Dossier d’œuvre architecture IA61000926 | Réalisé par ;
Maillard Florent (Rédacteur)
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

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  • enquête thématique régionale, architecture rurale du Parc naturel régional du Perche
manoir puis ferme, actuellement maison
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général
  • (c) Parc naturel régional du Perche

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional du Perche - Mortagne-au-Perche
  • Commune Mauves-sur-Huisne
  • Lieu-dit la Mare
  • Cadastre 1806 B 121  ; 1830 F 53  ; 1987 F 111
  • Précisions
  • Dénominations
    manoir
  • Destinations
    ferme, maison
  • Parties constituantes non étudiées
    grange, étable, hangar agricole, étang

Le fief de la Mare dépendait de la seigneurie de Landres. Une première mention, signée et datée par Mathieu Carel, écuyer et seigneur de la Mare en mai 1296, indique qu’il fait l'objet d'une rente annuelle et perpétuelle de 60 sols au profit de la collégiale de Toussaint de Mortagne. Jusqu’à la Révolution, son versement engendre de nombreux procès que les chanoines intentent à l’encontre des propriétaires redevables.

Bâti selon un plan en "L", le logis manorial présente des caractéristiques architecturales typiques de la fin du 15e siècle comme l’atteste notamment la charpente du comble qui associe deux principes constructifs : les fermes à pannes et les chevrons formant fermes. Des vestiges de cloisonnement en pan de bois et l'escalier en vis en bois, rare dans ce secteur privilégiant la pierre calcaire, pourraient correspondre à un état plus ancien mais aucun autre élément bâti ne vient étayer cette hypothèse. Vraisemblablement contemporaine du logis manorial, l’imposante tour circulaire se trouvait initialement isolée du logis et avait une fonction défensive comme l’indique les meurtrières et les archères conservées. Elle a été réunie au corps de logis lors d'importants travaux de réaménagement entrepris au 17e siècle par l’adjonction d’un bâtiment doté d’une échauguette avec meurtrières, construite en contrepoint de l’ancienne tour de guet.

En 1405, le fief de la Mare est tenu par Jehan de la Mare. Au décès de Catherine de la Mare en 1558, l’édifice passe successivement entre les mains des familles de Blocqueaux, puis de Thiboutot à la fin du 16e siècle. Les armoiries de celle-ci ornent les manteaux des deux cheminées monumentales du 17e siècle se trouvant dans la grande salle du rez-de-chaussée et dans la grande chambre de l’aile sud-ouest. Sur la première, elle est associée au blason de la famille Laillet, Jeanne Laillet, mère de Jacques de Thiboutot, étant la fille d’Eustache Laillet, écuyer, sieur de Cuville et de Jeanne de la Mare.

Entre 1592 et 1602, le manoir est administré par Marie Courtin, femme de Jacques de Thiboutot et fille de Jacques Courtin, bailli du Perche assassiné par les huguenots en forêt de Bellême en 1572. Jacques de Thiboutot lui-même a connu un destin peu commun. Capturé par les espagnols lors de la déroute de Craon, il tombe, après diverses péripéties, aux mains des turcs et reste 10 ans en captivité en Carmanie (Perse) avant d'être finalement libéré contre une rançon de 1 000 écus.

Le 21 octobre 1722, Pierre de Catinat, héritier de son oncle Nicolas, maréchal de France, acquiert le fief suite à un échange avec François d’Anzeray, écuyer, petit-fils de Marie de Thiboutot, dernière représentante de la branche percheronne des Thiboutot. Suite à son mariage avec Louis d'Anzeray et son installation au château de Durcet, Marie de Thiboutot baille à ferme la terre de la Mare dès 1678. Le fief passe ensuite par héritage entre les mains de la famille Le Vayer au milieu du 18e siècle.

À la Révolution, le manoir, les dépendances et les terres sont vendus comme bien national le 25 Fructidor an II (11 septembre 1794) et acquis par Philippe-Christophe Cadran. A cette occasion, un plan schématique est dressé qui renseigne la fonction des bâtiments aussi bien agricoles que domestiques. Ainsi, la pièce à l'étage de l'extension nord-est servait de chapelle avant sa conversion en grenier. Les vestiges de décors peints des embrasures des baies attestent de sa fonction cultuelle. De même, une description sommaire des lieux fait état "[...] (d'une) maison manable, laiterie, cellier, trois chambres hautes, trois cabinets, une ci-devant chapelle, cave dessous, le tout dans de même tenant, plusieurs écuries et étables, grange y attenant, une autre grange, un pressoir, un fournil, trois toits à porcs, cour et jardin le tout sur environ trois boisseaux de terre [...]".

Plusieurs propriétaires se succéderont avant que l’ensemble ne soit acquis en 1827 par Adolphe Dureau de La Malle pour agrandir son domaine de Landres. Il le lègue à son décès, survenu en 1857, à son lointain neveu Camille de La Jonquière. Restée dans cette famille pendant un siècle, la propriété passe par héritage aux familles de Vassal puis du Pouget.

