Résumé

Pas très loin de la forêt de Brotonne, sur la commune de Hauville, se dresse un château. Il s'agit du château de St Paul, dont les origines sont encore très incertaines, faute de document, mais qui a connu de nombreux propriétaires depuis le début de ce siècle. Réputé dans tout le canton comme étant le château de la St Hubert, où se réunissait tous les invités aux chasses à courre, ce château a brûlé par une nuit d'hiver glaciale et pour des causes encore indéterminées. Le feu a tout ravagé, ne laissant qu'une carcasse de vieux murs de briques et de pierres calcinés. La nature petit à petit a repris ses droits et les arbres ont repoussé sur les gravats entre les murs, les buissons sortaient par les fenêtres. Ce n'est plus qu'une vieille ruine délaissée de tout le monde. Les gens de la commune et des environ avaient de vagues souvenirs des soirées de la St Hubert et des fêtes qui animaient le château en son temps. Un habitant de la commune, M. Metayer, l'a racheté et a décidé courageusement de le réparer et de lui redonner son apparence d'autrefois. Recherche de documents et de plans, déblaiement des gravats, un travail acharné que M. Métayer a mené pendant plus d'un an, occupant tous (sic) son temps de loisirs et ses congés à cette grande entreprise. Le gros oeuvre est terminé, le château de St Paul a retrouvé l'allure et l'éclat du temps de sa splendeur. Mais quel travail accompli !

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Le château de St Paul, sur la commune d'Hauville est très connu. Beaucoup se souviennent des soirées fastes de la St Hubert où après chaque chasse à courre, se pressaient une multitude d'invités, venus y déguster un fameux diner et passer une excellente soirée. Le château a gardé sa renommée dans tout le canton et reste comme étant celui de la chasse à courre.

Un château aux origines incertaines

Les documents et archives manquent pour certifier la date de naissance de ce château. On pense qu'il a été édifié aux environs de 1750. Aucune trace de propriétaire pendant ces années, apparemment la Révolution de 1789 l'a épargné. Les suppositions restent nombreuses, il s'agissait peut-être d'un rendez-vous de chasse, sa proximité avec la forêt de Brotonne le laisse à penser. Durant tout le 19ème (siècle), il dut appartenir à la famille de Jean-Baptiste Charlemagne de Poilly, qui fut maire de Hauville de 1858 à 1864. Il a été rétrocédé pour quelques temps à M. Thonnel aux environs de 1900. En 1902, M. Prat l'achète, mais n'en profite que pendant une dizaine d'année(s), décédé en 1912. Son épouse quelques années plus tard devenue Mme Le Prévost de la Moissonnière, le conservera jusqu'en 1951. M. et Mme Sauvage le rachète à Mme Le Prévost de la Moissonnière et le garderait jusqu'en 1958, date à laquelle Mme la comtesse de Rohant de Chabot (sic), M. Fougère et Mme Commard achètent Saint-Paul et créent une société civile immobilière, en vue d'organiser des chasses à courre.

Le château de la Saint-Hubert brûle

Pour des raisons encore indéterminées, le château de St Paul, alors inoccupé, brûle une nuit de janvier 1966. Les pompiers de Routot, alertés, mettent un certain à venir. C'est l'hiver et les routes sont verglacées. Sur les lieux et devant l'ampleur de l'incendie, le lieutenant Maupoint et le sous-lieutenant Motte, mettent immédiatement en route toutes les lances à incendie de disponible. Le feu ravage toute la propriété, meubles, poutres, charpente, tout y passe. Le château de la St Hubert a brûlé. L'enquête se porte aussitot sur la chaudière du chauffage central qui, pour une raison inconnue, aurait été à l'origine du sinistre, le feu s’engouffrant dans la cage d’escalier, menant aux appartements. Personne n'était dans le château au début de l'incendie, ce sont les voisins qui ont alerté les pompiers quand ils ont aperçu les flammes. Il était déjà trop tard. Le château de St Paul, si attrayant du temps de sa splendeur et des chasses à courre, devient une ruine désertée, que la nature reprend petit à petit : des ronciers poussent à l'intérieur, des buissons sortent par les fenêtres. Une ruine qu'on n'a plus envie de voir et qui tombe dans l'oubli.

