Le moulin à blé de l’Église est construit sous l’Ancien Régime par les seigneurs de Perriers. Après la Révolution Française, il est racheté par M. Lointier qui se voit privé de son bien en 1793 lorsque celui-ci, considéré par l’administration révolutionnaire comme bien national, est mis en vente à ce titre. Le moulin lui est finalement restitué en 1801, quand l’erreur est enfin reconnue.
Entre 1813 et 1836, le site appartient à la famille Filleul/Poisson, puis de 1836 à 1840 à M. Liesse qui fait construire dès son acquisition un moulin à foulon dans le prolongement du moulin à blé existant comme le montre les plans dressés à l’époque. Le 1er mars 1840, M. Liesse revend à Antoine Belot, un investisseur rouennais, le moulin de l’Église qui consiste alors en deux bâtiments contigus servant pour celui de gauche de moulin à blé (il est exploité par M. Duval qui en est locataire) et pour celui de droite de moulin à foulon (nouvellement construit). Les deux moulins mitoyens sont installés sur un même bief divisé en deux bras formant une île et tous deux disposent d’une roue distincte : celle du moulin à foulon est positionnée sous le bâtiment. Pour pallier la vétusté de son moulin à blé, Antoine Belot décide de lancer d’importants travaux de réfection sur le bâtiment et sur ses ouvrages hydrauliques. Le coursier est élargi pour équiper le moulin à blé d’une roue plus puissante. Les travaux sont autorisés par l’arrêté préfectoral du 3 décembre 1842. Le site comprenant le moulin à foulon, le moulin à blé et une pêcherie est réglementé par l’ordonnance royale du 14 avril 1843.
Alors que le moulin à foulon est abandonné dans les années 1860 et transformé en logement pour le meunier, le moulin à blé est maintenu en activité et exploité par M. Cabot, puis par M. Rasset. Dans les années 1880, Antoine Belot revend le moulin de l’Église à M. Stackler qui le cède à son tour dans les années 1890 à Henri Pinel. Ce dernier est également propriétaire de l'usine du Déluge et du moulin de la Nation implantés en aval. Malgré ces transferts de propriété, la famille Rasset reste locataire du moulin à blé. En 1895, Henri Pinel confie à l’architecte rouennais Edouard Lecoeur, la réfection à neuf des ouvrages moteurs du moulin de l’Église. Les travaux sont autorisés par l’arrêté préfectoral du 17 août 1895.
Malgré ces aménagements, le moulin à blé cesse son activité en 1905 lorsque Mme Boulanger, exploitante de l'usine (filature et tissage) du Déluge, devient locataire du site afin d’utiliser librement les eaux de l’Andelle pour alimenter son usine textile. Le moulin à blé proprement dit est détruit dans le courant des années 1920. Ne subsiste alors que le bâtiment d’eau, la roue et le système hydraulique. Ces éléments, bien qu’en mauvais état, sont toujours en place actuellement.
Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.