Dossier d’œuvre architecture IA00017336 | Réalisé par
Real Emmanuelle
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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  • patrimoine industriel, patrimoine industriel du bassin hydrographique de l'Andelle
filature de coton du Pont d'Andelle
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton bassin hydrographique de l'Andelle - Romilly-sur-Andelle
  • Hydrographies bief de dérivation l'Andelle
  • Commune Charleval
  • Lieu-dit Le pont d'Andelle
  • Adresse 63 rue du Docteur Conseil
  • Cadastre 1836 C 48, 59, 63, 65, 72  ; 2018 AO 113
  • Dénominations
    filature
  • Précision dénomination
    filature de coton
  • Appellations
    filature du Pont d'Andelle
  • Parties constituantes non étudiées
    atelier de fabrication, cheminée d'usine, salle des machines, bâtiment d'eau, atelier de réparation, entrepôt industriel, vanne, bief de dérivation, logement d'ouvriers, logement patronal

En 1822, Jean Chardon rachète à Louis Flavigny, fabricant de draps aux Andelys et à Elbeuf, une propriété sur laquelle se trouvent un moulin à blé et deux moulins à foulon. Le moulin à blé est attesté dès 1812, le petit moulin à foulon dès 1736 et le grand moulin à foulon semble avoir été construit dans les années 1770. Deux de ces moulins (le moulin à blé et le moulin à foulon dits du Pont d’Andelle) sont encore en activité en 1874 et seront démolis dans les années 1890. Sur cette propriété, en sus des trois moulins qu’il continue à exploiter, Jean Chardon fait construire sans autorisation légale, une première filature de coton hydraulique mesurant 60 pieds de longueur sur 30 pieds de largeur (19,48 m sur 9,74 m) et s’élevant sur quatre niveaux : un rez-de-chaussée de 12 pieds de hauteur (4 m), un premier étage de 10 pieds (3,24 m), un second et un troisième étages de 8 pieds chacun (2,59 m), ce dernier servant d’étage de comble est éclairé par dix tabatières. L’usine est mise en service en 1822.

En 1825, la filature est rachetée par adjudication par Charles Marin Hommais. Elle est réglementée par l’ordonnance royale du 24 décembre 1835, qui exige qu'un déversoir de 9 m de longueur, constitué d’une assise en pierre de taille de 40 cm au moins, soit établi au-dessous des vannes de flottage. A cette date, l’usine Hommais est exploitée par Félix Granger qui en est locataire. L'ordonnance royale du 15 mai 1840 autorise Charles Hommais à construire sur l’Andelle une deuxième filature de coton, dont il confie l'exploitation à M. Marchandon, qui en est locataire.

D’après l’enquête industrielle de 1847, la filature Grancher emploie 56 personnes dont 15 hommes, 25 femmes et 16 enfants. Sa valeur locative est de 5 100 F, la valeur annuelle des matières premières qui y sont utilisées est de 76 000 F, la valeur annuelle des produits fabriqués est de 117 000 F et la patente se monte à 556 F par an. En 1867, la filature Grancher occupe 102 personnes. D’après la même enquête, la filature de coton Marchandon emploie 90 personnes dont 26 hommes, 30 femmes et 34 enfants. Sa valeur locative est de 14 000 francs, la valeur annuelle des matières premières qui y sont utilisées est de 160 000 francs, la valeur annuelle des produits fabriqués est de 210 000 francs et la patente se monte à 622 francs par an.

Pour augmenter la capacité de production de ses deux filatures de coton, Charles Hommais demande en 1848 l’autorisation d’élargir leurs coursiers et de porter la taille des roues hydrauliques de 1,50 m à 4,75 m pour l’usine louée à Louis Grancher et de 1,45 m à 6 m pour celle exploitée par M. Marchendon. Ces modifications sont autorisées par l'arrêté préfectoral du 3 février 1849, à condition de ne pas relever les repères des deux usines. En 1869, la filature Marchandon compte 9 800 broches et la filature Grancher 7 160 broches. A partir de 1875, cette dernière est dotée d’une chaudière à vapeur achetée d’occasion chez le constructeur rouennais Renaux et Bonpain qui alimente une machine à vapeur installée en complément de la roue hydraulique et qui assure également le chauffage de l’établissement. En 1877, Félix Granger rachète à Mme Vve Hommais les deux filatures louées jusqu’alors. Ses successeurs MM. Louis Grancher et fils reprennent l’exploitation de l’usine jusqu’au milieu des années 1880 (1884, date attestée).

Le site du Pont d'Andelle entre dans le giron de la société Peynaud, déjà propriétaire de l'usine du Pont des Jardins également implantée à Charleval, à la suite du mariage contracté en 1880 entre Céline Granger et Armand Peynaud. En 1895, ce dernier remplace les bâtiments existants par une nouvelle filature construite en rez-de-chaussée et couverte d'une toiture en shed. Il confie la conception de cette nouvelle usine à MM. Damiancourt et Ragaine architectes et les travaux de construction à l’entreprise Lefebvre. Cette nouvelle usine utilise conjointement l'énergie thermique et hydraulique. En 1939, l’usine est rachetée par la famille Requillard, grande famille textile de Tourcoing (Nord), qui l’exploite sous raison sociale Anciens établissements Peynaud jusqu’en 1986 date de liquidation de la société.