Une restauration courageuse

Au début de l'année 1979, un habitant de la commune, M. Métayer, restaurateur de son métier, le rachète et décide de le réparer. Depuis 13 ans, la nature abondante et les intempéries ont sérieusement endommagé les murs et les dernières poutres, bien entendu il n'y a plus de toiture, tout est à ciel ouvert. Les premiers travaux ont donc consisté à dégager la végétation (il y avait des arbres qui poussaient à l'intérieur et mesuraient déjà 8 à 10 m), les buissons et enfin dégager tous les gravats de l'incendie. M. Métayer a fait appel aux scouts qui, durant leurs vacances, choisissent de participer aux restaurations de monuments et de sites historiques. Pendant une petite semaine, une dizaine de scouts sortent tous les déchets, buissons, gravats qui se trouvent à l'intérieur. M. Métayer a fini de nettoyer avant de mesurer l'ampleur du travail à refaire. Bon bricoleur et très courageux, M. Métayer s'est mis à la tâche tout seul, travaillant pendant des moments de liberté et ses jours de congés. Pour les gros travaux, il s'est fait aidé par ses amis, M. Édouard Lefieux, maçon de Routot, et M. Jacques Allais, couvreur.

Après avoir retrouvé un plan de 1929 auprès d'un ancien propriétaire, il s'est mis au travail. Des briques et des pierres ont été récupérées lors de la sortie des gravats. Les murs d'une épaisseur de 55 cm environ avaient subi des dommages dans leur partie supérieure. Il a fallu refaire tous les hauts de mur et la corniche (les pierres de celle-ci ont été refaites à la main, une dizaine au total dont une d'angle). La restauration des murs terminée, M. Métayer s'est attaqué seul à la charpente, désireux de voir au plus vite le château de nouveau couvert avant la fin de l'année. M. Métayer s'est attaché au moindre détail dans sa restauration, le clocheton surmontant le faîte du toit a été refait suivant les plans d'origine, avec le plus d'exactitude possible. C'est M. Guérin, un ami retraité de Barneville, qui a refait ce travail minutieux. M. Métayer a retrouvé la cloche d'origine chez d'anciens propriétaires demeurant à Paris. « Elle a un son vraiment spécial et les anciens s'en souviennent encore ». Les murs redressés, la charpente et la toiture refaite à neuf, il ne reste plus que les aménagements intérieurs et les fenêtres. Au début de cette année 1980, après avoir retiré les sommiers calcinés ou pourris, 8 autres en chêne, de 30 cm au carré et de 6,70 m de long ont été reposés. Ce fut là un très bon travail. Le solivage des planchers a suivi pour le 1er étage et le 2ème. Tous les linteaux d'ouverture sont refaits, les 32 fenêtres et les 640 carreaux du château ont été posés dernièrement. Le château de St Paul a retrouvé son aspect extérieur d'avant l'incendie. Solidement bâti au bout d'une allée bordée de tilleuls, le château a retrouvé le charme d'autrefois.

Mais maintenant, il reste encore à faire tous les travaux d'intérieur, l'électricité, le chauffage, les plafonds, le dallage. Il faut remonter les cheminées intérieures, aménager le sous-sol. Le gros œuvre est terminé, maintenant il faut retrouver du courage et du temps pour finir et pouvoir enfin l'habiter. Une restauration courageuse que beaucoup hésitèrent à tenter, la croyant impossible. Le château de St Paul renaît de ses cendres et retrouve désormais tout l'éclat de sa splendeur.

Reportage Eric Clavelou