Dossier d’œuvre objet IM14006251 | Réalisé par
Billat Hélène (Contributeur)
Billat Hélène

Chercheur à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.

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  • opération ponctuelle, Abbaye aux Dames de Caen
ensemble de 19 verrières abstraites (baies 0, 1, 2, 3, 4, 100, 101, 102, 103, 104, 105, 106, 107, 108, 139, 140, 141, 142, 143), église de l'abbaye de bénédictines de la Trinité dite abbaye aux Dames, actuellement église paroissiale Saint-Gilles
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Normandie - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Caen - Caen-6
  • Commune Caen
  • Adresse place Reine-Mathilde
  • Emplacement dans l'édifice abside ; choeur ; nef, mur nord

La destruction des verrières lors du Second conflit mondial amène l'administration des monuments historiques à réfléchir à leur remplacement. Divers ateliers sont sollicités dès 1945 comme ceux de Louis Gouffault (Orléans), de Georges Hagnauer Fils (Paris), de Louzier et Gimonet (Paris) ou de Tournel frères (Paris). A l'issue d'un concours organisé en 1951, Jean Merlet, architecte en chef des monuments historiques en charge du Calvados, demande à ce qu'un seul maître-verrier soit choisi. En 1959, il annonce à Maurice Rocher son intention de lui confier la coordination des travaux de réfection de la totalité des vitreries de l'église. Après avoir effectué des relevés des baies de l'édifice, Maurice Rocher transmet les maquettes, qui sont approuvées l'année suivante par la Commission supérieure des monuments historiques, d'après lesquelles le maître-verrier orléanais Louis Gouffault crée les verrières. Le chantier devait se dérouler en quatre phases jusqu'en 1977. La mort de Jean Merlet en 1976 et l'opposition de son successeur, Georges Duval (1975-1987), interrompent la création de l'ensemble des verrières, partiellement réalisées à l'exception du transept, dans l'atelier Gouffault en 1968 : verrières des baies de la façade principale, des baies hautes de la nef et des baies de l'abside. Un problème technique survenu lors de la cuisson confère aux pièces destinées au chœur (baies 0, 1, 2, 3, 4, 100, 101, 102, 103, 104), posées en 1974, une teinte plus vive que prévue (violine au lieu du manganèse souhaité). Il génère des tensions avec l'administration des monuments historiques qui envisage un temps de déposer la totalité des verrières.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle
  • Lieu d'exécution
    Édifice ou site : Centre, 45, Orléans
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Rocher Maurice
      Rocher Maurice

      Né le 1er août 1918 à Evron (Mayenne), Maurice Rocher décède le 12 juillet 1995 à Versailles. D'abord formé à la peinture à l’École des Arts appliqués du Mans (1934-1936) puis par les fondateurs des Ateliers d'art sacré (1936-1939), Maurice Denis et Georges Desvallières, Maurice Rocher participe très tôt à des expositions collectives. Durant la Seconde Guerre mondiale, il s'établit à Bueil (Eure) après avoir été démobilisé. Il reprend une activité artistique et s'ouvre au mysticisme. Il fréquente alors assidûment l'abbaye de Solesmes. Pensionnaire à la Fondation de Lourmarin, il séjourne à la Casa Vélasquez (Madrid) en 1949-1950. Il apprend la technique du vitrail dans l'atelier des frères Paul et Jacques Bony dont il épouse en 1944 l'une des cousines, Geneviève Chevard, avec laquelle il fonde une famille de six enfants. Tout en ne délaissant pas la peinture - il réalise en 1946 une grande fresque pour l'église Saint-Dominique à Paris. il multiplie les collaborations sur les chantiers d'églises avec d'anciens élèves des Ateliers d'Art Sacré comme Marie Arbel céramiste ou d'autres artistes tels Philippe Kaeppelin sculpteur et les Plasne-Lecaisne tisserands. Co-fondateur du Centre d'Art Sacré en 1948 avec Joseph Pichard, il côtoie les artistes chrétiens engagés comme Jacques Le Chevallier, Marcel Poncet, gendre de Maurice Denis, les frères Bony, Adeline Hébert-Stevens, Max Ingrand... Il s'affirme véritablement comme peintre-verrier durant la Reconstruction, période de création intense, par suite des nombreuses destructions de verrières durant les bombardements. En 1950, il s'installe avec sa famille à Versailles et fait construire son atelier dans le jardin. Lauréat de plusieurs prix, dont celui de la Jeune Peinture en 1952 obtenu avec une Maternité, il s'investit pas moins sur 110 chantiers d'églises jusqu'en 1970, date à laquelle il se consacre définitivement à la peinture après avoir perdu la foi.

