Dossier d’œuvre architecture IA61001397 | Réalisé par
  • opération ponctuelle, préfecture de l'Orne
hôtel particulier dit hôtel de Guise, puis préfecture et hôtel de département, actuellement préfecture
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Alençon - Alençon
  • Commune Alençon
  • Adresse 39 rue Saint-Blaise
  • Cadastre 2020 AI 532
  • Dénominations
    hôtel
  • Précision dénomination
    hôtel particulier
  • Appellations
    hôtel de Guise
  • Destinations
    préfecture, hôtel de département

Conçu pour un particulier au XVIIe siècle puis modelé au siècle suivant par les intendants, l’hôtel de la Préfecture de l’Orne est aujourd’hui encore remarqué et admiré pour ses façades en brique et pierre, atypiques dans le paysage architectural alençonnais : il s'agit en effet du seul exemple alençonnais du style dit Louis XIII. La singularité du parti constructif – logis entre cour et jardin, bichromie des façades, haut pavillon central abritant l’escalier – dut être très remarquée dans la ville au moment de sa création, vers 1630-1640. Cependant, l’édifice s’inscrit parfaitement dans la lignée des châteaux édifiés en Normandie dans la première moitié du XVIIe siècle, tels celui de Balleroy, réalisé par François Mansart à partir de 1631, ou encore celui de Beaumesnil (1633-1640). L’originalité de cet ensemble dans le paysage architectural d’Alençon contribua de tout temps à attiser les convoitises et explique la présence d’illustres locataires dans ses murs.

D'Elisabeth d’Orléans à l’intendant Jullien, les agrandissements de l’hôtel ont toujours été réalisés avec les matériaux initiaux et la polychromie des façades fut respectée. D’ailleurs, lors de l’édification du "pavillon neuf", l’intendant demanda que ce dernier soit "totalement semblable au mur de face de l’ancien bâtiment pour ne faire qu’une même décoration". Pourtant, la disposition des adjonctions et l’emploi des matériaux étaient alors désuets et loin de s’adapter à l’esthétique néo-classique naissante. Cette volonté d’uniformiser nouvelles et anciennes constructions est un phénomène rare en cette seconde moitié du XVIIIe siècle. Toutefois, au premier coup d’œil, cet ensemble peut apparaître hétérogène par la différence de traitement entre le logis en brique et pierre et l’aile de service en moellon enduit. Cette opposition correspond à la hiérarchie des fonctions entre les deux bâtiments. En revanche, les deux pavillons d’entrée actuellement enduits devaient à l’origine être revêtus d’un parement de brique ou d’une peinture en fausse-coupe de brique en harmonie avec le corps de Le corps de logis. Détail : pavillon central. Vue prise du sud.Le corps de logis. Détail : pavillon central. Vue prise du sud.logis.

L’hôtel Fromont

Désirant exprimer dans la pierre son statut social, Charles Fromont, sieur de la Besnardière et de Mieuxcé, receveur des tailles en l’élection d’Alençon, maître de forges, engage dans les années 1630 la construction d'une demeure dans le faubourg Saint-Blaise. Construite hors les murs, elle se développait sur une superficie importante et bénéficiait d’un vaste jardin, affirmant ainsi la fortune et le pouvoir de son occupant. L'édifice se composait alors d’un bâtiment précédé d’une cour d’honneur et relié par de hauts murs à deux pavillons d’entrée, l’ensemble étant sans doute complété de communs. Le logis, noyau originel de l’édifice actuel, comprenait un pavillon central à trois niveaux flanqué de deux ailes plus basses à trois travées de baies. Par son parti architectural et la polychromie de ses façades, l’hôtel Fromont peut être rapproché de certains grands châteaux édifiés au même moment dans la campagne normande, tels Balleroy (Calvados) ou Beaumesnil (Eure). Le maître d’œuvre reste inconnu, mais il faut signaler qu’aux 16e et 17e siècles Alençon était un foyer artistique important et que, par leurs activités de maîtres de forge, les Fromont étaient en relation avec la famille des Gabriel, architectes d’Argentan.

