Marie-Marguerite Adélaïde de Bullioud, comtesse de Séran, est la fille de Michel de Bullioud, sieur de Fougeuil, écuyer gouverneur des pages du duc d'Orléans et commissaire d'artillerie, et de Marguerite Françoise Le Brun. Son père l'oblige à épouser son cousin germain Louis François Anne, comte de Séran, seigneur de La Tour qui reçoit en dot la place de son beau-père. La cérémonie se déroule le 10 mai 1757. Cherchant à être bien en cour, elle est présentée au roi. Jean-François Marmontel (1723-1799) relate dans ses Mémoires les visites de la comtesse à Louis XV, dans ses petits appartements, avec qui elle entretint une chaste idylle vers 1765 ; elle lui demande à cette occasion de les repeindre en bleu. Appartenant au cercle de Madame Irène Filleul, sa cousine, et du comte de Marigny, frère de Madame de Pompadour, autre favorite royale, elle accède finalement au titre de Maîtresse des Robes et rejoint l'entourage de Mesdames. Après la mort de Louis XV (1774), elle sert Madame Élisabeth, sœur du roi Louis XVI. Après avoir vendu son hôtel particulier parisien, elle partage sa vie entre la cour et le château de la Tour, construit par son époux en 1769 sur les plans d'un certain Basché (Marmontel), qu'elle meuble avec goût et où elle reçoit les écrivains les plus célèbres de son temps. Le catalogue des livres de la bibliothèque du château, qu'elle dresse en 1775, montre son ouverture d'esprit. Diderot et d'Alembert, Montesquieu, Voltaire et Rousseau y figurent en bonne place. La comtesse anime en ce lieu un cénacle de lettrés acquis à la franc-maçonnerie en recevant notamment Delisle et Marmontel. Elle appartient à la "nébuleuse maçonnique du marquis Louis François de Séran de Saint-Loup [son beau-père] qui diffuse l'Art Royal dans les élites bas-normandes" (Pierre-Yves Beaurepaire. La République universelle des francs-maçons. Paris : Editions Dervy, 2018).