Dossier d’œuvre architecture IA00061060 | Réalisé par
Lecherbonnier Yannick
Lecherbonnier Yannick

Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 1982 à 2001. Spécialité : patrimoine industriel. Chef du service Régional de l'Inventaire de Basse-Normandie de 2001 à 2016, puis de Normandie jusqu'en 2018.

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Maillard Florent (Contributeur)
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'étude et de la valorisation du patrimoine bâti.

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  • enquête thématique régionale, architecture rurale du Parc naturel régional du Perche
moulin à papier, grosse forge
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Orne - Longny-au-Perche
  • Hydrographies la Jambée
  • Commune Longny-au-Perche
  • Lieu-dit La Poêlerie
  • Cadastre 1833 G 622  ; 2021 ZX 60, 150, 155
  • Dénominations
    moulin à papier, grosse forge
  • Destinations
    moulin à farine, maison
  • Parties constituantes non étudiées
    bassin de retenue, canal, atelier de fabrication, logement d'ouvriers

Attesté dès 1537, un moulin à papier est en activité sur le site jusqu’en 1657, date à laquelle Barbe Servien, marquise de la Frette, acquiert le domaine de Longny. Pour éviter la concurrence avec la forge familiale voisine de Saint-Victor-de-Réno, elle fait cesser l’activité métallurgique de la grosse forge de Beaumont et y transfère le moulin à papier. Décédée en 1673, Barbe Servien transmet le domaine de Longny par sa fille, Élisabeth Le Féron (1629-1699), au duc de Chaulnes, son époux. Saisie en 1697, à la demande des créanciers de Barbe Servien, dont le duc de Vendôme, la gestion des biens de la baronnie de Longny est confiée dès 1699 à Antoine Crozat, conseiller du roi et receveur général des finances à Bordeaux, qui donne à bail en 1705 les revenus de la terre de Longny à Nicolas le Redde, marchand à Nonancourt (Eure), sous la caution d’Emmanuel Desprez, conseiller du roi et receveur des bois du baillage et duché d’Alençon. Selon les conditions du bail, le fermier général, Emmanuel Desprez, devait habiter le château de Longny jusqu’à la construction d’une nouvelle maison de maître de forge à Beaumont. Si le chantier de construction de l’édifice semble tarder - étant inachevé en 1719 -, l’activité métallurgique est relancée à Beaumont dès 1705, date à laquelle le moulin à papier reprend son activité de papeterie. En 1740, il ne produit que du papier d’emballage pour épingles fabriquées dans les tréfileries locales, notamment celle de Brochard. Le 7 octobre 1784, le moulin est baillé à Pierre Gabriel Thibault et son frère Étienne François, tous deux papetiers, dont un chez leur troisième frère, Nicolas, fermier du moulin de la Frette à Saint-Victor-de-Réno, ancienne forge convertie deux ans auparavant, qui se porte caution. Le 7 floréal an XII (27 avril 1804), Charles Zacharie Élisabeth de Gontaut-Biron (1776-1840), fils des propriétaires du domaine de Longny, passe un bail au nom de ses parents à François Auguste le Cellier, receveur de l’enregistrement à Mortagne, pour le moulin à papier avec autorisation de changer la nature du moulin en poêlerie. Le moulin est ainsi converti en forge renardière, seule usine de ce type du département, et prend son nom définitif, la Poêlerie. Il est équipé d’un feu d’affinerie au charbon de bois, d’un laminoir établi en 1813, d’une soufflerie, d’un marteau et de deux roues hydrauliques. Le 13 avril 1854, le moulin est vendu avec la forge de Beaumont, la fenderie et le haut-fourneau de Rainville à Émile Prudent Guillain, maître des forges de Longny. La Poêlerie est réglementée par décret impérial le 5 janvier 1859. D’après les matrices cadastrales, l’activité métallurgique cesse en 1862 et l’outillage est démonté la même année. En 1869, un moulin destiné à moudre le blé est établi sur le site par Émile Guillain. Au début du 20e siècle, il est converti en moulin à tan, avec un broyeur d’écorce et un concasseur à meules actionnées par la roue hydraulique. En 1925, il est vendu à M. Neyroud, fabricant de camembert et devient, après transformation, une fromagerie portant le nom de « Fromage de Longny ». Cette activité cesse définitivement en 1947 sans que d’autres, utilisant la force hydraulique de la Jambée, ne prennent le relai.

