Dossier d’œuvre architecture IA50002804 | Réalisé par
Hébert Didier
Hébert Didier

Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 1993 à 2012, associé à l'étude sur le canton de Cambremer (Calvados), puis en charge des études sur les stations balnéaires de Deauville et Trouville (Calvados).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • enquête thématique régionale, casinos en Basse-Normandie
  • patrimoine de la villégiature
établissement de bains et casino dit le Salon des Bains puis Le Casino des Bains de mer, puis casino dit Le Casino Municipal de Granville
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Granville - Granville
  • Commune Granville
  • Adresse place du Maréchal Foch
  • Cadastre 2005 BK 115, 116
  • Dénominations
    établissement de bains, casino
  • Appellations
    Le Salon des Bains (1er casino), Le Casino des Bains de mer (2e casino), Le Casino Municipal de Granville (3e casino)

Engagée en 1828 par la municipalité de Granville sur la grève nord, propriété du Génie militaire, la construction du "Salon des Bains" (dit La Cabane des Bains, puis le Grand Salon), est marquée par le creusement de la falaise sur une longueur de 15 mètres et une profondeur de 4 mètres. Détruite le 7 octobre par la chute d'un rocher, aussitôt réédifiée, cette construction légère en bois devait être démontée chaque année le 1er septembre et remontée le 1er juillet pour la saison des bains. Servant autant "pour la réunion des baigneurs que pour chauffer le linge et le bouillon" (lettre du maire du 21 mars 1827), on y assurait également la location des loges pour le bain installées sur la plage. Un agent veillait au respect des règles de sûreté et de décence par les baigneurs. A partir de 1836, l'établissement s'attacha les services d'un médecin-inspecteur chargé de prodiguer des conseils à ces derniers et d'indiquer à l'administration les règles d'hygiène qu'il convenait d'assurer. Lieu de divertissements, le premier casino de Granville organisait des bals deux fois par semaine, financés à partir de 1834 grâce à une souscription volontaire des habitants et à une subvention de la ville. L'accès était gratuit, mais nécessitait la présentation d'une carte délivrée par le maire et les commissaires de l'établissement (art. 5 de l'arrêté municipal du 1er juillet 1837).

Face à un afflux de plus en plus important des estivants, la municipalité envisagea, en 1856, de se doter d'un nouveau casino. Le projet se précipita après la destruction du Salon des Bains par un éboulement de la falaise le 18 juin 1858. Celui-ci fut remplacé dans les mois qui suivirent par le "Casino des Bains de mer", dont les plans furent dressés par Pierre Méquin, ingénieur des Ponts et Chaussées. Ce deuxième casino est pourvu d'une salle de théâtre en 1884, un kiosque à musique de plan hexagonal est installé vers 1890 sur la terrasse, ainsi qu'un pavillon en bois, de plan rectangulaire, en prolongement de la salle de café.