Pierre Fromont, fils du commanditaire, céda l'hôtel aux religieuses de la Visitation le 20 mai 1673. Il se compose alors d"un grand corps de logis construict de brique et de Hertré en forme de pavillon composé de trois salles entre lesquelles est le grand escalier, deux cuisines, une grande cour et deux offices soubz lesd. salles, cinq chambres, une autre en galetas, deux cabinetz, greniers dessus, une cour devant lad. maison, une escurie au bout, jardins enclos derrière".

L’hôtel de Guise

En 1667, à l'occasion de son mariage avec le duc de Guise, Elisabeth d’Orléans reçoit du roi Louis XIV, son cousin, le duché d’Alençon. Frappée successivement par la mort de son époux en 1671, puis celle de son fils en 1675, elle décide de s’éloigner de la cour et entre solennellement dans la ville d’Alençon le 11 septembre 1676. Préférant l’hôtel Fromont au château des ducs, déjà fort délabré, elle use de son droit de retrait féodal pour exproprier les religieuses de la Visitation. Dès 1677, elle fait augmenter le corps de logis principal de deux travées de baies vers l’ouest. Six ans plus tard, elle étend la basse-cour à l’est par plusieurs acquisitions et y fait élever un nouveau bâtiment. Une orangerie, détruite au 19e siècle, complétait cet ensemble au nord. Par testament du 18 mars 1695, la duchesse de Guise et d’Alençon lègue sa résidence et son mobilier à l’Hôtel-Dieu. A son décès, en 1696, une difficile et longue bataille de succession s'engage entre ses ayants droit et l'hôpital, dont l’enjeu fut principalement l’hôtel. Au terme de 53 ans de procédures, un arrêt du Conseil d’Etat du 17 février 1749 rattache tous les biens de la princesse à la Couronne.

L'hôtel de l’Intendance

Depuis la création de la généralité d’Alençon en mai 1636, la cité ducale accueillait des intendants envoyés et commissionnés par le roi pour se charger, en son nom, des missions de justice, police et finance. Dès le XVIIe siècle, ces derniers semblent avoir convoité l’hôtel Fromont. Intendant de 1671 à 1676, Michel Colbert l’occupa à partir de 1673. Les visitandines, qui venaient d’acquérir l’édifice, ne purent l’en chasser et il n’en partit qu’à l’arrivée d’Elisabeth d’Orléans en 1676. L’administration de la généralité profita certainement de la succession problématique de la duchesse pour réinvestir les lieux au plus tard en 1713 : elle occupera l’hôtel jusqu’à la Révolution. Lorsque l’hôtel de Guise revint à la Couronne en 1749, Louis François Lallemant de Levignen, intendant de 1726 à 1766, proposa au roi d’en faire cession à la communauté des habitants de la ville contre l’obligation de l’affecter “à perpétuité aux intendants de la généralité”.

