, transformateur électrique complètent le site.

Le nouveau site de production fondé en 1970 se compose de 6 grandes halles contiguës construite de plain pied en parpaing de béton et tôle ondulée.

  • Murs
    • brique brique avec pierre en remplissage
    • calcaire moellon
    • béton parpaing de béton
  • Étages
    rez-de-chaussée
  • Couvrements
    • charpente métallique apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
  • Énergies
    • énergie hydraulique produite sur place
    • énergie thermique produite sur place
    • énergie électrique produite sur place
  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Pétition de M. D’Houdemare, 9 juin 1828.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 s : 18 S 62. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont-Saint-Pierre.

    Pétition de M. D’Houdemare, 9 juin 1828.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Plan joint à la demande de M. Houdemare pour l’établissement d’une filature à Pont-Saint-Pierre, 7 juillet 1829.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 s : 18 S 62. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont-Saint-Pierre.

    Plan joint à la demande de M. Houdemare pour l’établissement d’une filature à Pont-Saint-Pierre, 7 juillet 1829.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 s : 18 S 62. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont-Saint-Pierre.

    Plan détaillé de l’usine de M. d'Houdemare exploitée par M. Deville, 7 juillet 1829.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Plan de situation de la filature d’Houdemare louée à M. Deville et de la roue volante de Mr Maille, 18 juin 1835.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 s : 18 S 62. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont-Saint-Pierre.

    Plan de situation de la filature d’Houdemare louée à M. Deville et de la roue volante de Mr Maille, 18 juin 1835.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Ordonnance royale, 19 février 1836.
  • AD Eure. Série S ; Sous-série 18 S : 18 S 57. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont-Saint-Pierre.

    Plan du bras du Barbeau depuis son commencement jusqu’au Pont de Pierre, 4 juin 1846.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 S : 18 S 59. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont-Saint-Pierre.

    Plan de situation des moulins et usines Massinot (ex Lancelevée), Mary, d’Houdemare, Mignot et Pouchet, 6 août 1846.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Plan de situation de l’usine Deville appartenant à M. Houdemare, 14 janvier 1852.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 s : 18 S 62. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont-Saint-Pierre.

    Plan de situation de l’usine Deville appartenant à M. Houdemare, 14 janvier 1852.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Plan masse de l’usine Deville appartenant à Houdemare, 14 janvier 1852.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 s : 18 S 62. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont-Saint-Pierre.

    Plan masse de l’usine Deville appartenant à Houdemare, 14 janvier 1852.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 s : 18 S 62. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont-Saint-Pierre.

    Arrêté préfectoral, 24 septembre 1852.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 310. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Appareils à vapeur.

    Arrêté préfectoral, 29 octobre 1853.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 s : 18 S 62. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont-Saint-Pierre.

    Arrêté préfectoral, 7 août 1862.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 9 M : 9 M 3. Enquêtes administratives et industrielles (1837-1881).

    Enquête industrielle, 1866.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Pétition, 20 juillet 1883.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Plan de situation de l’usine Houdemare, et des usines Bernays et Ragault (anciennement Mignot), 1/200e, 20 août 1883.
  • AD Eure. Série S. Sous-série 18 s : 18 S 62. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle. Pont-Saint-Pierre.

    Plan de situation de l’usine Houdemare, et des usines Bernays et Ragault (anciennement Mignot), 1/200e, 20 août 1883.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 310. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Appareils à vapeur.

    Extrait du registre des épreuves d’appareils à vapeur, 18 novembre 1895.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 310. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Appareils à vapeur.

    Extrait du registre des épreuves d’appareils à vapeur, 5 janvier 1901.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 5 M : 5 M 310. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Appareils à vapeur.

    Extrait du registre des épreuves d’appareils à vapeur, 28 avril 1902.
  • AD Eure. Série J ; Sous-série 1 j : 1 J 465. Etat récapitulatif des usines hydrauliques existantes au 31/12/1926 dans le département de l'Eure.

    Concessionnaire : Adrien Josse
  • AD Eure. Série M. Sous-série 5 M : 5 M 236. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Pont-Saint-Pierre.

    Pétition pour l’utilisation d’outillages à air comprimé, 1931.
  • AD Eure. Série M. Sous-série 5 M : 5 M 236. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Pont-Saint-Pierre.

    Plan 1/200e Ateliers Gaston Philibert, 1931.
  • AD Eure. Série W. Sous-série 18 W : 18 W 264. Administrations, depuis 1940. Installations classées. Pont-Saint-Pierre.

    Constitution de la s.a. Philibert, 1941.
  • AD Eure. Série W. Sous-série 18 W : 18 W 264. Administrations, depuis 1940. Installations classées. Pont-Saint-Pierre.

    Plan masse des ateliers existants des Ets Philibert, 1/100, 1969.
  • AD Eure. Série W. Sous-série 18 W : 18 W 264. Administrations, depuis 1940. Installations classées. Pont-Saint-Pierre.

    Plan masse de l’atelier à construire par les Ets Philibert, 1/100e, 1969.
  • AD Eure. Série W. Sous-série 18 W : 18 W 264. Administrations, depuis 1940. Installations classées. Pont-Saint-Pierre.

    Arrêté préfectoral, 8 février 1971.
  • AD Eure. Série W. Sous-série 18 W : 18 W 264. Administrations, depuis 1940. Installations classées. Pont-Saint-Pierre.

    Plan masse des Ets Gaston Philibert, 28 mai 1976.

Bibliographie

  • BN Paris-Richelieu-Louvois. O 600. Enquête industrielle, 1847.

    Filature de coton DELAMARE ET COMPAGNIE
  • SYNDICAT INTERCOMMUNAL DU BASSIN DE L'ANDELLE. Plan Pluriannuel de Restauration et d'Entretien de l'Andelle et de ses affluents 2015-2019. 369 p.

    A9 Usine Déville - ROE 548

Périodiques

  • Présence Normande, 23e année, 1972, n°2.

    p. 8

Annexes

  • Détails des sources
Date(s) d'enquête : 2016; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Région Normandie - Inventaire général
Real Emmanuelle
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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