Dossier d’aire d’étude IA14005213 | Réalisé par
Hébert Didier
Hébert Didier

Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 1993 à 2012, associé à l'étude sur le canton de Cambremer (Calvados), puis en charge des études sur les stations balnéaires de Deauville et Trouville (Calvados).

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  • patrimoine de la villégiature, casinos en Basse-Normandie
présentation de la commune de Cabourg
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  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Cabourg
  • Adresse
    • Commune : Cabourg

Cabourg est la première station balnéaire de la Côte Fleurie fondée sur une opération de spéculation immobilière. Celle-ci est initiée par l'homme d'affaires parisien Henri Durand-Morimbau. En quête d'un site avantageux pour fonder une nouvelle station, il s'installe en 1853 à Trouville et découvre le village de Cabourg, situé en retrait du rivage, peuplé d'environ 200 habitants et traversé depuis 1790 par un chemin vicinal reliant tous les bourgs côtiers de Sallenelles à Honfleur. En 1854, il crée la "Société Thermale", qui est chargée d'exploiter les eaux minérales (le projet de valoriser la source ferrugineuse de Brucourt, située le long du rivage, est finalement abandonné), les bains de mer et les casinos. Dans le même temps, il se rend acquéreur de vastes marécages le long du rivage, dont la propriété avait été reconnue aux Cabourgeais en 1841 à l'issue du partage des biens communaux. Afin d'assurer le succès de son entreprise, il associe à son affaire Achille Collin, secrétaire général du théâtre de la Porte Saint-Martin à Paris, et Adolphe Dennery, dramaturge de renom, auteur des "Deux Orphelines". L'un et l'autre sont chargés de promouvoir l'opération auprès des écrivains, hommes de théâtre et compositeurs, lesquels constitueront l'essentiel des actionnaires de la société. Les fondateurs confient à l'architecte caennais Paul Leroux (qui livre la même année un projet d'établissement de bains à Houlgate) le soin de concevoir le plan de la station. Avant même qu'il ne soit tracé, Durand-Morimbau fait exécuter, à des fins publicitaires, une lithographie sur laquelle figure le coeur de la future station, soit un casino encadré de deux hôtels de voyageurs, le tout précédé par un bassin en eau. Dans cette représentation, ce n'est pas le paysage qui est mis en avant, mais les monuments phares devant signifier Cabourg comme lieu de villégiature voué au divertissement et au repos. Ce type de composition sera repris, avec quelques variantes, dans d'autres cités balnéaires, notamment à Deauville, où l'architecte Desle-François Breney projeta la construction d'un casino encadré de deux hôtels perpendiculaires au rivage, dans un vaste parc paysager de deux hectares. La station de Cabourg est conçue comme un espace clos, délimité côté mer par une digue destinée à protéger les terrains du front de mer les plus exposés aux assauts des marées mais aussi à offrir un lieu de promenade, et fermé côté terre par un demi-cercle matérialisé par la voie radiale la plus grande, soit l'actuel boulevard du Général Castelneau. La rue de la Mare, voie en biais assurant seule la liaison entre le village ancien et la plage, a probablement conditionné le plan radioconcentrique de Cabourg. Les terrains de bord de mer sont divisés par des voies perpendiculaires et parallèles au rivage, valorisant ceux qui disposaient d'une vue et d'un accès direct à la mer. Après assèchement des marais, les rues sont tracées, de nombreux arbres sont plantés le long des voies et la construction du casino est engagée. Inaugurée le 15 août 1855, la station connaît un succès immédiat. En 5 ans, une quarantaine de parcelles est vendue et lotie. Les premiers terrains colonisés sont principalement ceux de la digue et ceux situés à l'est. Sur les deux hôtels projetés initialement de part et d'autre du casino, un seul est bâti, en 1866, l'Hôtel de la Plage (architecte : Robinet). L'année suivante, Guillaume Isouard, constructeur de voies ferrées, s'en porte acquéreur avec le casino en bois qu'il remplace par un édifice en maçonnerie accolé à l'Hôtel de la Plage, le long de la digue, dont il conçoit lui-même les plans. Le nouvel établissement de jeux insuffle un nouvel élan à la station : 150 villas sont édifiées entre 1862 et 1875. Après la chute du Second Empire, Cabourg s’essouffle, à l'instar des autres stations de la Côte Fleurie. La reprise de son activité, dans les années 1880, est marquée par la construction d'environ 400 nouvelles demeures (entre 1881 et 1899), l'aménagement d'une salle de bal côté jardin du casino (1881), l'adjonction d'une annexe à l'Hôtel de la Plage (1882), la construction d'une nouvelle mairie (1883), la mise en place d'une ligne de chemin de fer assurant la liaison avec Trouville-sur-Mer (1884), la reconstruction de la digue (1887). En 1892, Charles Bertrand, propriétaire parisien, élu maire de la station quatre ans plus tard, acquiert l'Hôtel de la Plage, son annexe, le casino et ses jardins. Trois ans après, il confie à l'architecte Emile Mauclerc le soin de réaménager ces derniers et d'en lotir les abords où seront édifiées de nouvelles villas entre 1895 et 1905. L'Argentine, que se fait construire pour Charles Bertrand, présente un décor polychrome exceptionnel. C'est également à Emile Mauclerc que l'on doit le Grand Hôtel et le casino, reconstruits respectivement en 1907 et 1908 avec le concours de l'architecte Lucien Viraut. A l'initiative de Maxime Bertrand, le Garden-tennis de Cabourg est créé à partir de 1907 par l'architecte paysagiste Charles Bouhana.