Officiellement locataire du bâtiment par arrêt du Conseil d’Etat du 6 avril 1751, il engagea alors jusqu’en 1755 de nombreuses et longues réparations financées par les principales villes de la généralité, notamment la réfection des couvertures. Quand le dernier intendant, Antoine Jean Baptiste Alexandre Jullien, s’installa dans son hôtel en 1766, il décida de l’agrandir, considérant que “le peu d’appartement qui s’y trouve est mal distribué et dans un mauvais estat [...] Il est indispensable d’y faire de grandes réparations, une nouvelle distribution et d’y construire un pavillon neuf dans lequel on pourra disposer un appartement complet à donner dans l’occasion, un salon d’assemblée, une salle à manger convenable et un appartement pour Madame l’Intendante”. Ce “pavillon neuf” fut construit de 1767 à 1772 par Louis Alexandre de Cessart, ingénieur en chef des Ponts et Chaussées de la généralité, à l’extrémité orientale du corps de logis principal, en retour sur la cour d’honneur. Réalisé dans le même style que le bâtiment originel, il regroupait au rez-de-chaussée les pièces nécessaires aux fonctions de l’intendant – notamment son cabinet de travail et celui de son secrétaire particulier, ainsi qu’un salon d’assemblée – tandis qu’à l’étage se déployaient les pièces de réception et un des appartements privés. Les combles du bâtiment des écuries furent aménagés en salles d’archives et en bureaux pour les secrétaires et les commis de l’Intendance. Peu de temps après l’achèvement de ces travaux, Jullien commanda une seconde campagne d’agrandissement. De Cessart mit au point le projet avec son confrère Boesnier qui lui succéda dans la réalisation des travaux. Les cuisines, auparavant installées dans les sous-sols du corps de logis primitif, furent aménagées dès 1774 au rez-de-chaussée du pavillon d’entrée est. Afin d’assurer la liaison entre les appartements et les cuisines, un corps de bâtiment abritant un escalier et des pièces de service fut élevé à l’est de la cour d’honneur entre le “pavillon neuf” et le pavillon d’entrée. Une chapelle, rappelant l’essence de la Monarchie de droit divin, fut alors intégrée à la nouvelle distribution. Accolé au “pavillon neuf”, un pavillon plus modeste fut également bâti sur le jardin afin que “Madame l’Intendante” puisse disposer au premier étage du petit salon qui manquait à l’ordonnance complète de son appartement. En 1776, l’hôtel de l’Intendance avait acquis la silhouette architecturale qui est toujours celle de la Porte d'entrée sur cour.Porte d'entrée sur cour.Préfecture de l’Orne.

L'hôtel de la préfecture

Lorsque fut créé le corps préfectoral le 28 pluviôse an VIII (17 février 1800), la grande majorité des préfets s’installèrent dans les anciens hôtels de l’Intendance des généralités. Avec celles de Besançon, de Châlons-sur-Marne, de Dijon ou de Montpellier, la résidence des intendants d’Alençon comptait parmi les plus fameuses. Aussi, lorsque se posa la question de trouver un lieu pour établir l’administration du département de l’Orne, le Conseil municipal d’Alençon répondit d’une même voix en 1790 que “l’hôtel de l’Intendance est le plus superbe hôtel de la province entière, tant par la magnificence de la bâtisse que […] par les plus vastes jardins qu’en font partie ”. En 11800, l’administration préfectorale s'y installa à son tour. Le baron Lamagdelaine, premier préfet de l’Orne, engagea la réhabilitation de l’hôtel sans modification sensible du parti hérité des intendants. Il se contenta d’ouvrir les bâtiments sur la rue en remplaçant, en 1810, le mur de clôture par une grille. Dès lors, seules des modifications d’ordre technique (chauffage, gaz, électricité) furent apportées à la résidence. En revanche, les bâtiments des communs et des écuries furent totalement remaniés pour accueillir l’administration préfectorale et celle du département. L’importance architecturale de l’hôtel de la Préfecture de l’Orne fut reconnue par un classement parmi les Monuments historiques en 1903.

Servant d'écrin aux Salle à manger de l'hôtel de la préfecture.Salle à manger de l'hôtel de la préfecture.pièces de réception, l'étage (salon, salle à manger) de ce nouveau bâtiment accueillait également les appartements privés de “Madame l’Intendante”, tandis que le rez-de-chaussée était réservé à l’intendant et à ses collaborateurs (salon d’audience, cabinet, secrétariat, archives). Le salon, réalisé vers 1770 par Fixon, menuisier parisien, constitue le plus ancien témoignage d’un décor néoclassique en Basse-Normandie. La salle à manger, conçue dès l’origine pour les réceptions, est ornée d'un décor de coquilles et de vases.

Deux ans après l'achèvement de cette construction, Jullien fit élever, sur les plans de l’ingénieur de Cessart, une aile pour relier le nouveau bâtiment au pavillon d’entrée, dans lequel il fit aménager les cuisines, aujourd’hui Anciennes cuisines.Anciennes cuisines.“salle des gardes”. Un escalier permettait désormais d'assurer une liaison de service entre les cuisines et les salles de réception. Le premier étage de la nouvelle aile était réservé aux pièces d’office. Une chapelle complétait cette nouvelle distribution.