      Maurice Rocher exerce ses talents de maître-verrier en Normandie, Bretagne et Mayenne, à Toulouse, Lyon, Strasbourg et Royan ainsi qu'à l'étranger (Belgique et Mexique) tout en exposant ses tableaux dans les galeries parisiennes (Armand Drouant, Jacques Massol, Ariel Jakob, Protée, Marie Vitoux, Olivier Nouvellet) où de grandes institutions muséales les acquièrent (Paris, Bruxelles, Dublin, Taïwan). Méticuleux, il choisit et peint lui-même les pièces de verre qui sont cuites dans l'atelier fondé par Jacques Degusseau en 1945 (Orléans). Croyant, Maurice Rocher considérait que l'artiste devait faire preuve d'humilité pour se mettre au service de la communauté et de sa "maison". Le vitrail "n'est pas fait pour être regardé. Son but premier est de créer un climat, de servir un monument et sa première qualité est la discrétion. J'ai réalisé tous mes vitraux dans cet esprit". Artisan solitaire, Maurice Rocher a sans cesse expérimenté sur le plan technique et esthétique, renouvelé son art pour mieux le mettre en résonance avec la singularité de chaque édifice. S'il a subi quelques influences artistiques - Braque, Matisse, Léger et plus tard Permeke par exemple - il n'a jamais voulu épouser une quelconque doctrine. Cette faculté d'adaptation aux spécificités d'une architecture, ses talents de dessinateur et de coloriste lui valurent l'estime d'architectes et d'ecclésiastiques. Maurice Rocher laisse une œuvre prolifique et personnelle.

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      cartonnier attribution par source
    • Auteur :
      Gouffault Louis
      Gouffault Louis

      Louis Gouffault travaille d'abord dans l'atelier Thibault qu'il rachète en 1930. Il l'installe 40 rue Bannier à Orléans. Endommagé par les bombardements de 1945, l'atelier est transféré au numéro 44 de la même rue dans les communs d'une maison bourgeoise détruite où Gouffault reste jusqu'en 2003. Durant cette période, l'atelier réalise à la fois des vitraux et des peintures décoratives. S'entourant d'artistes peintres, il crée de nombreux vitraux pour remplacer ceux détruits par la guerre notamment en Normandie. A sa mort en 1959, son fils Bernard reprend la direction de l'atelier jusqu'en 1991 date à laquelle il le met en vente et décède deux après sans postérité. Acheté en 1991, l'atelier est revendu en 2003 au groupe Villemain (plus précisément à Christophe Villemain, président de l'entreprise Restauration Orléanaise Construction créée en 1993) et est transféré dans la banlieue orléanaise à Saint-Cyr-en-Val pour se consacrer à la création et surtout à la restauration de vitraux. Il cesse son activité en 2016.

      Sources consultées en 2019 :

      -site de diffusion de l'Inventaire du Centre-Val de Loire, IM00000104, Présentation des fonds d'ateliers de peintres-verriers en région Centre-Val de Loire.

      -site internet La République du Centre, article de Blandine Lamorisse, L'atelier Gouffault crée et rénove des vitraux, un métier artisanal qui a traversé les siècles, 10 septembre 2015, https://www.larep.fr/saint-cyr-en-val-45590/actualites/latelier-gouffault-cree-et-renove-des-vitraux-un-metier-artisanal-qui-a-traverse-les-siecles_11578517/

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      verrier attribution par travaux historiques

Les verrières se composent de l'assemblage de pièces de verre géométriques, plus ou moins petites et régulières, serties dans des plombs. Les couleurs éclatantes de l'abside (baies 0, 1, 2, 3, 4, 100, 101, 102, 103, 104) s'opposent aux teintes sourdes et ténues des baies hautes (baies 105, 106, 107, 108, 139, 140, 141, 142, 143) du reste de l'édifice formant des camaïeux de gris avec des effets de transparence qui fragmentent la lumière.

  • Catégories
    vitrail
  • Structures
    • baie libre, en plein cintre
  • Matériaux
    • verre transparent, peint
    • plomb, réseau
  • Précision dimensions

    Dimensions non prises.