En 1909, Georges Bonheur, concessionnaire de son exploitation, projette la construction d'un nouvel établissement de jeux, plus grandiose, ainsi que d'un grand hôtel et de villas sur les terrains cédés par la ville. Il fonde alors avec le milliardaire américain Franck Jay-Gould la Société Hôtelière de Normandie (S.H.N.), qui confie à l'architecte parisien Auguste Bluysen le soin de concevoir les plans des différents bâtiments envisagés. L'architecte granvillais Alphonse Ravous est nommé responsable de la préparation du chantier. Démoli en 1910, le Casino des Bains de mer cède la place au Casino Municipal de Granville. Inauguré le 15 juillet 1911 par Jules Pams, ministre de l'agriculture, ce troisième casino dispose d'une galerie (40 m x 3 m) éclairée par de larges baies donnant sur la terrasse et desservant toutes les salles du rez-de-chaussée : deux vestibules latéraux, un salon de lecture, un salon de conversation et de musique ou salle de bal, une salle de petits chevaux et une salle de spectacle de 400 places. Un café-restaurant est aménagé dans le pavillon à la façade curviligne, les pièces de service (cuisine, office, administration) occupent l'arrière de l'édifice. Au premier étage, se trouvent les salles de baccara et de bridge. Sur la terrasse du toit, encadrée par deux campaniles, prend place un jardin suspendu avec pergola (les plantations seront supprimées dans les années 1920). Centre de la vie artistique granvillaise, le casino donne tous les jours, à 11 heures et 17 heures, des concerts sur la terrasse ; le soir, sont organisés des concerts symphoniques ou des représentations théâtrales. Transformé en hôpital militaire durant la Première Guerre mondiale, il reprend ses activités au lendemain de l'Armistice. En 1925, la Société Immobilière et Hôtelière de Normandie, qui succède à la S.H.N., creuse la Montagne du Moulin à Vent afin d'offrir une voie d'accès plus large à l'établissement de jeux, dont l'entrée est alors déplacée du côté du Plat-Gousset. Ce déplacement entraîne le réaménagement des espaces intérieurs : transfert du café-restaurant au premier étage, à la place des salles de jeux déplacées au rez-de-chaussée. C'est à cette période que le casino perd une partie de son décor intérieur et extérieur d'origine, tels les cartouches de style rocaille ornant les grands frontons. En 1939, le café-restaurant est supprimé. Réquisitionné durant la Seconde Guerre mondiale, le casino reprend ses activités le 7 janvier 1945. En 1957, la salle de théâtre est agrandie, offrant une capacité d'accueil de 660 places au lieu des 400 initiales. Un dancing succède à la salle de bal au début des années 1960, la salle de théâtre est fermée en 1975 pour raisons de sécurité. En 1990, plusieurs projets sont proposés par des promoteurs pour transformer le casino. Afin d'éviter sa démolition, ce dernier est protégé au titre des Monuments historiques en 1992. Son acquisition par la municipalité en 1991 s'accompagne d'une rénovation de la salle de théâtre, qui ouvre à nouveau ses portes en 2001 : inaugurée le 13 novembre en présence de son parrain, Jacques Gamblin, elle prend le nom de théâtre de l'Archipel. L'ancien hall a été converti en salle de jeux, l'accès au premier étage a été supprimé, une partie des baies a été occultée et les façades ont été badigeonnées.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 19e siècle , (détruit)
    • Principale : 3e quart 19e siècle , (détruit)
    • Secondaire : 4e quart 19e siècle , (détruit)
    • Principale : 1er quart 20e siècle
    • Secondaire : 2e quart 20e siècle
    • Secondaire : 3e quart 20e siècle
    • Secondaire : 1er quart 21e siècle
  • Dates
    • 1828, daté par source
    • 1858, daté par travaux historiques
    • 1884, daté par travaux historiques
    • 1911, daté par travaux historiques
    • 1925, daté par travaux historiques
    • 1957, daté par travaux historiques
    • 2001, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Bluysen Auguste
      Bluysen Auguste

      Nommé architecte au ministère des Colonies en 1897, puis au ministère des Postes et Télécommunications en 1912. Auteur à Granville du casino, de l'Hôtel des Bains, du Normandy, du château Bonheur et du tennis-club de la Falaise. Il réalise également le golf de Bréville-sur-Mer (Manche), la tour de la biscuiterie LU à Nantes, la villa les Abeilles à Deauville, les casinos de la Forêt au Touquet-Paris-Plage, du Lac à Bagnoles et de Vittel, les théâtres Daunou et de la Michaudière à Paris, l'hôtel Westminster au Touquet-Paris-Plage, l'établissement thermal de Vittel et le cinéma le Grand Rex à Paris (Françoise Mouchel, "Auguste Bluyssen, un grand architecte", Revue de la Manche, n°215, janvier 2012. Michèle Chartrain, "Auguste Bluysen, architecte de la villégiature moderne à Granville', Revue de l'Avranchin, tome 95, juin 2018, pages 107-116).

      Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
      architecte attribution par travaux historiques
    • Auteur :
      Méquin Pierre
      Méquin Pierre

      Né à Granville, admis à l’École impériale Polytechnique le 1er frimaire an 13. Ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées, il dirige le chantier du tribunal de Dinan, achevé en 1833. Ingénieur en chef, il intervient en 1856 aux côtés de Mathurin Le Gal la Salle pour la construction de sa maison, dite maison de la Ville Berneuf, à Pléneuf-Val-André (http://sallevirtuelle.cotesdarmor.fr/inventaire/pleneuf/Geoviewer/Data/html/IA22002121.html).

      Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
      ingénieur des Ponts et Chaussées attribution par travaux historiques
    • Auteur :
      Ravous Alphonse
      Ravous Alphonse

      Auteur de la villa Isabelle et de l'église Saint-Paul à Granville. Participe, dans cette même ville, à la construction du troisième casino.

      Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
      architecte attribution par travaux historiques
    • Personnalité :
      Bonheur Georges
      Bonheur Georges

      Homme d'affaires d'origine liégeoise, directeur des chemins de fer de la Manche (mentionné en 1910), Passe contrat avec le maire de Granville pour la construction du Normandy hôtel, du casino et de l'hôtel des Bains. Se fait construire en 1925 une villa à Granville (architecte : Auguste Bluysen).

      Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
      commanditaire attribution par travaux historiques

Le premier casino était un édifice mobile en bois, mesurant vingt pieds de long sur seize de large (soit environ 6,50 x 5,20m). Il se singularisait par sa simplicité : plan rectangulaire régulier, rez-de-chaussée couvert par un toit à longs pans, sans doute recouvert de bois. Également de plan rectangulaire régulier, le casino de 1858, de type chalet, était construit en bois et coiffé par un toit à longs pans couvert en zinc, dont les bords de rive étaient ornés de lambrequins. Sa façade côté mer, dont l'entrée était marquée par un avant-corps axial de type pignon, était précédée d'une large terrasse couverte, qui ménageait un point de vue privilégié sur le paysage maritime. Il abritait un salon de lecture, une salle de danse, une salle pour les artistes, un restaurant et un café séparés par des cloisons mobiles, dont le retrait permettait de le transformer en une salle de spectacle de trois cents places, ainsi que des pièces de service (bureau du directeur, vestiaires, office pour le personnel, cuisine, cave à cidre, cave à vin et cave à liqueurs). Le troisième casino est composé d'une grande galerie en rez-de-chaussée couverte par une terrasse, flanquée de deux campaniles prolongés par des pavillons à deux niveaux d'élévation et couverts par un toit à longs pans en tuile plate. Le gros-oeuvre est en béton armé sous enduit. De plan allongé, l'édifice fait référence à l'architecture classique (fronton, façades latérales curvilignes, cartouche de style rocaille, toit à longs pans brisés) et au style Arc-Déco, qui transparaît dans l'emploi du béton armé comme matériau de construction et dans le traitement du corps central et des campaniles.

  • Murs
    • bois
    • béton enduit
  • Toits
    bois en couverture, zinc en couverture, tuile plate, béton en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    en rez-de-chaussée, rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • toit à longs pans brisés
    • toit en pavillon
    • terrasse
  • Typologies
    fonctions associées : médication et distraction ; style chalet ; style néo-classique ; style Art-Déco
  • État de conservation
    détruit, remanié
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    inscrit MH, 1992/05/18
  • Précisions sur la protection

    Façades et toitures, y compris les deux campaniles et la pergola ; ancien hall d'entrée (actuelle salle de jeux) avec l'ensemble de son décor (cad. AV 280) : inscription par arrêté du 18 mai 1882.

  • Référence MH
Date(s) d'enquête : 2008; Date(s) de rédaction : 2008
(c) Région Normandie - Inventaire général
Hébert Didier
Hébert Didier

Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 1993 à 2012, associé à l'étude sur le canton de Cambremer (Calvados), puis en charge des études sur les stations balnéaires de Deauville et Trouville (Calvados).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Dossiers de synthèse
Articulation des dossiers