Le buffet a été donné par Mme Alice Vo-Thanh le 16 décembre 2015. Une première expertise avait rattaché ce buffet haut à deux corps de la production de la région littorale du pays de Caux, qui s'étend de Dieppe au Tréport. Son répertoire décoratif sculpté en faible relief pouvait effectivement s'apparenter à cette région. Cette attribution a été remise en cause lors d'une deuxième attribution qui l'a rapproché du mobilier eurois en le datant du début du 19e siècle. Elle s'avère effectivement pertinente par comparaison avec la production issue des ateliers établis au sud du pays de Caux, autour de Lyons-la-Forêt par exemple. Se retrouve le décor à l'antique d'oves, de glyphes, de piastres, de palmettes et de feuilles de laurier, auquel se mêlent des motifs naturalistes, dont celui de la corbeille couronnant le faux dormant est récurrent dans le mobilier normand. Le traitement stylisé de l'ornement donne au buffet son caractère rustique. La répartition des différents motifs se retrouve avec peu de variantes d'un meuble à l'autre. Les panneaux des battants sont volontairement laissés nus pour mieux valoriser l'effet décoratif des veines du chêne. La corniche droite à un rang contraste avec le profil galbé de la traverse inférieure et du piètement. La proposition d'une datation haute dans le 19e siècle paraît trop restrictive (notamment des feuilles formant des losanges). Associant des motifs néo-classiques et naturalistes, les profils rectilignes et galbés, ce buffet haut reflète plutôt l'éclectisme de la Restauration (1815-1830), soucieuse de renouer avec l'esthétique de la fin de l'Ancien Régime et plus largement avec le style des derniers Bourbons (Louis XV et Louis XVI).