Dossier d’œuvre architecture IA61001477 | Réalisé par
Maillard Florent (Contributeur)
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

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  • enquête thématique régionale, architecture rurale du Parc naturel régional du Perche
ferme, actuellement maison
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Parc naturel régional du Perche
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional du Perche
  • Commune Feings
  • Lieu-dit le Grand Boulay
  • Cadastre 1830 D 17  ; 2019 OD 178

La terre de la Grosse-Boulaye (Booleta) est citée dès le milieu du 13e siècle dans plusieurs chartes. Gervais de Vuicent (ou Guincent) - qui donnera son nom au lieu-dit "la Guincendière" sis à Feings - en fait don aux religieux du Val-Dieu à cette époque. L’organisation du Grand Boulay, entouré d’une large enceinte rectangulaire précédée d'un fossé mis en eau a été rapprochée par Elisabeth Gautier-Desvaux de celle des Wasserburg ou "châteaux forts d'eau" allemands, construits en plaine sur une motte rectangulaire entourée d'un ou de plusieurs fossés d'eau. D'après Jean-Pierre Aniel, le bâtiment principal aurait pu abriter une prise dite des moines selon la tradition locale , c’est-à-dire une pièce voûtée en berceau située sous l'appentis contrebuté de larges contreforts. Un acte de 1674 nous apprend que le curé de Feings dispose d'un droit de dîme sur la terre du Boulay. A la veille de la Révolution, une note relative à cette dîme précise que la terre du Grand Boulay est grevée de deux dîmes, l'une dite de l'amortissement du Val-Dieu, due aux moines chartreux, l'autre de Saint-Vincent versée au curé de Feings. Cette double-dîme explique les importantes dimensions de la grange qui s’étend sur plus de 40 mètres de long, ainsi que les deux grandes portes charretières.

Les bâtiments de la ferme, le logis et la grange, datent du 2e quart du 17e siècle Outre le chronogramme de 1637 gravée sur une pierre de taille d'un jambage du portail, d’autres éléments apportent des indices de datation comme les ouvertures à chanfrein et meneau et la charpente du logis. La date 1702 portée sur le claveau central de l'arc en anse de panier d'une des deux portes charretières de la grange indique un remaniement tardif. De même, l'examen des matrices cadastrales fait état de la construction neuve d'une maison pour Louis-Pierre Lelarge en 1851, correspondant à la partie sud du bâtiment principal dont les murs ont été rehaussés de plus d’un mètre pour augmenter le volume du comble et les ouvertures remaniées (emploi de la brique). Sur le plan cadastral de 1830 figurent deux bâtiments au sud de l'ensemble, probablement à usage de dépendances, dont la fonction n’est pas clairement établie (étables, écuries ?), détruites dans la seconde moitié du 19e siècle ou au début du siècle suivant.

Vers 1990, un incendie ravage la charpente de la grange qui a été reconstruite par la suite à l'identique selon les propriétaires actuels.

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle
    • Principale : 1er quart 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 2e moitié 19e siècle
  • Dates
    • 1637, porte la date
    • 1702, porte la date
    • 1851, daté par source
  • Auteur(s)

La ferme du Grand Boulay se situe à l'est de la commune, à environ 800 mètres au nord de l'ancien monastère du Val-Dieu. Comprise dans un enclos d'environ deux hectares entourés d'un fossé toujours en eau, elle se compose de quatre bâtiments :

- Le bâtiment principal à usage d'habitation adopte un plan en "T". Le corps de bâtiment méridional abrite le logis principal, composé de deux pièces, une salle et une chambre à l'origine, que prolonge vers l'ouest une petite dépendance faisant office d’étable ou d’écurie. En retour d'équerre, au nord, un autre corps de bâtiment sert de logis secondaire à pièce unique. Ce dernier conserve une cheminée monumentale - dotées de piédroits en pierre de taille calcaire, de corbeaux en doucine restitués lors d’une restauration, d’un linçoir en bois portant un manteau en pierre de taille calcaire - ainsi qu'un escalier tournant à deux volées avec un départ de rampe en balustre de section carrée se terminant en losange et une main courante fruste en bois. Accolé au logis secondaire à l'est, sous un appentis, se trouve une remise dont la charpente reposait initialement sur des piliers en pierre de taille de grès roussard et que remplacent des murs maçonnés. Le logis principal possède une façade orientée au sud. Le rehaussement du mur au milieu du 19e siècle a permis le percement d'ouvertures dans le comble formant ainsi cinq travées avec les fenêtres du rez-de-chaussée. L'ensemble conserve plusieurs ouvertures d'origine en pierre de taille de grès roussard dont des portes à arc surbaissé, des baies chanfreinées dont une à meneau.