La filature proprement-dite consiste en un vaste bâtiment en brique et charpente métallique édifié en rez-de-chaussée et couvert d'une toiture en shed. La cheminée porte sur sa base polygonale les inscriptions et date suivantes : "Damiancourt et Ragaine Architectes, Lefebvre Entrepreneur, AP, 1895". Les initiales AP correspondent au nom de l"'industriel : Armand Peynaud. Le bâtiment de la turbine hydraulique est construit en rez-de-chaussée en charpente en bois et couvert d'un toit à longs pans en ardoise avec croupe. Un bâtiment annexe (de stockage) édifié dans le prolongement du bâtiment d'eau présente les mêmes caractéristiques architecturales que celui-ci. Leurs élévations sont percées par de larges baies en arc plein cintre. Les 11 logements d'ouvriers, situés le long de la rue du Pont d'Andelle, face à l'usine, consistent en de petites maisons en brique d'un étage construites en bande et dotées d'un jardinet en façade. Le logement patronal édifié au sud de l'usine n'a pas pu être visité.

  • Murs
    • brique
  • Toits
    ardoise, verre en couverture
  • Étages
    en rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
    • charpente métallique apparente
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
    • shed
  • Énergies
    • énergie hydraulique produite sur place turbine hydraulique
    • énergie thermique produite sur place
  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    machine énergétique (étudiée dans la base Palissy)

Documents d'archives

  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Rapport de l’ingénieur des Ponts et Chaussée, 20 août 1822.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Plan de situation des moulins de M. Chardon, 30 août 1823.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Plan de situation des moulins de M. Chardon, 31 août 1824.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Rapport de l’ingénieur des Ponts et Chaussées, 31 août 1824.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Jugement d’adjudication, 1825.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Plan de situation des moulins de M. Hommais, 9 juillet 1834.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Ordonnance royale 24 décembre 1835.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Rapport de l’ingénieur des Ponts et Chaussées, 14 novembre 1843.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Plan de situation des usines de M. Hommais (A : moulin à blé, B : moulin à foulon, C : filature exploitée par M. Marchandon, D : filature exploitée par M. Grancher), de la filature de M. Dutuit et du moulin à blé de M. Hedbert situés en amont, 4 août 1848.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Pétition de M. Hommais, 8 août 1848.
  • AD Eure. Série S ; sous-série 19 S : 19 S 2. Cours d'eau et usines hydrauliques. Rivière de l'Andelle.

    Arrêté préfectoral, 3 février 1849.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 1 M : 1 M 302. Administration générale.

    Enquête « Etat des ouvriers des industries cotonnières ou dérivées du coton.. » 1867.
  • AD Eure. Série M ; Sous-série 6 M : 6 M 1243. Statistiques commerciales et industrielles (1859-1880).

    Statistique industrielle : Liste des filatures en activité en 1869.
  • AD Eure. Série S ; Sous-série 18 S : 18 S 6. Syndicat des usiniers de l'Andelle.

    Etat matrice du syndicat des usiniers de la vallée de l’Andelle, 1873-1882.
  • AD Eure. Série M. Sous-série 5 M : 5 M 159. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Charleval.

    Lettre de MM. Louis Grancher et fils au préfet de l’Eure, 20 avril 1875.
  • AD Eure. Série M. Sous-série 5 M : 5 M 159. Établissements industriels, dangereux et insalubres. Charleval.

    Lettre de MM. Louis Grancher et fils au préfet de l’Eure, 17 juillet 1884.
  • AD Eure. Série J ; Sous-série 1 j : 1 J 465. Etat récapitulatif des usines hydrauliques existantes au 31/12/1926 dans le département de l'Eure.

    Usine Outhenin-Chalandre.
  • AM Charleval. Série F. Sous-série 2 F : 2 F 21. Commerce et industrie.

    Anciens Etablissements Peynaud, liquidation 1986.

Bibliographie

  • BN Paris-Richelieu-Louvois. O 600. Enquête industrielle, 1847.

    Situation filature GRANCHET
  • BN Paris-Richelieu-Louvois. O 600. Enquête industrielle, 1847.

    Situation filature MARCHANDON
  • CHASSAGNE, Serge. Le coton et ses patrons. France, 1760-1840. Paris : EHESS, 1992.

    p. 440
  • TAUPIN, Robert. Moulins et usines à Charleval. 1997.

    p. 7, 85-90
  • CATHERINE, Éric. Balade au fil de l'eau. À la rencontre des moulins. Filatures et fonderies de la vallée de l'Andelle. Éditions Mémoires et Cultures, 2009. 143 p.

    p. 58-59
  • BELHOSTE, Jean-François. La vallée de l’Andelle : histoire et archéologie industrielles (1780-1870). In Tisser l’histoire. L’industrie et ses patrons. Mélanges offerts à Serge Chassagne. Valenciennes : Presses universitaires de Valenciennes, 2009. 406 p.

    p. 48
  • SYNDICAT INTERCOMMUNAL DU BASSIN DE L'ANDELLE. Plan Pluriannuel de Restauration et d'Entretien de l'Andelle et de ses affluents 2015-2019. 369 p.

    p. 138-141 (ROE 61275)

Périodiques

  • BELHOSTE, Jean-François. L'Andelle, une grande vallée textile normande. L'archéologie industrielle en France, 2008, n°53.

    p. 37, 40

Annexes

  • Détail des sources
Date(s) d'enquête : 2015; Date(s) de rédaction : 2016
(c) Région Normandie - Inventaire général
Real Emmanuelle
Real Emmanuelle

Chargée de recherches à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Haute-Normandie, puis de Normandie, depuis 1992. Spécialité : patrimoine industriel.

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