L’Hôtel de la Préfecture et du Département

En mars 1800, le baron Lamadgelaine, premier préfet de l’Orne, s’installa dans cet hôtel devenu propriété du Département. Le remplacement du haut mur de clôture sur la rue par une grille en 1810 permit désormais de contempler la plus belle et la plus originale des résidences alençonnaises.

La résidence ne connut plus ensuite de modification majeure. Les extensions des XIXe et XXe siècles, ont été nécessitées par le développement des services administratifs, dans la cour des écuries à l’ouest et dans la basse-cour, à l’est.

Le vaste jardin à la française attesté au XVIIIe siècle était composé, dans la perspective du bâtiment, d’un parterre de verdure terminé par un saut de loup, d’un potager en contrebas à l'ouest et d'un rond-point de verdure à l'est. Il fut redessiné au début du XIXe siècle en jardin à l'anglaise, agrémenté de fontaines et de sculptures.

Depuis 1800, Conseil général et Préfecture se partagent l'usage de l'hôtel de Guise, édifice symbole de la continuité de l’Administration.

Désirant exprimer dans la pierre son statut social, Charles Fromont (1593-1668), sieur de la Besnardière et de Mieuxcé, receveur des tailles en l'élection d'Alençon, maître de la forge de la Roche (Livaie, Orne) vers 1654, fait élever dans les années 1630 une demeure seigneuriale dans le faubourg Saint-Blaise. Le 20 mai 1673, son fils, Pierre Fromont (1639-1707), cède l'hôtel aux religieuses de la Visitation.

A l'occasion de son mariage avec le duc de Guise en 1667, Elisabeth d'Orléans (1646-1696), petite-fille d'Henri IV, troisième fille de Gaston d'Orléans, reçoit du roi Louis XIV, son cousin, le duché d'Alençon. Installée dans la cité en 1676, elle use de son droit de retrait féodal pour exproprier les religieuses. L'année suivante, en 1677, elle fait augmenter le corps de logis de deux travées de baies vers l'ouest. En 1683, elle étend la basse-cour à l'est et y fait élever un bâtiment. La cour des écuries accueille sans doute à cette même date de nouvelles constructions. Une orangerie, détruite au 19e siècle, complète l'ensemble au nord. Le décès d'Elisabeth d'Orléans, en 1696, est suivi d'une longue bataille de succession qui s'achève une cinquantaine d'années plus tard, en 1749, par le rattachement des biens de la duchesse d'Alençon à la Couronne.

L'hôtel de Guise est dès lors affecté aux intendants de la généralité d'Alençon. Le dernier d'entre eux, Antoine Jean Baptiste Alexandre Jullien (1709-1794), s'y installe en 1766 et décide de l'agrandir : le "pavillon neuf" est construit de 1767 à 1772 par Louis Alexandre de Cessart (1719-1806), ingénieur en chef des Ponts et Chaussées de la généralité d'Alençon. Un corps de bâtiment abritant un escalier et des pièces de service est élevé à l'est de la cour d'honneur, une chapelle est intégrée à la nouvelle distribution et, accolé au "pavillon neuf", un pavillon plus modeste est bâti sur le jardin.

En1790, l'hôtel de l'Intendance accueille le Conseil général de l'Orne puis, en 1800, l'administration préfectorale. Le baron Lamagdelaine (1764-1839), premier préfet du département, engage la réhabilitation de l'édifice sans y apporter des modifications sensibles. Il fait ouvrir le bâtiment sur la rue en remplaçant, en 1810, le mur de clôture par une grille. Les bâtiments des communs et des écuries sont totalement remaniés pour accueillir l'administration préfectorale et celle du département.