  • Iconographies
    • ornement à forme géométrique, effet de couleur, fragmentation, représentation non figurative
  • Précision représentations

    Le choix des verrières non figuratives correspond à une volonté de l'artiste soucieux de magnifier l'architecture médiévale de l'édifice d'une manière discrète et raffinée. Pour Maurice Rocher, le vitrail "n'est pas fait pour être regardé. Son but premier est de créer un climat, de servir un monument et sa première qualité est la discrétion". L'assemblage d'une multitude de petites pièces de verre résulte ici d'un travail d'assemblage complexe pour former une mosaïque colorée allant du camaïeu des baies hautes (baies 105, 106, 107, 108, 139, 140, 141, 142, 143) aux tons flamboyants de l'abside (baies 0, 1, 2, 3, 4, 100, 101, 102, 103, 104) orientée au sud-est. La gradation de la couleur modèle symboliquement l'espace liturgique. Les verrières créées à la même époque pour l'église Saint-André d'Ifs (1963) s'inscrivent dans la même veine.

  • État de conservation
    • bon état
  • Statut de la propriété
    propriété d'un établissement public de l'Etat, Sur le plan juridique, l'église appartient au Centre hospitalier universitaire de Caen, depuis la rétrocession de l'ancienne abbaye à la Commission des hospices de Caen autorisée par l’État le 22 mai 1822 et actée en novembre 1823. Cependant par délibérations du 30 novembre 1967, 29 février 1968 et 28 octobre 1969, la ville de Caen en avait décidé l'acquisition pour un franc symbolique, décision validée par le préfet. Cependant, l'acte notarié n'a jamais été rédigé. La ville de Caen a cependant participé au financement des opérations d'entretien et de restauration de l'édifice.
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler

Documents d'archives

  • Médiathèque de l'architecture et du patrimoine Charenton-le-Pont. 0081/014/0025. Restauration d'édifices du Calvados, série générale, Caen : projet de construction de blocs d'habitations place Saint-Gilles (1947), état de l'église Saint-Gilles (ancienne église de la Trintié) en 1911, travaux effectués après guerre, 1947-1971.

    Médiathèque du patrimoine et de la photographie, Charenton-le-Pont : 0081/014/0025
  • Médiathèque de l'architecture et du patrimoine Charenton-le-Pont. 0081/014/0026. Restauration d'édifices du Calvados, série générale, Caen, église de la Trinité : restauration, installation du chauffage, comptabilité travaux (surlocation, entretien), dommages de guerre, 1825-1950.

    Médiathèque du patrimoine et de la photographie, Charenton-le-Pont : 0081/014/0026
  • Médiathèque de l'architecture et du patrimoine Charenton-le-Pont. 0081/014/0027. Restauration d'édifices du Calvados, série générale, Caen, église de la Trinité : correspondance, travaux (subventions, crédits), restauration, mise en place d'un beffroi (tour lanterne), aménagement du chœur, dommages de guerre, 1825-1994.

    Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, Paris : 0081/014/0027
  • Médiathèque de l'architecture et du patrimoine Charenton-le-Pont. 1993/017/0005. Vitraux de l'église Saint-Gilles (ancienne église abbatiale de la Trinité), 1978.

    Médiathèque du patrimoine et de la photographie, Charenton-le-Pont : 1993/017/0005
  • Médiathèque de l'architecture et du patrimoine Charenton-le-Pont. 2003/019/0072. Archives de l'inspection des Monuments historiques, église de la Trinité : prêt objets mobiliers, identification d'un tableau en vue d'une exposition, restauration générale, restauration des objets mobiliers, restauration des vitraux, 1960-2003.

    Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, Paris : 2003/019/0072
  • DRAC Basse-Normandie. Documentation relative aux vitraux de l'église paroissiale Saint-Gilles, 1945-1960.

    Conservation Régionale des Monuments Historiques, Caen : carton 2892
  • DRAC Basse-Normandie. MH 14 - Caen 2 : historique des transferts successifs des deux tableaux de Restout par l'abbé Marcel Lelégard.

    Direction Régionale des Affaires Culturelles, Caen : carton 31
  • DRAC Basse-Normandie. Travaux menés à l'église paroissiale Saint-Gilles sous la conduite de Jean Merlet, architecte en chef des monuments historiques, 1959-1968.

    Direction Régionale des Affaires Culturelles, Caen : carton 1832

Périodiques

  • POTIER, Anne. Le Peintre Maurice Rocher et le vitrail. Le Point riche, juin 2013, n°11.

    p. 63-72
Date(s) d'enquête : 2013; Date(s) de rédaction : 2014
(c) Région Normandie - Inventaire général
Billat Hélène
Billat Hélène

Chercheur à l'inventaire général du patrimoine culturel de Basse-Normandie puis de Normandie depuis 2013 : architecture civile et religieuse, patrimoine rural, objets mobiliers civils et religieux étudiés dans le cadre d'inventaires topographiques et ponctuels. Suivi scientifique de l'étude du patrimoine bâti du Parc naturel régional du Perche.

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