  • Sites de protection
    zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager

La station balnéaire de Cabourg fut conçue comme un vaste parc verdoyant et arboré, loti de villas. Cette création paysagère, qui nécessita la plantation de milliers d'arbres (tilleuls, sycomores et acacias...), compensait l'absence de pittoresque du site initial, caractérisé par un paysage de dunes. Mais c'est surtout par son plan, associant deux types de composition, que Cabourg se démarqua de ses concurrentes. Les terrains en bord de mer, protégés par une digue-promenade, furent divisés selon une trame orthogonale parallèle au rivage, adoptée dans la plupart des stations établies sur un relief peu accidenté. Ce plan en damier offrait l'avantage d'optimiser les terrains disposant d'une vue et d'un accès direct à la mer. Ceux situés en retrait furent structurés par un réseau de voies radiales entrecoupées par des voies concentriques. Puisant son influence dans le dessin des parcs et jardins classiques, ce plan en éventail ramenait toujours le promeneur au centre de la ville, là où se trouvaient les édifices moteurs de la station, le casino et le grand hôtel entourés par un magnifique jardin d'agrément. Préexistant au plan d'urbanisme, l'avenue de la Mer, axe en biais par rapport au rivage, reliant le bourg ancien à la mer et communiquant avec la route départementale Caen-Honfleur, était l'accès principal à la ville. Cette artère, la seule où les commerces furent autorisés, s'imposa comme l'un des axes forts de la station. Par son originalité, le plan de Cabourg devint une curiosité, dont les représentations, largement véhiculées par les guides touristiques, contribuèrent à forger l'identité de la station. Concrétisant la forme idéale d'un urbanisme balnéaire, il inspira le tracé de Jullouville, dans la Manche (IA50002815) en 1882 et de Stella-Plage (Pas-de-Calais) en 1905.

Bibliographie

  • Trouville et ses environs, album n° 2, 1855.

    pl. 15
  • BOUHANA, Charles. Le tennis idéal par le Tennisol, livret publicitaire.

    p. 19
  • POPESCU,Carmen, CORBIERRE, Pascal, DECAENS, François, NEGRESCO, Roméo. Villas de Cabourg - Calvados. Cabourg : Cahiers du Temps, 2003. - 48 p. : ill. (Itinéraires du patrimoine, ISSN 1159-1722 ; 233).

Date(s) d'enquête : 2008; Date(s) de rédaction : 2008
(c) Région Normandie - Inventaire général
Hébert Didier
Hébert Didier

Chercheur à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 1993 à 2012, associé à l'étude sur le canton de Cambremer (Calvados), puis en charge des études sur les stations balnéaires de Deauville et Trouville (Calvados).

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