Dossier d’œuvre architecture IA50001305 | Réalisé par ;
Allavena Stéphane
Allavena Stéphane

Chercheur (Conservateur du patrimoine) à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 2005 à 2012, en charge de l'étude sur la ville de Cherbourg-Octeville (Manche).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • inventaire topographique, Cherbourg-Octeville
château fort
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Cherbourg-Octeville - Cherbourg
  • Commune Cherbourg-Octeville
  • Cadastre 2008 AY non-cadastré
  • Dénominations
    château fort
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    enceinte, douves, tour, basse-cour, donjon, chapelle, porte, pont, corps de garde, moulin, four

La première mention du "castellum Carusburg", la forteresse des marais, bâtie au-dessus d'un ancien camp romain, apparaît dans l'acte de donation qu'accorde le duc Richard III à son épouse Adèle en 1026. Résidence ducale des ducs de Normandie, le château reçoit par la suite, à deux reprises, la visite de Guillaume le Conquérant qui établit dans sa chapelle, en 1063, une communauté de chanoines réguliers. Son successeur, Henri Beauclerc, en augmente les fortifications en 1112 tandis qu'Henri II Plantagenêt lui accorde en 1154 le statut de résidence royale. Accompagné de la reine Éléonore et de la Cour, ce dernier y séjourne régulièrement, notamment lors des grandes solennités et des fêtes de Noël. Placé à partir de 1204 sous l'autorité du roi de France, le château fait l'objet, au début de la guerre de Cent Ans, au XIVe siècle, d'une première opération de consolidation, complétée par Charles de Navarre, maître du Cotentin entre 1354 et 1379. La puissance de ses murailles et sa situation géographique particulière (le château est entouré de trois côtés par la mer et aisément ravitaillable) lui permettent ainsi de résister aux assauts d’Édouard III en 1348 et de Bertrand Du Guesclin en 1378. Décrit par Froissart dans ses Chroniques comme « un des plus fortz chasteaulx (…) bien conforté de la mer de toutes parts », il est occupé néanmoins par les Anglais entre 1418 et 1450. Restauré après sa libération par Charles VII au XVe siècle, il devient, au siècle suivant, le siège du gouverneur, lieutenant général de Normandie. En 1686, un plan de consolidation et de réhabilitation de l'édifice, que la guerre de Cent Ans et un relatif abandon au XVIe siècle avaient laissé dans un état déplorable, est déposé par Vauban, suite à sa tournée d'inspection dans la Manche. Quelques travaux sont entrepris à la hâte dès 1688 mais la situation géopolitique a raison du système défensif dont Louis XIV ordonne la destruction complète en 1689 pour éviter que la place ne soit prise par les Anglais.

  • Période(s)
    • Principale : Antiquité
    • Secondaire : 11e siècle
    • Principale : 12e siècle
    • Principale : 14e siècle
    • Principale : 2e moitié 15e siècle
    • Principale : 3e quart 17e siècle

Héritier d'une forteresse carolingienne, le château dominait un petit havre sur la rive gauche de la Divette, dans l'angle sud-est de la vieille ville, occupant en front de mer l'espace compris entre la rue des Fossés, la rue du Port, le quai de Caligny et la rue du maréchal Foch, à l'endroit le plus exposé aux attaques. La forteresse, dont les transformations et réparations ont été nombreuses depuis le XIe siècle jusqu'à sa démolition en 1689, ne nous est connue qu'à l'état final, d'après des plans du XVIIe siècle et la description qu'en fit Vauban en 1688. Les trouvailles archéologiques et la mise au jour des niveaux stratigraphiques complètent ces informations.

La chemise formait un quadrilatère, d'environ 120 m de côté, cerné de douves. Les murailles se dressaient au-dessus de la rivière afin que la marée envahisse deux fois par jour les douves revêtues de pierres sèches. Le reflux fermait les portes suspendues à l'extrémité des fossés. Le château possédait deux accès. Une première porte, celle de la ville, était doté d'un pont-levis. La porte du Havre à l'ouest, seul accès à la ville et à la mer, était fortifiée d'un castelet carré en encorbellement. Un pont dormant prolongeait devant et derrière cette porte dite "du secours". Douze tours ponctuaient l'enceinte, dont trois étaient communes au donjon. Elles atteignaient, selon Vauban, environ 21 m de hauteur. Tours et courtines, dotées de mâchicoulis et de meurtrières, présentaient une base évasée et un chemin de ronde qu'abritait un parapet crénelé. Élevées sur une cave, les tours, à deux ou trois niveaux desservis par un grand escalier et pourvus d'autant de cheminées, logeaient les garnisons. Les fondations conservées attestent d'une maçonnerie épaisse de près de deux mètres faite d'un appareil de petits moellons séparés par des chaînages de briques, réemploi de l'antique castrum. L'appareillage des murs était composé de blocs de grès et d'ardoisin que recouvrait un enduit de chaux. Un beffroi quadrangulaire s'élevait au milieu du fossé est.

La basse-cour renfermait la chapelle et des corps de garde. Dans son état premier, la chapelle Notre-Dame présentait une nef large de 6m se terminant par une abside en cul-de-four. Elle subit des transformations telles qu'elle offrait au XVIIe siècle l'aspect d'un édifice long de 18m composé d'un vestibule d'entrée précédant une nef à trois vaisseaux fermée par un chevet plat. Des blocs de schiste posés sur des lits de mortier constituaient les fondations et les murs. Les fonts baptismaux, signalés par Vauban, rappellent qu'elle fut un temps l'église paroissiale. La chapelle fut consacrée à saint Benoit avant le XVIIe siècle.

Huit corps de caserne s'adossaient à la muraille. Le gouverneur logeait dans le seul adossement à trois niveaux. Les bâtiments en bois d'usage domestique, attestés dans la cour du château depuis le début du XIIe siècle, n'apparaissaient plus à la fin du XVIIe siècle.

La haute-cour se situait au nord-ouest. Le donjon était isolé par un fossé et une enceinte dont le mur nord se confondait avec la muraille castrale. Quatre grandes tours d'angle reliées par des courtines de 19m d'élévation lui conféraient son plan quadrangulaire. La plus grande tour du donjon mesurait 31m de haut sur 9m de diamètre. L'élévation des autres tours oscillait entre 20 et 25m. De grands escaliers desservaient trois niveaux de pièces voûtées et ajourées abritant des cheminées. Plus que des tours défensives, les trois tours étaient de simples bâtiments destinés à loger la garde et à stocker le nécessaire militaire en cas de siège. La cour intérieure renfermait des prisons, un puits, des fours et des moulins.

  • Murs
    • grès
    • schiste
    • brique
    • maçonnerie
  • Étages
    2 étages carrés
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
    • voûte en berceau
    • cul-de-four
  • État de conservation
    détruit

Selon les chroniqueurs du Moyen Age, le château de Cherbourg était une des forteresses les plus imposantes de Normandie.

Date d'enquête 2006 ; Date(s) de rédaction 2006
(c) Région Normandie - Inventaire général
Allavena Stéphane
Allavena Stéphane

Chercheur (Conservateur du patrimoine) à l'Inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie de 2005 à 2012, en charge de l'étude sur la ville de Cherbourg-Octeville (Manche).

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Articulation des dossiers