Les bâtiments les plus anciens existants se trouvent en partie centrale de « l’usine » et au nord-ouest (logement d’ouvriers). Ils conservent leur structure en pan de bois pouvant remonter au 17e siècle, bien qu’elle ait été très reprise, voire en partie supprimée à une date ultérieure. Un second logement d’ouvriers, implanté au nord-est, date de la 1ère moitié du 19e siècle, époque de conversion du site en poêlerie. L’ensemble des bâtiments a été remanié dans la 2e moitié du 20e siècle.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 18e siècle , (détruit)
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 17e siècle
    • Secondaire : 1ère moitié 20e siècle
  • Dates
    • 1705, daté par source, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)

Situé à l’extrémité sud-ouest de la commune déléguée, le site du moulin de la Poêlerie comprend l’ancien atelier de fabrication, converti en habitation, le bassin de retenue, le canal de dérivation – la prise d’eau sur la rivière de la Jambée se situant à 750 m en amont – et deux anciens logements d’ouvriers. L’ancien atelier de fabrication se compose d’un bâtiment principal à un étage carré prolongé de deux corps de bâtiment de plain-pied, l’un en alignement à l’est, l’autre en retour d’équerre au sud, formant ainsi un plan en « T ». L’édifice conserve sa structure en pan de bois, reposant sur un solin maçonné en moellons de silex ou en pierre de taille de grès roussard, qui recevait initialement les deux roues hydrauliques.

Placés au nord du moulin, les deux logements d’ouvriers se trouvent de part et d’autre du chemin d’accès. Bâtis de plain-pied, ils présentent des variantes dans la mise en œuvre des matériaux, liées à des périodes de construction différentes. Le plus à l’ouest est en pan de bois, à l’exception du pignon et d’une partie du mur nord, et conserve deux cheminées d’époques différentes. Celle du 17e siècle, engagée dans le pignon est, possède des piédroits et corbeaux en doucine en pierre de taille de roussard soutenant un linteau en bois tandis que la plus récente, du 19e siècle, engagée dans le mur gouttereau nord, est entièrement en pierre de taille calcaire. Dans le prolongement du logis se trouve à l’ouest une vaste remise en pan de bois bardé de planches de bois. Le logement d’ouvriers le plus à l’est est de facture plus récente avec une mise en œuvre en moellons de silex couverts d’un enduit plein et des encadrements d’ouvertures en brique.

Les toits à longs pans sont couverts en tuile plate.

  • Murs
    • silex moellon enduit
    • pan de bois
  • Toits
    tuile plate
  • Étages
    1 étage carré, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
  • Énergies
    • énergie hydraulique produite sur place
  • État de conservation
    restauré
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Le moulin de la Poêlerie revêt un grand intérêt patrimonial à plusieurs titres :

- son histoire, très bien connue, liée à celle des autres sites industriels de l’ancien domaine seigneurial de Longny (forge de Beaumont, fenderie, haut-fourneau de Rainville, Tréfilerie de Brochard…) ;

- la conservation d’éléments significatifs (structures en pan de bois, cheminées) permettant de dater et phaser les constructions, malgré les multiples remaniements et la suppression des mécanismes.

Documents d'archives

  • AD Orne. E Dépôt 254/50. Longny-au-Perche – statistiques industrielles et manufacturières : minéral, végétal, animal (1812).

    Archives départementales de l'Orne, Alençon : E Dépôt 254/50
  • AD Orne. 4 E 120/299. Notariat de Longny : bail du moulin à papier par Jacques Caquet, représentant le marquis de Gontaud, à François-Auguste Lecellier portant autorisation de le convertir en aciérie (7 Floréal an 12).

    Archives départementales de l'Orne, Alençon : 4 E 120/299
  • AD Orne. J non coté. Relation du bail des terres et seigneurie de Longny fait à Nicolas Le Redde en 1705, faisant mentions de la construction du moulin à papier (s.d, début 18e siècle).

    Archives départementales de l'Orne, Alençon : J non coté
  • AD Orne. 112 J 2. Fonds Maurice Leroux : domaine de Longny (16e siècle - 19e siècle).

    Archives départementales de l'Orne, Alençon : 112 J 2
  • AD Orne. 112 J 3. Fonds Maurice Leroux : vente du domaine de Longny (1853-1854).

    Archives départementales de l'Orne, Alençon : 112 J 3
  • AD Orne. M 1919. Statistiques industrielles (1840).

    Archives départementales de l'Orne, Alençon : M 1919
  • AD Orne. S 1015. Longny-au-Perche : moulins et usines (1817-1820).

    Archives départementales de l'Orne, Alençon : S 1015
  • AD Orne. 1812 W 31. Longny-au-Perche – règlements d’eau des usines et moulins.

    Archives départementales de l'Orne, Alençon : 1812 W 31

Bibliographie

  • DORNIC, François. Le fer contre la forêt. Rennes : éditions Ouest-France, 1984. 256 p.

    Région Basse-Normandie - Inventaire général du patrimoine culturel, Caen
  • LEROUX, Maurice. L'industrie du fer dans le Perche - monographie historique et économique, Paris, Rousseau, 1916.

    p. 87-101

Périodiques

  • DORNIC, François. L'industrie du fer dans le Perche, textile et fer. In Cahiers percherons, 2e trimestre 1963, n°XVIII.

    p. 26-31
Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2022
(c) Région Normandie - Inventaire général
Lecherbonnier Yannick
Lecherbonnier Yannick

Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 1982 à 2001. Spécialité : patrimoine industriel. Chef du service Régional de l'Inventaire de Basse-Normandie de 2001 à 2016, puis de Normandie jusqu'en 2018.

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Maillard Florent
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'étude et de la valorisation du patrimoine bâti.

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