Né le 6 décembre 1855 à Springfield (Ohio, États-Unis), Frank Myers-Boggs vit avec sa famille à New York où son père travaille dans l'édition. Aquarelliste de talent, il est employé à l'âge de 17 ans comme graveur pour illustrer le magazine Harpers. Il dessine pour le théâtre et travaille comme peintre scénique pour le Niblo's Garden Theatre aux côtés d'un Français, M. Vauglin, ce qui le décide à étudier la peinture en France où il s'expatrie en 1876. Il entre à l’École des Beaux-Arts dans l'atelier du peintre académique Jean-Léon Gérôme (1824-1904) qui l'encourage sur la voie du paysage d'après nature. Boggs suit ses conseils étant moins talentueux pour peindre les figures. En 1877, il quitte Paris pour Dieppe et tombe sous le charme de la Normandie. Trois années durant, il revient chaque été dans cette ville et découvre le littoral normand et breton. Il devient un peintre de marines que s'arrachent rapidement les galeries parisiennes. Il expose au Salon des Artistes Français à Paris dès 1880 avec une vue de l'église de Nemours. Il y revient régulièrement et reçoit au cours de sa carrière plusieurs distinctions, entre autres une médaille d'argent à l'Exposition Universelle de 1889. Il retourne dans son pays natal vers 1880 mais n'y reste pas, son art n'étant pas assez apprécié. Dès lors, ses liens avec l'Amérique se distendent. Au début des années 1880, il connaît ses premiers succès officiels. En 1882, l’État français lui achète sa première œuvre, Place de la Bastille (Musée franco-américain du château de Blérencourt). Il réitère l'année suivante en acquérant deux tableaux (La place Saint-Germain-des-Prés ; Le port d'Isigny) à l'issue du Salon de 1883 pour les exposer au Musée du Luxembourg, fait relaté par le New York Herald. La même année, il se rend à Londres et se familiarise avec les bords de la Tamise. Il obtient les éloges de la presse anglaise. En 1884, il voyage en Europe, en Belgique, en Hollande et à Venise et se rend en Afrique du Nord. Sa notoriété traverse enfin l'Atlantique : le Museum of Fine Art de Boston lui achète en 1885 La Houle à Honfleur et il participe en 1893 aux côtés des impressionnistes américains à la World's Columbia Exposition de Chicago. Proche de son ami Jongkind (1819-1891), avec lequel il partage une liberté de touche, sa manière est parfois comparée, par ses contemporains, avec celle d'Eugène Boudin mais pour certains sans en avoir la vision et le talent. Classé parmi les impressionnistes, il ne fréquente guère le groupe. Il se marrie en 1917 avec Joséphine Gaintza originaire du Pays-Basque (Urrugne) puis obtient tardivement la nationalité française, en 1923. Il décède le 8 août 1926 à Meudon (Hauts-de-Seine), où il s'était installé en 1921, deux jours avant de recevoir la Légion d'honneur, et repose au cimetière du Père Lachaise à Paris auprès de son fils Frank Will qui fut également peintre. Il laisse une œuvre prolifique - tableaux, gravures, dessins - qui témoigne son amour pour la France et en particulier sa capitale.

Sources consultées en 2019 :

-HAVERSTOCK, Mary Sayre et al.. Artists in Ohio, 1787-1900 : A Biographical Dictionary. Kent : The Kent State University Press, 2000, p. 98. (https://books.google.fr)

-BOLGER BURKE, Doreen. American paintings in the Metropolitan museum of art. Volume 3, A catalogue of works by artists born between 1846 and 1864. New York : the Metropolitan Museum of art, 1980, p. 180-183.

-LEFÈVRE, Eric. Les peintres à Caen dans la première moitié du XXe siècle. In [Exposition. Caen, Musée de Normandie. 2019-2020]. Caen en images : la ville vue par les artistes du XIXe siècle à la Reconstruction. Caen : Musée de Normandie ; Gand : Editions Snoeck, 2019, p. 143, 197.

-site internet Normandy Then and Now : From Ohio to Isigny ; the almost Impressionist life of Frank Myers-Boggs, 7 April 2018, https://www.normandythenandnow.com/from-ohio-to-isigny-the-almost-impressionist-life-of-frank-myers-boggs/