Depuis 1987, le manoir a bénéficié d’une rénovation complète donnant lieu à plusieurs transformations. Les fenêtres à meneaux ont été rétablies et la façade sud-ouest, presque aveugle à l’origine, a été percée de nombreuses ouvertures réalisées en pierre calcaire locale. Menaçant ruine, la vaste grange nord-ouest a été démolie, découvrant un point de vue sur les villages de Mauves et La Chapelle-Montligeon.

M. François du Pouget, actuel propriétaire, a commandé une étude historique à M. Eric Yvard. Il détient plusieurs pièces d’archives qui renseignent l’histoire du domaine depuis 1794.

Situé en lisière du bois de Dambrai, au nord, le manoir de la Mare adopte un plan en "L". L'aile nord-est est flanquée d'une imposante tour circulaire à trois niveaux d'élévation au nord-est et d'une petite tour de style Renaissance au sud-est. Le corps de bâtiment en "L" possède un rez-de-chaussée, un étage carré et un étage de comble accessibles par un escalier en vis en bois dans-œuvre. Chaque aile est occupée, au rez-de-chaussée, par une grande salle pourvue d'une cheminée monumentale. Celle de la salle sud, reconstruite à l'identique, possède des piédroits semi-circulaires. La cheminée de la salle nord est ornée de piédroits moulurés surmontés de chapiteaux ioniques portant un manteau frappé des blasons des Thiboutot et des Laillet. À l'étage, la chambre sud possède également une cheminée monumentale aux piédroits moulurés, aux corbeaux ornés de décors géométriques et au manteau en pierre de taille calcaire frappé des armoiries des Thiboutot. L'extension nord-est, qui fait la jonction avec la tour, est occupée au rez-de-chaussée par une pièce voûtée qui servait de cellier. L'étage carré, accessible par un petit escalier dans-œuvre en vis en pierre de taille de calcaire à noyau hélicoïdal évidé, a servi un temps de chapelle comme en attestent les vestiges de décor peints au niveau des embrasures des baies. La tour et l'échauguette sont accessibles depuis cette pièce dotée d’une cheminée monumentale. Deux dépendances - l'une au nord-est à usage d'étables, d'écuries, de bergerie et de grange, l'autre à l'ouest à usage de fournil et de toit à porcs - complètent l'ensemble.

L'ensemble des murs est en moellons de calcaire couverts d'un enduit à pierre vue, à l'exception de l'échauguette sud-est en pierre de taille de calcaire. Les encadrements des baies, les chaînages d'angle, les jambes harpées et les souches de cheminées sont en pierre de taille de calcaire. Les toits à longs pans (corps de bâtiment en "L") ou coniques (tours), sont couverts en tuile plate.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    tuile plate
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit conique
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier en vis
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    charpente d'assemblage, tour, cheminée, échauguette, escalier
  • Sites de protection
    parc naturel régional

Le manoir de la Mare, qui dépendait de la seigneurie de Landres, a subi de nombreux remaniements au cours du temps (devenu ferme puis restauré en maison). Malgré tout, il conserve son volume, quasiment originel, une tour et une échauguette d'époques différentes, un ensemble de cheminées monumentales dont deux au décor Renaissance et armoriées, ainsi que les vestiges de polychromie de la chapelle domestique. Il constitue un élément patrimonial intéressant à l'échelle communale.

Documents d'archives

  • AC Mauves-sur-Huisne. Plan géométrique de la commune de Mauves, levé en exécution des arrêtés du gouvernement des 12 Brumaire an 11 (3 novembre 1802) et 27 Vendémiaire an 12 (5 octobre 1803) et terminé le 20 mars 1806, M. Vallée et M. Juris, géomètres en chef (M. Vallée ayant levé le plan).

  • AD Orne. 3 P 2 - 255/1 à 3 P 2 - 255/8. Plans cadastraux (M. Kersaint, préfet ; M. Lefèvre, maire ; M. Bois, directeur des contributions ; M. Lapeyrère, ingénieur vérificateur ; M. Morin, géomètre du cadastre, 1830.

  • AD Orne. US 0205. Histoire locale de Mauves, recueillie par Ernest Boissière, 1955.

    p. 49-51

Bibliographie

  • DESVAUX-MARTEVILLE, Elisabeth. Manoirs du Perche. Art de Basse-Normandie. n° 67, Caen, 1975, 44 p.

    p. 28-29
  • SIGURET, Philippe. Les manoirs du Perche. Fédération des Amis du Perche, coll. Présence du Perche, éd. Arts Graphique du Perche, Meaucé, 1991, 176 p.

    p. 38-39

Périodiques

  • AD Orne. PER US 13/1. Cahiers percherons, 1957, n°3.

    p. 48
  • SIGURET, Philippe, LEBOUCHER. Mortagne-au-Perche et ses environs, Cahiers percherons, 1957, p. 34-39.

    p. 34-39

Annexes

  • Liste des références documentaires consultées par Éric Yvard pour son étude historique
Date d'enquête 2009 ; Date(s) de rédaction 2009
(c) Région Normandie - Inventaire général
(c) Parc naturel régional du Perche
Maillard Florent
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

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