L'hôtel de Guise est classé parmi les monuments historiques le 11 juillet 1903. L'incendie qui se déclare dans les combles le 26 avril 1949 est suivi de quatre années de restaurations sous la conduite de Lucien Prieur, architecte en chef des Monuments historiques, et d'Hébrard, architecte parisien. Les toitures sont alors rétablies à l'identique, mais, par manque de moyens, les plafonds du salon de compagnie et de la salle à manger, qui s'étaient effondrés, ne purent être restitués. Au début des années 2000, les bureaux du conseil général sont transférés rue de Strasbourg.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 17e siècle
    • Principale : 4e quart 17e siècle
    • Secondaire : 3e quart 18e siècle
    • Secondaire : 1er quart 19e siècle
  • Dates
    • 1677, daté par source
    • 1683, daté par source
    • 1772, daté par source
    • 1810, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur de la source figurée :
      Cessart Louis-Alexandre de
      Cessart Louis-Alexandre de

      Source :

      Site internet Structurae, base de données internationale d'ouvrages d'art et du génie civil, consultée le 6 octobre 2017, URL : https://structurae.info/personnes/louis-alexandre-de-cessart.

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      ingénieur attribution par source
    • Personnalité :
      Fromont Charles
      Fromont Charles

      Sieur de la Besnardière et de Mieuxcé (Orne), receveur des tailles de la généralité d'Alençon, maître de la forge de la Roche à Livaie (Orne) vers 1654. Se fait construire en 1630 un hôtel particulier à Alençon, dit, ultérieurement, hôtel de Guise (actuellement préfecture de l'Orne).

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      commanditaire attribution par source, attribution par travaux historiques
    • Auteur :
      Prieur Lucien
      Prieur Lucien

      Nommé Architecte en Chef des Monuments Historiques en 1925, chargé successivement de la Charente-Maritime, de la Corrèze, du Tarn-et-Garonne, de l’École militaire, de St-Denis, de Sceaux, du 1er arrondissement de Paris puis, en 1953, des Ardennes, de la Meuse et de la Meurthe-et-Moselle. Inspecteur Général des Monuments historiques en 1953. En charge en 1950 du chantier de restauration de l’hôtel de Guise à Alençon, endommagé suite à un incendie.

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      architecte des Monuments historiques attribution par source

Autrefois masqué par un haut mur, l'hôtel de Guise s'offre aujourd'hui largement au regard. Depuis le Premier Empire, une grille, légèrement incurvée et percée en son centre d'un portail flanqué de deux colonnes monumentales, ferme la cour d'honneur au sud et relie les deux pavillons d’entrée, éléments de la demeure originelle. Ces derniers, prolongés sur la rue par les austères façades des anciennes dépendances, se singularisent par leur volume imposant et par leurs hautes souches de cheminées. Le traitement de leur façade annonce celui des élévations du logis qui prend place au nord de la cour d'honneur. Celle-ci, qu'un mur sépare à l'ouest de la cour des anciennes écuries, est bordée à l'est par une aile de service.

Le pavillon central, qui contient l’escalier d’honneur, domine la composition. L'extension du bâtiment à l'ouest réalisée en 1677, qui se distingue par une légère différence de couleur des briques, a déséquilibré le parti architectural initial. Le "pavillon neuf", en retour d’équerre au nord-est de la cour, clôt la suite des bâtiments en brique et granite. Elevé entre les années 1630 et 1672, cet ensemble présente une élévation homogène : le motif de bossage en granite utilisé pour les chaînes d’angle, les encadrements de baies et les jambages de la porte d'entrée contrastent avec le mur en brique et renforcent la verticalité donnée par les décrochements de la façade et la stricte superposition des baies. L'horizontalité du bandeau plat en granite qui sépare le premier du second niveau ne parvient pas à annuler cet effet.

Une élégante corniche assure la transition entre les élévations et les hautes toitures d'ardoise. En alternance avec les lucarnes, elle participe à l’ornementation des baies en surlignant des frontons cintrés ornés d'un cartouche sculpté. Les lucarnes offrent un décor soigné : allège à draperie, ailerons moulurés et fronton triangulaire à tête sculptée. Le masque grotesque des oeil-de-boeuf, les guirlandes et volutes du fronton central assurent l'ornementation du pavillon central.