- Une dépendance, regroupant l’étable et l’écurie, s’étend perpendiculairement au sud-ouest du bâtiment principal.

- Un fournil, établi plus à l'ouest n’a pas de mitoyenneté.

- Au centre de l'enceinte, au nord des bâtiments susmentionnés, se situe la grange. Son organisation intérieure a été bouleversée mais un mur de refend témoigne d'une subdivision ancienne de l'espace initialement départagé en deux volumes identiques. Les deux grandes portes charretières au sud trouvent un équivalent sur la façade opposée qui comporte également une série de trois arcades en plein cintre, murées tardivement. La charpente, restituée dans le dernier quart du 20e siècle après un incendie, comprend onze fermes à entrait, un poinçon long, un faux entrait constitué de deux pièces de bois qui viennent moiser le poinçon et les arbalétriers, deux rangs de pannes et une faîtière.

Les murs sont en moellons de grès roussard et de silex et, dans une moindre mesure, en calcaire couverts d'un enduit. Les encadrements des baies et les chaînages d'angle sont pour l'essentiel en pierre de taille de grès roussard et de calcaire, à l'exception des ouvertures en brique du logis principal. Les toits à longs pans et à croupe (dépendance) sont couverts en tuile plate.

  • Murs
    • grès moellon enduit
    • silex moellon enduit
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile plate
  • Étages
    en rez-de-chaussée, comble à surcroît
  • Couvrements
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • chronogramme
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Sites de protection
    site classé, parc naturel régional
  • Protections
    protection totale, 2003/07/11
  • Précisions sur la protection

    Forêt de Réno-Valdieu, site classé par décret du 11 juillet 2003.

Comme à la Huberderie, à la Revardière et à Sauveloup, la ferme du Grand Boulay dispose d’une grange de grandes dimensions servant à la fois aux dîmes monastiques du Valdieu mais également aux dîmes de la cure de Feings. Bien que modifiée (charpente neuve, ouvertures modifiées), la grange a conservé son organisation intérieure. Les dimensions de la grange, sa date portée (1702), la qualité de la construction du bâtiment principal et la conservation d'éléments anciens (cheminée, escalier, portes et baies) plaident en faveur d’une inscription au titre des monuments historiques.

Documents d'archives

  • AD Orne. H 2648. Quittance de M. Rousseau, curé de Feings, de la somme de 60 livres, pour son droit de dîme sur la terre du Boulay (1674).

  • AD Orne. H 2670 : La Guincendière (Feings) - chartes de Gervais de Vuincent (1233-1254).

  • AD Orne. H 5518. Notes relatives à la dîme de Feings (1785-1790).

  • AD Orne. 3 P 3-160/1 à 3 P 3-160/7. Matrices cadastrales de la commune de Feings.

    Archives départementales de l'Orne, Alençon : 3 P 3-160/1 à 3 P 3-160/7

Bibliographie

  • ANIEL, Jean-Pierre. Les Maisons de chartreux : des origines à la chartreuse de Pavie. Paris : Arts et métiers graphiques ; Genève : Droz, 1983. (Bibliothèque de la Société française d'archéologie ; 16).

    p. 102
  • DESVAUX-MARTEVILLE, Elisabeth. Manoirs du Perche. Art de Basse-Normandie. n° 67, Caen, 1975, 44 p.

  • FISCHER, Roger. Les maisons paysannes du Perche. Paris : Eyrolles, Maisons paysannes de France, 1994.

Documents figurés

  • AD Orne. 3 P 2-160/1 à 3 P 2-160/12. Plans cadastraux de 1830 de la commune de Feings.

    Archives départementales de l'Orne, Alençon : 3 P 2-160/1 à 3 P 2-160/12

Annexes

  • Contenu de la liasse H 2670 des archives départementales de l'Orne.
  • Contenu de la liasse H 5518 des archives départementales de l'Orne.
Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Normandie - Inventaire général
(c) Parc naturel régional du Perche
Maillard Florent
Maillard Florent

Chercheur associé au Parc naturel régional du Perche depuis 2011, en charge de l'architecture rurale du PNR.

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