Dossier d’œuvre architecture IA61001096 | Réalisé par
Maillard Florent
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • enquête thématique régionale, architecture rurale du Parc naturel régional du Perche
Maison dite l'Audience ou Prison ou Maison Romane
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général
  • (c) Parc naturel régional du Perche

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional du Perche - Mortagne-au-Perche
  • Commune Loisail
  • Lieu-dit le Bourg
  • Cadastre 1830 C 67  ; 1987 ZC 88
  • Précisions
  • Dénominations
    maison

Il est peu vraisemblable que ce bâtiment ait servi de tribunal dès sa construction. En effet, au 12e siècle, la justice est rendue par le seigneur dans la salle de réception et d'audience de son château appelée aula. En aucun cas ce bâtiment constituerait le vestige d'une ancienne tour maîtresse. Sa fonction initiale demeure donc inconnue. Ce n'est qu'à partir du 15e siècle qu'apparaissent les tribunaux, bâtiments spécifiques et dissociés du château. L'édifice a donc pu servir de tribunal, mais qu'à partir du 15e siècle. De même concernant le terme de "Prison" qui apparaît sur le cadastre de 1830 associé au bâtiment en plan : avant le 18e siècle, mis à part les nobles qui peuvent être rançonnés, peu de personnes sont emprisonnés et après la Révolution, les seigneurs ne rendent plus la justice. Le bâtiment a donc pu également servir de prison qu'au 18e siècle.

Au niveau architectural, tout indique que la cheminée monumentale décrite par La Sicotière au 19e siècle se trouvait sur le pignon ouest (et non à l'emplacement de l'actuelle cheminée du pignon est). D'ailleurs, un conduit est toujours visible (à l'intérieur au niveau du comble). Ce même conduit a pu être double (une cheminée par niveau). La salle de l'étage, initialement la plus éclairée, devait servir de salle d'audience. Le seigneur aurait alors rendu justice dos à la cheminée, disposée entre les arcades contenant chacune deux baies géminées. La façade nord était éclairée par deux ou trois arcades contenant chacune deux baies géminées. La pente du toit devait être nécessairement moins importante (c'est le cas pour les bâtiments de l'époque romane). Concernant les façades sud et ouest seules deux baies romanes (une par façade) sont visibles. Le sous-sol, qui a pu servir de geôle, n'est pas maçonné. Creusé à même la roche, il comporte des parois où subsistent des traces de pic (outil de carrier). Il a pu servir de carrière pour la construction du bâtiment. Les sources bibliographiques précisent que deux souterrains partent de ce sous-sol, l'un rejoignant la maison du 16e siècle à l'ouest de l'église, l'autre une salle d'arme puis le manoir.

Appelée localement l'Audience - terme qui fait référence à un lieu où l'on rend la justice - cet édifice a vraisemblablement servi de tribunal dès l'époque médiévale. Sur le plan cadastral de 1830, le bâtiment en plan est nommé "la prison", laissant supposer qu'il a pu également servir de lieu d'enfermement à la fin de l'ancien régime. Il remonte, en ce qui concerne sa structure, au 12e siècle. De cette époque datent les vestiges de baies romanes obstruées (baies simples et baies géminées), probablement l'oeil de boeuf éclairant le comble (réduit par la suite en un jour quadrangulaire) et les contreforts plats. D'après Léon de La Sicotière, la grande salle conservait encore au 19e siècle une "vaste cheminée encadrée de deux colonnes de pierre, à base et chapiteaux romans" détruite par la suite. Le bâtiment subit quelques modifications aux 16e et 17e siècles : percement ou modification de nouvelles ouvertures telles qu'une porte moulurée surmontée d'une plate-bande en arc surbaissé dont la clé est sculptée d'une accolade, transformation d'une baie géminée en fenêtre quadrangulaire chanfreinée datée 1632. A partir de la seconde moitié du 19e siècle le bâtiment sert de commerce et abrite l'épicerie du village. De cette époque remontent les fenêtres quadrangulaires. Le bâtiment est restauré au quatrième quart du 20e siècle.

  • Période(s)
    • Principale : 12e siècle
    • Secondaire : 16e siècle
    • Secondaire : 2e quart 17e siècle
    • Secondaire : 2e moitié 19e siècle
  • Dates
    • 1632, porte la date

La maison se situe au centre du bourg de Loisail, au nord de l'église paroissiale. Elle s'élève sur deux niveaux : un rez-de-chaussée et un étage carré surmonté d'un comble. Le rez-de-chaussée est initialement divisé en deux pièces : la grande salle et une pièce entièrement voûtée (fonction initiale inconnue). De cette pièce, un escalier droit voûté, long d'une dizaine de mètres et creusé à même la roche, donne accès à un espace dont la fonction initiale est également inconnue (cave ? carrière de pierre de taille ? cachot ?). En façade nord et ouest, les deux niveaux d'élévation sont séparés par un larmier. L'étage conserve des vestiges de baies géminées comprises dans une arcade en plein cintre (une au nord et deux à l'ouest). Deux baies simples en plein cintre (romane) sont également visibles (une à l'est, l'autre au sud). Deux portes - l'une moulurée et surmontée d'une pierre armoiriée (blasons buchés), l'autre quadrangulaire - permettent d'accéder à l'édifice au sud. Des fenêtres quadrangulaires éclairent l'édifice au sud et à l'est. Les murs, les encadrements des baies et les contreforts plats (aux angles et au centre du pignon ouest pour soutenir l'ancienne cheminée détruite) sont en pierre de taille de calcaire. Le toit est à longs pans couvert en tuile plate.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    tuile plate
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Sites de protection
    parc naturel régional
  • Protections
    inscrit MH, 1974/09/03
  • Référence MH

Cet édifice est considéré comme le dernier bâtiment civil de l'époque romane encore en élévation en Normandie. Son intérêt patrimonial et historique dépasse donc largement le contexte local. Assez méconnu, il mérite une étude approfondie, aussi bien au niveau historique (fonction du bâtiment, des différentes pièces) qu'architectural (archéologie du bâti).

Documents d'archives

  • AD Orne. 3 P 2-229/1 à 3 P 2-229/4. Plans cadastraux (M. Kersaint, préfet ; M. Farraude de la Chapenterie, maire ; M. Bois, directeur des contributions ; M. Lapeyrère, ingénieur vérificateur ; M. Morin, géomètre du cadastre, 1830).

    Archives départementales de l'Orne, Alençon : 3 P 2-229/1 à 3 P 2-229/4

Bibliographie

  • DESVAUX, Albert (abbé). A travers le Corbonnais et le Perche chartrain. Société Historique et Archéologique de l'Orne, 1905, t. XXIV, p. 19-113. [Gallica].

    Bibliothèque nationale de France
  • LA SICOTIERE, Léon (de) ; POULET-MALASSIS, Auguste. Le département de l'Orne archéologique et pittoresque. L´Aigle : J.-F. Beuzelin, Libraire-éditeur, 1845.

  • OUVRAGE COLLECTIF. Les siècles romans en Basse-Normandie. Art de Basse-Normandie. n°92, Caen : Imprimerie Lafond, 1er trimestre 1985.

  • PITARD, J.-F. Fragments historiques sur le Perche, statistique par commune et par ordre alphabétique. Paris : Res Universis, 1993 (fac-similé de l'édition de Mortagne : Daupeley frères, 1866), .

Date(s) d'enquête : 2012; Date(s) de rédaction : 2012
(c) Région Normandie - Inventaire général
(c) Parc naturel régional du Perche
Maillard Florent
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Articulation des dossiers