La façade sur jardin offre une élévation comparable mais plus animée, que reflète, par des décrochements plus nombreux, la distribution des espaces intérieurs : l'avancée du "pavillon neuf" signale ainsi l'emplacement de la salle d'assemblée au rez-de-chaussée et des pièces de réception à l'étage.

Contigu au "pavillon neuf" dont il poursuit l'élévation, le corps de passage assurant la liaison entre la cour d'honneur et l'ancienne cour des communs a probablement été élevé ente 1774 et 1776, dans le même temps que le corps de bâtiment qui lui fait suite. De même hauteur que le pavillon d'entrée contre lequel il s'appuie, ce dernier s'en distingue par son comble brisé. La fonction secondaire de ces constructions est perceptible dans la mise en oeuvre, moins coûteuse, du matériau, le moellon de granite enduit, et dans leurs dimensions plus modestes. L'harmonie générale de cette aile de service est toutefois assurée par la scansion verticale des baies et par les chaînes harpées.

Élément majeur de l'hôtel, le jardin semble répondre vers 1750 aux préceptes des jardins à la française. Il n'en subsiste qu'un saut-de-loup et un potager, les autres parties ayant été réaménagées en 1847 en un parc à l'anglaise couvert de gazon et sillonné d'allées.

A l’intérieur de l'hôtel, se répartissent espaces de réception (bureau du préfet, salon de compagnie, salle à magner) et espaces de service (anciennes cuisines). L'escalier d'honneur (escalier tournant à trois volées droites) demeure le principal axe de circulation vertical du logis ; représentatif, avec les deux colonnes de granite qui le soutiennent, de la structure et de l'esthétique en usage au début du 17e siècle, il est le seul témoin des distributions intérieures de l’hôtel Fromont. La rampe à ferronnerie à décor de pierre a été placée en 1803. L'enduit en fausse coupe de pierre de taille qui habille la cage a été restitué en 1973. L'escalier tournant des cuisines, en granite, a été édifié entre 1774 et 1776 afin de faciliter le service de maison après l'aménagement des cuisines au rez-de-chaussée du pavillon d'entrée oriental.

  • Murs
    • brique
    • granite pierre de taille
    • granite moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    1 étage carré, étage de comble
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit à longs pans brisés croupe brisée
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant en maçonnerie
  • État de conservation
    bon état

Bibliographie

  • BRAIBANT, Charles. Les préfectures françaises par les archivistes en chef des départements. Niort : Association des Amis des Archives de France, 1953.

    Orne, p. 201-203.
  • DARGAUD, Marius. Les hôtels particuliers d'Alençon. 1978. (texte dactylographié consultable aux Archives de l'Orne).

  • DARGAUD, Stéphanie, CORBIERRE, Pascal, DECAENS, François. L'hôtel de Guise, Préfecture et Conseil général de l'Orne, Alençon. Inventaire général, ADAGP, 2000. 24 p. (Itinéraires du patrimoine, n°232).

  • JOUANNE, René. L'hôtel de Guise à Alençon. In Congrès archéologique de France, CXIème session, 1953. Paris : Société française d'archéologie, 1954. p. 9-13.

  • SANDRET, J. Historique de la préfecture de l'Orne. [s.l.] : éd. Veuve Félix guy et Cie, 1903.

  • SOULANGE-BODIN, Henry. Les châteaux de Normandie. Paris : Vanoest, 1949.

    Notice 53, p. 121 à 124 : La préfecture d'Alençon.

Périodiques

  • GOURHAND, Jean, DARGAUD, Marius. La préfecture de l'Orne : hôtel de Guise (Alençon 1630). Courrier ornais spécial, n°17, novembre-décembre 1975.

  • TOURNOUER, Henri. Elisabeth d'Orléans, duchesse de Guise et d'Alençon. Bulletin de la Société historique et archéologique de l'Orne, 1942, p. 75-125.

Date(s) d'enquête : 2000; Date(s) de rédaction : 2000
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