Le tableau (Inv. 2074) a été acquis par la Région Basse-Normandie le 24 avril 1994 pour un montant de 50 000 francs (7 622 euros) dans le cadre d'une commande publique de la collectivité pour une exposition - intitulée En regard de Guernica, de la fragmentation à l'anéantissement - organisée en 1994 à l'abbaye aux Dames à l'occasion du cinquantième anniversaire de la commémoration du Débarquement et de la Bataille de Normandie et plus précisément en hommage aux populations civiles. Les artistes devaient se référer à l’œuvre Guernica de Picasso.

Natif de Bourges, Philippe Borderieux se forme à l’École Normale Supérieure de Cachan. Après avoir enseigné à l’École des Beaux-Arts de Caen pendant 35 ans, il poursuit sa carrière au Mobilier national et dans les différentes Manufactures, tout en exposant et en répondant à de nombreuses commandes publiques. Ses créations font resurgir les émotions vécues durant l'enfance sur les bords de la Loire dont il capture, par la peinture, le dessin, la sculpture ou la céramique, les éléments naturels ayant suscité son émerveillement comme autant de "signes qui constitue le fondement d'un système universel et élémentaire de formes et de couleurs" (Jean-François Mozziconacci). C'est par une composition fragmentée, emplie de noirceur et de fureur, qu'il répond en 1994 à la commande de la Région Basse-Normandie, désireuse de susciter des créations contemporaines en lien avec le bombardement de la ville de Guernica et l’œuvre mondialement connue de Picasso. La toile devient ici le lieu d'enferment d'une collection macabre de crânes fracturés, de corps disloqués ou massacrés, de bombes qui évoquent l'horreur de la destruction totale. Griffés sur un fond blafard, les formes noires décomposent la réalité implacable du chaos. Cette œuvre occupe une place part dans la production de l'artiste, baignée par les réminiscences enchantées de l'enfance.